Reconnaissance faciale : le solutionnisme asiatique, un modèle à suivre ?
La guerre c'est la paix
Le 16 juillet 2021 à 08h11
29 min
Économie
Économie
Un think tank parrainé par le ministère des Armées a tenté d'imaginer comment la reconnaissance faciale pourrait se banaliser, en allant notamment voir comment cela se passe d'ores et déjà en Asie, où la technologie est d'ores et déjà généralisée. Occasion de revenir sur les impensés de son rapport, façon Shadoks.
Fruit de plus d'un an de travail et de réflexions d'une « task force » de 23 membres des Jeunes IHEDN, le rapport « Reconnaissance faciale : 23 propositions pour ne pas avancer masqués ! » entend passer à l'offensive, pour ne pas laisser la France « rester spectatrice de la guerre technologique entre les États-Unis et la Chine qui va structurer le monde de demain », comme nous l'avons chroniqué dans un premier article.
Cette seconde chronique revient sur les cas d'usage imaginés par la task force, mais aussi et surtout sur ceux d'ores et déjà expérimentés, et pour certains généralisés, dans plusieurs pays d'Asie. Au vu de la somme d'impensés dont fait par ailleurs montre ce rapport, nous nous sommes également permis de rappeler, en conclusion, quelques perspectives historiques.
Reconnu facialement du réveil...
En guise de hors-d'oeuvre, les auteurs du rapport s'essaient tout d'abord à la prospective, sous la forme du récit d'« un jour dans la vie d'Antonin Lereux » (sic), afin de « mieux comprendre les usages de la reconnaissance faciale pour les citoyens ».
Ses pantoufles ? « Directement connectées » à son radio-réveil, de sorte que ce dernier s'éteigne « tant qu'Antonin n'est pas debout et n'a pas réalisé 15 pas ». Son PC, bien évidemment « équipé d'une caméra de reconnaissance et d'analyse faciale », adresse de son côté « un message à sa machine à café pour ajouter une dose de caféine » après avoir constaté « des traits tirés sur son visage, signe d'une nuit agitée » :
« Une fois son petit déjeuner avalé, Antonin se dirige vers la salle de bain et se présente devant son miroir connecté. Après analyse, son miroir a détecté un début de conjonctivite. Le miroir lui conseille alors de mettre du sérum physiologique pour ne pas apparaître plus fatigué qu'il ne l'est déjà ! »
Le scénario précise que « ce miroir connecté ne fonctionne que sur ordre d'Antonin ou de sa femme », mais également que « l'ensemble de ces données sont exclusivement sous la responsabilité du ministère de la Santé et ne sont utilisables pour aucune autre application. »
Le franchissement des portiques du métro se fait, lui aussi grâce à la reconnaissance faciale, histoire de « passer sans contact et sans avoir à marquer un temps d'arrêt », mais également d'« éviter tout risque de contamination, son état de santé étant fragile en ce moment ».
Antonin profite en outre de la pause déjeuner pour aller faire du shopping où, là encore, « plusieurs magasins disposent d'un système de caméras couplé à un écran en vitrine pour reconnaître si une personne fait partie où non d'un programme fidélité » :
« Si la personne fait partie du programme de fidélité, l'écran proposera une réduction spéciale en fonction de sa fidélité ; si la personne n'en fait pas partie alors le système proposera une offre de bienvenue. Corrélé à ses dernières recherches sur internet, une boutique de bijoux propose à Antonin une réduction de 10 % sur l'un de leurs produits. »
Pile je gagne, face tu perds, avec dans les deux cas de figure, une traçabilité au carré puisqu'associant (sans que l'on sache comment) l'empreinte de son visage avec l'historique de ses navigations sur le web.
La task force imagine cela dit qu'Antonin, « pour des raisons personnelles, a préféré ne pas fournir la donnée biométrique de son visage, il paiera donc avec sa carte bleue (et) ne souhaite pas utiliser son visage pour payer ».
Et ce, quand bien même « les bases de données dans lesquelles sont stockées les identités des utilisateurs sont physiquement ségrégées entre tous les commerçants (ce qui rend impossible pour une autre entité d'utiliser ces données) ».
