La nouvelle version du délit de consultation de sites terroristes définitivement adoptée
Bientôt prête pour la QPC
Le 16 février 2017 à 16h00
3 min
Droit
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Entre hier et aujourd'hui, députés et sénateurs ont définitivement adopté le projet de loi sur la sécurité publique. Par la même occasion, le délit de consultation habituelle de sites terroristes a donc été réhabilité, malgré la censure du Conseil constitutionnel.
C’est peu de le dire, les soutiens au chevet de cette infraction ont été peu nombreux chez les députés ayant pris la parole hier dans l’hémicycle. Yves Goasdoué (PS) : « Je ne suis pas certain – qui peut l’être ? – qu’il résisterait à une nouvelle question prioritaire de constitutionnalité, mais je ne m’opposerai pas à son adoption parce que les garanties qui accompagnent ce texte sont telles qu’il ne peut plus nuire à grand monde, pour parler un peu simplement ».
Pascal Popelin (PS) : « ce délit spécifique n’apporte rien, puisque cet élément est déjà constitutif du délit d’entreprise individuelle à caractère terroriste que nous avions créé dans la loi du 13 novembre 2014 ». Un argument déjà exposé par Me Khankan, l'un des avocats ayant victorieusement plaidé pour la censure devant le Conseil constitutionnel.
Un délit sans doute visé par une prochaine QPC
Selon le même élu, « il peut fragiliser les procédures qui s’appuieraient sur cette disposition. Nous n’avons pas été convaincus par l’utilité et la fiabilité de la nouvelle rédaction introduite ». Seulement, comme il l’admet, le groupe LR avait mis son vote en balance sur l’ensemble du projet de loi, aussi : « il n’y avait néanmoins pas matière à ce que nos travaux échouent à cause de ce seul point, sur lequel il ne fait aucun doute que le juge constitutionnel sera de nouveau appelé à se prononcer ».
Dominique Raimbourg (PS) partage l’analyse de ses collègues. Le président de la Commission des lois qui voit là un délit « inutile », considère que « ce délit ne trouvera pas à s’appliquer parce qu’il sera très difficile de caractériser la manifestation d’adhésion de celui qui consulte ces sites ». Cette manifestation d’adhésion entre en effet désormais dans les éléments constitutifs de l’infraction, détaillée dans nos colonnes.
L'opinion n'aurait pas compris, selon un sénateur PS
Le projet de loi, qui contient de nombreuses autres dispositions concernant en particulier le renseignement pénitentiaire, a connu le même sort au Sénat aujourd’hui.
Au Palais du Luxembourg, le sénateur René Vandierendonck (PS), regrettant la censure « péremptoire » décidée par le Conseil constitutionnel le 10 février dernier, s’est félicité de la réintroduction du délit de consultation : « L'opinion n'aurait pas compris que nous ne rétablissions pas cette mesure. »
La nouvelle version du délit de consultation de sites terroristes définitivement adoptée
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Un délit sans doute visé par une prochaine QPC
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L'opinion n'aurait pas compris, selon un sénateur PS
Commentaires (33)
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Abonnez-vousLe 16/02/2017 à 16h09
Rien à ajouter.
Ah si : monde de merde ! On se Trumpise en France.
Le 16/02/2017 à 16h14
L’opinion n’aurait pas compris…
Mais sérieux, le peuple n’est pas focalisé sur l’adoption de ce délit idiot !
Par contre, ça fait longtemps que l’opinion ne comprend plus la stupidité de ce que votent ses parlementaires…
Le 16/02/2017 à 16h20
Le 16/02/2017 à 16h21
Euh, j’ai pas compris…
Le CC censure une loi inconstitutionnelle, et les chambres remettent la loi telle quelle ?
Ils sont cons ou quoi ?
Le 16/02/2017 à 16h22
” ….le groupe LR avait mis son vote en balance sur l’ensemble du projet de loi, aussi….”
“oh que j’aime cette façon de faire” !!!!" />
Le 16/02/2017 à 16h31
Entre ça et la déchéance de nationalité, combien de projets de lois ineptes et inapplicables ?
Ils sont quand même bien chers payés pour tant d’incompétence juridique, de brassage de vent stérile, et par dessus tout nous prendre au passage pour des cons.
“L’opinion n’aurait pas compris”, et puis quoi encore ?
Est-elle censée mieux comprendre que le parlement tente un bras de fer idiot avec le CC ?
Le 16/02/2017 à 16h45
TL;DR : fuck la Constitution et ses gardiens " />
Le 16/02/2017 à 16h50
« il peut fragiliser les procédures qui s’appuieraient sur cette disposition. Nous n’avons pas été convaincus par l’utilité et la fiabilité de la nouvelle rédaction introduite ». Seulement, comme il l’admet, le groupe LR avait mis son vote en balance sur l’ensemble du projet de loi, aussi : « il n’y avait néanmoins pas matière à ce que nos travaux échouent à cause de ce seul point, sur lequel il ne fait aucun doute que le juge constitutionnel sera de nouveau appelé à se prononcer »
On va gagner du temps: avec tes potes du PS tu lances une QPC qui sera répondu dans le mois. On évitera que les policiers s’appuyant sur ce point, arrêtent des gens vraiment dangereux et qui seront libérés dans 6 mois quand l’avocat pourra saisir le CC lors du procès.
