Au Sénat, grand coup de rabot sur le registre numérique de lobbyistes
Dans ton culte
Le 26 février 2018 à 15h27
6 min
Droit
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À peine déployé, le registre de représentants d’intérêts instauré par la loi « Sapin 2 » s’apprête à subir un premier détricotage. Le gouvernement veut en exclure les associations cultuelles, tandis que le Sénat s'apprête dans le même temps à revenir sur son élargissement aux élus locaux (normalement prévu pour juillet).
À ce jour, plus de 1 000 représentants d’intérêts figurent au répertoire géré par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Sans surprise, on y retrouve des entreprises telles que Google France, la SNCF, Yoplait, Total, Carrefour... D’autres organisations moins connues du grand public s’y sont également inscrites, à l’image de la Fédération nationale des podologues ou de l’Association des avocats lobbyistes.
En application de la loi « Sapin 2 » de 2016, ces acteurs avaient jusqu’au 31 décembre dernier pour s’enregistrer auprès de la HATVP, sous peine de sanctions. Ils ont désormais jusqu’au 30 avril pour fournir à l’autorité administrative indépendante les détails de leurs activités de lobbying : montant des dépenses consacrées aux actions de représentation d'intérêts au cours du second semestre 2017, éventuelle identité du client, type d’action engagée, etc.
Ce dispositif, déjà jugé « très en-deçà des attentes » en raison de sa grande souplesse (voir notre article), risque toutefois de faire l’objet d’un nouveau coup de rabot. Le gouvernement veut en effet profiter du projet de loi Darmanin sur le droit à l’erreur pour « dispenser » complètement les associations à objet cultuel de toute inscription au registre.
Vers une dérogation totale pour les associations cultuelles
Actuellement, l’Église catholique ou l’association des Témoins de Jéhovah n’ont pas à se manifester auprès de la HATVP dès lors que leurs actions de lobbying s’effectuent uniquement dans le cadre de « leurs relations avec le ministre et les services ministériels chargés des cultes ».
Pour justifier cette demande d’exclusion totale (au même titre que les partis politiques ou les élus), l’exécutif fait valoir que « le champ habituel » des interventions des représentants des cultes est « beaucoup plus large » que la seule dérogation prévue par la loi Sapin 2. L’étude d’impact du gouvernement donne ainsi en exemple les échanges avec les élus locaux, qui sont pour l’instant considérés comme des actions de lobbying.
Le gouvernement soutient d’autre part que sa réforme vise à « préserver un climat de confiance ». L’exécutif craint en ce sens d’avoir à « dénoncer » certaines associations auprès de la HATVP, alors qu’il les invite dans le même temps à se mettre régulièrement autour de sa table. « Enfin, poursuit l’étude d’impact, ne peut être exclu un risque d’inégalité de traitement entre les cultes, du fait de disparités dans leur organisation respective, se traduisant paradoxalement par davantage d’exigence à l’égard des cultes les plus structurés sans pour autant aboutir à un renforcement de la transparence s’agissant de représentations cultuelles plus empiriques. »
Mise sous silence du lobbying sur les lois sociétales par exemple
Derrière ces arguments, se profile une réforme aux conséquences très concrètes : les associations cultuelles n’auront de comptes à rendre à personne quant à leurs actions de lobbying sur tel ou tel texte législatif (par exemple sur les futures lois de bioéthique). L’épisode du mariage pour tous a en effet démontré que les acteurs religieux n’hésitaient pas à se mobiliser pour influencer les décideurs publics sur des sujets autres que cultuel...
« Une association laïque devrait s'inscrire sur le registre, mais pas l'association des évêques de France ou le conseil français du culte musulman, etc. Pourquoi ? On ne voit pas très bien... » soupire un familier du dossier, qui craint au passage que l’ouverture de cette brèche ne donne des idées à d’autres acteurs de l’ombre.
Votée sans grands débats à l’Assemblée nationale, où le rapporteur, Stanislas Guérini, y a vu « une réelle mesure de simplification », cette réforme a passé sans accroc le cap de la commission, au Sénat, la semaine dernière. « Certaines associations cultuelles ont bien dû faire du lobbying pour obtenir cette disposition, preuve qu’elles savent très bien faire », ironise une autre source proche du dossier.
