Comment la dénonciation en ligne va davantage impliquer les intermédiaires
Dénonciation non mensongère ou signalement
Le 11 octobre 2013 à 08h45
8 min
Droit
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Un simple arrêté publié ce matin au Journal Officiel va intimement impliquer les intermédiaires techniques face aux dénonciations effectuées par les particuliers sur Pharos. La Plateforme d'Harmonisation, d'Analyse, de Recoupement et d'Orientation des Signalements va devenir ainsi le cœur du dispositif destiné à supprimer les contenus un peu trop illicites en ligne rencontrés par les Mme Michu de France et de Navarre.
Pharos est un site géré par l’OCLCTIC (Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication). C’est aussi une base de données alimentée par les signalements des intermédiaires, du fait de leurs obligations légales (pédopornographie, etc.) ou de quiconque souhaitant alerter d’un contenu contraire aux lois et règlements diffusés en ligne.
Un accès autrefois restreint
Jusqu’à présent, seuls les agents de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC) pouvaient plonger leur nez dans ces milliers de signalements. Il leur suffisait à cette occasion d’être spécialement habilité. En toute logique, ces informations pouvaient ensuite avoir pour destinataires la police ou la gendarmerie, et dans certaines circonstances un État étranger. Selon les dernières statistiques connues, Pharos a aspiré en douze mois 120 000 signalements lesquels, ont donné lieu à 1 329 cas transmis à la police nationale et 3 970 confiés à Interpol pour enquête. Des statistiques qui traduisent une saturation, d’autant que selon les données qui nous ont été fournies par l’OCLCTIC, seule une vingtaine d’agents sont au front de cette machinerie.
Police, gendarmerie, douanes, impôts, répression des fraudes
Aujourd’hui au Journal officiel, l’actuel gouvernement change l’économie en souhaitant ouvrir d’avantage la liste des personnes ayant droit d’accès à ces informations. Manuel Valls et Chritiane Taubira ouvrent désormais les vannes aux agents habilités relevant de :
- la direction générale de la police nationale
- la direction générale de la gendarmerie nationale
- la préfecture de police
- la direction générale des douanes et des droits indirects
- la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
- la direction générale des finances publiques.
... Lesquels ont désormais un accès direct à Pharos, sans passer par l’OCLCTIC. En clair, lorsqu’un particulier dénoncera une infraction au code de la consommation, Bercy pourra ainsi directement en prendre connaissance pour mener à bien les enquêtes qui s’imposent. Les services fiscaux pourront quant à eux prendre connaissance des signalements portant sur des sites commerciaux dont tout laisse à penser, selon l’auteur de la dénonciation, que ses revenus ne sont pas déclarés.
Puisque ces données manipulent des informations personnelles, la CNIL est évidemment intervenue pour donner son avis, lui aussi publié au journal officiel. D’entrée elle souligne au stabilo « le caractère très large des signalements qui peuvent être transmis, via le système PHAROS, à l'OCLCTIC ». Et pour cause, « créée à l'origine pour lutter contre la pédopornographie sur internet, la plateforme PHAROS a en effet par la suite été élargie à d'autres crimes et délits, de sorte que les informations enregistrées dans le traitement peuvent être communiquées à des destinataires nombreux et divers. La commission observe dès lors avec prudence les évolutions successives du dispositif. »
De même, si elle prend note que cet accès se limitera au strict nécessaire et ne concernera que des agents spécialement autorisés, elle « relève que ces nouveaux accédants sont nombreux et invite les ministères concernés à faire preuve de vigilance dans l'attribution des habilitations à accéder au traitement PHAROS ».
Les données Pharos vont impliquer les intermédiaires et les opérateurs
Ce n’est pas tout. Le texte publié au journal officiel indique que les données signalées à Pharos peuvent être transmises également à l’URSSAF ou aux intermédiaires techniques (FAI et hébergeur) ou n’importe quel opérateur de communications électroniques.
Pourquoi cette implication des intermédiaires techniques ? La CNIL rappelle à juste mesure que la loi LOPPSI du 14 mars 2011 organise dans son article 4 un système de blocage d’accès aux sites pédopornographiques. Avec lui, les FAI ont l’obligation de bloquer sans délai ces sites dont la liste est établie par l’OCLCTIC à partir notamment des signalements reçus sur Pharos.
