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« Entre connexion intensive et désir de déconnexion », une ambivalence des français

Lâche ce portable !

« Entre connexion intensive et désir de déconnexion », une ambivalence des français

Le baromètre du numérique 2025, commandé par l'Arcep et l'Arcom, décrit des français toujours plus connectés à l'Internet. Et pourtant, la même enquête rapporte une volonté d'accomplir les activités de leur vie quotidienne en se déplaçant, de manière physique, plutôt qu'en ligne.

Le 24 mars à 08h33

Le Crédoc, le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie, vient de publier le « baromètre du numérique » de cette année [PDF]. Comme depuis 25 ans, cette enquête, commandée par l'Arcep et l'Arcom, décrit et analyse notamment le niveau d'équipement des français, mais aussi les usages d'internet et leur rapport au numérique.

L'enquête a été menée, du 5 juillet au 6 août 2024, auprès de 4 066 personnes résidant en France métropolitaine, réparties en trois populations cibles distinctes (12 à 17 ans, 18 ans et plus, 18 ans et plus éloignés du numérique).

94 % des Français connectés quotidiennement

Le Crédoc explique que « les internautes, quel que soit le mode de connexion, n'ont jamais été aussi nombreux : 94 % des 12 ans et plus se connectent désormais à internet (+ 3 points par rapport à 2023)  ». La part des personnes connectées tous les jours dans la population est de 84 %. En 2015, ce chiffre rassemblait la part des internautes (qui se connectaient quotidiennement, une à deux fois par semaine ou plus rarement) en France.

Le Crédoc explique que « le smartphone est l’équipement numérique le plus répandu : 91 % de la population en possède un, devant l’ordinateur (89 %) ou la tablette (54 %) ». Mais chez les 12 - 17 ans, son adoption est « presque systématique avec 96 % d'équipés ». Et chez les plus de 70 ans, son utilisation augmente très fortement à 70 % d'utilisateurs et utilisatrices, avec une augmentation de 8 points en un an.

44 % de la population possède maintenant un smartphone compatible 5G, une augmentation de 13 points en un an.

En 2020, le Covid et les confinements avaient poussé à une baisse de l'utilisation quotidienne des téléphones mobiles et smartphones au profit d'un retour vers les ordinateurs. Mais les chiffres de 2024 dessinent un retour vers la tendance pré-covid : 80 % utilisent leur smartphone ou téléphone portable tous les jours alors que l'utilisation quotidienne de l'ordinateur passe de 66 % en 2020 à 55 % en 2024.

75 % des connexions fixes via la fibre

Du côté des connexions fixes, le croisement des courbes entre la fibre (ou le câble) et l'ADSL s'est fait en 2021. En 2024, 75 % des personnes de 12 ans et plus disposant d’un accès à internet à domicile déclarent que celui-ci se fait via la fibre (ou le câble).

Une détention du smartphone plus durable

Côté mobile, on constate dans les chiffres du Crédoc une augmentation de la durée de détention du smartphone : 48 % des utilisateurs possédaient un smartphone de deux ans ou moins en 2024 alors qu'ils étaient 63 % en 2020.

Et l'achat se fait de plus en plus de façon « contrainte » plutôt que par « plaisir » : en 2024, 70 % ont acheté leur dernier smartphone car celui d'avant ne fonctionnait plus correctement, n'était plus utilisable, était perdu/volé ou son système d'exploitation n'était plus à jour, une hausse de 8 points par rapport à 2020 :

Des tâches du quotidien de plus en plus en ligne

Du fait d'être particulièrement connectés, les Français, selon cette enquête du Crédoc, font de plus en plus d'activités en ligne : « 75 % des Français y recherchent des itinéraires pour se déplacer, 67 % y prennent leurs rendez-vous médicaux, 31 % y défendent des causes, par exemple sous forme de pétition, 29 % y cherchent un logement à louer ou à acheter et tout autant (29 %), y cherchent un emploi ».