... au coucher, étrangement déconnecté
Le soir, en sortant de son bureau, « Antonin assiste à une scène surprenante : un homme qui marchait le long des commerces se fait soudainement arrêter par les forces de l'ordre qui, cachées dans un hall d'immeuble, attendaient son passage ».
L'individu, un terroriste qui « s'était déjà rendu sur ces lieux pour effectuer des repérages », était connu du renseignement français, qui avait enregistré des déplacements en Syrie et des messages évocateurs, preuves d'une radicalisation :
« Les caméras de reconnaissance faciale ont identifié jour après jour cet homme qui passait systématiquement aux mêmes endroits avec une démarche propre à celle d'une personne qui repère les lieux. L'ensemble du système n'a fait qu'émettre aux opérateurs un risque élevé de personne dangereuse effectuant un repérage.
Les informations ont été transmises au renseignement français qui a corrélé avec sa base de données et a confirmé le risque émis par le système de reconnaissance faciale. Les forces de l'ordre ont pu alors intervenir avant que le terroriste ne passe à l'acte évitant ainsi de nombreuses victimes. »
À défaut d'expliquer comment la reconnaissance faciale aurait identifié « un risque élevé de personne dangereuse effectuant un repérage », la task force conclut étrangement son scénario de prospective en écrivant que tous les soirs, Antonin et Alice, sa femme, « s'imposent une déconnexion totale de tous leurs appareils connectés (miroirs, montres ordinateurs) » :
« L'utilisation est réservée au strict minimum comme appeler sa famille. Dans un monde où le numérique a une présence importante et capte en permanence notre attention, se déconnecter pour ne plus soumettre son cerveau à de multiples sollicitations est devenu nécessaire pour s'attarder pleinement sur des activités qui leur sont chères. »
Au-delà de ces quelques scènes anecdotiques de la vie quotidienne, ce sont bien les enjeux géopolitiques, économiques, sociétaux et démocratiques que pointe du doigt – et bien souvent en creux – le reste du rapport. Avec des arguments tout aussi pertinents qu'inquiétants.
Quand l'individu s'efface au profit du collectif
La task force consacre ensuite un chapitre fort instructif aux « stratégies d’emploi de la reconnaissance faciale en Asie de l’Est », et plus particulièrement à Singapour, en Chine, au Japon et en Corée du Sud.
Au-delà de leurs profondes divergences sociales et politiques, ces quatre pays ont en effet « tous en commun d'avoir à la fois une volonté politique forte et des applications concrètes au quotidien dans le domaine de la reconnaissance faciale » :
« Ils font ainsi figure de précurseurs, autant sur le plan des technologies que des usages, et de nombreux acteurs du secteur proviennent de leurs pays. »
Le rapport rappelle en outre à quel point leur creuset culturel commun a pu permettre l'essor de ce type de technologies :
« Dans les cultures de l'Est asiatique, historiquement influencées par les doctrines du Confucianisme, du Taoïsme et du Bouddhisme, l'harmonie occupe une place centrale dans la société. L'essence même du Confucianisme consiste à ce que "chaque individu s'efface au profit du collectif pour s'insérer harmonieusement dans l'ordre établi". »
De plus, « ancrés dans la culture et l'histoire des pays de l'est de l'Asie, l'harmonie collective et le vivre-ensemble sont également des concepts généralement repris et renforcés par les gouvernements de la région ».
A contrario, « l'individualisme occidental où les libertés individuelles priment rentre régulièrement en opposition avec la vision selon laquelle le collectif prévaut » :
« Cette opposition idéologique et culturelle semble expliquer, entre autres, la plus grande capacité d'acceptation des populations face aux technologies biométriques, souvent qualifiées d'intrusives. »
Une « meilleure sécurité », ou une « dictature 2.0 » ?
Le rapport reprend par ailleurs (mais sans le préciser, vu qu'il n'y a aucune note de bas de page ni bibliographie) plusieurs citations d'une interview accordée en 2019 au Soir par Philippe Grivon, coordinateur Chine chez Amnesty International Belgique.