Problème, alors que l’article 4 de la LOPPSI devait entrer en vigueur un an plus tard au maximum, jamais le ministère de l’Intérieur n’a publié le décret d’application qui devait rendre effectif ce blocage. La jonction entre les FAI et Pharos laisse présager une publication à venir. En attendant, la CNIL reste dubitative et « s'interroge sur l'effectivité réelle de la modification envisagée et sur le calendrier de sa mise en œuvre ».
Surtout, la liste noire des sites pédopornographique à bloquer ne doit être connue que des seuls FAI. « Ainsi, les hébergeurs ne peuvent en aucun cas être destinataires de cette liste » tempère la CNIL.
Pourquoi mettre les hébergeurs dans la boucle de Pharos en conséquence ? Simple : « les hébergeurs pourront cependant être destinataires de certaines données enregistrées dans le traitement PHAROS, sur le fondement de l'article 6-1-3 de la LCEN, qui prévoit que lorsqu'ils sont informés de contenus illicites ils doivent retirer ce contenu dans les conditions prévues à l'article 6 - 1 de la LCEN. La communication de ces seuls contenus leur permettra ainsi de se mettre en conformité avec les obligations prévues par la LCEN. »
Décryptage : selon la loi sur la confiance dans l’économie numérique, les hébergeurs ne peuvent être inquiétés pour les contenus illicites qu’ils stockent si, dès le moment où ils en ont eu connaissance, ils agissent promptement pour retirer ces informations ou en rendre l'accès impossible. Du coup, la police nationale, la gendarmerie nationale, la préfecture de police, les douanes, la répression des fraudes ou les services des impôts pourront en pratique contacter les hébergeurs pour les informer d’un signalement effectué par un particulier. Lorsque le contenu sera bien illicite, ces hébergeurs devront nettoyer au plus vite sous peine de voir leur responsabilité pénale engagée.
Plateforme de messagerie, travail au noir
Selon les informations transmises par le gouvernement à la CNIL sur les ressorts de ce texte, « les informations relatives aux adresses électroniques permettant aux délinquants de correspondre sur internet pourront [aussi] être communiquées aux opérateurs en vue de leur signaler qu'il est fait un usage illégal de leurs services de messageries électroniques gratuites, au titre de la prévention des escroqueries sur internet. »
Enfin, sur la mise dans la boucle de l’URSAFF, la CNIL note une autre possibilité de ce texte avec l’exemple type : « des sites internet et des petites annonces qui révèlent des dissimulations d'activité ou d'emploi salarié ». Mme Michu pourra dénoncer une petite annonce en ligne à Pharos, que les autorités transmettront à l’URSAFF qui pourra mener une enquête sur ceux qui se livrent à un possible travail au noir.
Sanction des dénonciations mensongères
Sur le site de Internet-signalement.gouv.fr, les autorités rappellent que la dénonciation mensongère est actuellement réprimée par l'article 226 - 10 du Code Pénal. Celui-ci dispose que "la dénonciation, effectuée par tout moyen et dirigée contre une personne déterminée, d'un fait qui est de nature à entraîner des sanctions judiciaires, administratives ou disciplinaires et que l'on sait totalement ou partiellement inexact, lorsqu'elle est adressée soit à un officier de justice ou de police administrative ou judiciaire, soit à une autorité ayant le pouvoir d'y donner suite ou de saisir l'autorité compétente, soit aux supérieurs hiérarchiques ou à l'employeur de la personne dénoncée, est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende."
Le site précise ainsi que « le détournement du site de signalement pour effectuer des dénonciations mensongères fera systématiquement l'objet de poursuites judiciaires. »
Pharos et le projet de loi sur l'égalité entre les femmes et les hommes
Pharos est aussi l'un des piliers de l'actuelle loi sur l'égalité entre les femmes et les hommes puisque ce texte va permettre à quiconque de dénoncer des contenus notamment homophobes, contre les handicapés ou sexistes. On reverra à cette fin notre émission 14H42 montée en collaboration avec Arrêt sur Images, qui montre comment les intermédiaires seront là encore impliqués face au flot de signalements attendu.
