Une entreprise de désinformation israélienne raconte sa guerre de l’information contre les trolls russes au Sahel
Trolls VS trolls
Le 26 octobre 2023 à 14h03
10 min
Droit
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Une enquête du Washington Post révèle comment une entreprise de désinformation israélienne, recrutée par le Burkina-Faso pour maintenir son président au pouvoir, a réussi à infiltrer des réseaux de désinformations pro-russes, au point d'être invitée en Russie à venir s'y former. Une entreprise d'infiltration avortée suite à un coup d'État d'une junte militaire... pro-russe.
« La Russie a mené avec succès une campagne de désinformation qui a été cruciale pour expulser les forces françaises et les soldats de maintien de la paix de l'ONU au Mali, et pour établir une nouvelle alliance au Sahel », explique au Washington Post Ulf Laessing, responsable basé au Mali du programme Sahel à la Fondation Konrad Adenauer, un groupe de réflexion allemand chrétien-démocrate.
Elizabeth Dwoskin, correspondante du Washington Post à la Silicon Valley, précise avoir passé deux ans à enquêter sur cette guerre de l'information. Son enquête raconte comment deux hommes d'affaires israéliens (dont un retraité de la direction du renseignement de Tsahal) avaient été embauchés pour maintenir au pouvoir le gouvernement du président Roch Marc Kaboré, président du Burkina Faso du 29 décembre 2015 jusqu'au coup d'État militaire de janvier 2022 qui l'a évincé.
Leur entreprise, Percepto International, a été mise en lumière l'an passé, après que le collectif Forbidden Stories et la cellule investigations de Radio France aient révélé qu'elle avait été rémunérée pour effectuer des campagnes de manipulation, déstabilisation et de désinformation au Burkina Faso :
« L’expérience de Percepto en Afrique francophone offre une rare fenêtre sur la guerre de l’information permanente qui façonne la politique internationale – et sur le secteur florissant de la désinformation contre rémunération. Pris ensemble, ils montrent comment la Russie a passé des années à préparer le terrain en ligne pour un bouleversement politique dans une région négligée par l’Occident. »
Percepto avait en effet réussi à publier une tribune libre dans Valeurs Actuelles (toujours en ligne) accusant le Comité international de la Croix rouge d'être le « parrain » et « Cheval de Troie – involontaire – du terrorisme au Burkina Faso », et même qu’un membre du CICR aurait « fourni des vivres aux terroristes ».
La tribune de Valeurs Actuelles, et sa mention comme cas d'école par Percepto
À un journaliste de France Inter se faisant passer pour un client potentiel cherchant à nuire à un concurrent, Percepto avait revendiqué son savoir-faire dans la création d'« avatars profonds » interagissant avec le monde réel en dialoguant par email, messageries privées sur Twitter ou Messenger, et même par téléphone :
« Ces 'deep avatars' sont notre spécialité. Si l'un d'eux entre en contact avec vous, vous serez convaincu que c'est une vraie personne. Notre objectif, c'est qu'un 'deep avatar' établisse une relation avec de vrais influenceurs pour que ces derniers deviennent nos caisses de résonnance. »
Percepto avait également proposé au journaliste infiltré de recruter, à son insu et via l'un de ses « deep avatars », Kémi Séba, un militant suprémaciste noir et panafricain franco-béninois très hostile à la France, et proche du fondateur russe de la milice Wagner de feu Evgueni Prigojine.
Royi Burstien, le retraité du renseignement de Tsahal et co-fondateur de Percepto, avait expliqué que, « encore imprégnée de l'histoire coloniale, l'Afrique francophone déteste les Français. Il serait relativement simple de surfer sur ce discours anti-français et d'y associer l'image de votre société rivale. Elle deviendra l'incarnation du colonialisme. »
Des mercenaires russes de Wagner contre les « colons » européens
En 2021, quand Roch Marc Kaboré était encore président du Burkina, les co-fondateurs de Percepto ont découvert que les adversaires politiques locaux et les extrémistes islamiques qu’ils avaient engagés « n’étaient pas le plus grand adversaire de Kaboré ».