Il y relevait notamment que parallèlement à la mise en place de moyens de surveillance de la population, le gouvernement a fortement œuvré à l'amélioration du niveau de vie de ses citoyens, facilitant l'acceptation de ces mesures :
« Partager ses données et informations personnelles peut être associée aux principes de l’idéologie du communisme. Accepter de les partager, c’est aussi montrer qu’on n’a rien à cacher. »
Le rapport omet cela dit de rappeler que le coordinateur Chine de l'ONG avait également précisé que la Chine est aussi une « dictature », et que l'interview était intitulée « Chine : les progrès technologiques au service de la dictature 2.0 ».
La task force, qui a étrangement pris soin de ne pas mentionner le terme honni, préfère manier l'euphémisme en avançant que « de nombreux Asiatiques sont alors prêts à sacrifier certaines libertés fondamentales afin d'accéder, en échange, à une meilleure qualité de vie, et en premier lieu, à avoir leur sécurité garantie ».
Et d'en conclure, sans même se rendre compte qu'il invite donc à s'inspirer d'une « dictature » :
« On retrouve également cet argumentaire dans de nombreux pays du monde chez les partisans d'une sécurité accrue, notamment dans les pays occidentaux où la recrudescence de la menace terroriste a amené plusieurs pays à renforcer leur vigilance au détriment de certaines libertés pour assurer une meilleure sécurité. »
Compter le nombre d'individus pour détecter tout éventuel rassemblement
Le gouvernement singapourien a de son côté développé une plateforme appelée National Digital Identity (NDT) afin de « faciliter la connexion des citoyens aux différents e-services gouvernementaux et leur épargner de saisir leurs coordonnées à chaque nouvelle inscription » :
« Cette plateforme permet à chaque citoyen de s'authentifier aux services publics disponibles sur Internet à partir d'un code à 6 chiffres, de son empreinte digitale, ou depuis 2020, de la reconnaissance faciale. »
Un million d'utilisateurs (soit près d'un adulte sur cinq) s'y seraient d'ores et déjà inscrits, « mais l'objectif est de généraliser son utilisation à l'ensemble de la population ».
Le gouvernement souhaite en effet « offrir aux services privés financiers et bancaires la possibilité d'utiliser les données consolidées » dans la base de données d'identité et de coordonnées centralisées du gouvernement, afin d'« assurer aux clients une gestion plus sécurisée de leurs informations et de l'accès à certaines opérations sensibles. »
Le gouvernement singapourien a également étendu le recours à la reconnaissance faciale aux services douaniers et aéroportuaires. Des tests effectués sur certains terminaux remplacent ainsi l'identification par scan du passeport et empreinte digitale par la reconnaissance faciale et un scan de l'iris.
Il y est également question d'« utiliser la reconnaissance faciale pour localiser les passagers en retard pour leur vol au sein de l'aéroport à l'aide des caméras. »
Un projet « Smart Nation » a en outre pour but d'« équiper les lampadaires de la ville de senseurs et de caméras » afin d'enregistrer les conditions météorologiques, le trafic routier, mais aussi de « compter le nombre d'individus pour détecter tout éventuel rassemblement ou anomalie tel un accident de la route » :
« De plus, 2 % des 86 000 caméras de Singapour utilisent aujourd'hui une technologie d'analyse comportementale basée sur l'intelligence artificielle (IA) pour identifier des comportements suspects et criminels. »
Si l'identification d'individus (« criminels exclus », précise la task force) n'est pas prévue, le gouvernement serait cela dit « en mesure de la mettre en place aisément puisqu'il dispose déjà d'une base de données regroupant les informations nécessaires ».
L'expansion de la RF n'a de limites que l'imagination du marché
Dans le secteur privé, Oversea-Chinese Banking, la seconde plus grosse banque du Sud-Est asiatique, se sert de la reconnaissance faciale pour « identifier en temps réel les clients premium lorsqu'ils entrent dans le building à partir de leur liste VIP, afin de les accueillir selon leurs préférences et d'anticiper leurs besoins » :
« L'objectif est double : personnaliser les services rendus et augmenter la performance des salariés, grâce aux rapports collectés sur leurs clients (objectif et fréquence des visites, attentes des clients, etc...). »
Plusieurs hotels et services de tourisme expérimenteraient ce type de « check-in », ainsi que des hôpitaux, qui veulent pouvoir « mettre en place un système de RF associé à de l'intelligence artificielle et de l'analyse prédictive pour traiter leurs patients le plus efficacement possible (priorisation du flux patients, prédiction de leur état de santé sur plusieurs années, pré-analyse de leur maladie.) »
La task force a également identifié des lieux de divertissements, commerces et universités qui y ont recours pour « gérer les flux des visiteurs et améliorer l'authentification des personnes entrant dans les locaux ou les zones restreintes », voire également de « surveiller la présence de ces derniers ».
