Choose Europe pour la science et le cloud : à nos actes manqués
Le ciel européen va-t-il se couvrir de nuages souverains ?

Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) / X
Après la France, l’Europe fait les yeux doux aux chercheurs américains déçus par la politique de Donald Trump. Emmanuel Macron relance l’idée d’un « vrai cloud européen » pour que nous ne soyons pas les « vassaux » des américains. Des idées qui ne sont pas nouvelles, mais qui n’ont pas été concrétisées jusqu’à présent.
Le 06 mai à 15h39
12 min
Droit
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Lundi, le président de la République était à La Sorbonne. Il a prononcé un discours à l’occasion de l’événement « Choose Europe for science », suivi d’un entretien avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Il y était évidemment question de recherche, dans la lignée du mouvement Stand-up for Science, mais au niveau européen cette fois-ci.
À l’occasion de la deuxième journée d’action début avril, nous avons consacré une longue analyse à ce sujet, notamment sur les risques et les moyens en France. « Il y a un enjeu stratégique pour la France d'afficher cette politique. Mais vu l'ampleur des dégâts, je ne suis pas sûre que nous ayons les moyens financiers – alors que les universités sont exsangues – d'accueillir dans des conditions décentes tous les chercheurs qui devraient avoir leur place ici », nous expliquait Clémentine Gozlan (maitresse de conférence en sociologie des organisations à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines).
L’Europe « doit devenir un refuge »
L'initiative n'est pas inédite : avant Stand-up for Science, il y a déjà eu le projet Make our planet great again lancé en 2017, après la première investiture de Donald Trump et l’annonce du retrait des accords de Paris sur le climat.
Emmanuel Macron a profité lundi de son intervention pour donner quelques chiffres sur les moyens mis en œuvre en France ces dernières années : « Nous avons déjà engagé 33 millions d'euros pour accueillir près de 600 scientifiques […] Entre 2020 et 2025, grâce à la loi de programmation pour la recherche, qui est une première dans l'histoire de la Nation, nous avons augmenté les budgets de plus de 6 milliards d'euros en cumulé. Et à l'horizon 2030, ce seront ainsi 25 milliards d'euros qui auront été ajoutés au budget de la recherche ».
Pour le président, l’Europe « doit devenir un refuge ». Deux ans après le début de Make our planet great, les résultats étaient pour le moins mitigés : 43 chercheurs étaient lauréats du programme : 12 de nationalité américaine, 12 Français « pour la plupart en poste aux États-Unis », six Canadiens, trois Allemands, trois Espagnols et des personnes venues seules de Grèce, d’Italie, du Pérou, d’Angleterre, de Suisse, de Moldavie et du Japon.
Un risque de données « irrémédiablement perdues pour la science »
Le président affirme aussi que l'Agence Nationale de la Recherche « soutient plus et mieux les projets » et que « France 2030 engage plus de 8 milliards d'euros à travers l'ensemble des actions menées en faveur de l'enseignement et de la recherche, dont 4 milliards d'euros investis dans de très nombreux dispositifs et programmes de recherche dans tous les secteurs : quantique, hydrogène, batterie, intelligence artificielle, maladie infectieuse, santé numérique ».
Le discours s'infléchit ensuite vers les plateformes de collaboration et des données : « ce qui est remis en cause aujourd'hui, principalement compte tenu du rôle pivot des États-Unis pour la science mondiale, ce sont les grandes plateformes de recherche structurantes à l'échelle planétaire, les bases de données essentielles en épidémiologie, en climatologie, qui risquent d'être arrêtées, rendues inaccessibles, voire dans certains cas, irrémédiablement perdues pour la science ».
« Il n'y a pas de vassalité heureuse »
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Commentaires (13)
Modifié le 06/05/2025 à 16h28
C'est à dire ceux qui travaillaient sur les études de genre ou décoloniales ou sur minorités https://www.liberation.fr/sciences/etudes-sur-le-genre-ou-les-minorites-ces-scientifiques-que-la-france-ne-veut-pas-sauver-du-trumpisme-20250505_Z5W5FGLJUFH6TCST76736OQ7YY/
Et pourtant je suis persuadés que des scientifiques chinois aimerait bien venir travailler ici mais bon vu le climat paranoïaque et raciste, je crois qu'il vaut mieux qu'ils s'orientent vers les incitations des japonais et des coréens du sud à les récupérer.
