Censure du délit de consultation : « une bouffée d’oxygène dans un contexte sécuritaire »
Interview de Me Khankan
Le 10 février 2017 à 13h00
3 min
Droit
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Me Khankan est l’un des avocats ayant plaidé pour la censure du délit de consultation habituelle de sites terroristes. Il réagit dans les colonnes de Next INpact à la décision rendue ce matin par le Conseil constitutionnel.
Comment accueillez-vous cette censure ?
C’est une bouffée d’oxygène dans un contexte sécuritaire très pesant : il y a encore des fondements historiques du droit pénal pour résister aux attaques frontales du législateur !
Mais quelle analyse faites-vous de la décision ?
Le Conseil constitutionnel a considéré que le délit n’était ni nécessaire ni proportionné, compte tenu du corpus législatif français, tant au niveau judiciaire qu’au niveau des services du renseignement. De nombreuses dispositions, qui permettent déjà d’intervenir avant la commission, telle l’entreprise individuelle terroriste, sont suffisantes pour contenir le risque. En outre, la bonne foi prévue par l’article censuré a été jugée très floue, trop sombre pour extraire une précision suffisante au profit des magistrats.
Comment expliquer qu’un tel texte ait pu être voté ?
Il y a une incompréhension dans sa genèse même. Le gouvernement s’y était opposé au niveau du débat parlementaire, mais, sous le coup de l’émotion, nous sommes arrivés à une lecture accélérée, sans prendre le temps de la réflexion alors qu’on avait verbalisé que ces mesures étaient inconstitutionnelles dès le départ.
Peut-on dire qu’il y a eu défaillance du processus démocratique ?
Je dirais peut-être plus qu’une défaillance, une précipitation dans la réponse aux évènements qui ont traumatisé la population française – un traumatisme que personne ne conteste. Une réponse qui n’a pas été réfléchie. Au niveau politique, il y a la volonté de lutter contre quelque chose de difficile à contenir, mais il reste qu’une telle démarche ne peut se faire au mépris des principaux fondamentaux de l’état de droit.
Des personnes ont été condamnées, d’autres sont encore poursuivies. Que va-t-il se passer pour elles ?
Il s’agit d’une abrogation immédiate. Toutes les procédures en cours doivent être interrompues. Les personnes condamnées doivent être remises en liberté, car le texte n’existe plus dans notre corpus, il a disparu.
Cependant, beaucoup de condamnations étaient mixtes. Des personnes ont été condamnées pour consultation habituelles, mais aussi pour apologie ou violation de l’assignation à résidence. Dans ces cas, il faudra faire le départ entre les maximums de peines encourues. Il existe en effet un principe qui veut que la peine la plus importante l’emporte. La violation d’une assignation, c’est un an de prison. La consultation habituelle était sanctionnée de deux ans de prison.
En attendant, le texte censuré visait par exemple les vidéos de décapitation, mais il ouvrait une boite de Pandore. Par ce biais, un autre pouvoir politique plus autoritaire aurait pu faire mettre en détention cette fois des opposants politiques. On jouait ainsi avec le feu.
Merci Me Khankan.
Censure du délit de consultation : « une bouffée d’oxygène dans un contexte sécuritaire »
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Comment accueillez-vous cette censure ?
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Mais quelle analyse faites-vous de la décision ?
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Comment expliquer qu’un tel texte ait pu être voté ?
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Peut-on dire qu’il y a eu défaillance du processus démocratique ?
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Des personnes ont été condamnées, d’autres sont encore poursuivies. Que va-t-il se passer pour elles ?
Commentaires (48)
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Abonnez-vousLe 10/02/2017 à 13h17
Au niveau politique, il y a la volonté de lutter contre quelque chose de difficile à contenir
Optimiste le monsieur, certains y voient l’expression d’une volonté plus sombre…
Des personnes ont été condamnées, d’autres sont encore poursuivies. Que va-t-il se passer pour elles ?