À l'en croire, les taux d'erreur seraient « très faibles (0.2% sur une base de données de 26,6 million de photos) », un chiffre impossible à vérifier ni contextualiser, les auteurs du rapport ne fournissant pas leurs sources. Nonobstant le fait que les logiciels de reconnaissance faciale n'ont pas la même efficacité selon que l'on soit de type asiatique, caucasien ou africain.
Reste que la technologie serait « considérée comme mature », au point qu'« il n'y a donc plus beaucoup de recherche et développement dans le secteur ».
Le rapport conclut que le marché va « connaître des changements importants à l'avenir », à mesure que « les différents secteurs cités ci-dessus ont tous des plans de développement des usages de la reconnaissance faciale d'ici 2030 afin de répondre à leurs besoins et défis » :
« L'expansion de cette technologie dans la vie quotidienne des citoyens via le secteur privé n'a dans les faits de limites que l'imagination de ce dernier dans le développement de ce marché. »
100 millions de Chinois paient déjà par reconnaissance faciale
Le rapide développement de la reconnaissance faciale en Chine, « principalement tiré par les applications de sécurité publique », et le fait qu'on y dénombre plusieurs des leaders mondiaux (Huawei, Hikvision, Megvii, Yitu, Cloudwalk, SenseTime, etc.) serait le produit de plusieurs facteurs, précise le rapport :
- « la quantité massive de données dont disposent les acteurs pour développer leurs solutions, notamment issues des usages publics ;
- un cadre réglementaire plus complaisant qu'ailleurs et facilitant le développement de ces solutions ;
- un soutien étatique fort qui permet aux acteurs industriels de bénéficier de ressources financières et d'un déploiement facilité de leurs solutions en Chine avant de se déployer à l'international. »
La technologie y « relève tout d'abord d'une ambition sécuritaire du pays », au point que « ses 30 millions de caméras de surveillance l'intègrent progressivement », constituant à ce jour son premier marché en Chine :
« Alors que seulement 1% des caméras de surveillance chinoises sont aujourd'hui équipées de reconnaissance faciale, les perspectives de croissance du segment sont considérables. »
Et ce, quand bien même plusieurs entreprises chinoises ont été black-listées par les États-Unis pour avoir contribué au fichage ethnique, à la surveillance de masse et à la répression de la minorité musulmane ouïghoure dans la province du Xinjiang.
De plus, le paiement par reconnaissance faciale est déjà déployé en Chine dans de nombreux magasins et serait même « utilisé actuellement par 100 millions de Chinois ».
Pour autant, la task force rapporte (là encore sans source vérifiable) qu'« en 2020, 79 % des Chinois s'inquiétaient des fuites de données relatives à la reconnaissance faciale et 39 % précisent préférer des méthodes de contrôle d'identité plus "traditionnelles" ».
Les données personnelles, une ressource aussi stratégique que le pétrole ou les métaux rares
Le rapport relève que le gouvernement s'inquiète lui aussi de ces questions, mais pas tout à fait pour les mêmes raisons. En 2017, Xi-Jinping avait en effet présenté une stratégie visant à faire de la Chine une « Cyber-superpuissance », plaçant les technologies de l'information et de la communication au coeur du développement économique chinois, et comprenant quatre grands volets :
- « gérer le contenu de l'Internet et créer une "énergie positive" en ligne [sic, ndlr] ;
- assurer la cybersécurité générale et particulièrement celle des infrastructures critiques ;
- développer une base technologique nationale indépendante pour le matériel et les logiciels qui sous-tendent l'Internet en Chine ;
- accroître le rôle de la Chine dans la construction, la gestion et le fonctionnement de l'Internet au niveau international. »
La task force souligne à ce titre que « si un des objectifs affichés du corpus législatif est la protection des données personnelles des citoyens », sa fonction première viserait surtout à s'assurer de ne plus perdre le contrôle des données en possession des acteurs chinois, « données perçues par la Chine comme une ressource aussi stratégique que le pétrole ou les métaux rares ».
