Transformation numérique et productivité : la Cour des Comptes partiellement convaincue
Technodépense d'argent public

Dans quelle mesure les projets de numérisation des services publics permettent-ils à l'administration de gagner en productivité ? Pour la Cour des Comptes, qui s'appuie notamment sur le cas de la direction des finances publiques, l'estimation et le suivi du sujet sont loin d'être suffisants.
Le 23 janvier à 16h45
9 min
Société numérique
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« La numérisation des services publics a permis de simplifier les démarches administratives. Elle avait également pour objectif de gagner du temps tout en améliorant la qualité des services rendus, en d'autres termes d'augmenter la productivité. »
C’est sur ce rappel de contexte que la Cour des Comptes ouvre son rapport « Mieux suivre et valoriser les gains de productivité de l’État issus du numérique », publié le 21 janvier. L’objectif de productivité, écrit la Cour, est « d’autant plus important aujourd’hui que l’État doit désormais consentir des efforts importants pour redresser la situation des finances publiques tout en cherchant à répondre au souhait exprimé par les citoyens d’une amélioration des services rendus ».
La suite est éloquente : l’institution constate que, « s’ils mettent l’accent sur l’efficacité et l’efficience de l’action publique », les indicateurs utilisés par l’État pour évaluer ses projets numériques « ne traitent quasiment pas de productivité » :
« Quel que soit l’objectif initialement poursuivi, l’équation économique des projets n’est pas toujours posée, alors qu’elle permettrait d’objectiver les bénéfices espérés et de proportionner les investissements à ces gains futurs. »
Productivité non questionnée
Chargée « d’accompagner et faire réussir les projets numériques de l’État », la Direction interministérielle du numérique (Dinum) doit émettre un avis conforme en amont de tout projet au coût prévisionnel de plus de 9 millions d’euros. Cela dit, cet avis est « centré sur les enjeux techniques et méthodologiques. Les gains attendus, et notamment ceux de productivité, ne font presque jamais l’objet de constats ou de recommandations dans ces avis » :
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Commentaires (10)
Le 23/01/2025 à 17h51
Le 23/01/2025 à 18h41
Le 23/01/2025 à 19h55
Un peu comme leur gestion du baby boom avec la retraite générale alors que les complémentaires elles ont réussit à gérer.
Le 24/01/2025 à 21h46
Si ton projet a un ROI inférieur, même si tu sais prouver que par le jeu des risques le tien a statistiquement un meilleur ROI, sauf exception, personne ne t'écoute: methode trop complexe à comprendre, pas envie.
En gros, (et je répète: que ce soit dans le public ou le privé), les maths de décision d'un projet, si ça dépasse 4 calculs ou que ça utilise autre chose que +, - et à la rigueur * , c'est rejeté pour cause de suspiscion d'enfumage.
Modifié le 24/01/2025 à 22h43
Tellement vrai...
Le 23/01/2025 à 23h48
Le 25/01/2025 à 00h58
Modifié le 25/01/2025 à 15h09
Le 27/01/2025 à 07h28
Quant aux ROI, il tient plus souvent du fantasme (ou du discours du vendeur de la solution, ce qui est peu ou prou la même chose) que du calcul réel.
Le 27/01/2025 à 09h45
Et il y a les autres, qui sont plus honnêtes et conditionnent les gains, ne dépassent pas les 8-10%, insistent sur l'engagement nécessaire et que ça repose sur le travail humain pour que le résultat dure, montre les estimations de montée en prix.
Ceux-là: trop compliqué, ils ne sont pas sûrs -> exit.
Sauf qu'en général, les pro, c'est bien les seconds, les premiers, ben c'est des caricatures de commerciaux américains.
Et quand on parle de l'administration ... c'est pire : car les administrations une fois le marché accordé ont TRES peu de marge de manoeuvre.
Dénoncer un marché? C'est repartir à zéro (donc se prendre des mois dans la vue), quand on est sur un outil qui sert une obligation légale on est coincé. Sans compter qu'une fois qu'on montre le flanc en dénonçant un marché, les anciens postulants au marché ont des recours, et parfois l'administration doit payer des entreprises parce qu'un détail ou un autre dans le marché était interprétable différemment.
Ne pas payer? Même pas en rêve. De toutes façons, entre le fait que c'est quasiment payé d'avance et la dilution des responsabilités, ce sera validé par quelqu'un avant que les problèmes ne remontent.
La solution: avoir une équipe juridique & technique d'enfer. C'est pas le cas de toutes les collectivités, qui ont plutôt une équipe métier d'enfer.
Actuellement, on essaie de forcer la réversibilité des données dans toutes les solutions SAAS + sauvegarde via le web sur notre solution de sauvegarde + audit réversibilité des données et RGPD. C'est super dur: les presta ne sont pas prêts (sauf les énormes, Oracle/Ms/Google/SAP le font day-0, mais le petit développeur français, il ne le fait pas et souvent ne veut pas le faire).