Modifié le 06/05/2025 à 18h46
On annonce de l'argent pour les chercheurs US, mais on envisage de taper dans le budget de la recherche pour 2026. On cherche à faire venir des checheurs américains, alors qu'on a déjà un vivier en France et, par extension en Europe. Je comprends rien à la logique à part celle de vouloir faire tourner des éoliennes en brassant du vent.
Et très sincèrement, les chercheurs US vont vite déchanter de la vie à la Française dans les milieux de recherches. La branlette administrative en tête, la recherche de budget à x instances et les salaires assez faibles au regard de ce qu’ils touchent au US...
Modifié le 06/05/2025 à 23h58
Quitte à débloquer des tunes en urgence, pourquoi on ne rendrait pas nos métiers de la recherche un peu plus attractifs ? pourquoi on ne recruterait pas un peu plus ? Les départs à la retraite ne sont pas systématiquement remplacés, et pour ceux qui enseignent, on se tape des heures sup (très mal payées), au lieu de recruter (et donc libérer du temps "chercheur", et recruter du temps "chercheur"). Et pourtant, le nombre de docteurs en attente de poste est monstrueusement élevé...mais au bout d'un moment, nos talents lâchent l'affaire : se taper des post doc plus ou moins précaires pendant des années, ca va un temps. Et quand certains partent à l'étranger et ont envie de revenir chez nous, ca ne les empêche pas de galérer quand même.
Que doit on retenir de ce genre d'initiative ? que les chercheurs Français (et européens) sont moins bons, et ne méritent que des financements au rabais ? que la France se divise en deux : "il y a le chercheur français qui galère, et le chercheur étranger : toi, tu n'es pas français, donc je te déroule le tapis rouge" ? Il y a déjà bien assez de frustrations dans nos métiers pour ne pas en ajouter.
Le 07/05/2025 à 00h58
Ben vasy vivre aux US, le grand rêve américain.
Ou pas...
On sent quand même le côté râleur FR dans vos comms.
Déjà le côté équitable : équité de quoi ? d'un salaire ? mais versus quoi ?
grade ? compétence ? investissement personnel ?
Ensuite ça connoterait presque une préférence nationale, sans vouloir vous offenser :
Pourquoi devrait-on privilégier un expat avec le mal du pays ou un terreau national consanguin ?
PS: je ne dis pas qu'on n'a pas un orchestre avec tous les instruments dans la news, mais jsute vos comms, ...
Le 07/05/2025 à 09h43
Je n'envie absolument pas les US. Mais je reconnais que la gestion de leur centre de recherche et nettement meilleur qu'en France. C'est pas une question de cerveaux, c'est une question d'organisation des administrations, qui a le bon mérite de ne pas changer à chaque ministre.hom
Je te résume, au US tu passes 1 mois à préparer tes dossiers pour demander tes budgets. Les règles varient peu entre les années et les formats de soumission sont largement partagées par les différentes administrations. En France... Il suffit que tu mettes un nouveau ministre pour que ça change tout, au point que des chercheurs font plus d'administratifs que de recherche.
Pour la question de la préférence nationale, faut vraiment n'avoir jamais connu la Recherche française pour balancer des inepties pareils ! Les docteurs français sont très appréciés à l'étranger car ils sont bosseurs, bons et savent s'intégrer dans un nouveau pays. (Clairement l'opposé de l'image qu'on imagine).
Pour rappel, nos impôts payent la formation des chercheurs de l'école primaire à l'université. Alors oui, autant récupéré notre investissement surtout s'ils ne sont pas mauvais.
Pour compléter @WarMachine dans son poste a bien décrit la situation actuelle.
Le coté raleur du com' vient du fait qu'avant de faire venir des chercheurs étrangers et de les accueillir dans des conditions moins bonnes que dans leur pays, on pourrait déjà s'occuper des nôtres et de notre Recherche.
Le 07/05/2025 à 22h27
@WarMachine :
Je vais continuer un peu à te taquiner si tu me le permets
:angel:
Je bosse en équipe et en entreprise plus ou moins R&D microélec depuis 20 ans.