Un « soft power » sécuritaire en pleine expansion
Le rapport s'attarde également sur l'« expansionnisme poussé par l'État », via son projet de « Nouvelles routes de la soie », qui vise à étendre l'influence économique et géopolitique de la Chine.
Ses technologies de surveillance et de censure s'exporteraient ainsi d'ores et déjà dans de nombreux projets de « smarts cities d'orientation sécuritaire (safe cities) » en Afrique, Asie centrale, Europe de l'Ouest et Amérique du Sud.
Outre le fait que ces marchés enrichissent ses bases de données de profils autres qu'asiatiques, cet expansionnisme permettrait également à la Chine de promouvoir son modèle de gouvernance du cyberespace :
« Des lois très similaires à celles appliquées en Chine ont ainsi été adoptées dans plusieurs pays proches de la Chine : en Éthiopie, en Ouganda, en Tanzanie, au Zimbabwe ou encore au Vietnam. »
L'institut Gen Market Insights aurait calculé que si la Chine représentait 29 % des appareils de reconnaissance faciale produit dans le monde, la part pourrait atteindre 45 % d'ici à 2023.
Ce pourquoi son expansionnisme passe également pas une participation accrue aux organismes internationaux de standardisation des normes. La task force relève ainsi que la proportion de secrétariats de groupes de travail de l'Organisation Internationale de Normalisation (ISO) détenus par l'Administration Chinoise de Standardisation (ACS) était passé de 2 % en 2011 à 6,6 % en 2018.
Pour autant, le pays pâtirait de « deux faiblesses majeures » : un déficit de « talents de haut niveau » en matière d'IA et de mathématiques théoriques, mais également de semi-conducteurs, « malgré des dizaines de milliards investis », et alors que de nombreuses entreprises chinoises, placées sur liste noire, sont privées de composants d'origine américaine.
Permettre d'identifier des personnes de dos
Le Japon, de son côté, dispose d'un atout de choix, précise le rapport : la technologie NeoFace de la société NEC, dont le travail sur la reconnaissance faciale remonte à 1989, et conserverait depuis 5 ans la première place de l'étude annuelle du National Institute of Standards and Technology (NIST).
Le taux d'erreur ne serait que de 0,5% pour 12 millions d'images testées, avec une capacité d'analyse de 230 millions de visages à la seconde. Quant aux tests avec les sujets vieillis de dix ans, le taux d'erreur de NeoFace « était au minimum quatre fois inférieur à celui de ses concurrents ».
Pour autant, et bien que troisième puissance économique mondiale, le pays accuserait un « retard significatif dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA) et ses applications, dont la reconnaissance faciale, par rapport à ses concurrents américains et chinois ».
Afin de remédier au problème, le gouvernement japonais a lancé une stratégie nationale en IA en 2019, avec comme objectif de « former chaque année 2 000 experts d'ici 2025, mais également de former aux bases de l'IA la moitié des diplômés sortant d'université, et d'initier l'ensemble des lycéens au sujet ».
Les Jeux olympiques et paralympiques devaient initialement servir de tests en matière de sécurisation par authentification faciale, la technologie devant même « permettre d'identifier des personnes de dos », sans que l'on comprenne s'il en irait d'une reconnaissance de la démarche ou de la silhouette, ou bien des deux.
Après les aéroports, les transports en commun (bus, trains, métros) devraient eux aussi en être équipés, l'objectif étant de déployer le système « sur l'ensemble du réseau pour 2024, afin d'être prêt pour l'exposition universelle d'Osaka ».
Certaines chaînes de konbinis (supérettes de proximité ouvertes 24 h/24 et 7j/7) utilisent également la reconnaissance faciale pour gérer le flux de clients à l'entrée du magasin, afficher des publicités personnalisées dans les travées, en fonction du profil des clients, et leur permettre de payer au passage en caisse.
La France investit 2,5 % de son PIB en R&D, la Corée du Sud 5 %
La Corée du Sud serait, pour sa part, le pays qui dépensait le plus en recherche et développement (R&D) dans le monde en 2018. À titre de comparaison, relève le rapport, la France investit 2,5 % de son PIB dans la R&D, quand la Corée du Sud en investit 5 %.
