Le gouvernement veut que policiers et gendarmes puissent accéder aux données des véhicules connectés
Les données, on vous embarque !
Le 07 décembre 2018 à 14h43
5 min
Droit
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Dans le cadre du projet de loi Mobilités, le gouvernement veut que les forces de l’ordre puissent accéder à « certaines données » émanant des véhicules connectés (par exemple de leur système de navigation intégré). L’exécutif se montre toutefois très flou sur ses desseins. Il demande d’ailleurs à pouvoir légiférer par ordonnance.
Présenté le 26 novembre dernier en Conseil des ministres, le texte porté par Élisabeth Borne, la secrétaire d’État aux Transports, contient une batterie de mesures relatives aux nouveaux modes de déplacements : trottinettes électriques, covoiturage, etc. L’un de ses articles mérite qu’on s’y arrête tout particulièrement.
Manifestement inspiré par le rapport sur les « données d’intérêt général » (révélé il y a quelques mois par Next INpact), le gouvernement souhaite en effet « assurer la mise à disposition des données des véhicules « connectés » et des assistants de conduite aux forces de l’ordre et aux services d’incendie et de secours ».
Une habilitation à légiférer par ordonnance aux contours relativement flous
L’exécutif voudrait plus exactement être habilité à prendre « toute mesure relevant du domaine de la loi », par ordonnance donc, dans trois objectifs.
Tout d’abord, il s’agirait de « rendre accessible » aux policiers, gendarmes, pompiers... « certaines données des véhicules routiers connectés, y compris des systèmes d'aide à la conduite ou de navigation intégrés au véhicule ». Et ce à condition que ces informations soient « nécessaires à l’exercice de leurs missions ».
L’étude d’impact annexée au projet de loi « d’orientation des mobilités » n’en dit toutefois guère plus sur les intentions du gouvernement.
« Des données des véhicules, ainsi que des dispositifs de navigation embarqués, représentent de forts enjeux pour les forces de l'ordre et aux services d'incendie et de secours, avance vaguement l’exécutif. Ces données permettent de disposer d'une connaissance de l'environnement de conduite du véhicule (événements inopinés dangereux, incidents ou accidents de circulations, etc.). La mise à disposition de ces données, quel que soit leur détenteur, est crucial pour ces entités chargées d'exercer leurs missions. »
Sur le papier, le texte laisse une très grande marge de manœuvre au gouvernement. On peut par exemple imaginer qu’il soit question d’imposer la transmission, en temps réel, de la vitesse de chaque véhicule connecté, afin de limiter les infractions au Code de la route. Ou qu’une alerte soit automatiquement envoyée aux pompiers en cas de déclenchement des airbags.
Faute de délimitation plus précise, de nombreuses hypothèses peuvent ainsi être envisagées.
Accès post-accidents aux données « embarquées » de tous les véhicules
Deuxièmement, le gouvernement souhaite rendre accessible « certaines données événementielles ou d’état de délégation de conduite enregistrées, en cas d’accident de la route, aux officiers et agents de police judiciaire ainsi qu’aux organismes chargés des enquêtes accidents ».
Cette « ouverture » ne vaudra que pour les investigations post-accidents. On note toutefois qu’elles concernent cette fois tous les véhicules – même ceux qui ne sont pas connectés.
La loi de 2016 sur la modernisation de la justice ouvre pourtant déjà la voie à l’exploitation de telles données par les forces de l’ordre (voir notre article). D’après l’étude d’impact du projet de loi Mobilités, le gouvernement souhaite en fait anticiper l’introduction, au niveau européen, d’une « obligation d'un enregistreur de données d'incidents (EDR) qui a vocation à contenir des informations essentielles précédant un accident lié à la collision pour les véhicules légers (voitures et camionnettes) neufs ».
Colmatage à distance des failles de sécurité des véhicules connectés
Dans un registre un peu différent, enfin, l’exécutif entend permettre « la correction télématique des défauts de sécurité » des véhicules connectés, ainsi que « l’amélioration de la sécurité » de leurs systèmes d’automatisation – ceci par des « modalités appropriées d’accès aux données pertinentes ».
Le ministère des Transports explique que les constructeurs n’ont actuellement pas le droit de modifier les paramètres de fonctionnement d’un véhicule connecté par voie télématique. Pour éviter des rappels de voitures, il s’agirait donc de laisser les industriels « diagnostiquer et corriger rapidement des défauts des systèmes de sécurité d'un véhicule connecté », à distance.