L'organisme ajoute que « les démarches administratives en ligne sont devenues une pratique courante pour une large majorité de la population française. En 2024, 73 % des Français ont effectué une démarche administrative sur Internet au cours des douze derniers mois, marquant une hausse de 2 points par rapport à 2022 ».

De même, « après un recul en 2023, les achats en ligne de biens non alimentaires, progressent à nouveau en 2024 et renouent avec les niveaux observés en 2022. 77 % de la population française en a réalisé un (+ 4 points en un an) ». La fréquentation quotidienne des réseaux sociaux s'accroit aussi avec 75 % des internautes français qui consultent au moins une fois par jour un réseau social, une augmentation de 3 points en un an.

42 % pensent passer trop de temps en ligne pour leur usage personnel

Pour leur usage personnel, 20 % considèrent passer plus de 35 heures par semaine devant les écrans et 38 % entre 15 et 35 heures par semaine.

Mais le Crédoc pointe qu'une bonne partie d'entre eux trouve qu'ils passent personnellement trop de temps sur leurs appareils pour leur propre usage : 42 % pensent qu'ils y consacrent « trop » ou « beaucoup trop » de temps.

Quand on regarde plus en détail, 57 % des personnes passant plus de 35 heures sur leurs appareils considèrent qu'ils y consacrent trop de temps :

« De façon générale, 65 % de la population préfère accomplir une activité de leur vie quotidienne en se déplaçant, de manière physique, plutôt qu'en ligne. 82 % privilégient par exemple le déplacement en magasin pour leurs courses alimentaires et 64 % pour leurs vêtements », explique le Crédoc.

Selon l'étude, « 85 % des Français préfèrent faire des rencontres en personne dans des lieux de leur vie quotidienne plutôt que sur internet, qui paraît devenir un espace à la sociabilité plus ciblée que par le passé ». La pratique est, de fait, en baisse puisque 39 % l'ont utilisé pour retrouver d'anciennes connaissances, c'est 11 points de moins qu'en 2019. De même, 34 % ont été sur internet pour nouer de liens avec de nouvelles personnes, 10 points de moins qu'il y a cinq ans. « Seule exception, la sociabilité à des fins de rencontre amoureuse a progressé, de 15 % en 2019 à 19 % en 2024 », explique le Crédoc.

Une inquiétude pour le manque de protection des données personnelles

L'organisme explique aussi que « l'inquiétude pour le manque de protection des données personnelles, qui avait considérablement reculé depuis 2019, a progressé de 13 points en l'espace d'un an (33 %) ».

C'est d'ailleurs la première crainte de l'usage d'internet et des outils numériques : 28 % de la population craint que ses données personnelles soient utilisées de manière inappropriée ou sans son autorisation :

Commentaires (12)

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Si je lis bien (il est tôt pour moi, c'est pas gagné), plus de 70% changent leur mobile entre moins d'un 1 an et 3 ans de détention. Juste après est indiqué que 70% des mobiles sont changés par contraintes, essentiellement parce qu'ils ne fonctionnent plus.
Alors je me doute bien que dans ces derniers 70% nous avons probablement ceux qui gardent leur téléphones vraiment jusqu'au bout (donc ceux qui gardent leur téléphone 5 ans ou plus). Mais cela recoupe largement la tranche de ceux qui les gardent moins de 3 ans et là, ça sent vraiment le foutage de gueule.

