La FEVAD estime justifiée la suspension de la rémunération Copie Privée
Retour sur la décision Imation Europe
Le 18 septembre 2012 à 22h10
8 min
Droit
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La FEVAD, fédération des ventes à distance, vient de publier une note complète sur une importante décision du TGI de Paris en date du 15 juin 2012. Face aux « incohérences » du régime français, elle estime justifiée la suspension des paiements. Du moins « tant qu’une refondation de l’ensemble ne sera pas entreprise ».
L’ordonnance en question, en date du 15 juin 2012 a déjà été évoquée dans nos colonnes. Mais la note de la FEVAD témoigne de l’intérêt de toute la profession pour cette décision dont on attend confirmation en appel et au fond. Pour résumer, le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a considéré que le fabricant Imation Europe pouvait légitimement retenir le paiement des montants de copie privée « compte tenu des incertitudes du dispositif français actuel ». L’information a été diffusée à tous les membres de la fédération, via sa newsletter.
Cette note rappelle que depuis 1985, en France, la rémunération pour copie privée est instituée au profit des auteurs, artistes et producteurs pour la réalisation d’une copie privée de leur œuvre. Cependant la loi était très généreuse puisque faute de précision, les flux étaient indistinctement prélevés sur les particuliers comme les entreprises.
B2C mais pas B2B
La directive du 22 mai 2001 change les règles avec l’objectif d’harmonisation. La copie privée compense désormais un préjudice et « ne devrait être due que par l’auteur du préjudice (et par lui seul) à la victime du préjudice (et à elle seule) », résume la FEVAD. Le texte européen pose même deux critères pour identifier le redevable : c’est « la personne physique (critère de qualité de la personne) achetant un support à des fins de copie privée (critère d’usage privé). » A contrario : « les « personnes morales » (notamment toute société) ou les personnes qui achètent un support à une fin professionnelle (les professions libérales) ne doivent pas avoir à assumer un surcoût de copie privée en achetant un support vierge d’enregistrement. »
En clair, en Europe, un État qui fait payer aussi bien les particuliers que les entreprises aurait dû laisser inappliqué son système. L’Espagne a ainsi mis un coup de pied dans sa fourmilière devenue incompatible avec le droit européen. La France, elle, n’a pas fait ce choix. Elle a laissé inappliquée la directive qui devait pourtant impérativement être transposée fin 2002. Poussé dans ses retranchements, après un passage devant le Conseil d’Etat, Paris a fini par voter une loi en urgence, pour sauver l’apparence.
Un jeu de coulisse
La FEVAD, qui compte parmi ses membres Amazon.fr, Fnac.com, Cdiscount.com, Rueducommerce ou eBay.fr, résume ainsi cette petite épopée juridique :
« En droit communautaire, ce qui est jugé par la Cour de Justice à Luxembourg devrait prévaloir à Barcelone, comme à Paris. Tel n’a pas encore été le cas. Premier interrogé quant aux effets de la décision Padawan sur le système français, le Conseil d’État rendit certes une décision de condamnation le 17 juin 2011, mais seulement concentrée sur le second critère textuel, celui de l’« usage professionnel ».
En outre, par une « entorse » au droit communautaire ouvertement avouée par le rapporteur de l’arrêt, le Conseil d’État dispensa au final les sociétés de gestion collective des conséquences financières de la nullité prononcée, en limitant les effets de celle-ci à l’avenir …. ce qui est une manière de leur épargner un remboursement des sommes indument perçues jusqu’là.
Les sociétés de gestion collective ne s’en contentèrent toutefois pas. Dans un jeu de coulisse, elles obtinrent du ministère de la Culture le dépôt d’un projet de loi destiné à neutraliser au moins en partie l’interdiction de paiement indistinct. C’est la raison d’être de la loi du 20 décembre 2011.
La loi maintient l’obligation de principe de paiement d’une indemnisation de copie privée à la charge de tout acheteur de support vierge, qu’il s’agisse d’une personne physique (B to C) ou d’une personne morale (B to B). Dans les formes, la personne morale est supposée ne payer qu’à titre provisoire, une faculté de remboursement lui étant ouverte à la condition de justifier d’un usage exclusivement professionnel du produit, ce qu’un arrêté du 20 décembre 2011 complexifie à l’excès (en ensevelissant sous un amas d’exigences l’obligation cardinale d’exemption) »
Perturbations sur les marchés
De fait, en France, les entreprises ont toujours l’obligation de payer la copie privée, mais elles peuvent désormais se faire rembourser (en principe, non en réalité car les sommes sont bloquées entre les mains des ayants droit). Cela signifie de facto que les circuits de distribution français sont plombés par rapport à leurs voisins étrangers.