La véritable menace venait en fait de la Russie, qui menait alors une vaste campagne de désinformation visant à déstabiliser le Burkina Faso et d’autres gouvernements démocratiquement élus à ses frontières, comme le résume Elizabeth Dwoskin :
« Les sites de fausses nouvelles pro-russes peuplaient YouTube et les groupes pro-russes abondaient sur Facebook. Des influenceurs locaux ont utilisé les groupes WhatsApp et Telegram pour organiser des manifestations pro-russes et faire l'éloge du président russe Vladimir Poutine. Les pages de fans de Facebook ont même salué le groupe Wagner, le réseau paramilitaire russe dirigé par Evgueni Prigojine, l'ancien allié de Poutine, dont l'Internet Research Agency avait lancé une campagne de désinformation aux États-Unis pour influencer l'élection présidentielle de 2016. »
Un mème en français avançait même qu' « en six mois, Poutine a éliminé tous les terroristes de la région, alors que pendant 50 ans sous influence française, les terroristes étaient capables de tuer 100 personnes par jour ».
Percepto ne mesurait pas encore toute l'ampleur de l'opération qu'il avait découverte. Ses dirigeants n'en avaient pas moins averti le gouvernement de Kaboré qu'il devait agir rapidement : lancer une contre-offensive en ligne, ou risquer d'être expulsé lors d'un coup d'État pro-russe, ce qui arriva quelques mois plus tard.
Depuis, souligne le Washington Post, les troupes françaises ont été remplacées par des mercenaires de la milice Wagner en Centrafrique et au Mali. Ce dernier a, lui aussi, fait l'objet d'un coup d'État militaire pro-russe en 2020.
En novembre 2021, le Service européen pour l'action extérieure affirmait qu'une large part de l'armée centrafricaine serait passée « sous le commandement direct ou la supervision des mercenaires de Wagner Group », y compris les troupes formées par l'Union européenne.
Quant au Mali, dont la junte militaire au pouvoir est, elle aussi, ouvertement pro-russe, les effectifs de Wagner, estimés à 300 en janvier 2022, seraient passés en février 2023 à 1 500 voire à 2 000 mercenaires.
En juillet 2023, un nouveau coup d'État militaire portait là encore des militaires pro-russes au pouvoir au Niger. Il a été suivi de manifestations arborant des drapeaux russes affichant leur soutien au groupe Wagner. Son dirigeant Evgueni Prigojine a même qualifié le coup d’État de « combat contre les colons ».
Trolls (russes) VS trolls (français)
Elizabeth Dwoskin rappelle que Meta, qui exploite Facebook, Instagram et WhatsApp, affirme avoir détecté depuis 2017 plus de 200 opérations d'influence clandestines, « dont beaucoup sont des campagnes mercenaires », dans 68 pays.
Ses équipes de lutte contre les manipulations de l'information ont ainsi désactivé, en décembre 2020, 84 profils Facebook, 6 pages et 9 groupes liés à la France et accusés d'avoir ciblé la république centrafricaine et les pays alentours. Le même jour, 61 comptes Facebook, 29 pages et 7 groupes manœuvrés par des Russes et ciblant, eux aussi, la Centrafrique et ses voisins étaient, eux aussi, désactivés.
Le même jour, Graphika et le Stanford Internet Observatory publiaient un rapport détaillant la guerre de l'information à laquelle les trolls russes et français se livraient, avec moult exemples et captures d'écran.
Captures d'écran de contenus partagés par les trolls pro-russes ou pro-français - Graphika
La journaliste du Washington Post raconte de son côté par le menu comment une francophone d'une vingtaine d'années travaillant dans les bureaux de Percepto dans le quartier des diamantaires à l'extérieur de Tel-Aviv parvint à infiltrer les rangs des pro-russes... au point d'être invitée par les Russes.