Comment la dénonciation en ligne va davantage impliquer les intermédiaires
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Un accès autrefois restreint
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Police, gendarmerie, douanes, impôts, répression des fraudes
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Les données Pharos vont impliquer les intermédiaires et les opérateurs
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Plateforme de messagerie, travail au noir
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Sanction des dénonciations mensongères
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Pharos et le projet de loi sur l'égalité entre les femmes et les hommes
Commentaires (65)
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Abonnez-vousLe 11/10/2013 à 09h07
mmmh les dénonciations au FISC, ça va être sympa. " />
Le 11/10/2013 à 09h10
20 personnes capables de signaler 5300 cas sur 120000
c’est plus efficace que la Hadopi nan ?
Troll inside " />
Le 11/10/2013 à 09h16
Quel horreur " />
Le 11/10/2013 à 09h17
République Française" />
Le 11/10/2013 à 09h21
Problème, alors que l’article 4 de la LOPPSI devait entrer en vigueur un an plus tard au maximum, jamais le ministère de l’Intérieur n’a publié le décret d’application qui devait rendre effectif ce blocage.
Pourquoi ce genre de constat m’étonne plus ?
Le 11/10/2013 à 09h23
Excellent, c’est comme cela que le gouvernement Francais utilise l’internet!
Pour espionner les Francais, et aussi pour leur permettre de se dénoncer entre eux.
Non pas que je suis contre dénoncer des criminels, voyous ou autre raclures, mais cela démontre bien l’ambiance nauséabonde qui règne dans ce pays… " />
Le 11/10/2013 à 09h30
Partant de la pédo, on en arrive donc à la dénonciation automatisée de faits totalement subjectifs. Bientôt, raconter une vieille blague sur un obscur site internet vous vaudra de recevoir les flics à domicile dans les 24H. Pensez comme l’Etat vous dit, ou taisez vous.
Doucement mais sûrement…
Le 11/10/2013 à 09h34
Nan pitié, je mitraille le premier qui nous parle de 1984!!!
Le 11/10/2013 à 09h34
surveillance, pardon “protection” généralisée, délation massive organisée…
un petit effort, on y est presque.
on pourra dénoncer un Rom qui a volé le pain d’un français de souche la nuit? sinon c’est pas marrant.
et dénoncer le mauvais français (pas de souche, sûrement) qui a aidé le Rom? on pourra aussi?
et les musulmans (sûrement pas français, ne parlons même pas de la souche) qui volent les pains au chocolat des gentils français de souche?
chic chic chic!" />
bon ça ne concerne que les contenus illicites sur internet, c’est pas marrant en fait. " />
Le 11/10/2013 à 09h37
Ils comptent renforcer les effectifs dans le même temps ? (aussi bien les 20 pauvres hères qui doivent aiguiller les plaintes, que les juges pour les dénonciations abusives qui ne manquerons pas arriver)
Le 11/10/2013 à 09h42
Comme toujours, quand la gauche est au pouvoir la délation/collaboration bat son pleins …
Le 11/10/2013 à 09h43
Le 11/10/2013 à 09h46
Le 11/10/2013 à 09h51
Le 11/10/2013 à 09h53
Aimez Dénoncez-vous les uns les autres.
Le 11/10/2013 à 09h53
Le 11/10/2013 à 13h18
Le 11/10/2013 à 13h21
Le 11/10/2013 à 13h29
Le 11/10/2013 à 13h31
Le 11/10/2013 à 13h37
Le 11/10/2013 à 14h13
Je suis desole mais heureusement qu on est plus en 1940… pauvre france alakon
Le 11/10/2013 à 14h52
En fait c’est LA solution pour résorber le chômage : va falloir tellement embaucher pour gérer le bouzin qu’il va même falloir ré-enclencher une vague d’immigration.
Sont inventifs tout de même " />
Le 11/10/2013 à 15h16
Le 11/10/2013 à 15h56
Le 11/10/2013 à 16h01
Je pense que c’est une bonne chose, j’ai d’ailleurs repéré plusieurs éléments subversifs sur le site PCInpact qui passent leur temps a diffamer les actions du gouvernement. Un peu de répression policière permettrait d’assainir internet et d’en faire un espace convivial sans hippies communistes.
Le 11/10/2013 à 16h22
Le 11/10/2013 à 17h39
Merci d’avoir rendu le concept satirique delation.fr une réalité.