Il s’agit d’une abrogation immédiate. Toutes les procédures en cours doivent être interrompues. Les personnes condamnées doivent être remises en liberté, car le texte n’existe plus dans notre corpus, il a disparu.
Ouf!
Perso ce qui me fait peur c’est que ce genre de choses arrive de plus en plus souvent… Et un jour, ça passera (grâce à modification de la composition du CC par exemple, ou à cause d’une pression populaire trop forte)
Le 10/02/2017 à 13h25
Si la pression est trop forte, la constitution pourrait sauter, et donc ce conseil.
Le danger d’une pression populaire, c’est que le résultat risque d’être populiste… et ainsi ce genre de lois pourraient passer, sans ce frein.
Alors quand je vois ceux qui espèrent une révolution, je frémis.
Le 10/02/2017 à 13h27
“un traumatisme que personne ne contexte”
Est-ce que ça devrait être conteste ?
Le 10/02/2017 à 13h33
Le 10/02/2017 à 13h37
Ca dépend du conteste.
Le 10/02/2017 à 13h41
Le 10/02/2017 à 13h53
Le 10/02/2017 à 14h03
En matière environnementale c’est le principe de précaution qui s’applique : on interdit d’abord, puis on réfléchit ensuite.
En matière de terrorisme ça devrait être pareil : on enferme d’abord et on réfléchit ensuite.
Puisque le délit de consultation de sites terroristes ne passe pas, pourquoi s’embêter ?
On modifie le régime dérogatoire de la durée de la garde à vue qui, compte tenu de l’état d’urgence, passera de 96h à 5 ans. Au bout de 5 ans le type finira bien par avouer, et hop condamné. Ou alors il fera une tentative de rébellion ce qui permettra de le condamner pour violence à l’intérieur de la prison voire pour outrage et hop condamné.
Comme le dit le proverbe arabe qu’on peut réinterpréter dans le contexte actuel : “enfermes un type, même si tu ne sais pas pourquoi, lui il sait”.
Le 10/02/2017 à 14h03
Ricard a des problèmes à ce qu’on parle un peu de pression? ;)
Le 10/02/2017 à 14h04
“marrant”, j’avais entendu une variante de ce proverbe, avec un mari qui bat sa femme.
Le 10/02/2017 à 14h16
Le 10/02/2017 à 14h19
Le 10/02/2017 à 14h20
Le 10/02/2017 à 14h21
Par ce biais, un autre pouvoir politique plus autoritaire aurait pu
faire mettre en détention cette fois des opposants politiques. On jouait
ainsi avec le feu.
C’était bien le problème ; et c’est d’ailleurs pourquoi, dans le législatif, la présomption d’innocence est bien plus importante que le principe de précaution
Le 10/02/2017 à 14h25
Le 10/02/2017 à 14h28
Pression et Ricard, ça ne doit pas aller ensemble…
Le 10/02/2017 à 14h45
Blague à part, ce n’est pas la dépiction du christianisme.
La résurrection est le préalable au jugement. Tout le monde revient parce qu’au moment de la résurrection, personne n’est encore considéré innocent ou coupable. Ça vient derrière.
Une sorte de présomption d’innocence divine " />
En passant, l’Église en tant qu’institution (par opposition au lieu de culte) s’écrit avec une majuscule " />
Si ton église prône quoi que ce soit, elle est hantée " />
Le 10/02/2017 à 15h09
En quoi cette décision est-elle une bouffée d’oxygène ? Pourquoi tout le monde se réjouit de cela ? Comme si c’était normal de consulter ce genre de sites.
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Le 10/02/2017 à 15h16
Le 10/02/2017 à 15h35
Le 10/02/2017 à 15h49
Merci Maître pour ces sages paroles " />
Le 10/02/2017 à 15h53
Le 10/02/2017 à 15h58
Le 10/02/2017 à 16h47
Ah non mais tu ne prendras jamais deux ans de prison car tu te renseignes. On parlait clairement de consultation consentie, réitérée… Et personnellement je ne me renseigne pas en regardant des vidéos de mecs se faisant décapiter ni en consultant des sites faisant l’apologie de l’Islam radical.