Le faux profil qu'elle avait créé sur Facebook se présentait comme un entrepreneur burkinabé fan de l'équipe nationale de football, intéressé par la politique et plus particulièrement le panafricanisme.
Prétendant avoir étudié dans une grande école puis une université du pays, le faux nez a entrepris de rajouter à ses amis d'autres personnes qui y avaient étudié, avant de s'abonner à des groupes dédiés à la politique et aux clubs de foot du pays, sans oublier de fêter leurs anniversaires à ses nouveaux « amis ».
Après avoir passé quelques mois à asseoir sa crédibilité, et faire grossir son réseau social, le faux nez de Percepto a commencé à œuvrer en tant qu' « activiste en herbe », s'inscrivant à un groupe Facebook privé consacré aux « Amis de la Russie ».
Il s'y est plaint de l'influence française, postant des mèmes de Poutine, rencontrant des dirigeants africains ou soulignant l'aide « considérable » de la Russie aux pays voisins, avec un hashtag vantant la libération panafricaine, et tout en précisant que « L'aide de la Russie dans notre pays serait une aide considérable ».
Devenu membre actif d'une dizaine de boucles Telegram et WhatsApp pro-russes, raconte Elizabeth Dwoskin, l' « activiste en herbe » est bientôt devenu « si convaincant qu'au début de l'année dernière, il a reçu un message surprenant dans sa boîte de réception WhatsApp : les Russes voulaient le rencontrer ».
« Nous avons un problème. Les Russes veulent nous rencontrer »
Le faux nez de Percepto avait en effet commencé à se rapprocher des administrateurs des groupes WhatsApp et Facebook pro-russes. L'un d'entre eux lui a répondu qu'il faisait partie d'une « association internationale en plein essor qui soutenait la lutte contre l'impérialisme européen », avec des représentants dans plusieurs pays, dont le Congo et Haïti.
Mieux : il proposait à l'activiste en herbe de fonder sa propre section au Burkina Faso, tout en précisant que des gens à l'ambassade russe locale pourraient l' « aider ». Excitée, mais légèrement paniquée, la jeune analyste de Percepto a donc appelé son patron pour lui dire que le piège avait fonctionné et lui demander que faire, selon le Washington Post. Réponse de Burstien : « Temporiser, temporiser, temporiser. Et obtenir autant d'informations que possible. »
Quelques jours plus tard, l'administrateur a relancé le faux nez, sur WhatsApp, lui présentant des copies de documents officiels que l'association avait déposés dans plusieurs autres pays. Il indiquait aussi pouvoir l'aider à rédiger les documents d'enregistrement au Burkina :
« Bonjour mon frère. J'espère que tu vas bien. Parce que les gens souhaitent coopérer avec la Russie. Vous ne m'avez pas répondu sur ce que je vous ai demandé. Si vous avez peur de mener ce combat, nous n'allons pas vous forcer. »
Insistant, l'administrateur est allé jusqu'à l'inviter à venir s'entraîner en Russie. « Continuez à gagner du temps », aurait intimé le PDG de Percepto à son employée. En parallèle, explique-t-il au média américain, il s'est empressé d'organiser une réunion avec son client à Ouagadougou, la capitale burkinabée :
« Nous avons un problème. Les Russes veulent nous rencontrer et nous mobiliser. Mais nous ne sommes pas noirs. Nous ne parlons pas la langue locale. Nous sommes allés jusqu'au bout de ce que nous pouvions faire en ligne. Pour faire avancer cette mission, nous devons amener cet avatar dans le monde réel. »
Le gouvernement burkinabé a identifié un individu ressemblant à la photo de profil du faux nez de Percepto, et préparé une rencontre physique avec les Russes. Las : une semaine plus tard, le coup d'État de la junte militaire pro-russe a destitué le président burkinabé.
