Comme nous l'avions évoqué dans notre article sur la blockchain et ses usages, la traçabilité alimentaire a été identifiée par les industriels comme un débouché possible. En août 2017, IBM s'est ainsi associé à Nestlé, Unilever et Walmart pour travailler à une telle solution.
Plus proche de nous, Carrefour vient d'annoncer dans le cadre de son plan de réforme d'ici à 2022 qu'il lançait « la première blockchain d'Europe », à grand coup de publications sponsorisées sur les réseaux sociaux. Une solution déjà mise en place pour la traçabilité des poulets d’Auvergne « Filière Qualité Carrefour », qui doit être étendue d'ici la fin de l'année à huit autres produits : œuf, fromage, lait, orange, tomate, saumon et steak haché.
De manière plus concrète, cela prend la forme d'un QR Code à scanner sur le produit, permettant d'accéder aux informations de l'animal via un registre public. L'exemple donné sur Twitter est accessible par ici. Malheureusement, ce registre public ne peut pas être consulté dans son ensemble, le site principal renvoyant une erreur.
On peut trouver dans chaque fiche des détails sur l'incubation, l'élevage, l'alimentation, l'abattage et le stockage avec le nom des différents intermédiaires et une vidéo de présentation de l'éleveur. Chaque maillon de la chaîne a accès à un site et une application permettant de fournir ces données.
Dans son annonce et son communiqué de presse, Carrefour met également en avant le fait que la blockchain est une « base de données numérique sécurisée et infalsifiable qui permet à chaque acteur de la chaîne d’approvisionnement de renseigner les informations de traçabilité qui les concernent et ce pour chaque lot ». Néanmoins, le groupe oublie de donner les détails techniques de sa solution et les garanties à ce propos.
En l'état actuel du projet, on pourrait se demander ce qui différencie cette plateforme d'une base de données publique qui n'exploiterait pas la blockchain, si ce n'est son côté inaltérable. Si les machines des intervenants sont mises à contribution, dans quelle mesure et comment est assurée la vérification des blocs pour assurer que l'ensemble est infalsifiable, même par Carrefour ?
On peut aussi se poser la question de la fiabilité des informations entrées par les nombreux intervenants et de la manière dont elle est assurée et vérifiée par Carrefour, car la blockchain ne peut rien y faire. Nous avons interrogé le groupe et reviendrons sur le sujet dès que nous aurons obtenu des réponses concrètes.
On peut néanmoins saluer la mise en place d'une solution visant à rendre plus claire et complète l'accès à de tels détails depuis un smartphone, que cela passe ou non par une blockchain. Il sera d'ailleurs intéressant de voir l'usage réel d'un tel dispositif par les consommateurs lorsqu'il sera généralisé.
Commentaires (34)
#1
En l’état actuel du projet, on pourrait se demander ce qui différencie cette plateforme d’une base de données publique qui n’exploiterait pas la blockchain, si ce n’est son côté inaltérable.
En 2018, il vaut mieux dire “blockchain” que “base de données”. Peu importe le contexte.
#2
L’un des principes fondamental de la blockchain est que ce sont des tiers (mineurs , logiciels, clients, …) qui valident les transaction par consensus.
Ca implique que le code source des logiciels soient ouvert (sinon , l’éditeur peux à sa guise pousser des mises à jour qui peuvent changer des choses) , et que les machines qui vérifient soient indépendantes, et géographiquement réparties.
C’est pour ça que j’ai du mal avec l’idée de “privatisation” de la technologie blockchain par une entité : Dans ce cas, autant installer une base de donnée (avec réplication), c’est moins d’emmerde… :-)
#3
Beaucoup n’ont pas très bien compris le blockchain. C’EST un mot concept pour le marketing.
Effectivement,une base de données fait ce travail.