J'ai une flotte de 200 mobiles, AUCUN (vraiment aucun) téléphone n'est tombé en panne avant 4 ans. Après 4 ans, je commence à avoir des plaintes concernant l'autonomie, mais les pannes sont exceptionnelles. Après 5 ans, encore très rare mais on cumule 15% de chutes suivies de casses et pannes. Je précise qu'il s'agit de téléphones à moins de 200€.
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Je pense que ton raisonnement est incorrect car :

A - Durée de possession d'un smartphone
et
B - Raison pour laquelle on change son smartphone

A et B sont 2 évènements totalement indépendants l'un de l'autre (ça fait un peu vieux souvenir de cours de proba...:D)

A U B = {0}

Ex:

"70% des gens changent de smartphone au bout de 3 mois car leur smartphone tombe en panne - cad changer par contrainte"

ou

"70% des gens changent de smartphone au bout de 3 mois car ils n'aiment plus le design de leur smartphone - cad changer par envie, sans contrainte"

Moi je vois ça comme ça mais je peux me tromper aussi...:stress:
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Oui, tout à fait, c'est pourquoi je précisait "Alors je me doute bien que dans ces derniers 70% nous avons probablement ceux qui gardent leur téléphones vraiment jusqu'au bout".

Si tu cumules toutes les autres raisons autres que celles "contraintes", cela ne représente que 30%.

Mais bon, comme souvent avec les stats, il y a bien d'autres erreurs à éviter (par exemple, ceux qui changent chaque année pourront changer de raison chaque année) que j'ai dû faire.

Toutefois, j'y vois quand même un beau biais de justification ("j'ai eu raison d'acheter l'iPhone 16, le 15 faisait vraiment des photos moches et le 16 en plus, il a l'IA dont j'ai vraiment besoin") et de disponibilité ("il n'arrêtait pas de bugger en plus !" = 3 fois dans l'année où on a ragé).
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:yes:
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La seconde stat (changement par contrainte) concerne l'année 2024. On ne peut donc appliquer cette stat que pour les 21 % qui ont changé depuis moins d'un an de la première stat.
Et comme on ne sait pas depuis combien de temps ils avaient leur téléphone précédent, on ne peut rien en tirer.

Le libellé de la première stat est trompeur. Ce n'est pas la durée totale de détention d'un smartphone, mais la durée de détention au moment de l'enquête.

Le renouvellement fort des mobiles sur 2022 à 2024 (73 % des smartphones possédés en 2024) est probablement lié à la 5G qui a dû pousser en particulier en 2022 et 2023 à changer de tel pour en profiter. En 2024, ça doit correspondre à une bonne partie 30 % qui ont changé alors que l'ancien était encore utilisable.
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L'usage personnel d'un téléphone est plus risqué que celui d'un mobile pro je pense.
Petits enfants, chute dans les toilettes ou projection de produits ménagers, animaux domestiques, usage sous alcool/stupéfiants, sous la pluie, les bras pleins de courses/bébés ...

Autant de facteurs de pannes plus élevées que sur une flotte de mobiles pro utilisés dans des salles de réunion ou des voitures par des gens valides et concentrés...

Il y a aussi le fait que les critères de fonctionnalités ne sont pas les mêmes : le côté "ne fonctionne plus correctement" qui est majoritaire. Si la personne joue en ligne et se met à laguer, elle va considérer que le tel ne marche plus correctement, normalement tu n'as pas ce phénomène sur des tels pro qui, s'ils sont d'entrée de gamme, n'ont aucune vocation à faire tourner des applications gourmandes.
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La « contrainte » s'entend plutôt dans le sens qu'on préfèrerait ne pas commettre l'acte d'achat d'un nouveau terminal (alors que précédemment, il s'agissait d'un achat «plaisir»). Je le comprends comme ça.

Autrement dit, ça dérange moins qu'avant de conserver un smartphone qui dysfonctionne légèrement, plutôt que de s'acheter le dernier modèle pour l'attrait de la nouveauté.
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Sur Next par exemple... c'est quoi le ratio mobiles/PC ? :-/
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55 mobile, 45 desktop environ
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Pendant un instant, en lisant le titre, je me suis demandé si quelqu'un était capable de lire mes pensées XD
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"Et l'achat se fait de plus en plus de façon « contrainte » plutôt que par « plaisir » : en 2024, 70 % ont acheté leur dernier smartphone car celui d'avant ne fonctionnait plus correctement"
Oui, mais quid de la motivation à l'entretien du portable pour qu'il dure? De mon point de vue, autour de moi donc, peu de gens sont motivés à restaurer d'usine leur portable pour pousser encore un an ou deux sa durée du vie; ils préfèrent se conforter en se disant que le portable "rame, donc est mort" et le changent. La responsabilité est aussi aux fabricants qui sortent des gammes de portable à bas coût qui rament réellement dès leur première utilisation (ex Xiaomi A3)!