En commission, annulation de l'élargissement aux élus locaux
Les sénateurs ne se sont toutefois pas contentés de valider les dispositions voulues par le gouvernement (et avalisées par les députés). En commission spéciale, les élus de la Haute assemblée ont également souhaité annuler la « phase 2 » de mise en œuvre du registre numérique de lobbyistes.
Visant actuellement les représentants d’intérêts entrant en communication avec des décideurs de rang national (ministres, parlementaires, membres d’autorités administratives indépendantes...), la loi Sapin 2 doit également s’appliquer, à partir du 1er juillet 2018, aux lobbyistes qui tentent d’influencer des élus locaux – conseillers régionaux et départementaux, maires de communes de plus de 20 000 habitants, etc.
Pourquoi une telle volonté de recul ? La rapporteure du Sénat, Pascale Gruny, craint que l’élargissement prévu par la loi Sapin 2 vienne « amoindrir la lisibilité du dispositif, en augmentant de près de 73 % le nombre d’entités inscrites dans ce répertoire ». Surtout, l’élue LR fait valoir que la plupart des lobbyistes agissant au niveau local « ne mènent jamais d’action de représentation d’intérêts pour l’élaboration des lois ou des décrets ».
Reculer pour se focaliser sur « l'empreinte normative »
« L’intention louable de transparence risque de se heurter à la réalité des faits et rendre le répertoire numérique inexploitable », a ainsi prévenu Pascale Gruny, en appui de son amendement. Fait notable : celui-ci a été déposé « en accord avec le président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, M. Jean-Louis Nadal ». L’institution craint visiblement de ne pas avoir les moyens suffisants pour faire respecter le dispositif prévu par la loi Sapin 2, comme elle nous l’avait laissé entendre il y a quelques mois – à l’occasion d’un reportage sur la mise en œuvre du registre numérique de lobbyistes.
En creux, l’on comprend que la HATVP préfère se concentrer sur l’objectif premier du répertoire (faire ressortir « l’empreinte normative » des actions de lobbying sur les textes de loi et de règlement, de portée nationale), plutôt que d’avoir à répondre aux centaines de PME et d’associations locales qui voudront bientôt savoir si elles doivent s’enregistrer auprès de ses services.
Contactée, l’autorité administrative indépendante n’a pas souhaité faire de commentaire.
Le projet de loi sur le droit à l’erreur doit maintenant être examiné en séance publique, à compter du 13 mars, avant qu’une commission mixte paritaire (comprenant sept députés et sept sénateurs) ne se réunisse.
Au Sénat, grand coup de rabot sur le registre numérique de lobbyistes
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Vers une dérogation totale pour les associations cultuelles
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Mise sous silence du lobbying sur les lois sociétales par exemple
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En commission, annulation de l'élargissement aux élus locaux
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Reculer pour se focaliser sur « l'empreinte normative »
Commentaires (26)
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Abonnez-vousLe 26/02/2018 à 15h57
“les associations cultuelles n’auront de comptes à rendre à personne
quant à leurs actions de lobbying sur tel ou tel texte législatif” " />
Mais c’est vraiment du délire, la phrase qui fait suite illustre à merveille les risques de pression que peuvent exercer ces associations.
C’est juste dingue que personne ne lève un tel lièvre, merci à Xavier de l’avoir fait !
(Encore une AAI qui démontre sa puissance de feu et son utilité au passage ^^ )
Le 26/02/2018 à 15h59
Simplifier une loi en la vidant de sa substance ou à peu près, c’est en effet une façon simplifier. Seuls les mauvais esprits peuvent penser qu’on se fiche un peu d’eux dans les grandes largeurs.
Le 26/02/2018 à 15h59
Oui c’est n’importe quoi.
Le 26/02/2018 à 16h07
La transparence?
Oui, mais pour les autres…
Ce qui est dommage avec cette histoire, c’est que tous ces efforts faits pour dénoncer les conflits d’intérêts et limiter la corruption sont annihilés par la pression de corrupteurs et de corrompus qui se laissent facilement séduire.
On parie combien que le prochain texte à se faire dégommer sera celui concernant les déclarations de patrimoine.
