La séparation des pouvoirs au secours du budget de la Hadopi
MIQ mousse
Le 05 septembre 2012 à 14h11
6 min
Droit
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Hadopi coûte cher, selon Aurélie Filippetti. Elle doit remplir - et a rempli - ses missions fixées par la loi, lui a répondu ce matin Mireille Imbert-Quaretta, la présidente de la commission de protection des droits.
Eric Walter et Mireille Imbert Quaretta (photo MR)
Ce matin, la Commission de protection des droits, cœur répressif de la Hadopi, a dressé le bilan des deux ans de la réponse graduée. Un rendez-vous d’importance alors qu’Aurelie Filippetti a estimé il y a quelques semaines que les 12 millions réclamés par la Hadopi étaient excessifs. Le premier mail étant parti le 1er octobre 2010, l’autorité a eu à cœur d’expliquer combien ses effets ont été utiles et combien, en conséquence, son budget doit être sacralisé.
Les missions de la Hadopi sont remplies, selon la Hadopi
« L’objectif de la loi DADVSI et des deux lois Hadopi était de faire en sorte que les comportements un peu ludiques qui s’étaient beaucoup développés ne relèvent plus du tribunal correctionnel, qui semblait assez démesuré. L’objectif était d’éviter la saisine des tribunaux, et donc les sanctions. On considère qu’en ayant évité les sanctions, les transmissions au parquet, on a rempli nos missions ». Mireille Imbert-Quaretta a multiplié les arguments pour gommer les critiques sur les coûts du dispositif, tout en concédant que la Hadopi était prête à participer à l’effort de maitrise budgétaire en ces temps rigoureux.
14 dossiers seulement ont été transmis au Parquet, alors que plus de 340 sont en phase trois. Mais pour MIQ, l’efficacité de l’Hadopi ne se mesure pas à cette sèche volumétrie. « Le but pédagogique est de rappeler que le droit de propriété intellectuelle est un droit constitutionnellement reconnu. Nous avons envoyé un million de recommandations rappelant ce droit fondamental à un million de personnes, il me semble qu’on a rempli la mission fixée par le législateur » a-t-elle affirmé. La CPD a eu à cœur de rappeler que 95 % des abonnés menacés ne font plus l’objet d’un constat. Ce qui ne veut pas dire que cette masse d’avertis a depuis galopé à la FNAC, carte bleue en main. Simplement qu’ils délaisseraient les réseaux P2P, les seuls mis en surveillance.
« Nous sommes très très bons »
MIQ a expliqué qu’Hadopi avait une stratégie d’évitement des tribunaux conforme à la volonté du Conseil constitutionnel : en évitant un engorgement des tribunaux - 50 000 saisines / an étaient prévues lors des débats parlementaires - voilà autant de dépenses publiques évitées ! Bref, Hadopi enrichit l’offre légale, Hadopi évite l’appauvrissement des contribuables. Le nirvana ! « En terme d’économies budgétaires globales, nous sommes très très bons » insiste Imbert-Quaretta, l’œil pétillant.
La présidente de la Commission de protection des droit en a profité pour faire une petite leçon à la Rue de Valois, qui doit arbitrer sous peu le budget de 12 millions d’euros sollicités par la Hadopi. « Une autorité administrative indépendante n’est pas un établissement public ! Elle a été créée par le législateur pour exercer des missions indépendantes, y compris du gouvernement, lequel n’exerce aucune tutelle. »
Et pour bien insister, elle poursuit : « une AAI est une administration, ceux qui servent une administration ont l’obligation de mettre loyalement en œuvre ce qui a été voté par le Parlement. Si on condamne cela, nous ne sommes plus en démocratie ! » En clair, la Hadopi a l’obligation d’envoyer des avertissements aux abonnés non sécurisés et le gouvernement a l’obligation de lui allouer le budget nécessaire à l’accomplissement de ces missions. « La Hadopi doit mettre en œuvre loyalement ce qui a été voté par le législateur, elle ne peut privilégier ou choisir entre ses missions : elle doit exécuter ».
Le ministère de la Culture doit allouer les moyens nécessaires
Le message sera mitraillé sous toutes ses formes : « La Hadopi, comme toute administration, va participer à l’effort de réduction des crédits, comme l’ensemble des administrations françaises. Elle n’est pas sur un petit nuage, mais la Hadopi est une AAI, non un établissement public. Le ministre (de la Culture, NDLR) n’a pas la possibilité de supprimer une telle autorité par décret ni de la priver des moyens de fonctionnement nécessaires à l’accomplissement des missions confiées par législateur » répète MIQ. « On pourrait se poser la question du respect de la séparation des pouvoirs. C’est le législateur qui décide. Jusqu’à ce que cette administration soit supprimée, elle doit disposer des moyens financiers et des personnes pour remplir ses missions ». La ministre de la Culture n’a donc pas le choix. Elle doit voter une somme suffisante pour qu’Hadopi puisse subvenir à ses besoins et ses missions. Des missions qui ont été parfaitement remplies, selon MIQ, avec les montants alloués jusqu’alors (11 millions par an en moyenne).