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Le 10/02/2017 à 17h57
Le 10/02/2017 à 18h05
Le 10/02/2017 à 18h06
Le 10/02/2017 à 18h15
Le 13/02/2017 à 10h00
Le 13/02/2017 à 12h38
Le 15/02/2017 à 09h31
Je suis d’accord, il n’y a aucune raison de revenir 10x sur un site qui nous semble odieux.
La différence, c’est qu’ils utilisent comme toi le terme “régulièrement” qui veut dire tout et n’importe quoi. 1x tous les deux ans, c’est régulier!
Et si on le prend par le sens de la quantité (donc rien à voir avec la régularité), à partir de combien ça devient illégal? C’est un paradoxe connu, à parti de combien de grain de sable on parle de tas?
Et enfin le délit est celui de consultation, pas de préparation d’actes. Il est devenu illégal d’ouvrir des pages web? On en vient à ceux qui disent que télécharger un fichier c’est voler: bientôt ils diront que liker c’est tuer.
Bref, on voit bien l’intention première qui aboutit à ces textes, mais la manière est inefficace. Celui qui consulte de manière “régulière” un site pro-salafisme est déjà devenu salafiste; il est trop tard … et aussi trop tot (il est déjà converti en pensée, mais n’a rien commis)
Le 16/02/2017 à 17h59
Le 10/02/2017 à 18h19
consultation consentie, réitérée ne veut pas dire que le gars va passer à l’acte
Le 10/02/2017 à 18h55
Le 10/02/2017 à 19h06
Le 10/02/2017 à 20h57
Tu regardes trop la télé, les algorithmes et le renseignement ne marchent pas comme ça. Mais joli troll.
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Le 10/02/2017 à 23h56
Peut-on dire qu’il y a eu défaillance du processus démocratique ?
Mais bien sur le parlement est une défaillance démocratique " />
La démocratie c’est la dictature de la majorité or autant sur d’autres domaines cela pourrait se discuter, autant sur le domaine sécuritaire je ne suis pas sur que le plus grand nombre soit contre cette loi…
La vraie dictature c’est quand une minorité impose ses vues.
Il faut juste rappeler que personne n’a été condamné pour le simple fait de cette loi… Elle n’a été qu’une pierre supplémentaire dans l’édifice de la condamnation. Pierre il est vrai souvent utilisée car elle permettait une condamnation plus lourde des prévenus.
Maintenant il faut juste espérer qu’aucun condamné qui aura été libéré grace à cette bouffée d’oxygène ne fasse de conneries dans les 3 mois à venir, sinon la bouffée d’oxygène va vite se transformer en un cauchemar sociétal.
Le 11/02/2017 à 05h46
Le 11/02/2017 à 07h20
Le 11/02/2017 à 08h04
Ces deux témoignages permettent de rappeler que les résultats de Google sont calculés en fonction de vos historiques de navigations et recherches. " />
Le 11/02/2017 à 08h35
Le 11/02/2017 à 10h17
Le 11/02/2017 à 11h28
Le 11/02/2017 à 12h39
Le 11/02/2017 à 12h41
Le 11/02/2017 à 14h32
Le 11/02/2017 à 14h49
Pour le coup Picatrix c’est un gentil troll mais l’autre… j’ai un gros doute… ^^
Le 11/02/2017 à 18h24
Je pense que tu n’as pas compris ma réponse qui répondait à la sortie de prison suite à l’annulation de cette loi. Mais, c’est peut-être moi qui comprends mal, comme tu parles d’un article et que je ne sais pas duquel il s’agit : de celui de Marc, ou un des 2 que j’ai mis en lien.