Une entreprise de désinformation israélienne raconte sa guerre de l’information contre les trolls russes au Sahel
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Des mercenaires russes de Wagner contre les « colons » européens
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Trolls (russes) VS trolls (français)
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« Nous avons un problème. Les Russes veulent nous rencontrer »
Commentaires (34)
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Abonnez-vousLe 26/10/2023 à 14h31
Le pire c’est que les campagne anti français en Afrique sont connues, la presse généraliste en a parlé (mais pas avec ce niveau de détail, merci Next) mais la Françe n’a pas l’air d’avoir eu une quelconque réaction autre que subir. C’est plus ça qui me surprend.
Le 26/10/2023 à 14h59
Article très instructif et passionnant. Beaucoup de détails !
La France à l’air de ne rien faire, on ne saura ça que dans qq années (c’est juste mon avis).
Le 26/10/2023 à 14h44
Merci pour cet article des plus éclairants et édifiants.
(On dirait un film d’espionnage des années 80 avec Robert Redford. )
Le 26/10/2023 à 15h01
Merci pour cet article très intéressant.
L’une des rares fois où on a vu une riposte française aux fake news anti française est décrit dans cet article:
Mali : pour déjouer une manipulation la France dévoile une vidéo de mercenaires russes enterrant des corps
https://www.radiofrance.fr/franceinter/l-armee-francaise-affirme-avoir-filme-des-mercenaires-de-wagner-en-train-d-enterrer-des-corps-au-mali-5665169
Le 26/10/2023 à 17h16
Oh, je te rassure la France comme les russes ont passés des fakenews mais ils se sont fait épinglés par Meta entre autres.
Comme on dit, la France est un pays de moyenne impuissance.
En tout cas c’est marrant de voir fakenews contre fakenews et bientôt ils vont se plaindre de la concurrence. C’est ce que l’on appelle le partenariat public/privé.
Le 26/10/2023 à 16h06
Au final si l’on résume, les uns et les autres font la même chose, avec les même pratiques dégueulasses, mais d’un côté c’est les gentils et de l’autre les méchants ?
Dommage de donner cette tribune a, comme cité en titre, “une entreprise de désinformation” sans apporter aussi un regard critique sur ses propres activités et pas seulement celles de ses concurrents.
À lecture de l’article on fait passer pour des gentils des gens qui manipulent l’opinion française via de faux articles dans une revue française et critiquant le CICR.
Je ne m’attendais pas à retrouver ce genre de parti pris dans un média INdépendant comme celui-ci.
Le 26/10/2023 à 16h46
J’irai pas jusqu’à dire que NXI a un parti pris (puisqu’on répète ce qu’à dit le Washington Post), mais ça a m’a légèrement “amusé” qu’une entreprise de désinformation raconte ça comme si c’était normal (en sachant pertinemment que ce genre de boite ne s’intéresse qu’au profit, pas à l’odeur du billet ou de savoir s’il y a du sang dessus).
Le 26/10/2023 à 21h13
Euh, tu trolles gratuitement là non ? J’ai relu l’article et je vois nul part ce dont tu parles. Quel est le but ? Lancer un flameware dans les commentaires ?
Le 27/10/2023 à 12h51
Je me suis contenté de relater l’enquête de la journaliste du Washington Post sur la “guerre de l’information” menée par une entreprise de désinformation israélienne (aux méthodes contestables) confrontée à des comptes “pro-russes”, tout en rappelant par ailleurs que la France avait elle-même été accusée par Meta & Cie d’y avoir également contribué, au point d’avoir vu plusieurs de ses comptes être désactivés… et ne comprend donc pas l’accusation de “parti-pris”.
Le 27/10/2023 à 16h10
J’ai l’impression que Roxtar avait raté le fait que ton article s’appuie sur celui du Washington Post et donc qu’il t’attribue un “parti-pris” qui en fait serait plutôt celui du WP.