Des missions remplies, des chantiers en souffrance
On apprécie le travail d’argumentation et la géométrie de cette jolie boucle. Cependant la Hadopi est elle aussi efficace que cela ? Au-delà des labels « PUR », des missions inscrites par la loi ou acceptées par la même autorité restent au point mort. Evoquons simplement la labellisation des moyens de sécurisation, confiée au Pr Riguidel en mai 2010, n’a pas abouti. Le chantier sur l’open data ne donne plus de nouvelles. Celui visant à évaluer le coût de la lutte anti-piratage est dans une impasse. Et évoquons à peine celui visant à trouver un arsenal anti-streaming ou anti-direct download qui avait été esquissé par Frédéric Mitterrand en 2011. Interrogée sur ces quatre chapitres, MIQ a botté en touche : « je ne vous répondrai pas » puisque le sujet du jour est la réponse graduée. Elle nous a invitée à revenir dans un mois, lorsqu’Hadopi dressera son rapport annuel. En marge de la conférence, nous avons interrogée Marie-Françoise Marais, présidente du collège, mais la réponse fut en substance identique.
La réponse graduée, 60% du budget de la Hadopi
Mireille Imbert-Quaretta nous répondra aussi que le seul chapitre de la réponse graduée représente 60 % du budget de la Hadopi. Une part qui laisse une bonne marge de manœuvre à la ministre : la Rue de Valois pourra donc raboter de manière assez musclée le budget de cette autorité sans malmener le cœur du dispositif, au grand soulagement des ayants droit de la musique et du cinéma.
La séparation des pouvoirs au secours du budget de la Hadopi
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Les missions de la Hadopi sont remplies, selon la Hadopi
Commentaires (54)
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Abonnez-vousLe 05/09/2012 à 14h30
Le 05/09/2012 à 14h31
La Rue de Valois pourra donc raboter de manière assez musclée le budget de cette autorité sans malmener le cœur du dispositif.
On pourrait raboter les salaires par exemple.
Le 05/09/2012 à 14h33
J’ai du mal à m’y retrouver, quand il s’agit de droit.
La Hadopi est indépendante, n’est pas un établissement public, mais elle est financée par un ministère qui n’aurait en revanche aucun droit de suppression ? Tous les avantages, sans les inconvénients, en somme. Pitié, détruisez ce gouffre financier, qui de pouvoir…
Le 05/09/2012 à 14h34
Le 05/09/2012 à 14h35
Oh mon dieu, on a pas eu l’éternelle photo de Marie Françoise Marais (elle aussi éternelle) prise par Marc Rees (photographe officiel), j’espère qu’elle va bien " />
Le 05/09/2012 à 14h38
Les missions de la Hadopi sont remplies, selon la Hadopi
La prochaine saison de « Hadopi : Les experts des intrawebz » se nomera : « À la recherche de l’offre légale perdue. »
Prochainement sur TPB.
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Le 05/09/2012 à 14h40
Le 05/09/2012 à 14h46
sinon en passant… sur la photo il y a 3 Rolls Kakemono qui représentent le logo (petit… et mal mis en valeur… encore de l’argent mal dépensé…)…. il y en a pour ~350€ par Roll….
et je vois avec plaisir l’un des Toshiba et Ipad du budget " />
Le 05/09/2012 à 14h50
Le 05/09/2012 à 14h51
Le 05/09/2012 à 14h57
Le 05/09/2012 à 14h59
Je propose de rendre le chantage légal pour combattre la criminalité. Ca économisera aussi pas mal d’argent à la justice. Ha, mes bien sûr, le tout encadré par une milice privé payé par l’état.
Le 05/09/2012 à 15h00
Le 05/09/2012 à 15h01
“Le but pédagogique est de rappeler que le droit de propriété intellectuelle est un droit constitutionnellement reconnu”
Déjà, la “propriété intellectuelle” n’est pas un droit. Le droit c’est celui pour un “propriétaire” de choisir les modalités contractuelles de l’utilisation de sa propriété (aka. le “droit d’auteur”, sous forme de “copyright” ou “licences”).
La Hadopi ne défend nullement la “propriété intellectuelle”. Elle défend le respect des modalités contractuelles.
Le 05/09/2012 à 15h03
Le 05/09/2012 à 15h05
Le 06/09/2012 à 08h09
Le 06/09/2012 à 09h56
Hadopi coûte cher, selon Aurélie Filippetti. Elle doit remplir - et a rempli - ses missions fixées par la loi, lui a répondu ce matin Mireille Imbert-Quaretta, la présidente de la commission de protection des droits.
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« Nous sommes très très bons »
re " />
bonjour êtes vous efficaces ? si non, on vous vire…..
Le 06/09/2012 à 13h56
Ce qui ne veut pas dire que cette masse d’avertis a depuis galopé à la FNAC, carte bleue en main……" />
Pour ça qu’il y a eu " />330 suppréssion de poste parmis les secrétaires et autres non productif et des bruits courrent comme quoi ça va dégraisser fort avant la fin de l’année dans les rayons disques et vidéo…….
