Amazon suscite aussi l’ire des écrivains en Allemagne
L'ire et écrire, c'est la base
Le 18 août 2014 à 15h50
4 min
Société numérique
Société
Vivement critiqué en France et aux États-Unis, que ce soit par des écrivains, des libraires ou la classe politique, Amazon est aussi pointé du doigt outre-Rhin. Outre les grèves qui ont eu lieu dans ces entrepôts allemands ces derniers mois, le cybermarchand fait aujourd'hui face à une fronde des auteurs locaux.
Entre les grèves et les plaintes
L'Allemagne est décidément un marché complexe pour Amazon. Cette année a notamment été très mouvementée pour la boutique en ligne. Cette dernière a tout d'abord dû subir la grève de certains de ses employés dans les entrepôts, faisant suite à de précédents arrêts de travail fin 2013. Leur objectif, obtenir de meilleurs salaires et des conditions de travail améliorées. Notez qu'en France, plusieurs grèves (en février et en juin par exemple) ont aussi eu lieu, pour des raisons similaires. Mais retournons en Allemagne, où certains éditeurs locaux ont rajouté un coup sur la tête d'Amazon en portant plainte il y a deux mois pour abus de position dominante. Une plainte qui intéresse d'ailleurs de près Bruxelles.
Mais les problèmes ne sont pas terminés pour autant. Une lettre ouverte vient d'être publiée et fait grand bruit outre-Rhin. Signée par près de 1200 auteurs allemands à l'heure actuelle, cette lettre, adressée au PDG d'Amazon Jeff Bezos, pointe du doigt les méthodes de négociations de la boutique. En effet, à l'instar de son conflit avec la branche américaine d'Hachette, le créateur du Kindle n'hésite pas à désavantager les auteurs de l'éditeur pour montrer sa toute-puissance. Une méthode que semble apprécier la société américaine, puisqu'elle l'applique dans plusieurs territoires
La méthode américaine appliquée en Allemagne
Les auteurs lié au groupe d'édition Bonnier sont ainsi pris en otage selon leurs propres mots. « Ces derniers mois, les auteurs de Bonnier sont boycottés et leurs livres ne sont plus en stock » expliquent ainsi les signataires de la lettre ouverte, appuyés par des associations et des syndicats d'écrivains. Il est précisé que s'il y a des livraisons, elles sont réalisées « au ralenti », ceci sans compter la disparition de certains auteurs dans les listes de recommandation d'Amazon, trompant ainsi les clients.
Amazon utilise les auteurs et leurs livres comme un levier pour forcer les éditeurs à céder et réduire leurs marges résume-t-on dans la lettre ouverte. La méthode américaine est donc utilisée en Allemagne, et cela déplait fort logiquement aux écrivains locaux. Leur problème est d'ailleurs le même : ils comprennent qu'un conflit puisse avoir lieu entre leur éditeur et la boutique en ligne, mais être directement impliqués et impactés leur est particulièrement déplaisant.
Les auteurs pris en sandwich entre l'éditeur et le cybermarchand
Si les méthodes d'Amazon visent avant tout l'éditeur, ce sont donc bien les auteurs qui sont les principaux dommages collatéraux de cette guerre des prix. Et peu importe le pays dans le monde, cette situation, qui dure déjà depuis des mois outre-Atlantique, n'est pas du goût de tout le monde. Il faut dire que l'Américain en a assez des tarifs à 14,99 dollars (ou plus) pour de simples ebooks. Des prix qu'il estime abusifs mais qu'il doit appliquer en fonction des désirs des éditeurs. Si en France, un tel conflit a bien moins de chance d'avoir lieu du fait du prix unique des livres (ebooks compris), il est probable que cette guerre des prix s'étende à de nombreux territoires dans le monde.
Rappelons qu'aux États-Unis, une lettre similaire nommée Authors United a été créée il y a peu, réunisant plus de 900 signataires, dont des auteurs phares comme Stephen King. Cette lettre ouverte invitait les internautes à écrire directement à Jeff Bezos, le patron d'Amazon, invitation d'ailleurs répétée par la lettre allemande. Très taquin, Amazon n'a pas hésité à répliquer immédiatement en créant Readers United. La société en profite ainsi pour présenter son point de vue sur les prix des ebooks et demande aux internautes d'écrire directement au patron d'Hachette. La réponse du berger à la bergère donc, pas forcément très constructive, mais qui a le mérite de pousser les internautes à prendre part à ce conflit, dont ils sont aussi les victimes. Après tout, les clients d'Amazon ont désormais plus de difficulté à se procurer certains livres.
Amazon suscite aussi l’ire des écrivains en Allemagne
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Entre les grèves et les plaintes
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La méthode américaine appliquée en Allemagne
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Les auteurs pris en sandwich entre l'éditeur et le cybermarchand
Commentaires (39)
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Abonnez-vousLe 19/08/2014 à 09h03
Le 19/08/2014 à 10h13
Le 19/08/2014 à 10h56
Le 18/08/2014 à 19h27
Le 18/08/2014 à 19h53
Le 18/08/2014 à 20h01
Le 18/08/2014 à 20h27
Amazon c’est pas ceux qui exploitent à mort leur employés ? Ceux qui embauchent des ouvriers non qualifiés pour emballer des cartons en leur mettant la pression à longueur de temps ?