Je vous laisse, je vais aller vomir suite à la lecture de cette news. Pas que c’est mal écrit ou retranscrit, c’est juste que ça me rend malade de voir quelque chose comme ça se réaliser " />
Le 11/10/2013 à 20h49
sûr que dans les ministères ou les délations anonymes par courrier allaient direct à la corbeille, on va procéder autrement avec les dénonciations dématérialisées anonymes, alors que les suppressions de postes ne cessent.
Le 11/10/2013 à 21h06
quel est l’interêt de rajouter de nouveaux droits à des ministères qui n’ont déjà pas les moyens de faire respecter la législation actuelle ?
Le 11/10/2013 à 23h09
Le 13/10/2013 à 07h58
Le 11/10/2013 à 10h35
D’un côté, sa permettra de lutter plus efficacement contre certaines pratiques, et permettre à la police du Net d’être plus efficace de ce côté.
Par contre, présenter comme PCI le présente, Hadopi à côté, c’est du p’tit lait.
Le 11/10/2013 à 10h41
Le 11/10/2013 à 10h56
Le 11/10/2013 à 11h08
Le 11/10/2013 à 11h10
Le 11/10/2013 à 11h59
Le 11/10/2013 à 12h01
Le 11/10/2013 à 12h03
Le 11/10/2013 à 12h15
Le 11/10/2013 à 12h19
Messieurs, je viens de vous dénoncer pour “troubles de l’ordre public”.
" />
Le 11/10/2013 à 12h20
Le 11/10/2013 à 12h26
Le 11/10/2013 à 12h32
Le 11/10/2013 à 12h44
Le 11/10/2013 à 13h03
On a le droit de signaler HADOPI / PUR / CSA ? " />
" />
Le 11/10/2013 à 13h16
Le 11/10/2013 à 09h56
J’ai jamais compris le problème des gens avec la dénonciation (qui n’est pas nécessairement synonyme de délation, j’invite ceux qui ignorent la différence à consulter un dictionnaire).
Et n’aller pas me ressortir lesheureslesplussombresdenotrehistoire. On dénonce les faits illégaux et contraires à nos valeurs, point. Si donner un abris à un sans-papier est compatible avec vos valeurs, laissez faire. Si truander le fisc est compatible avec vos valeurs, laissez faire, mais ce sera sans moi.
Tenez si on peut balancer les boites qui truandent le fisc, j’ai déjà un nom sous le coude… D’ailleurs outil en ligne ou pas je vais pas me priver
" />
Le 11/10/2013 à 09h57
Le 11/10/2013 à 10h02
Le 11/10/2013 à 10h04
Les propos sexistes : va falloir dénoncer l’ensemble des forums là…
Vu le nombre de personnes ayant “des principes”/“valeurs” bien à elles et bien arrêtées… ça va y aller sec.
Ce n’est pas beau d’encourager les plus bas instincts humains…
Ca sera rétro-actif? Car rien qu’ici, entre les blagues à 2 balles, le fait que j’ai dit que j’ai déjà dépassé une limitation de vitesse etc… etc… je vais me retrouver en prison d’ici peu moi.
Le 11/10/2013 à 10h08
Le 11/10/2013 à 10h09
Le 11/10/2013 à 10h10
Le 11/10/2013 à 10h15
Le 11/10/2013 à 10h21
Moi la délation na ne me surprend plus, quand j’ai taffé au impôts en tant que vacataire il y a 20 ans, j’ai appris que des gens vivait de la dénonciation de leur voisin (on peut toucher entre 3 et 10 % si ça s’avère exacte).
La technologie va juste permettre à ces gens de plus s’enrichir.
Le 11/10/2013 à 10h22
Le 11/10/2013 à 10h22
A lire certains c’est comme si signaler des commentaires irrespecteux/HS sur PCI aux modos était un acte honteux.
Alors oui, quand un admin de site se rend complice d’un contenu illégal/illicite, c’est “normal” d’avoir un dispositif de signalement auprès des autorités.
Vous inquiétez pas, on touchera pas à vos torrentz " />
Le 11/10/2013 à 10h25
On peut dénoncer des élus qui favorisent leurs amis donc.
Ca peut devenir intéressant…
Ah non, il y a la protection corruption-proof de la dénonciation calomieuse " />
Le 11/10/2013 à 10h26
Le 11/10/2013 à 10h28
Le 11/10/2013 à 10h28
Le 11/10/2013 à 10h31
Le 14/10/2013 à 13h40