Selon une étude de l’ALPA, le piratage de films et séries a légèrement augmenté en 2014
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Le 03 avril 2015 à 14h00
6 min
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Selon une étude commandée et publiée mercredi par l’ALPA, qui regroupe en son sein de nombreux ayants droit du cinéma et de l’audiovisuel, le piratage de films et de séries sur Internet a encore augmenté l’année dernière. Une lecture attentive de ce document laisse toutefois apparaître de nombreuses nuances.
Une augmentation de 1,8 % des « consultations » de sites pirates
« En 2014, près d’un internaute sur trois consulte des sites dédiés à la contrefaçon audiovisuelle » déplore l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA), nouvelle étude sous le bras. D’après les chiffres de l’institut Médiamétrie, 13,463 millions de Français ont en effet « consulté au moins une fois par mois un site dédié à la contrefaçon audiovisuelle en utilisant les protocoles P2P, DDL et streaming ». Un chiffre à rapporter aux 46,9 millions d’internautes français recensés en décembre dernier.
Comme l’année dernière, l’ALPA joue un peu sur les mots, puisqu’on est mathématiquement bien plus proche du « un internaute sur quatre » que du « un internaute sur trois ». Mais passons.
Y a-t-il eu une hausse de ces consultations entre 2013 et 2014 ? En valeur, oui. L’étude montre une augmentation de l’ordre de 240 000 internautes supplémentaires. Mais au regard de la montée du nombre total d’internautes français (+ 417 000), cette augmentation semble définitivement très relative.
Outre cet indicateur qui peut paraître bien contestable pour mesurer avec précision le nombre de « pirates » (qu’implique réellement la simple « consultation » d’un site jugé pirate au moins une fois par mois ?), l’étude de l’ALPA passe au peigne fin les trois principaux canaux de la contrefaçon en ligne, à savoir le peer-to-peer, le téléchargement direct et le streaming. L’organisation affirme à l’appui de ses chiffres que l’audience de ces protocoles s’équilibre, globalement autour d’un tiers chacun (voir graphique ci-dessus).
Des téléchargements en peer-to-peer divisés par six
S’agissant du peer-to-peer, l’ALPA se réfère notamment aux données de TMG, la société qui flashe chaque jour et pour son compte des milliers d’adresses IP, destinées pour la plupart à abreuver le dispositif de riposte graduée. Selon les informations fournies par ce prestataire, 957 000 téléchargements illicites ont été détectés en décembre 2014, « sur la base du top 10 des films ». En janvier 2011 (soit plus d’an après l’envoi de premiers avertissements par la Hadopi), la même entreprise en comptabilisait 5 713 000. Autrement dit, ce chiffre a été divisé par six en l'espace de quatre ans !
Quant aux téléchargements directs (depuis des plateformes telles que Rapidshare, MEGA ou Uploaded), les chiffres de Médiamétrie montrent que ceux-ci restent globalement stables dans le temps. De 3,6 millions d’individus ayant récupéré au moins un film ou une série illégalement (dans le mois) début 2011, on est passé à 3,2 millions fin 2014. Une légère diminution qui ne doit pas faire oublier que dans le même temps, le nombre d’internautes français a augmenté de près de 5 millions de personnes...
Un streaming en hausse, contrairement au téléchargement direct
En revanche, on note une augmentation plutôt importante du côté du visionnage de vidéos en streaming. Alors que Médiamétrie dénombrait 1,2 million de « visiteurs uniques mensuels ayant consommé au moins une vidéo » sur une plateforme jugée illicite (hors YouTube et Dailymotion notamment) en juillet 2011, le même institut en comptait 2,27 millions en décembre dernier – soit un peu moins du double. Un chiffre qui doit à nouveau être rapporté à l’augmentation du nombre d’internautes dans cet intervalle, mais aussi au développement du haut et du très haut débit en France.