Attention à la conformité au RGPD, prévient le Conseil d’État
Avec toutes ces mesures, le gouvernement espère « réduire les coûts économiques et sociaux liés à l'accidentalité des véhicules » – sans pour autant s’avancer sur un chiffrage précis.
Le Conseil d’État a quant à lui d’ores et déjà prévenu l’exécutif qu’il faudrait concilier cette (ou ces) future(s) ordonnance(s) avec « les règles posées en matière de protection des données personnelles », à commencer par le RGPD.
Faute de modification par les parlementaires, le gouvernement disposera de dix-huit mois pour légiférer, à compter de la promulgation de la loi Mobilités.
Le gouvernement veut que policiers et gendarmes puissent accéder aux données des véhicules connectés
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Une habilitation à légiférer par ordonnance aux contours relativement flous
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Accès post-accidents aux données « embarquées » de tous les véhicules
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Colmatage à distance des failles de sécurité des véhicules connectés
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Attention à la conformité au RGPD, prévient le Conseil d’État
Commentaires (42)
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Abonnez-vousLe 07/12/2018 à 15h08
« réduire les coûts économiques et sociaux liés à l’accidentalité des véhicules »
l’équivalent bagnolesque du couple pédopornographie/terrorisme ?
Oui, je vois le mal partout mais les différents gouvernements n’ont clairement pas légiféré dans un sens qui pourrait me faire changer d’avis " />
Le 07/12/2018 à 15h09
ça sent la nouvelle saga, je vais préparer du pop-corn " />
Le 07/12/2018 à 15h10
T’es pas le seul, et avec l’actualité actuelle, ça va renforcer cette demande par une partie de la population et énerver encore plus l’autre partie.
Le 07/12/2018 à 15h11
Contrôle : Véhicule xyz vous avez dépasser la limite de vitesse, 200 euros sont prélever sur votre compte." />
Le 07/12/2018 à 15h15
Parce que bien sûr, les équipements embarqués sont étalonnés et vérifiés régulièrement, comme le sont les radars et peuvent donc servir de preuve pour verbaliser. C’est bien connu.
Ce n’est pas parce que Xavier fantasme (on est vendredi, c’est permis) qu’il faut sauter à pieds joints dedans.
Le 07/12/2018 à 15h20
Sur des grands excès de vitesse l’erreur des équipements embarqués est moins gênante.
Alors oui, pour le moment on est loin de l’étape au contrôle technique “Vous avez fait 10 grands excès de vitesse en 2 ans, vous devez XXX euros”. Mais c’est une application possible à terme.
Par contre je suis surpris de la mise à jour du logiciel à distance : Tesla était hors la loi en France avec ses mises à jour en direct ?
Le 07/12/2018 à 15h28
C’était une référence à une vielle série : Seaquest.S02E01.Les Daggers
Le 07/12/2018 à 15h51
Réponse de TESLA : nous supprimons automatiquement toutes les heures l’historique de navigation sur nos véhicules
Cette « ouverture » ne vaudra que pour les investigations post-accidents. On note toutefois qu’elles concernent cette fois tous les véhicules – même ceux qui ne sont pas connectés.
Ils disent même pas que le stockage doit se faire dans une boite résistant aux incendies, très fortes chaleurs , aux chocs violents ?
Le 07/12/2018 à 16h16
heu…
Le 07/12/2018 à 16h23
Je n’ai jamais vu un gouvernement aussi axé sur un moyen de transport : “ La voiture “.
Et maintenant Open-Bar sur les données de toutes les voitures à proximité des voitures des fliques …
Comment ne pas penser à un formidable tiroir-caisse obligatoire de chaque conducteur.
Le gouvernement table sur plus d’1 milliard d’€ de rentrée de PV …
Marre d’être un mouton (car pas le choix d’avoir une voiture) …
Le 07/12/2018 à 16h32
Wha!! C’est trop la classe!
Le 07/12/2018 à 16h48
C’est pas la série avec le dauphin philosophe qui parle ?
Le 07/12/2018 à 16h51
Ce qui est inquiétantc’est qu’il y a encore des gens avec des honnêtes doutes sur l’intention de l’Etat. On a vraiment ce qu’on mérite.
Le 07/12/2018 à 16h51
“La police dit que tu conduisais manuellement ?!!!!”
Le 07/12/2018 à 16h54
tldr ? " />
Le 07/12/2018 à 17h00
Peut-être en pensant que ce moyen de transport provoque 10 tués par jour, 50 blessés, coûte 38 milliards par pour la partie accident et encore plus en terme d’externalites négatives et que tout cela n’est pas couvert par les utilisateurs de ce moyen de transport.