Le terme parti-prix n’est pas le meilleur je pense, mais dans les 2 articles, celui qui est dépeint le plus positivement (au moins quant à son efficacité telle que les Russes ont voulu recruter un de leurs avatars et parce qu’ils ont annoncé au gouvernement de Kaboré qu’ils devaient réagir vite pour éviter un coup d’état qui s’est passé peu de temps après), c’est l’entreprise israélienne Percepto.
Et dommage de ne pas avoir repris la dernière partie de l’article du WP (A massive market for manipulation) qui met en perspective cette histoire dan le contexte actuel plus global et même le très récent parce qu’il cite l’affrontement Israël/Gaza en indiquant qu’il cause lui aussi une forte désinformation ou mieux encore (dommage) de ne pas avoir écrit quelque chose de plus personnel pour mettre en perspective cette histoire.
Le 27/10/2023 à 16h45
Pour rajouter « quelque chose de plus personnel », il faudrait que j’aie des billes… ce que j’ai d’ailleurs fait en mentionnant les enquêtes de Forbidden Stories et Radio France que ne mentionnait pas le WaPo, au demeurant.
Le 28/10/2023 à 11h56
Le 28/10/2023 à 12h10
Oui. J’ai copié sur lui sans vérifier même si j’ai eu un doute.
Le 26/10/2023 à 16h24
J’ai l’impression que ça a vraiment commencé après l’affaire des Mistral en 2014, qui a suivi l’annexion de la Crimée, et ils sont monté en puissance par la suite.
La France est complétement naïve et a la ramasse par rapport à ces trucs. Pas mal de gens ont l’air de croire que la DGSE est au top, mais ce qu’il s’est passé en Afrique montre qu’ils sont complétement à la ramasse.
Du peu que j’ai croisé dans des salons pro, les chefs sont figés dans les années 1970, ça ne m’étonne pas qu’ils soient paralysés et 20 ans en retard.
Les gens ne comprennent pas (ou refusent de croire) comment un pays “puissant comme la France” peut être atteinte durement dans ses intérêts géopolitiques par des pays “pauvres’” comme la Russie ou l’Iran.
Mais la France n’est pas du tout si puissance que ça, et notre richesse n’est pas utilisé pour nous défendre.
Et ces pays et leurs dirigeants ont une détermination sans faille et sont près à tout pour parvenir à leurs fins, y compris maintenir leur propre population dans la misère.
Il y a aussi en France une espèce de croyance que le développement économique finira par mener tout le monde inévitablement vers un libéralisme démocratique (“le sens de l’Histoire”, “le progrès” etc). Il n’y aurait qu’à attendre pour que tous les fascistes et dictateurs se retrouvent éjectés du pouvoir par des mouvement démocratiques.
L’Histoire montre que rien n’est plus faux.
La démocratie et la liberté ont existé ailleurs dans le passé, mais ont toujours été des exceptions momentanées, illustrant l’age d’or d’une civilisation avant qu’elle ne sombre à nouveau dans l’obscurantisme et les croyances.
Le 26/10/2023 à 16h47
Pas à la lecture du sous-titre.
Le 26/10/2023 à 17h00
Oui et non, j’ai bien vu le sous-titre, mais une tribune leur est tout de même offerte pour leur storytelling nauséabond à deux balles.
Tout cela en sachant qu’en ce moment même Tsahal investit massivement, surtout en France, en publicités sur les réseaux sociaux pour (dés?)informer et orienter l’opinion publique.
Le 26/10/2023 à 17h08
Trop tard pour éditer, le sous-titre va également dans le sens de mon commentaire, c’est bien trolls vs trolls, mais à la lecture de l’article le parti pris est clair en faveur des “bons trolls” vs les “méchants trolls”.
Le 26/10/2023 à 18h47
Je comprends ton ressenti même si je ne le partage pas totalement.