Bref, que retenir ? Que la mesure du « piratage » est extrêmement délicate et dépend bien souvent de la méthode utilisée (on constate d'ailleurs que certains chiffres, pour de mêmes dates antérieures, sont différents de ceux diffusés l'année dernière, par exemple sur le streaming)... Ici, les chiffres de Médiamétrie portaient sur un panel de 20 000 internautes dont les ordinateurs étaient équipés d’une sorte de mouchard. Ils ne s’intéressaient de surcroît qu’aux contenus audiovisuels, et non à la musique, aux jeux vidéo, ebooks, etc. Le spectre de l’institut était surtout relativement vague, puisqu’il était grosso modo question de savoir si les sondés avaient piraté au moins un contenu au cours de tout un mois... Rien ne précise enfin l’impact économique de ces comportements pour la filière.
Cette étude confirme quoi qu'il en soit une sorte de déclin du peer-to-peer, au profit du streaming et du téléchargement direct. Il ne faut cependant pas oublier que de précédents travaux, notamment français, ont montré que les internautes étaient également adeptes de pratiques de piratage dites « de proximité » (prêts de la main à la main, transferts depuis des clés USB, etc.).
Pendant ce temps, au ministère de la Culture...
La publication de cette nouvelle étude, dont les chiffres soulignent selon l’ALPA « l'importance du piratage en France », n’arrive pas à un moment complètement anodin. Le ministère de la Culture s’apprête en effet à présenter dans les semaines (ou mois) à venir son projet de loi sur la Création. Le texte jadis promis par Aurélie Filippetti en vue notamment du transfert des compétences de la Hadopi vers le CSA. Si une telle mesure a désormais été écartée par la nouvelle locataire de la Rue de Valois, Fleur Pellerin, l’intéressée planche encore sur les recommandations de Mireille-Imbert Quaretta en matière de lutte contre la contrefaçon en ligne (voir notre article).
Une façon pour l’ALPA de rappeler à l'exécutif, en ce moment un peu particulier, que la situation actuelle met à ses yeux « en péril la création audiovisuelle et entrave l'essor de l'offre légale ».
Selon une étude de l’ALPA, le piratage de films et séries a légèrement augmenté en 2014
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Une augmentation de 1,8 % des « consultations » de sites pirates
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Des téléchargements en peer-to-peer divisés par six
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Un streaming en hausse, contrairement au téléchargement direct
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Pendant ce temps, au ministère de la Culture...
Commentaires (43)
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Abonnez-vousLe 03/04/2015 à 16h16
Le 03/04/2015 à 17h33
Le 03/04/2015 à 18h57
Tu veux être plus tranquille ? Va voir tes films en VO
Le 03/04/2015 à 19h00
Je sait comment ils ont obtenus ces chiffres c’est tout simplement que l’ALPA est de mèche avec la NSA et Microsoft et oui souvenez vous Microsoft avait implanté NSAKEY dès Windows RT : Wikipedia
Le 03/04/2015 à 19h03
Selon une étude commandée et publiée mercredi par l’ALPA, qui regroupe en son sein de nombreux ayants droit du cinéma et de l’audiovisuelTout est dit… " />
Parfois c’est tellement bien résumé sur NXI en une phrase que le reste de l’article est utile pour comprendre la mécanique derrière " />
Le 03/04/2015 à 23h14
Des téléchargements en peer-to-peer divisés par six (selon TMG)
J”hésite entre croire que TMG exagère les chiffres pour prouver son utilité, et supposer que les installations de Peerblock ont été multipliés par 6.
Le 04/04/2015 à 07h35
Une augmentation de 1,8 % des « consultations » de sites pirates
1,8 de quoi ?
D’augmentation de la taxe pour copie privée ou de diverses aides de l’état ?