Je pense que, par le smartphone et les écrans en général, c'est le mal du siècle. Nos écrans accaparent notre attention, diminuent nos interactions avec les autres humains, s’immiscent dans notre quotidien, notre intimité. Il y a bien sûr des bons côtés, mais l'omniprésence des écrans dans notre journée et ce qu'on veut nous vendre pour les années à venir ne me rendent pas optimiste, tant aux niveaux sanitaire, social, politique ou écologique.
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Cette citation de Pascal :
Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point
permet de synthétiser l'écart entre un fonctionnement émotif et raisonné.

Avoir envie de quelque chose et s'en donner les moyens (s'organiser pour quelque chose arrive) sont deux choses très différentes.

Se déconnecter, au même titre que prendre soin de sa santé (qu'elle soit physique ou mentale), être altruiste, être généreux, défendre ses valeurs, lutter pour le groupe, et la liste pourrait être sans fin : tout ça est une version humaniste très universelle, souvent partagée lorsque l'on cherche à rayonner humainement… mais malheureusement potentiellement très hypothétique quand on apprend à se connaître, à savoir qui l'on est véritablement (au-delà de la personne que l'on pense et/ou souhaite être).

Car se déconnecter implique un effort amenant passant par une privation et amenant à une réelle organisation de remplacement : que faire à la place ? "Rien" n'amènera que l'échec.

Et puis il y a, une fois le franchissement du cap passé, l'effort bien plus difficile de rester un temps certain dans la nouvelle configuration : non, se déconnecter ne signifie pas éteindre le téléphone pendant 1 h. Même si cela paraît déjà impossible à certains, faire cela revient à ne rien avoir réalisé.
Il faut donc commencer par sonder son objectif réel (avoir l'impression d'avoir fait quelque chose ou le faire sérieusement) et sa motivation à atteindre un véritable objectif plutôt qu'un simulacre.

Avec cette simple analyse alimentée par une capacité d'auto-analyse, d'humilité, et la froideur/dureté à s'observer sans fard, selon moi une écrasante majorité de la population est écartée.

Dans ceux qui restent, il y aura ceux qui voient trop grand et qui s'écrasera sur la difficulté quitte à se dégouter de réessayer.

Dans ceux qui restent, il y aura ceux qui abandonneront, car il est difficile de réellement savoir de quoi l'on est capable sans se confronter réellement à une situation.

En résumé, pour beaucoup donc, cette envie de déconnexion se résume donc à l'image que l'on souhaite avoir de soi, et n'impliquera jamais grand chose, si ce n'est de vaines & grandes paroles permettant de gonfler son ego. Un peu comme l'arlésienne de l'inscription à la salle de sport après de bonnes (et sur le moment honnêtement vigoureusement affirmées) résolutions.
Quelques esprits cyniques diront qu'au fond, c'est tout le principe de l'égocentrisme que s'affirmer à l'excès sans chercher à se connaître. Il y a comme une fragrance contemporaine…

« Entre connexion intensive et désir de déconnexion », une ambivalence des français

  • 94 % des Français connectés quotidiennement

  • 75 % des connexions fixes via la fibre

  • Une détention du smartphone plus durable

  • Des tâches du quotidien de plus en plus en ligne

  • 42 % pensent passer trop de temps en ligne pour leur usage personnel

  • Une inquiétude pour le manque de protection des données personnelles

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