C’est dans ce contexte qu'Imation Europe a décidé de suspendre le reversement de la copie privée à Copie France, l’organisme collecteur. Une logique implacable : le fabricant estime avoir reversé indument de la copie privée prélevée sur son canal commercial (B to B). Il a donc décidé d’arrêter les versements appelés au titre de son canal consommateur (B to C) du moins tant que la dette de Copie France ne sera pas compensée.
En détail, sur les 71 millions versés, le fabricant évalue que 40 millions ont été prélevés à tort. Il a donc cessé d'abreuver les caisses de Copie France tant que cette somme ne sera pas compensée.
Première victoire en première manche
L’organisme collecteur de la SACD, de la SACEM, du SNEP, etc. n'a pas apprécié cette fermeture du robinet. Il a assigné Imation Europe en référé. Et le fabricant a justement déroulé des arguments liés au défaut d’harmonisation. Avec succès. « Le Tribunal de grande instance retient l’existence de doutes sérieux sur la légalité du système français, doutes justifiant qu’un importateur, tel qu’Imation Europe, suspende ses paiements. Ces doutes sont de deux ordres : doute, d’une part, sur la possibilité qu’avait le Conseil d’État de reporter l’effectivité de la condamnation d’un système de paiement indistinct, contrairement à la rétroactivité retenue par la Cour de Justice. Doute, d’autre part, sur l’opposabilité de la loi française qui fait payer, et continue à faire payer un acquéreur personne morale, en apparence contre la lettre de la directive. »
Sans attendre la fin de la procédure, la FEVAD s’interroge : « Qu’attend le système français pour se conformer au cadre de la directive d’effet obligatoire depuis 10 ans… Par définition, le préjudice subi par un acte de copie privée d’un album de Madonna devrait être comparable que l’acte de copie soit réalisé à Strasbourg, à Bruxelles ou à Berlin ». Par là, la fédération de la vente à distance pointe les différences de montant parfois importantes (de un au sextuple) de copie privée entre la France et ses voisins. Un problème dénoncé par des dizaines de parlementaires.
La FEVAD estime désormais justifiée la suspension des paiements car « Il n’y a aucune raison que la réponse des pouvoirs publics à des réclamations de financements d’intérêts catégoriels se traduise quasi-systématiquement par des prélèvements obligatoires à effet territoriaux limités qui sacrifient toujours la compétitivité des acteurs français ».
Vers une refonte du système français ?
Que faire alors ? La plateforme cherecopieprivee.org, dont sont membres la FEVAD mais aussi l’UFC Que Choisir et plusieurs syndicats de l’informatique, a profité du lancement de l’acte II pour émettre ses vœux. Elle demande ainsi à Pierre Lescure de lancer la réforme du système de la copie privée « en confiant la détermination du préjudice à une institution totalement indépendante sur la base d’une méthodologie robuste et transparente ». Elle réclame également un audit du financement de la Culture. « Il serait inacceptable de créer de nouvelles sources de financement sans connaître au préalable l’ensemble des revenus de la culture (leurs provenances et leurs affectations), mais aussi les besoins réels du secteur. »
La FEVAD estime justifiée la suspension de la rémunération Copie Privée
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B2C mais pas B2B
Commentaires (40)
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Abonnez-vousLe 18/09/2012 à 22h23
« Il serait inacceptable de créer de nouvelles sources de financement sans connaître au préalable l’ensemble des revenus de la culture (leurs provenances et leurs affectations), mais aussi les besoins réels du secteur. »
Ça résume bien la situation actuelle :
Le 19/09/2012 à 04h59
Perso j’ai toujours pas compris où se situe le préjudice engendré par la copie privée : quand j’achète un cd et que j’en fait une copie pour la mettre, par exemple, dans la voiture (jamais d’originaux dans la voiture) je n’écoute jamais les 2 en même temps, là même chose est applicable quand je le compresse pour le coller dans mon lecteur mp3 (ce qui en l’occurrence n’est pas une copie au sens strict et ne devrait donc pas être assujettis à la copie privée)
Pourtant je paye une taxe copie privée sur sur mon lecteur mp3 et sur mes cd vierge (et peut être aussi sur mon autoradio) donc je paye 3 fois pour le même préjudice que personnellement je considère comme imaginaire. (c’est comme si en allant faire mes courses je devais payer les produits directement dans les rayons, puis les repayer à la caisse et enfin les repayer encore une fois en sortant du parking du magasin " />)
D’autre part la très grande majorité des médias actuels(cd et dvd) étant affublés de drm visant à empêcher la réalisation de copies (privées ou pas) et qu’en en vertu des DADVSI et autres joyeusetés du même acabit imposées par les ayants droits il est illégal de faire sauter ces dites “protections” je suis donc de toutes évidences dans l’illégalité lorsque je réalise ces copies et ne devrait donc logiquement pas avoir à m’acquitter de cette taxe copie privée lorsque je réalise une copie d’un média “protégé” puisque la compensation des usages illégaux en a été explicitement exclus par le législateur.