Bref tu fais ton travail de parlementaire" /> , STP !!!
Le 16/02/2017 à 16h56
Le 16/02/2017 à 16h57
Je comprend bien que ça en chagrine certains à cause de la “liberté de” mais dites vous qu’il y à des gens qui vont consulter ce genre de site pour ce “former” au jihadisme. Alors il est clair que ceux qui ont déjà franchis le pas y vont surement avec des protection, mais le petit “noob wésh wésh nique la france ziva muz c’est trop bieng ” lui il ira sans ce protéger et c’est pour ça que cette loi à été promue ( j’espère en tout cas ).
Par contre j’aimerais bien savoir comment fonctionne le système, car imaginez un instant qu’un “petit malin” utilise une faille Xss pour poster un commentaire sur un site connu ( et c’est easy à trouver une faille ), en y injectant une iframe “qui va bien” il est possible ce simuler sur un site de terroriste, et même de simuler une visite avec plusieurs pages.
Le 16/02/2017 à 16h59
Les élus n’aurait pas compris, selon l’opinion*
Le 16/02/2017 à 17h07
Ce qui me dérange le plus, et je ne suis pas le seul dans ce cas, c’est que la notion de “terrorisme” est très mal définie, voire pas du tout.
Donc, la “consultation de sites terroristes” peut prendre beaucoup de sens différents selon les idées du gouvernement. Y compris dans 6 mois, 1 an, 10 ans…
Le 16/02/2017 à 17h09
Yves Goasdoué (PS) : « Je ne suis pas certain – qui peut
l’être ? – qu’il résisterait à une nouvelle question prioritaire de
constitutionnalité, mais je ne m’opposerai pas à son adoption parce que les garanties qui accompagnent ce texte sont telles qu’il ne peut plus nuire à grand monde, pour parler un peu simplement ».
Ho la vache… Je vais l’encadrer celle-là. " />
Le 16/02/2017 à 17h10
Le 16/02/2017 à 17h17
ça s’en va et ça revient…
Le 16/02/2017 à 17h41
N’y a t’il pas déjà des lois criminalisant la conspiration et la préparation d’attentats? On a pas besoin d’un delit de consultation pour condamner les apprentis terroristes. Le delit de consultation n’est qu’un outil de punition arbitraire et indigne de la nation des droits de l’homme… par contre une fois le FN au pouvoir, ce genre de loi va faire des ravages vu que la definition de terrorisme est tres subjective.
Mais bon, c’est comme avec Trump: si on fait assez longtemps semblant que la constitution n’existe pas, elle finira par disparaître?
Le 16/02/2017 à 16h04
Ben si, l’opinion aurait tres bien compris que cette mesure reste aux oubliettes…
Suffirait de lui expliquer vraiment, a l’opinion, au lieu de lui bourrer le mou.
Le 16/02/2017 à 16h05
J’ai du mal à comprendre cette lubie…
Le 16/02/2017 à 16h05
Donc pour résumer les “représentant du peuple français” ont estimé que la constitution on s’en foutait, tandis que les “sages” considère qu’elle est d’ailleurs contre-productive (cf les propos du sénateur).
triste France
Le 16/02/2017 à 17h47
Il me semble que les chances d’obtenir l’abrogation de cette nouvelle rédaction par le dépôt d’une QPC sont bien minces. En effet, les cas de motifs légitimes sont ouverts, par l’adjonction de l’adverbe “notamment”. Aussi, le juge (constitutionnel ou pénal) pourra toujours créer une cinquième exception, en se fondant sur le liberté d’information par exemple, et ainsi “sauver” la légalité de ce délit.
Par ailleurs, je crois que ce délit sera très souvent utilisé en pratique. Premièrement, lorsque le Ministère public n’arrivera pas à prouver la condition préalable du délit d’entreprise individuelle à caractère terroriste. (Cf. les faits énuméré au 1° de l’art. 421-2-6 cp :“le fait de détenir, de rechercher, de se procurer ou de fabriquer des objets ou des substances de nature à créer un danger pour autrui”. Un vice de procédure peut toujours entaché une perquisition physique ou informatique. Aussi, les pièces se rapportant à l’obtention d’objet/substances dangereuses devront être écartées des débats. Mais, en visant aussi le délit de consultation habituelle, l’autorité de poursuite pourra obtenir la condamnation du prévenu, pour peu que ce dernier ai manifesté d’une quelconque manière son adhésion à cette idéologie mortifère. En droit pénal, la preuve de l’intention peut être rapportée par tout moyen, même des témoignages de tiers/ tweet d’approbation/ adhésion à un groupe FB ou des likes/ des commentaires,- si ces derniers sont jugés suffisamment convaincants par l’autorité de jugement (Cf. la notion “d’intime conviction”).