Ça ne me dérange pas d’attendre un peu pour avoir un bouquin, ou quoi que ce soit d’autre. En plus en discutant avec un libraire spécialisé on peut avoir des conseils, on peut rencontrer des gens dans les rayonnages. On peut lui téléphoner aussi pour lui demander de commander et aller le chercher quand il arrive. Au moins je vois son visage et pourrais le recroiser à la boulangerie.
Quand Amazon aura anéanti tous les petits commerces c’est peut être à Pôle Emploi, ou sous un pont, qu’on les croisera, ces vendeurs qualifiés.
Amazon me dégoutte sur tous les plans : abus de position dominante, exploitation de ses employés pour un salaire de misère et des conditions de travail difficiles alors que l’entreprise fait des milliards de dollars de bénéfice et qu’ils se permettent de ne pas payer leur impôts. Un emploi Amazon, c’est combien de petits emplois perdus ?
Ils en arrivent à pouvoir dicter leur lois, avec en plus quelques cons qui les défendent. Ces mêmes cons qui se plaignent de ne plus avoir de pouvoir d’achat mais qui achète des produits qui viennent de l’autre bout de la planète au lieux d’acheter des produits locaux. Oui, quand on favorise les grandes entreprises qui tue nos emplois, on se retrouve sans argent, c’est sûr…
Le 18/08/2014 à 20h37
Le 18/08/2014 à 20h38
Qu’ils soient français, Allemands ou Américains, les parasites restent des parasites.
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Le 18/08/2014 à 20h39
Le 18/08/2014 à 20h47
Si des gens n’aiment pas Amazon, qu’ils n’achètent pas leurs produits.
Au fait, est-ce qu’ils vont jusqu’au bout de leur logique de solidarité envers les acteurs des modèles économiques dépassés du marché culturel et ne téléchargent jamais de torrent pour acheter fréquemment des livres et des disques ?
S’ils cherchent à sauver la culture tout comme on a sauvé le textile, la sidérurgie, le charbonnage, etc, c’est sur qu’on est bien parti…
Le 18/08/2014 à 20h49
Les auteurs pris en sandwich entre l’éditeur et le cybermarchand
(…)
Si en France, un tel conflit a bien moins de chance d’avoir lieu du fait du prix unique des livres (ebooks compris), il est probable que cette guerre des prix s’étende à de nombreux territoires dans le monde.
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En Allemagne, il existe aussi un prix du livre fixé par les éditeurs mais il s’agit d’un accord national entre l’association des éditeurs auquel les libraires se soumettent (un peu comme la SACEM en France pour les droits de paroliers et de compositeurs de musique) :
République FrançaiseMais ce n’est pas une loi comme en France, et apparemment quelques éditeurs n’adhèrent pas à ce système et négocient leurs prix librement avec chaque librairie.
Le 18/08/2014 à 21h12
Le livre numérique en France - Vincent Monadé, Président du CNL :
YouTubeà 05:02 minutes : le livre numérique serait plus développé en Allemagne qu’en France – grâce à un réseau de distribution du livre numérique (achat d’une liseuse + achat en librairie des livres numériques), en collaboration avec Deutsche Telekom – avec 35% du marché, alors que Amazon n’obtiendrait plus que 43% du marché du livre numérique en Allemagne.
Le 18/08/2014 à 21h17
Le 19/08/2014 à 01h35
Le 19/08/2014 à 05h26
Le 19/08/2014 à 05h59
Le 19/08/2014 à 07h11
Le 19/08/2014 à 07h41
Le 18/08/2014 à 16h57
Le 18/08/2014 à 17h50
Le 18/08/2014 à 17h50
L’argumentation d’Amazon ( sur le pointeur de la news Readers United http://www.readersunited.com/ ) est loin d’être complètement idiote
Et perso en tant que gros lecteur , quand je cherche un bouquin ( que du papier) je vais chez mon libraire à côté de chez moi, quand il ne l’a pas, je lui commande
Donc je ne vois pas trop quand l’auteur est spolié . Si on veut cet auteur on l’achète ailleurs.
Est ce que ça veut dire qu’Hachette n’a que Amazon comme distributeur d’Ebooks?
Uniquement quand on ne peut pas l’obtenir chez le libraire ( ce qui est le cas très souvent quand je commande des bouquins en langue espagnole et beaucoup plus rarement en langue anglaise ) je vais chez Amazon.