J'en ai croisé des profils, autant en poste qu'en mission courte pompier.
En lisant tes 2 posts je te donne mon sentiment de ce qui pourrait ressortir de négatif :
-1er post on ne comprend pas si tu revendiques un salaire plus élevé avec le chéquier ou plus de recrues, quitte à te serrer la ceinture pour travailler avec des recrues.
-2e post tu confirmes un peu le biais de valorisation qui te froisse, en balayant le fait que tes compétences seront largement au niveau.
Si tu me permets d'exposer ma vision étriquée d'après mon expérience, plusieurs points :
-un collaborateur aigri fourni moins que ce qu'il coûte, quel que soit son salaire
-les échelles de temps ne sont pas du tout les mêmes entre ces milieux, les quarters sont de 3mois, les licenciements et recherches de postes sont de quelques années.
Sachant que sur un recrutement pour intéresser l'individu tu dois te baser sur (l'individu avant tout bien sûr) mais sur quelques mois de formation, 1 à 2ans sur une spécialisation à outrance avant de devoir l'intéresser ailleurs
-l'investissement passé dans les études est une bonne base pour savoir sa capacité à rebondir et être force de proposition, mais quand on te demande de résoudre un problème d'outils pour faire accoucher un projet en gestation depuis 2 ans en 3mois, certains restent sidérés.
Bref, pour sortir de ton sujet qui te tient à coeur je l'avoue, j'ai vu de tout les comportements dans ces synergies d'équipes.
Peu importe le salaire, peu importe ta contribution aussi selon le stade de maturité dans cet élément.
Mais c'est facile de comparer des pommes et des choux. Es-tu choux ?
Modifié le 07/05/2025 à 15h57
- à celui à l'embauche qu'on aurait avec notre diplôme nettement inférieur
- à celui à l'embauche des étudiants qu'on forme (ya quand même des chances qu'on soit bien plus calé qu'un bleu qui déboule sur le marché)
Coté investissement personnel & compétence : pas grand chose à dire : un ingénieur et un docteur, c'est pas la même chose. Le premier ne pourra jamais faire ce que fait le second. Par contre, le second, il a bien souvent aussi les qualités de l'ingénieur (car il a souvent aussi de le diplome d'ingé, voire parfois l'expérience professionnelle avant, après ou pendant la thèse selon le type de thèse).
Modifié le 06/05/2025 à 23h56
Mais on a un argument imparable par rapport aux US : la sécurité sociale !
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Enfin, s'ils trouvent un médecin
Le 07/05/2025 à 11h18
Le 08/05/2025 à 01h18
Modifié le 09/05/2025 à 12h01
Parce que si la Chine, la Russie ou l’Amérique latine ont des concurrents sérieux aux entreprises US, ce n'est pas parce qu'ils sont meilleurs, juste parce que leur gouvernements ne sont pas des idiots/Vendus et qu'ils protègent leurs marchés de la prédation US, ce qui permet à leur société de se financer...
Le 09/05/2025 à 13h52
Par contre, les commentaires sont bien un espace de discussion. Par contre l'utilisation de termes comme idiots et vendus ne me donne pas envie de discuter avec toi sur le sujet.
Et la rédaction pourrait aussi faire un édito sur le sujet.
Modifié le 09/05/2025 à 21h14
-Tous les pays "partenaires" commerciaux le font (et ils ont ces géants, qui est la raison principale)
-Que tu te plains tous les ans que tu n'as pas de géant Français/Européen
-Mais que dans le même temps, tu refuses et empêches à qui que ce soit de favoriser tes propres entreprises (puisque c'est interdit sous peine d'amende).
Si tu me trouves une explication logique autre que : "Ils sont idiots" ou "Ils le font exprès donc sont des vendus". J''acquiescerai à ton commentaire.
Qui est justement le but de mon commentaire de demander un édito sur d'où vient réellement cette dissonance cognitive des dirigeants/instances Européennes (même si nous connaissons tous la réponse : Intérêt privé/Lobbyisme (ie c'est des vendus).
Même cause, même conséquence, on peut en reparler tous les ans comme ici, ça ne fait rien avancer si la cause principale reste la même...