STCL : les lecteurs de plaque d’immatriculation ont maintenant leur fichier central

STCL : les lecteurs de plaque d’immatriculation ont maintenant leur fichier central

LAPI qui chante

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STCL : les lecteurs de plaque d’immatriculation ont maintenant leur fichier central

En gestation depuis plus de dix ans, le fichier central dédié aux enregistrements réalisés par les systèmes de lecture automatisée des plaques d’immatriculation (LAPI) vient d’être créé par décret. Surnommé STCL, pour « système de traitement centralisé LAPI », il doit permettre aux forces de l’ordre de rapprocher plus facilement ces données d’autres systèmes d’information, comme le fichier des véhicules volés ou signalés ou celui des données relatives à l’assurance des véhicules.

Deux arrêtés du ministre de l’Intérieur, datés du 26 septembre 2014 et publiés dans l’édition du 15 octobre du Journal Officiel, entérinent la création du fichier central dédié aux données signalétiques des véhicules. La principale de ces données, c’est le numéro de plaque d’immatriculation, tel qu’il est capturé par les systèmes de lecture automatisés (LAPI), accompagné de l’ensemble des informations contextuelles associées (date et heure, direction de circulation du véhicule, photo des occupants, etc.).

Un fichier central des lectures de plaques d’immatriculation

L’arrêté « du 26 septembre 2024 portant création d'un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé "Système de traitement central LAPI" (STCL) » précise les principaux aspects de ce nouveau fichier, mis en œuvre pour un large panel de finalités, allant de l’enquête criminelle à l’infraction routière en passant par la contrebande, le vol ou le recel de véhicules.

Il dispose d'abord que les forces de l’ordre (police nationale, gendarmerie nationale et préfecture de police) et les douanes sont autorisées à créer un fichier permettant de « centraliser, exploiter et conserver les données à caractère personnel traitées par des dispositifs fixes ou mobiles de contrôle automatisé des données signalétiques des véhicules ».

Il autorise ensuite le rapprochement de ce traitement automatisé avec ceux « relatifs aux objets et aux véhicules volés ou signalés, le système d'information Schengen, le système d'immatriculation des véhicules, le système de contrôle automatisé, ainsi que les traitements de données relatives à l'assurance des véhicules ».

Afin de permettre ce rapprochement, l’arrêté prévoit que ces données seront conservées pendant un maximum de quinze jours à compter de leur collecte, puis effacées automatiquement si aucun rapprochement n’a été effectué. En cas de rapprochement, le délai standard est porté à un mois, seuil au-delà duquel il faudra une procédure pénale ou douanière pour la conservation.

Un second arrêté, daté lui aussi du 26 septembre, intervient quant à lui pour mettre à jour et harmoniser le précédent texte qui régissait la lecture automatisée des plaques d’immatriculation.

Pour ces deux arrêtés, le ministère de l’Intérieur signale un avis positif rendu par la CNIL le 13 juin 2024. Cependant, ce dernier n’a pas été rendu public et la Commission n’avait pas encore répondu à notre demande de communication lors de la publication de cet article. Il est à noter que la CNIL a déjà mis en garde contre certains abus potentiels liés aux techniques de LAPI : en 2020, elle soulignait par exemple que la réglementation n’autorisait pas les communes à recourir à ces systèmes automatisés pour la verbalisation.

Un chantier de plus de dix ans

La création du STCL amène toutefois le débat à un niveau différent. Jusqu’ici, les forces de l’ordre équipées d’un dispositif LAPI pouvaient comparer les données capturées avec le fichier des véhicules volés ou signalés (FOVES) ou le système d'informations Schengen (SIS). Mais l’absence de regroupement au sein d’un fichier commun limitait logiquement la possibilité d’actions centralisées, auxquelles les forces de l’ordre aspirent de longue date.

« La mise en œuvre du Système de Traitement Centralisé LAPI (STCL) qui sera accélérée permettra à chaque opérateur d’obtenir une comparaison directe et instantanée avec les données collectées par l’ensemble des systèmes LAPI et d’effectuer des rapprochements judiciaires », promettait par exemple l’Intérieur dès 2014. Il expliquait que des systèmes LAPI seraient « systématiquement implantés sur les frontières maritimes, particulièrement sur les zones d’embarquement des ferries », pour éviter le passage de véhicules déclarés volés.

D’un point de vue réglementaire, le sujet prend plus précisément forme quatre ans plus tard, alors même que le gouvernement autorise par décret le croisement entre données des assureurs et fichier des cartes grises, déjà dans l’optique de préparer des contrôles automatisés via LAPI.

Le 16 février 2018, la CNIL est ainsi saisie d’une première demande d’avis relative à la création du STCL, qui figure à l’ordre du jour de sa séance plénière du 12 novembre 2019. Il ne donne cependant lieu à aucune suite. Le sujet revient au programme cinq ans plus tard, le 13 juin 2024, avec cette fois un avis positif, qui autorise désormais la création du fichier.