L'intérêt du pays pour l'IA remonterait à la défaite du champion de Go sud-coréen Lee Sedol contre AlphaGo, le programme de Google, en 2016. Quelques mois plus tard, le gouvernement lançait un plan d'investissement de plus de 800 millions de dollars sur 5 ans.
« Virtuellement toujours en guerre avec Pyongyang », le gouvernement sud-coréen avait dans la foulée annoncé que ses bâtiments officiels seraient « équipés d'une technologie de reconnaissance faciale afin d'identifier chaque personne entrant ou sortant » :
« Une décision prise à la suite d'une affaire d'intrusions dans un bâtiment public à l'aide d'un badge d'entrée volé (l'individu avait par ailleurs volé d'autres badges à l'intérieur). Au-delà de la sécurité des fonctionnaires, c'est la protection d'informations confidentielles qui motive cette décision. »
Le paiement par reconnaissance faciale aurait en outre bénéficié de la crise sanitaire du Covid-19, le nombre d'utilisateurs ayant doublé par rapport à 2019, de sorte d'éviter d'avoir à échanger pièces de monnaie ou billets papier.
De la « gestion des masses » aux bavures 2.0
Le pays n'a, en outre, pas connu de confinement, le gouvernement ayant opté pour ce que la task force qualifie pudiquement de « gestion personnalisée au lieu d'une gestion des masses » s'appuyant sur « un ensemble de données » allant du tracking des cartes de paiement et des cellulaires à la triangulation des caméras de surveillance dotées de reconnaissance faciale, etc.
Une gestion technologique de la crise qui aurait été « approuvée par la population », note le document :
« La Corée du Sud est un pays grandement connecté qui est en tête dans la numérisation de la société, et cela depuis longtemps. Ce qui, de fait, augmente la production des données. L'utilisation de ces données par la numérisation de l'économie n'est pas, contrairement au monde occidental, mal vue : la simplification des démarches et l'automatisation des processus ont permis un gain de temps significatif aux Coréens. »
Pour autant, « la question des données personnelles est revenue récemment sur la scène avec une affaire de possible reprise des contaminations du Covid-19 par un homme ayant écumé les clubs gays du quartier d'Itaewon » :
« Celui-ci aurait pu contaminer, en une nuit, environ 5 700 personnes. En effet, la révélation de l'homosexualité de la personne concernée a relancé les critiques sur les personnes LGBT en Corée du sud, inquiétant cette partie de la population coréenne. »
De fait, d'après un livre blanc de l'American Civil Liberties Union (ACLU), cette affaire aurait entraîné des foules à fondre en meutes sur les réseaux sociaux pour identifier les personnes présumées contaminées.
D’après Le Monde, l'effet de panique fut tel que la crainte d’être la cible de stigmatisation en cas d’infection préoccupait alors davantage les Sud-Coréens que celle d’attraper le virus... enrayant dès lors les efforts de prévention de la progression de la pandémie.
Ce qui repose aussi la question, évoquée en conclusion de la première partie de la recension de ce rapport, du nombre croissant de bavures, de « function creep » (détournements d’usage, en français) et donc de dommages collatéraux que ces technologies, pensées et développées pour protéger les gens, et leur faciliter la vie, pourraient engendrer.
Ce qui fait peur fait vendre
Le rapport des Jeunes de l'IHEDN se borne à analyser les cas d'usage actuels et futurs de la reconnaissance faciale. Il fait donc totalement l'impasse sur l'histoire de la banalisation des technologies de surveillance, à commencer par celle de la vidéosurveillance, alors même que la reconnaissance faciale vient s'y rajouter comme une surcouche tout autant technologique, économique que politique. Ce qu'il convient de re-contextualiser.
À la fin des années 2000, l'objectif affiché par Nicolas Sarkozy de « tripler le nombre de caméras » était ainsi devenu tellement volontariste que, comme l'avait alors constaté la Cour des comptes, 60 % du budget du Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) était consacré au développement de la vidéosurveillance, aux dépens des acteurs de terrain, associations de quartier, éducateurs de rue, etc.