Ces professionnels de la pleurniches sont capables de faire dire les choses qu’ils veulent aux chiffres pour avoir ce qu’ils désirent le plus… " />
Le 04/04/2015 à 10h28
Le 04/04/2015 à 11h24
“Une augmentation de 1,8 % des « consultations » de sites pirates”
Cela signifie donc qu’ils piratent eux-même afin d’augmenter les chiffres ? " />
Le 04/04/2015 à 13h47
  YouTube
" />
Le 06/04/2015 à 17h49
Je tiens à rajouter pour mon cinoche : Qualité de m*rde, pubs locales faites avec power point pour un budget de 90€ et les gros glands qui fument des e-cigarettes au premier rang qui me donnent envie de décrocher ma rangée de sièges pour leur mettre poliment dans la tronche…
Le 06/04/2015 à 18h32
Le 07/04/2015 à 02h26
Tout à fait, quelques liens vers des études auxquelles tu fais d’ailleurs référence :
* L’impact du piratage sur l’achat et le téléchargement légal : une comparaison de quatre filières culturelles, qui dit entre autres choses :
Les résultats montrent que le stock de biens piratés a un effet positif et significatif sur les quantités achetées pour la musique et pour le livre (…). Ainsi, pour les gros amateurs de musique enregistrée, piratage et achats légaux semblent être deux modes de consommation plus complémentaires que substituables.
* Digital Music Consumption on the Internet: Evidence from Clickstream Data, qui dit entre autres :
Perhaps surprisingly, our results present no evidence of digital music sales displacement. (…) [O]ur findings suggest a rather small complementarity between these two music consumption channels (…).
Et ça paraît logique : l’offre illégale permet d’essayer avant d’acheter, et du coup de trouver plus de choses à son goût.
Le 03/04/2015 à 14h03
Ce sous titre va finir dans les annales des sous titres …
Le 03/04/2015 à 14h05
On se demande bien comment ils ont obtenu tout ces chiffres…
Le 03/04/2015 à 14h09
Le 03/04/2015 à 14h11
Le 03/04/2015 à 14h12
Le 03/04/2015 à 14h13
Le 03/04/2015 à 14h18
Le 03/04/2015 à 14h20
Le 03/04/2015 à 14h23
Le 03/04/2015 à 14h23
“C’est bien la preuve qu’il faut redonner des moyens aux institutions comme Hadopi de mieux travailler.”
Ah non pardon ca c’est la fiche à sortir quand le piratage baisse, voila la bonne :
“C’est bien la preuve qu’il faut redonner des moyens aux institutions comme Hadopi de mieux travailler.”
J’attends le chèque dans ma boite aux lettres comme convenu.
Le 03/04/2015 à 14h26
Le 03/04/2015 à 14h27
Le 03/04/2015 à 14h29
YouTube" />
Le 03/04/2015 à 14h29
Sous-titre approuvé par Dorcel. " />
Le 03/04/2015 à 14h34
sa dépend julien ou marc ? " />
Le 03/04/2015 à 14h37
Le 03/04/2015 à 14h38
Le 03/04/2015 à 14h38
Oui c’est vrai… mais vu que j’aime bien garder les épisodes (pendant un temps au moins)…
Le 03/04/2015 à 14h42
Je ne connaissais pas cette vidéo, et c’est exactement mes expériences.
Le 03/04/2015 à 14h43
C’est l’effet baby-geek ?
Le 03/04/2015 à 14h45
Comme disait Chrchill “Les seules statistiques auquelles je crois sont celles que j’ai falsifié moi-même” " />
Le 03/04/2015 à 14h50
Le 03/04/2015 à 14h56
+1
mais surtout que la majorité ne sait pas régler la luminosité, au delà de faire chier les autres autour, ça doit leur tuer les yeux " />
Le 03/04/2015 à 15h23
“piratage” ou pas, tant qu’ils ne comprendront pas que un DL c’est pas systématiquement un achat raté et que les gens n’ont pas un porte feuille générant de l’argent rien ne changera…à part un transfère vers d’autres moyens et des techniques pour DL pépère plus efficaces.
Le 03/04/2015 à 15h38
A chaque fois que je lis ce genre de news je m’étonne de les voir oublier tous le piratage hors ligne.
Je parle pour moi mais entre les disques et les clés USB qui s’échangeait à l’école, ces même disques et clés USB que je vois aujourd’hui s’échanger au boulot, ou bien mes parents qui me demande des films parce qu’ils ne savent pas les trouver eux même, je constate de beaucoup d’échanges se passent d’internet.
Le 03/04/2015 à 15h38
Le 03/04/2015 à 15h41
1.8% mouarf le truc complètement bidon impossible à mesurer.
Le 03/04/2015 à 15h58
Le 03/04/2015 à 15h59
Le 03/04/2015 à 16h08