Dès le titre on parle d’“entreprise de désinformation” et de “trolls”. Sans entrer dans la sémantique, les deux termes sont suffisamment péjoratifs à mes yeux pour que tout ce qui est rapporté par Percepto soit manipulé avec des gants…
Je ne conçois pas qu’il puisse exister une “bonne” désinformation, encore moins cautionnée ici, mais si c’est ce qui ressort de l’article il y a alors, effectivement, un souci dans le traitement du sujet.
Le 26/10/2023 à 22h52
Pourtant si une désinformation en 39-45 aurait pu permettre de gagner la guerre plus rapidement, ne l’aurais tu pas appréciée ? Peut être pas toi mais le monde surement.
J’imagine qu’il existe une bonne désinformation, ça dépend de l’angle par lequel on regarde.
Le 26/10/2023 à 20h13
De toute façon quelle importance ?
Les gentils ont gagné non: Wagner a pris le pouvoir un peu partout, donc tout va mieux.
PS: je suis curieux de te voir me citer un passage de cet article qui définit les bons et les mauvais trolls. Le fait que tu le présentes comme cela montre que ton coeur balance clairement d’un côté.
Le 26/10/2023 à 20h46
Très honnêtement je ne pense pas que dans ce cas précis mon cœur balance d’un côté ou de l’autre, mais merci de t’en inquiéter.
Ce qui m’interpelle c’est qu’on offre ici, dans un média indépendant, une tribune à une certaine forme, pour moi, de propagande, et c’est d’autant plus problématique qu’on n’y apporte aucun regard critique et qu’on se contente simplement de relater ce que l’usine à trolls israélienne communique. Tout ceci dans une période, comme je le disais dans mon commentaire précédent, qui semble très propice aux manipulations d’opinion.
Le 26/10/2023 à 21h49
J’ai lu l’article, et j’avoue ne pas voir de prise de position pour l’une ou l’autre des parties : pourrais-tu nous donner des exemples s’il te plaît ?
En vrai, ça m’intéresse d’autant plus que j’ai moi-même pu lire un jour un article de JMM très orienté, et que cela m’avait un peu gêné à l’époque. Ça m’avait fait office de piqûre de rappel sur l’esprit critique.
Le 27/10/2023 à 06h36
Tu n’as pas répondu à ma question: tu n’as pas cité un passage précis de l’article montrant un parti pris quelconque.
Le 27/10/2023 à 08h18
Ma réponse était implicite, effectivement il n’y a pas directement de passage effectif dans l’article ayant un parti pris.
Le parti pris est, selon moi, l’article lui même, on offre une tribune aux uns, sans l’offrir aux autres, et surtout, sans y apporter un regard plus critique que ça. Le passage sur le faux édito dans Valeurs à propos du CICR est passé comme si c’était norma, business as usual quoi. Je n’étais pas au courant de ce cas, peut-être était-ce connu et que je suis passé à côté, mais amha ce passage méritait plus un article que le storytelling de la ferme à troll Israélienne.
Et voir cela, en sachant les investissements de l’état d’Israël en ce moment, surtout en France, dans la désinformation en ce moment m’a fait tiquer et m’a questionné, that’s it.
En-dehors d’exposer mes doutes sur le traitement de ce cas, je ne cherche rien, surtout pas une “flamewar”, je ne crois pas que mes commentaires soient trollesques ou agressifs.
Mais bref si vous pensez que le débat peut déraper en flamewar vaut mieux s’arrêter là.
Le 27/10/2023 à 08h33
L’article dis que c’est de la désinformation et pour toi c’est avoir un parti pris favorable ?
C’est juste factuel et c’est bien suffisant.
Le 28/10/2023 à 14h46
J’adore les commentaires de @Roxtar… comparable à des milliers d’autres que je lis sur tous les médias plus ou moins indépendants…
Le (faux) reproche de “parti pris”, de mon point de vue, impliquerait que les journalistes deviennent de vrais robots (l’IA, c’est OK pour toi ? Ça irait comme tu veux ?)