Mais je dois avouer que je ne peux que constater la qualité de leur service tant en taille de stock de prix de rapidité d’envoi etc …
Le 18/08/2014 à 18h06
Le 18/08/2014 à 18h26
Le 18/08/2014 à 18h34
Le 18/08/2014 à 18h43
Le 18/08/2014 à 18h50
Le 18/08/2014 à 18h55
Le 18/08/2014 à 19h06
My bad j’ai oublié les événements pour la promo. Donc c’est simple, t’as ton ebook tu vas à la fnac, tu leur dis de télécharger ton livre sur amazon.fr, et hop t’es prêt à signer des autographes.
Ca marche aussi avec les salons et les festivals
Le 18/08/2014 à 19h09
Le 18/08/2014 à 19h10
Le 18/08/2014 à 19h14
Le 18/08/2014 à 19h20
Le 18/08/2014 à 19h21
Le 18/08/2014 à 19h22
Le 18/08/2014 à 16h03
Amazon c’est le truc ou je commande et je reçois le lendemain sans frais de port ?
C’est le truc ou si je suis pas satisfait d’un produit ouvert je le renvoi je suis remboursé parfois même avant que le colis ne soit arrivé dans les dépôts Amazon ?
C’est le truc ou quand je commande une saison d’une série elle est a 15€ au lieu de 25€ a Auchan ou a la Fnac ?
C’est le truc ou quand j’ai eu besoin du Tome 3 de GoT, je l’ai eu le lendemain dans ma boite au lettre car 3 librairies différentes m’ont dit qu’elles ne l’avaient pas mais pouvait me le commander ( En gros 1 semaine d’attente et plus cher )
Et au fait, CDiscount c’est le truc ou quasiment tout le multimédia est moins cher que sur Amazon mais que personne s’insurge ?
La fin des librairies me fera autant de peine que la fin du loueur de DVD du coin ou du CD, quand on est pas capable de s’adapter on coule.
Le 18/08/2014 à 16h14
Il est précisé que s’il y a des livraisons, elles sont réalisées « au ralenti »
(…)
Il faut dire que l’Américain en a assez des tarifs à 14,99 dollars (ou plus) pour de simples ebooks. Des prix qu’il estime abusifs mais qu’il doit appliquer en fonction des désirs des éditeurs.
Ca tombe bien un ebook peut être difficilement ralenti à la livraison.
Le 18/08/2014 à 16h25
Le 18/08/2014 à 16h50
De mon point de vue, Amazon est loin d’avoir tort sur toute la ligne (mais ce n’est pas le chevalier blanc non plus).
En fait, que propose Amazon ? De flinguer les éditeurs, devenus de moins en moins utiles, il faut bien le dire.
Un éditeur jusqu’ici c’était quoi ? Un gars (enfin une société mais passons) qui acceptait d’investir un certain nombre de brouzoufs pour faire relire, imprimer, stocker et diffuser un livre. Il prend aussi en charge la promotion du bouquin. En échange de cette prise de risque financière, il prend une part des bénéfices. Si le livre ne se vend pas, il perd de sous (un peu). Si le livre se vend il en gagne (beaucoup).
Au XXIème siècle, sur un ebook, un éditeur, il fait quoi ?
Puisque leur rôle est largement inférieur, il semble logique que la rémunération que les éditeurs en tire soit elle aussi revue à la baisse (travailler moins pour gagner moins pour paraphraser un célèbre nain.. non pas atchoum…). Mais là les éditeurs ne sont pas d’accord. " />
De ce point de vue, Amazon a totalement raison, les éditeurs sont devenus des tiers de moins en moins utiles au processus et donc selon ce bon vieux Darwin, ils sont voués à disparaître (ou à s’adapter mais là j’ai un doute).
A côté de çà, Amazon propose un nouveau deal : sur 10$ perçu pour un ebook (aux USA, pas de TVA, çà simplifie), çà donnerait :
C’est loin d’être délirant et çà semble même assez équitable au vu du travail des différentes parties. Pour rappel, Appel prend 30% aussi sur toutes les ventes virtuelles et çà gueule assez peu sur le sujet…" />
Sans doute parce que dans ce secteur les “éditeurs” d’app sont les patrons des créateurs qui sont de simples salariés (donc leur production ne leur appartient pas).
Bref, je trouve le point de vue d’Amazon assez défendable, quoi que l’on pense de cette société par ailleurs.
Le seul point qui me gratte (un peu) c’est le risque de monopole à long terme. Si demain, tous les livres sont édités-diffusés-vendus par Amazon, comment diffuser un livre refusé par Amazon ? Aujourd’hui, il est toujours possible d’aller voir un autre éditeur jusqu’à en trouver un qui accepte de sortir le bouquin (quand on voit les torchons qui sont édités, tout est possible).
Au final, je donne raison à Amazon sur le principe mais je regrette qu’ils dominent à ce point le secteur et que personne ne tente d’embrayer sur le sujet. Si B&N, la Fnac et autres prenaient la même position, çà pourrait être sympas. Oui, çà foutra quelques éditeurs au chômage mais l’ANPE est déjà pleine de gens dont la fonction est devenue caduque, je ne vois pas pourquoi certains métiers devraient être “protégés” alors que d’autres ne le sont pas…