Le 05/09/2012 à 14h20
Nous avons envoyé un million de recommandations rappelant ce droit fondamental à un million de personnes
La question que je me pose toujours et que personne ne soulève : combien sont de faux positifs ? Qui nous dit qu’ils n’ont pas gonflé leurs chiffres pour justifier de leur utilité ?
Le 05/09/2012 à 14h24
dans la précédente news tu as le nombre d’IP non utilisées…
3 000 000 collectées et uniquement 1 150 000 utilisées… donc 1 850 000 faux positif " />
moi j’aurais honte de leurs chiffres…
ils démontrent que la collecte présente des mauvaises IP (62%) alors que le principal gouffre de leur budget est justement la collecte d’IP… De plus un budget qui ne prends pas en compte la règlements des FAI qui sont forcés (par décret Free) de collecter les IP… pourtant ça justifierai rien que ça le maintient de leur budget… ‘sont nuls…
Le 05/09/2012 à 14h28
Le 05/09/2012 à 15h10
Le 05/09/2012 à 15h12
Le 05/09/2012 à 15h20
Le 05/09/2012 à 15h29
“« L’objectif de la loi DADVSI et des deux lois Hadopi était de faire en sorte que les comportements un peu ludiques qui s’étaient beaucoup développés ne relèvent plus du tribunal correctionnel, qui semblait assez démesuré. L’objectif était d’éviter la saisine des tribunaux, et donc les sanctions.”
Pourtant j’avais cru comprendre que le fait de se faire chopper par l’HADOPI ne mettait pas à l’abri d’une éventuelle plainte des “ayants droit” si bon leur semblait, avec à la clef 300 000 milles euros d’amende et 3 ans de prison…
Le 05/09/2012 à 15h43
il me semble que MFM a légèrement oublié une toute petite mission de l’Hadopi: la promotion de l’offre légale…
oups désolé mes plus plates excuses, le label PUR a été créé!
je mérite pas! je suis à chier! je suis tout ptit!" />
Le 05/09/2012 à 15h43
Le 05/09/2012 à 15h51
Le 05/09/2012 à 15h53
Le 05/09/2012 à 16h08
Le 05/09/2012 à 16h10
Le 05/09/2012 à 16h19
Le 05/09/2012 à 16h26
Le 05/09/2012 à 16h34
Le 05/09/2012 à 17h41
sinon pour le cote “pas le droit de trop baisser notre budget”, y avait pas un budget qui avait ete evoque lors des debats sur hadopi ?
enfin moi j dis ca… ^^
Le 05/09/2012 à 17h43
-30 % sur les salaires par exemple. Actuellement Eric Walter peut gagner plus que notre président de la république…
Le 05/09/2012 à 17h54
En terme d’économies budgétaires globales, nous sommes très très bons
En la supprimant, encore plus !
Le 05/09/2012 à 18h58
Le 05/09/2012 à 19h03
Le 05/09/2012 à 19h11
En plus de la liste noire devant rester invisible, la liste blanche des labellés, reste occulté.
La pédagogie du Caméléon " />" />" />
Le 05/09/2012 à 19h13
Le 05/09/2012 à 19h17
il n’y a rien a justifier:poubelle, point a la ligne.
Le 05/09/2012 à 19h19
…comme quoi PUR en gène plus d’un " /> (puisque c’est un label transparent, comme le sous-entend Ricard)
Le 05/09/2012 à 19h58
Le 05/09/2012 à 20h36
spéciale dédicace
Le 05/09/2012 à 20h46
Le 05/09/2012 à 20h50
Le 05/09/2012 à 20h55
Le 05/09/2012 à 22h21
…Ils sont “tellement bons” que je continue à tester Hadopi avec à ce jour 593 divx tipiaké, du MP3 en pagaille… Je me dis que mon thunderbird et mon facteur ont des soucis, ou, dernière possibilité : La super haute autorité ont vraiment les chevilles super enflées ! ! ! " />
Le 05/09/2012 à 23h05
Beau numero d’hypocrisie…
On choisit soigneusement les missions a remplir parmi celles qui sont assignees, on fabrique des etudes discutables ne concluant a rien, et on annonce fierement que, les missions etant remplies, le budget doit etre maintenu au nom de la separation des pouvoirs.
A noter que pour une autorite independante, j’apprecierais que son budget aussi soit independant de mes impots. Payer pour donner a un interet prive la priorite sur l’interet general, ce n’est pas l’idee que je me fais d’un impot bien employe.
Tout ca pour donner de l’importance a la vision commerciale du droit d’auteur au nom de societes qui veulent ignorer superbement ses contreparties ouvertes, les exceptions et le domaine public. Et le tout sur une loi votee de maniere tres discutable… non que “l’opposition” de l’epoque s’y oppose tant que ca aujourd’hui.
Le 06/09/2012 à 05h54
Le 06/09/2012 à 06h34
Elle doit remplir - et a rempli
“elle a rempli”, elle ne sert donc plus à rien
Le 06/09/2012 à 06h42
En clair, la Hadopi a l’obligation d’envoyer des avertissements aux abonnés non sécurisés
ça fait peur