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#6
Intelligence est certes dur à caser avec Carrefour. Mais artificiel ça ils savent faire " />
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#8
Je suis assez mitigé sur la finalité… C’est plutôt pas mal comme application, la traçabilité alimentaire, mais le problème que j’y vois c’est que si, à chaque poulet, chaque œuf, chaque brique de lait (etc.) vendus demain en supermarché, il faut dépenser 30 kWh pour valider les blocs de transaction, c’est même pas viable sur 6 mois.
Qu’en est-il de cet aspect ?
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#10
C’est le Dev, il avait besoin de mettre Blockchain dans son CV. On a les mêmes là où je bosse, ils vous démarrent une pauvre requête SQL (genre drop table) à travers une ligne de commande Bash dans un gros outil d’ETL sur un cluster Hadoop…. parce-que.
#11
Rien qui ne serait impossible avec une classique Bdd.
Surtout qu’au vu du bousin, une Bdd aurait sans doute été plus facile à implémenter et aurait couté moins cher.
On sent bien que c’est juste du marketing et que Carrefour abandonnera la chose une fois la mode blockchain passée.
#12
Leur équipe marketing a bossé dur :)
“Les gars ! On ne va plus parler de Base de Donnéesn ou de traçabilité, mais de Blockchain ! Je ne sais pas trop ce ce que c’est mais il y a beaucoup de hashtag sur le sujet. Ça va booster nos ventes, c’est moi qui vous le dis !”
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#14
Carrefour vient d’inventer l’API publique " />
Voilà le compte-rendu de leur réunion " />
#15
Visiblement en bourse le mot blockchain n’a pas eu le même effet que pour Archos " />
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#17
Ils peuvent faire la même avec le bœuf vendu en rayon pour montrer qu’ils sont nourris aux OGM brésilien? " />
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#19
#20
Est-ce que l’intérêt n’est pas la transparence, sachant qu’en théorie, n’importe qui est censé pouvoir aller consulter la “blockchain” directement?
Une base de donnée “normale” est privée, et uniquement accessible par une couche applicative qui expose
elle-même des API (éventuellement publiques), La question peut donc se poser de la confiance dans
le fournisseur de la solution.
Et donc pour une fois, une techno de type “blockchain” serait éventuellement utile?…
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#22
Est-ce qu’on peut simplifier le principe du blockchain en disant que c’est comme mettre en place un RAID 5 (ou autre) où chaque information est répliquée sur chaque disque et si un disque est corrompu ou défaillant les autres le réparent ?? On remplace les disques par des machines individuelles ça devient un blockchain ? Même principe qu’un fichier uploadé sur usenet qui se voit dupliquer sur plusieurs serveurs pour une plus haute disponibilité ?
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Ça me fait penser à cette image :-)
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Une blockchain c’est accessible avec un simple navigateur ? Comment fait-on concrètement pour faire les contrôles ?
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#28
Mais on peut réécrire la blockchain, si 50% des acteurs sont d’accord.
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Je demandais plus généralement, pas sur la blockchain spécifique à Carrefour " />
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#31
Oui, on peut imaginer que chaque acteur de la chaine soit un acteur de la blockchain, et que des organisations extérieurs (associations de consommateurs par exemple) le soient aussi
Mais on ne peut que imaginer et prêter des intentions louables à Carrefour, car aucun autre acteur ne s’est manifesté. Les labos ne seraient pas heureux de faire partie de ce premier certificat de qualité inaltérable?
De plus, aucun moyen de savoir qui a rempli quoi dans cette chaine de blocs.. (Les infos fournies par l’éleveur vont jusqu’ou? parce que la date d’abbatage, si ca se trouve, l’animal n’était plus chez l’éleveur depuis 3 jours)
Aucun moyen non plus de vérifier que ce qui est affiché et bien égal à ce qui est vraiment dans la chaine de blocs.
#32
malgré tous les articles de NXI, et surtout les briefs de pas mal de société qui vont utiliser ce fameux blockchan… on peut me dire l’intérêt sur ce genre de cas comme carrefour x_x , je pensais à un truc pour la cryptomonnaie mais je vois pas l’utilité d’une blockchain sur leur schéma, et .. ils le font pas déjà ça la traçabilité ?
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