Le 19/09/2012 à 05h03
Ils vont avoir du mal a justifier les cocktails a tout va entre représentant de la culture et des médias. " />
Le 19/09/2012 à 05h30
Aaaah , la bonne nouvelle du matin " />
Le 19/09/2012 à 06h00
Je le répète à chaque fois qu’il y’a une news là dessus. Mais pourquoi ne pas mettre cette redevance sur les CD de musique plutôt que sur les supports physiques vierges ?
C’est quand même plus logique et plus simple.
Le 19/09/2012 à 06h17
Non. Augmenter le prix du CD n’est pas la solution car cella poussera les gens a télécharger des FLAC sur le net…
Il faut que l’industrie de la musique comprenne que l’époque vache à lait, c’est fini….
Le 19/09/2012 à 06h20
Le 19/09/2012 à 06h32
S’ils veulent garder une redevance pour copie privé il est plus logique de l’affecter au support source. Au moins ils sont sûr qu’elle n’est payée qu’une seule fois. Perso j’aurai rien contre une augmentation du prix des CD pour être tranquille.
Le 19/09/2012 à 06h45
Magnifique ! " />
Et un peu plus de clarté dans ce bidule ferait du bien :banzai:
" />
Le 19/09/2012 à 06h50
Il serait inacceptable de créer de nouvelles sources de financement sans connaître au préalable l’ensemble des revenus de la culture (leurs provenances et leurs affectations), mais aussi les besoins réels du secteur.
Pourtant, on l’a déjà fait.
Le 19/09/2012 à 06h51
Pourquoi tous les fabriquants ne suivent-ils pas Imation Europe? Cela résoudrait directement le problème.
Cette taxe est une vaste blague, c’est juste un moyen de dédommager les ayants droits du piratage. Je suis désolé mais dans la tête de beaucoup de monde cela justifie aussi le piratage car on nous fait payer cela dans l’achat de support c’est pas comme un peu une licence globale? " />
7 fois plus élevé en france, 7 fois plus de tipiak en france que dans le reste du monde? " />
Le 19/09/2012 à 06h53
Le 19/09/2012 à 06h53
Le 19/09/2012 à 06h56
Le 19/09/2012 à 07h18
Le 19/09/2012 à 07h20
Le 19/09/2012 à 07h24
Le 19/09/2012 à 07h37
Le 19/09/2012 à 07h40
Yipikaye !!!!! " />
Le 19/09/2012 à 07h52
Le 19/09/2012 à 08h11
Il est GRAND temps…. " />
Le 19/09/2012 à 08h16
Le 19/09/2012 à 08h28
Le 19/09/2012 à 08h30
Le 19/09/2012 à 08h33
Le 19/09/2012 à 08h37
Le 19/09/2012 à 08h38
Le 19/09/2012 à 08h46
Le 19/09/2012 à 08h57
Le 19/09/2012 à 09h02
Le 19/09/2012 à 09h21
ON NOTERA TOUT DE MÊME que l’illégalité de la chose dure depuis 8 ou 10 ans à présent.
C’est remarquable non ?
Et cela MONTRE À NOUVEAU la puissance de la filière qui, procès après procès (RdC), avis du Conseil d’État après avis, en est toujours à contredire la loi.
Chapeau !
db
Le 19/09/2012 à 09h37
Le 19/09/2012 à 09h47
Dans le meilleur des cas je ne veux pas payer.
Mais si vraiment il fallait garder une taxe je préférais qu’elle sur la source de la copie.
C’est plus clair ? " />
Le 19/09/2012 à 09h59
Le 19/09/2012 à 10h16
Le 19/09/2012 à 11h18
Le 19/09/2012 à 11h53
Le 19/09/2012 à 12h48
Le 19/09/2012 à 14h43
Le 19/09/2012 à 15h09
Ce coup ci on a une petite chance, le ministre n’est pas ayant droit.
" />, Fredo…