La Russie teste son « internet souverain »
Splinternet on the rise

Le Service fédéral russe de supervision des communications et des technologies de l’information semble avoir testé de nouveau son infrastructure dite d’« internet souverain » début décembre, principalement dans des régions habitées par les minorités daghestanaises, tchétchènes et ingouches.
Le 12 décembre 2024 à 14h33
4 min
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Les habitants de plusieurs régions de Russie ont subi diverses coupures d’internet autour du 6 et du 7 décembre, alors que le pays testait l’infrastructure de ce qu’il qualifie d’« internet souverain ». D’après un rapport de l’Institute for the Study of War (ISW) états-unien, les habitants de régions principalement habitées par des minorités ethniques ont été les principaux concernés par ces déconnexions de l’internet mondial.
Les habitants du Daghestan, de Tchétchénie et d’Ingouchie, trois régions à population majoritairement musulmane, traversées par de récentes tensions, ont ainsi rencontré des difficultés de connexion à divers sites étrangers, parmi lesquels WhatsApp, Telegram, Youtube, Google, mais aussi des services russes comme le moteur de recherche Yandex.
D’après différents médias locaux, les internautes utilisant des réseaux privés virtuels (VPN) ont, eux aussi, rencontré des difficultés. Les données de NetBlocks, une ONG qui trace les incidents de connectivités à l'échelle du globe, montre des interruptions de près de 24 heures au Dhagestan.

Forcer les migrations vers des fournisseurs clouds locaux
Le Roskomnadzor, le service fédéral russe de supervision des communications, des technologies de l’information et des médias de masse, a confirmé avoir mené des tests au Daghestan le 6 décembre pour s’assurer du bon fonctionnement de son « infrastructure clé de remplacement », s’il décide de déconnecter la Russie de l'internet mondial.
Le lendemain, le service a indiqué qu’il pourrait bloquer huit hébergeurs internationaux, parmi lesquels Amazon Web Services (AWS), GoDaddy et HostGator, pour non-conformité avec les lois russes. L’ISW souligne que le pays a déjà procédé à ce type d’alerte, pour tester les réactions qu’elles recevaient, avant d’y avoir potentiellement recours.
En pratique, le Roskomnadzor pousserait la population russe à migrer ses services et sites web vers des fournisseurs locaux, ce que le groupe de défense des droits numériques russe Roskomsvoboda qualifie de « nouvelle phase de censure numérique ».
Le « RuNet », un travail de long terme
Vladimir Poutine et son administration travaillent au moins depuis 2019 à se défaire de l’internet mondial pour créer son propre « internet souverain », aussi appelé RuNet. Auprès de Scientific American, la responsable tech et juridique de l’ONG Access Now Natalia Krapiva explique que le gouvernement russe avait été ébranlé par les grandes manifestations qui ont secoué le pays de 2011 à 2013.
Depuis, son projet d’internet souverain avance régulièrement, avec des tentatives de déconnexion relevées en 2021, puis à l’été 2023. La Russie s’est même rapproché de la Chine pour l’aider à améliorer son contrôle, sa surveillance et sa censure d’Internet.
En pratique, il consiste à obliger les fournisseurs d’accès à internet à filtrer le contenu, bloquer des listes de sites web, et à passer par le système russe d’accès aux noms de domaine (NSDI) plutôt que par le système de nom de domaine (DNS) mondial, explique le Center for European Policy Analysis. Ce dernier souligne que des technologies occidentales, notamment états-uniennes, ont permis de construire l’infrastructure requise.
Le rythme s’accélère depuis le début de la guerre en Ukraine et le blocage de plateformes populaires comme Instagram et Facebook, les restrictions de Twitter, ou, plus récemment, le blocage de Discord. 200 VPN sont bloqués en Russie, et 98 applications pour accéder à certains d’entre eux ont disparu de la version russes de l’App Store, relève Tech Radar.
En parallèle, en septembre, des sites états-uniens comme Wix et Notion ont annoncé qu'ils cesseraient de fournir leurs services aux internautes russes à la suite des sanctions de leur État contre le pays.
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Forcer les migrations vers des fournisseurs clouds locaux
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Le « RuNet », un travail de long terme
Commentaires (16)
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Abonnez-vousLe 12/12/2024 à 15h29
Les justifications qui étaient utilisées au début sont toujours celles de protéger la 'morale' et les habitants du pays de contenu pornographique ou blasphématoire
Etant proche de cette communauté j'ai pu me délecter du fiasco que c'était. J'ai presque l'impression que la communauté IT pakistanaise fait ostensiblement mal son boulot pour laisser une porte ouverte au peuple
Le 13/12/2024 à 13h29
Merci du partage !