Deuxièmement, ce délit de consultation habituelle ne confond pas avec le délit d’apologie publique des articles 421-2-5 et -1. On retrouve ici la traditionnelle distinction de l’espace privé ou public, comme en matière d’injure ; lors de la publication de propos sur fb, lorsque l’accès au mur d’une personne est uniquement réservé à ses seuls “amis” (Cf. critère du public restreint). Par conséquent, lors d’une discussion sur un salon/groupe privé sur IRC/TELEGRAM/ ou SKYPE, le délit d’apologie publique d’actes terroristes ne peut pas être retenu, alors même que ces propos s’accompagneraient d’un lien vers une vidéo explicite ; alors que la réunion du lien vers une vidéo à caractère terrorsite et d’un commentaire en faisant l’apologie démontrent d’adhésion de la personne, elle n’encourait aucune sanction.
Par conséquent, la réécriture du délit de consultation habituelle permet d’entrer en voie de condamnation beaucoup plus tôt, tout en permettant de “sauver” de nombreuses procédures bancale. Pour résumer, de manière triviale, ce délit s’apparente à une voiture-balai en matière de terrorisme.
Le 16/02/2017 à 17h50
Aussi, comme l’UE vient d’adopter une directive élargissant la definition de terrorisme à la volonté de faire perdre de l’argent à une entreprise ou un état, la simple lecture d’un article appelant au boycott pourrait coûter cher…
Le 16/02/2017 à 18h06
Le 16/02/2017 à 18h17
Le 16/02/2017 à 18h36
Le 16/02/2017 à 19h18
“L’opinion n’aurait pas compris que nous ne rétablissions pas cette mesure.”
C’est hélas vrai pour une partie de l’opinion, qui aussi ne comprend pas que cette mesure fait plus de mal que de bien.
monde de merde " />
Le 16/02/2017 à 21h45
En gros si on dit que l’on est pour on s’attire les foudres ?
" />
Le 16/02/2017 à 22h56
Le 17/02/2017 à 07h09
“L’opinion n’aurait pas compris, selon un sénateur PS”
l’opinion ne comprend pas non plus ce qu’il fait encore là le sénat, cette maison de retraite des politiciens.
l’opinion ne les a pas votés non plus
Le 17/02/2017 à 07h13
Le 17/02/2017 à 07h47
Le seul probleme que je vois dans l’adoption de ce genre de loi
c’est que des sites appartenant a des organisations d’opposition peuvent tres bien se retrouver dans le colimateur, aujourd’hui le terrorisme … demain .. Greenpeace / SeaShepard ?
ou encore M ou Mme Michu qui se plaint sur son blog de la gestion scabreuse de l’argent des collectivités locales ?
par ailleur, comme il y est dit, il suffira de trouver lors des perquisitions des substances dangeureuses pouvant nuire a autrui : de l’acide > vinaigre blanc, du Chlore > de l’eau de javel vous connaissez la suite (et je ne parle meme pas de bouteilles de gaz … faire cuire ses aliments ou se chauffer c’est le mal :/)
toute personne detenant ces deux produits tombent irremediablement sous le coup de cette loi.
Sans parler de la maniere dont cette loi est passee … c’est abject tellement normal de la part de politiciens d’ouvertement faire du chantage
Le 17/02/2017 à 08h41
”..c’est comme avec Trump : si on fait assez longtemps semblant que la constitution n’existe pas..”
je suis curieux de savoir SI les contre-pouvoirs (justice) vont jouer leurs rôles* ?
… ou SI à force d’insister “le Trump” finira par avoir gain-de-cause ?
(c’est qu’il est têtu le bougre) !
* tenir bon
Le 17/02/2017 à 09h05
Au Palais du Luxembourg, le sénateur René Vandierendonck (PS), regrettant la censure « péremptoire » décidée par le Conseil constitutionnel le 10 février dernier,
Personnellement, je regrette la connerie péremptoire de ce sénateur qui ne comprend rien et ne fait pas l’effort de comprendre.
Le 17/02/2017 à 09h19
la peur, voilà comment est régit le pays et bien d’autres
ayez peur et nous vous protégerons en vous privant de liberté
Les barrières devant les écoles avec le logo ‘vigi-pirate” servent elles vraiment à empêcher un kamikaze de se faire sauter ? NON, bien sûr, c’est juste pour nous rappeler d’avoir peur…
En attendant, ça va faire 2 ans d’état d’urgence, et avec, le libre court de perquisitionner votre voiture ou votre maison sans autorisation ou contrôle judiciaire, même pour 5 grammes d’herbe…
Les dictatures ne font pas mieux.