En fait, c’est pas LREM le vrai nom du parti, mais LRBEM => La République Bananière En Marche
Le 27/02/2018 à 12h14
Le 27/02/2018 à 12h53
Le 27/02/2018 à 13h03
un climat de confiance…
Pas de confiance sans justice ! " />
Que fait la justice des élus locaux corrompus concernés par l’implantation des supermarchés, on parle de millions d’euro de pot de vin par magasin ! " />
Le 27/02/2018 à 19h59
A l’heure où un Tariq Ramadan violeur est en taule, on s’interroge…
Sinon lisez !
https://livre.fnac.com/a10818269/Roger-Lenglet-Les-crapules-de-la-Republique
https://livre.fnac.com/a11121997/Vincent-Jauvert-Les-Intouchables-d-Etat
Le 28/02/2018 à 21h09
Le 01/03/2018 à 07h42
Après, t’as le droit d’élever un autel à Pascal, hein, je juge pas " />
Le 26/02/2018 à 16h16
les associations cultuelles n’auront de comptes à rendre à personne quant à leurs actions de lobbying sur tel ou tel texte législatif
De quoi alimenter les rumeurs de complot judeomassonique. Cool ! " />
Le 26/02/2018 à 16h20
(à supprimer)
Le 26/02/2018 à 16h55
Putain, ça commence mal
Le 26/02/2018 à 17h07
Franchement, il y en a encore qui croyaient au père Noël et qui pensaient vraiment que les lobbies allaient se laisser faire et rendre leur activité officielle ?
Le 26/02/2018 à 17h25
Le 26/02/2018 à 17h35
Le 26/02/2018 à 17h38
Le 26/02/2018 à 20h16
Pourquoi, j’ai la désagréable impression que nous nous faisons sauvagement en*er à sec avec du gravier !?! Aïe !! " />" />
Le 26/02/2018 à 20h38
En creux, l’on comprend que la HATVP préfère se concentrer sur l’objectif premier du répertoire (faire ressortir « l’empreinte normative » des actions de lobbying sur les textes de loi et de règlement, de portée nationale), plutôt que d’avoir à répondre aux centaines de PME et d’associations locales qui voudront bientôt savoir si elles doivent s’enregistrer auprès de ses services.
En effet, contrairement aux autres commentaires, je laisse le bénéfice du doute aux sénateurs sachant que je sens plutôt un enfumage de la part de l’AN qui votera un texte à minima. De plus, je ne crois pas que les questions de cultes soient vraiment centrales pour le sujet alors que la publication des propositions de Lois et amendements écrits et poussés directement par des lobbyistes est bien plus préoccupant.
Ca ne veut pas dire pour autant qu’il faut assouplir la règle de la laïcité comme principe républicain.
Le 26/02/2018 à 21h44
Pour cela il aurait d’abord fallu croire à une volonté de transparence de la part de l’état.
Le miracle de Noël c’était croire que toute la campagne et les promesses de LREM n’étaient pas un enfumage massif :^P
Le 26/02/2018 à 22h33
C’est une belle quenelle qu’on nous glisse la. PERSONNE ne devrait etre exclu du champ des lobbyistes a partir du moment ou ils ont les moyens de faire pression sur nos elus, un point c’est tout.
Le 27/02/2018 à 06h19
Au final ul suffit de faire une association culturelle et tu passe sous les radar.
Sur le papiers ça vas être bien vue que lobbying industrielle vas disparaître.
Le 27/02/2018 à 07h57
On se demande où est passé la séparation de l’église et de l’état cher aux.. Franc Maçons hahaha Dans Ta Consipration
Le 27/02/2018 à 09h41
Le 27/02/2018 à 09h58
exactement…..la Loi DOIT être la même pour-tous !
ou alors, on n’en fait pas (de Loi), c’est simple !
“qu’est-ce-c’est que c’est-que-ces-passes-droits” ?
Le 27/02/2018 à 11h41
Et là tu comprends pourquoi il y a eut beaucoup de discutions pour faire reconnaître le nourriture comme faisant partie de la culture française
Il y a peut être moyen que la fédérations de la boucherie et des métiers de la viande soit considéré comme culturelle -> ils rentrent tranquille