Le 13/12/2024 à 10h01
Internet, c'est l'interconnexion de tous les réseaux publiques locaux (local à une entreprise, un pays, un opérateur, ...).
La Russie devrait plutôt parler de "réseau souverain".
Le 13/12/2024 à 10h26
Et c'est une mine d'or pour la force de frappe économique des USA (ou autres pays d'hyperscalers).
Laisser la population surfer autour du monde, certes, dépendre d'autres pays pour notre IT, gloups!
Le 13/12/2024 à 12h46
Et vérifier un peu vos infos vu que les principaux intéressés deja non rien commentés là-dessus et de regarder quelques sites de traffic sur les régions pour constater qu'il n'y a pas eut de coupures sinon vous ne valez pas mieux que ces journaleux.
Modifié le 13/12/2024 à 14h42
Parce que sur l'article ,cela ne manque pas de sources différentes ( l'express , journaux russes ,le Roskomnadzor lui-même , ah tiens next s'est sourcé lui-même sur une référence, etc ).
Il va falloir être plus clair ( et peut-être un peu moins agressif aussi )
Modifié le 13/12/2024 à 16h22
Yep, désolé pour mon ton agressif mais on a accès à internet et à des outils qui permettent justement de checker une info avant de la reprendre bêtement (ce que font pleins d'autres médias que j'évite). Ca la fout mal aussi quant il y a même pas 1 semaine un édito sur la probité de l'info.
Modifié le 14/12/2024 à 08h00
- https://www.chernovik.net/news/ucheniya-po-podklyucheniyu-dagestana-ingushetii-i-chechni-k-suverennomu-internetu-nachalis
- https://ru.krymr.com/a/news-rossiya-dustup-k-zarubezhnomu-interneta/33230452.html
Modifié le 14/12/2024 à 08h26
Donc la moindre des choses est d'éviter de prendre ça comme référence.
Le 14/12/2024 à 08h48
Et de plus, est-ce vraiment une preuve de manque d’objectivité que d’être anti-russe de nos jours ?
Enfin, je ne connais pas ces médias, mais je note que la page wikipedia de Chernovik - certes courte - n’évoque que le meurtre de son propriétaire, vraisemblablement dans le cadre de son métier dans un cas, et l’autre a été menacé de prison en Sibérie.
Ces régimes sont pourris, ils sont un cancer pour tous leurs citoyens et leurs voisins (et pour leur monde entier), critiquer les voix dissidentes qui risquent leur vie pour les dénoncer me paraît d’une indécence rare.
Le 14/12/2024 à 10h11
Mais ils ont parfaitement le droit d'être anti-russe et de passer que des articles à charge contre Poutine dans leurs journaux s'ils le désirent. Je dirais tant mieux pour eux par contre passer de la désinformation ou de fausses informations par contre non, ce n'est plus du journalisme !
Dans leur article ils disent citer Roskomnadzor et un FAI, pourtant aucun de ces deux là n'ont rapporté ce genre d'évènement autour de la date citée. Donc récupérer une information non sourcé sous-entends un manque.
Modifié le 14/12/2024 à 11h04
Interfax en parle aussi : https://www.interfax.ru/russia/996404
Voilà les autres sources qui en parlent que j'ai trouvé rapidement :
https://www.kavkazr.com/a/v-dagestane-na-sutki-ogranichili-dostup-k-zarubezhnomu-segmentu-interneta/33229481.html
https://www.kavkazr.com/a/v-dagestane-na-sutki-ogranichili-dostup-k-zarubezhnomu-segmentu-interneta/33229481.html
https://t.me/agentstvonews/7046
Le fait que Roskomnadzor n'en parle pas directement sur son site ne dit rien sur rien.
Ce que dit ou ne dit pas une agence ou un acteur contrôlé par le pouvoir Russe n'a aucune valeur.
Modifié le 14/12/2024 à 11h34
Donc voilà pour l'article, il aurait fallut le sourcer avec ça.
Surtout sachant que depuis 2018, la désinformation a popé partout dans des médias clairement orientés, ils ont perdu toute crédibilité à la fin pour ma part.
Le 14/12/2024 à 11h40
Cimer refuznik 🤪
Modifié le 14/12/2024 à 12h36
Modifié le 16/12/2024 à 17h34