PU… laissez les gens vivre, et les journalistes écrire ce qu’ils veulent !!!
On est (encore, pas pour très longtemps) en Démocratie, les gens s’expriment comme ils veulent, et ils n’ont surtout pas de compte à rendre, ni à se justifier d’être simplement eux-mêmes !
Ce genre de remarque de “parti pris”, ça fait très “comité de censure”, ça fait très vieux, en fait, presque mesquin, comme si tous les points de vue n’avaient pas le droit de cité sur ce site !
C’est exactement le contraire, il y a des commentaires pour développer un point de vue alternatif à celui de l’article, nul besoin d’accuser les journalistes de tous les maux, mieux vaut essayer de déployer une argumentation, un ressenti, un vécu différent, et d’échanger là-dessus, plutôt que d’essayer d’être journaliste à la place des journalistes, d’être Vizir à la place du Vizir, that Iz No Goude!
J’ai grandi dans les années 70, je peux t’assurer qu’à cette époque ou l’on avait que trois chaînes de télé, les journalistes qui causaient dans le poste étaient quasiment aux ordres du pouvoir, leur questions aux membres du gouvernement étaient tout d’abord examinées en long, en large et en travers, et les critiques sévèrement sanctionnées, par le Ministère de l’Information, de sinistre mémoire…
Un des (rares) mérites de Mitterrand, dans les années 80, en plus d’avoir autorisé les radios libres, est d’avoir envoyé tournebouler toute cette idée de contrôle de l’information. Les médias publics sont devenus indépendants, c’était très net lorsque tu écoutais une radio telle que France Inter (par exemple), où les journalistes dit “d’opinion” ont enfin eu droit de cité et ne se sont plus jamais gêné pour critiquer le pouvoir en place et poser des questions qui fâchent.
Bref, arrêtons de nous comporter comme de vieux censeurs qui grincent, laissons toutes leurs libertés aux journalistes, y compris celle de se tromper.
Considérons enfin le regard d’autrui comme une alternative à son propre regard, et arrêtons ce massacre en règle - notamment sur les RS ! - Les journalistes ne sont pas des punching balls, ils sont là pour développer un regard particulier qui leur est propre, ce qu’on pourrait appeler “la personnalité”, “l’âme” d’un.e journaliste, et ils n’ont pas à se justifier de quoi que ce soit.
A nous de débattre et d’échanger ensuite, sur un pied d’égalité, si on n’est pas d’accord ou si on pense qu’il y a une erreur, mais sans reprocher à l’autre d’être un être humain, d’avoir un ressenti, un point de vue… exactement comme nous.
Le 02/11/2023 à 07h27
L’article me semble plutôt factuel, le fait de laisser la parole à l’entreprise israélienne n’implique pas de cautionner ses actions et son fonctionnement - au contraire, je trouve plutôt sain de voir, pour une fois, un article qui parle de trolls israéliens (donc, pour reprendre ta terminologie et en conservant tes guillemets, les “gentils”) alors que d’habitude, on dénonce plutôt à tour de bras les trolls russes qui seraient la cause de tous les maux de notre société.
Quant à accorder la parole aux groupes adverses, tu veux bien sûr parler de ces entreprises similaires à Percepto, payées par les russes, ou par le Hamas, ou par l’Iran, ou…? Je m’avance peut-être, mais je pense que l’auteur de l’article serait ravi de discuter avec eux de leurs méthodes. Le seul problème, c’est quand-même de les identifier, de pouvoir les contacter et de leurs faire accepter de parler. C’est peut-être assez compliqué dans le contexte international actuel.
En attendant, je trouve qu’un article qui, même sans émettre de jugement de valeurs, informe sur ces pratiques, reste salutaire. Trop peu de personnes en ont conscience, y compris malheureusement parmi les journalistes eux-mêmes, qui vont faire sans recul un article sur un simple tweet.