Commentaires (12)


A priori, les PV de parcmètre par lecture automatique existent toujours, non ?
le lien cité parle des photographies qui seraient interdites, mais n'interdit pas la capture des OCR, du lieu et de l'heure, sinon, je ne vois pas l'intérêt de saisir (péniblement d'ailleurs) l'immatriculation sur le parcmètre.
Une brique de plus pour contrôler les déplacements de tout un chacun dans l'espace public à terme.
A force d'abattre les frontières et tous les contrôles qui s'y déroulaient on a surtout l'impression que l'ensemble de l'espace public va se transformer en poste frontière.
Si je comprends bien, quiconque a accès à cette base centrale peut retracer tous les déplacements motorisés d'une personne (immat + photos) sur 15 jours sans qu'une procédure soit en cours ?

Bien sûr il faudrait que cette personne passe régulièrement devant un LAPI, mais ça reste un peu inquiétant en cas d'accès malintentionné à cette base.
Surtout qu'il y en a un paquet, presque à toutes les entrées des villages de France maintenant. Entre ça et les Voisins Vigilants nos ruraux n'ont qu'à bien se tenir !
Modifié le 15/10/2024 à 16h42

Historique des modifications :

Posté le 15/10/2024 à 16h41


Surtout qu'il y en a un paquet il me semble à presque toutes les entrées des villages de France maintenant. Entre ça et les Voisins Vigilants nos ruraux n'ont qu'à bien se tenir !

Posté le 15/10/2024 à 16h42


Surtout qu'il y en a un paquet, presque toutes les entrées des villages de France maintenant. Entre ça et les Voisins Vigilants nos ruraux n'ont qu'à bien se tenir !

Je ne l'ai pas compris comme ça.
Je pense qu'il faudra dans tous les cas une justification pour faire une recherche.

C'est souvent fait comme ça avec les systèmes de vidéo surveillance.
Les consultations/extractions sont souvent loggées (pas toujours, c'est pas une obligation à ma connaissance) et doivent être justifiées.
Les 30 jours permettent de faire des vérifications en cas d’incident et ensuite éventuellement de lancer une procédure pénale.
Modifié le 15/10/2024 à 19h03

Historique des modifications :

Posté le 15/10/2024 à 19h03


Je ne l'ai pas compris comme ça.
Je pense qu'il faudra dans tous les cas une justification pour faire une recherche.

C'est souvent fait comme ça avec les systèmes de vidéo surveillance.
Les consultations/extractions sont en souvent loggées (pas toujours, c'est pas une obligation à ma connaissance) et doivent être justifiées.
Les 30 jours permettent de faire des vérifications en cas d’incident et ensuite éventuellement de lancer une procédure pénale.

10 ans pour que les LAPI puissent signaler les voitures volées, mdr
Il était temps !
force & honneur aux FDO ;) (n'en déplaise aux acab - beautiful)
A quand le fichier centralisé de qui ne s'est pas prosterné en passant devant la statue de notre chef suprême ? (Un peu Comme en Chine aujourd'hui)
A quand le fichier centralisé de qui ne soutient pas le génocide dans des pays colonisés ? (Complètement comme en France aujourd'hui)
A quand le fichier centralisé de qui a osé aider son prochain dans notre futur déjà dystopique?
Le système LAPI sert déjà à ouvrir les parkings publics, à surveiller les horodatages des stationnements de rue, les passages aux bornes d'autoroute, peut-être bientôt à contrôler les zones faible émission ZFE-m ?
Les ZFE, c'est évident que ça va y passer, mais bon c'est normal, identifier un véhicule, ça n'est pas faire de la reconnaissance faciale quand même, de toute façon, dans 20 ans, les bagnoles seront des objets connectés et tracés comme les autres, c'est déjà un peu le cas, il n'y aura plus besoin de ces caméras OCR que pour les antiquités à carte grise collection, celles qui n'ont le droit de rouler que le dimanche.
Vous souvenez-vous des temps auxquels la population de fichiers était limité, et durant lesquels leur croisement était évité, sinon limité ?
Moi non plus.

Diantre, quels bienfaits cela pouvait-il avoir ?

Allez, place aux lobotomisés chantres du tout-sécuritaire.
Modifié le 16/10/2024 à 00h45

Historique des modifications :

Posté le 16/10/2024 à 00h43


Vous souvenez-vous des temps auxquels la population de fichiers était limité, et durant lesquels leur croisement était évité, sinon limité ?
Moi non plus.

Diantre, quels bienfaits cela pouvait-il avoir ?

Allez, place aux lobotomisés chantres du tout-sécuritaire.

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