Le 09/12/2018 à 16h29
C’est vrai que jusqu’à présent, un nombre de morts important suite à un accident est lié au retard des secours.
On peut avoir des chiffres pour frémir d’avance et remercier l’Europe et les lobbyistes de nous protéger.
Le 09/12/2018 à 17h45
Rien à voir bien entendu avec le programme eCall de la commission européenne…
Le 09/12/2018 à 20h07
Le 09/12/2018 à 21h04
Le 10/12/2018 à 00h02
Le 10/12/2018 à 10h41
Plutôt d’accord, et en attendant les alternatives on se les met ou je pense " />
Le 10/12/2018 à 10h48
Le 10/12/2018 à 11h43
Pourquoi ce qui suit empêcherait de dire que ce commentaire là était débile ?
Le 10/12/2018 à 13h06
« Le gouvernement veut que policiers et gendarmes puissent accéder aux données de vos cerveaux »
Certes, il faudra encore quelques épisodes avant d’en arriver là, mais je ne doute pas qu’on trouvera plein de bonnes pâtes pour justifier cette grande avancée sociétale, avec des remarques extrêmement pertinentes comme « tu as le choix de penser comme il faut » ou autre du même acabit…
Le 10/12/2018 à 14h22
ça n’empeche pas, mais c’est du même niveau dans le sens ou résumer le problème au seul fait de respecter ou non le code de la route est pas très poussé comme réflexion.
Le 07/12/2018 à 17h08
Un argument de plus pour aller chercher Jupiter le 8 décembre " />
Le 07/12/2018 à 17h10
Et les accidents domestiques ils s’en lavent les mains une fois de plus ? " />
Le 07/12/2018 à 17h12
Prépare les chaussures de marche pas mal de gares de RER seront fermées. " />
Le 07/12/2018 à 17h18
Savoureux, quand on sait que l’un des arguments du gouvernement contre les GJ était le respect de la liberté de circulation " />
Le 07/12/2018 à 18h14
C’est déjà le cas et c’est même obligatoire dans tous les véhicules depuis 2004. ça s’appelle l’airbag, ce petit boitier situer entre les deux siège avant est le calculateur qui ne peut pas être détruit en cas de choc (d’après les crash test).
Il enregistre la vitesse, l’état des clignotants, la position des roues avant, le frein et l’accelerateur, et ce quelques minutes avec que l’airbag ne se déclenche. et en cas d’accident mortel, en cas de doute, ce boitier est récupéré par la police et analysé.
Ici, ils demandent d’aller plus loin avec l’ADR qui enregistre beaucoup plus de chose, c’est une évolution de ce qui se fait déjà.
Le 07/12/2018 à 18h47
Le 07/12/2018 à 19h13
Cette « ouverture » ne vaudra que pour les investigations post-accidents.
On a vu avec la lutte contre le terrorisme ce qu’il advenait des “juste pour ça et jamais pour le reste”.
Le 07/12/2018 à 20h39
Encore une nouvelle intrusion non encadrée dans nos libertés et même notre intimité au sens des décisions de la Cour de cass s agissant de la bagnole.
Encore un recours abusif aux ordonnances, démontrant que finalement le gouvernement méprise totalement ses propres députés (Y a un truc qui a été mis en oeuvre par l équipe macron sans recourir à des ordonnances, perso je vois pas; loi travail, sncf, rgpd, réforme de la justice etc… ?!? )
[Mode gilets jaunes] encore un truc relatif à la bagnole. Ils sont timbrés ou ils aiment se faire fouetter avec une pelle ?
Le 07/12/2018 à 21h03
Les accidents de la route impliquent un tiers ou un passager dans 60% des cas.
Les accidents domestiques dans moins de 5 %.
Toute la différence est là.
On vit en communauté, et on doit protéger les plus faibles.
Le 07/12/2018 à 22h54
Le 08/12/2018 à 02h30
Oui, grace à un ordi.
Le 08/12/2018 à 08h29
Commence à faire chier grave les GJ." />" /> Si ils sont pas contant, les élections sont la pour cela.
Et à quoi sa sert de casser au final, c’est eux et nous qui paieront la note." />
Le 08/12/2018 à 09h49
Le 08/12/2018 à 10h51
Le 08/12/2018 à 23h08
La mise a jour des bagnoles, est ce que Microsoft est impliqué ?
Le 09/12/2018 à 16h15