Le 26/10/2023 à 21h58
Moi j’ai tiqué sur l’usage du mot trolls qui a cependant l’air d’être utilisé dans le milieu journalistique et surtout dans la presse anglo-saxonne. J’ai aussi vu passer le mot web-brigades. J’appellerai plutôt ça des désinformateurs.
Sinon, le mot troll dans ce contexte me fait penser à la série de films OSS117 avec ce personnage antipathique qui est sensé devenir drôle du fait du décalage avec la réalité. Mais vu que la réalité se rapproche un peu plus du monde de ce personnage, il a tendance à ne plus vraiment être drôle.
Le 26/10/2023 à 23h24
-= OFFRE D’EMPLOI =-
Entreprise de désinformation Pro-P. ayant pignon sur rue au Burkina (et ailleurs en Afrique), cherche Trolls professionnels H/F ultra-manip. et capable de s’infiltrer partout. Salaire élevé si compétent.e + intéressement aux résultats. Pas sérieux.se s’abstenir.
Votre mission sera de faire régresser les gens au stade larvaire, et en même temps, à l’aide d’une désinformation savamment calculée, de générer un maximum de division, de haine et de conflits, et au final, lorsque le sang aura bien coulé, faire apparaître Maître P. comme le seul Sauveur du monde, Grand Ordonnateur de Bordel Ambiant, je ne veux voir qu’une seule tête, la Sienne évidemment.
Le 27/10/2023 à 07h34
Et ce ne sont pas les profils qu’ils recrutent qui peuvent arranger les choses. Ils veulent des gens qui savent tout faire et qui ont de l’expérience pour ca, mais payés au lance-pierre.
Le 27/10/2023 à 12h34
Le problème semble surtout que Roxtar prend une impression, un arrière goût, qu’il ressent à la lecture de l’article, puis monte automatiquement ça en analyse qu’il trouve objective.
Derrière on est 18 à lui tomber dessus, ce qui le renforce dans son intuition parce que c’est assez inconfortable d’être seul contre tous et qu’il faut bien se raccrocher à quelque chose.
Et c’est comme ça qu’une section commentaire part en sucette.
J’ai peut-être tort, hein, c’est juste l’impression que ça me donne.
Le 28/10/2023 à 17h01
Sans doute que l’impression de parti pris est largement influencée par l’image d’illustration, qui me gêne, même si c’est juste une caricature, on aurait peut-etre pu l’éviter.
Sinon , l’article, je n’ai pas compris grand chose, sauf que tout a foiré pour quasi tout le monde, après, mais ce n’est qu’un épisode parmi d’autres à venir, provision de popcorn.
Après c’est une vision américaine aussi, ils ne comprendront jamais rien à l’afrique, comme Macron, c’est clair, et par ailleurs je pense que les nouveaux épisodes vont raconter leurs bonnes grosses élections à venir.
Sur le plan de l’internet, tant qu’on verra des métiers comme influenceur, on ne sera pas sortis de ça.
Le 30/10/2023 à 10h17
Le 01/11/2023 à 07h41
Le plus drôle c’est que la même chose existe activement en France, très activement même : les USA et Israël possèdent toutes nos chaînes d’info.
Ce qu’il faut à la France, c’est l’équivalent d’une loi FARA (existe aux USA depuis les années 30, en Russie, Chine et dans tous les grands pays) : tout média qui touche plus de 5% de subventions étrangères doit titrer “Agent Étranger” et mentionner ses subventions en première page.
En France, ça donnerait “Le Monde - Agent Étranger”, “BFM-TV - Agent Étranger”, Le Figaro, La Croix, Libération… et 99% de nos médias.
Pour détecter la guerre de l’information, l’astuce est toujours la même, tu regardes où va le pognon, qui finance qui.