La Cour déplorait en outre que ni les collectivités locales, ni le ministère de l'Intérieur, n'aient pour autant procédé à une évaluation de l'efficacité des caméras. Une étude universitaire avait pourtant montré que l’impact de la vidéosurveillance sur la délinquance constatée par la police nationale à Lyon n'était que « de l’ordre de 1% » seulement.
Mais les édiles, tout comme le gouvernement, préféraient (et préfèrent encore) acheter des caméras dans l'espoir d'être (ré)élus, la vidéosurveillance ayant l'heur de rassurer une opinion publique surchauffée à coups de petites phrases et de reportages consacrés à la soi-disant montée de l'« insécurité ».
Les fact-checkers ont beau dénoncer, depuis des années, l'instrumentalisation faite de ce sentiment anxiogène que les chiffres de la délinquance ne recoupent pas (exception faite des féminicides), ce qui fait peur fait vendre.
Pompiers pyromanes
Et de même que les « fake news » récoltent bien plus de clics que les « fact-checks », nombreux sont ceux qui préfèrent jeter de l'huile sur le feu et en appeler à toujours plus de mesures et lois sécuritaires, se bornant à répéter à l'envi que ce type de technologies pourraient pallier l'insécurité... qui n'est jamais qu'un « sentiment ».
L'auteur de ces lignes, qui a beaucoup enquêté et écrit au sujet de la vidéosurveillance, avait ainsi notamment documenté comment, il y a de cela 10 ans déjà, Nicolas Sarkozy avait par exemple tablé sur un « saut technologique » pour résoudre les problèmes de sécurité, mais également fait adopter 42 lois sécuritaires depuis 2002, et créé plus de 35 fichiers policiers.
10 ans plus tard, et alors que le nombre de caméras, de lois et de fichiers a explosé, de deux choses l'une : soit ce « solutionnisme technologique » ne fonctionne pas soit, pour citer les Shadoks, « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème ».
Ou plutôt, et dit autrement, le problème ne serait pas tant l'insécurité que son instrumentalisation. Il n'est d'ailleurs qu'à voir la course à l'échalote qui a fait des questions de sécurité la « guest-star des régionales », alors même que ce thème ne relevait pas de la compétence des régions, pour comprendre qu'il s'agit d'abord et avant tout de jeter de l'huile sur le feu, afin d'espérer pouvoir passer pour un pompier.
Un « pognon de dingue », sans contrôle ni évaluation
Le problème, d'autre part, n'est pas tant que ces technologies seraient attentatoires à la vie privée qu'elles coûtent un « pognon de dingue ». Des édiles ont certes exploité la vidéosurveillance à des fins privées, et des policiers détourné des fichiers, mais il ne s'agit que d'exceptions, et donc de faits divers, pas d'un problème systémique.
Les caméras ont par ailleurs – et c'est encore heureux qu'elles servent de temps en temps – contribué à l'identification de criminels et délinquants, mais là encore il ne s'agit que de faits divers : les quelques études universitaires consacrées à l'efficacité de la vidéosurveillance indiquent qu'elles ne contribueraient jamais que dans 1 à 3 % des enquêtes résolues.
En 2011, la Cour estimait pour autant le coût total des caméras à 300 millions d'euros, plus 300 millions d'euros de fonctionnement, par an.
À l'époque, le ministère de l'Intérieur se vantait d'avoir déployé 20 000 caméras (chiffre que Nicolas Sarkozy voulait multiplier par trois, pour atteindre 60 000 caméras), mais la Cour des comptes n'en avait de son côté recensé que 10 000... signe que le nombre de caméras relevait déjà plus de l'instrumentalisation politique que d'une politique publique rationnelle, et maîtrisée.
Le ministère, à qui avait été confié le contrôle de la vidéosurveillance en 1995, de sorte de faire sortir cette technologie de surveillance du périmètre de la CNIL, ne sait d'ailleurs toujours pas combien il y a de caméras : en 2020, sa direction des libertés publiques et des affaires juridiques dénombrait en effet 60 674 caméras, mais la Cour des comptes, elle, en recensait 74 457 dans 4 019 communes (hors Paris et petite couronne), « sans que cette différence statistique ait pu recevoir une explication ».
La Cour relevait en outre que l’État avait par ailleurs versé en moyenne 11,2 millions d’euros chaque année aux communes subventionnées entre 2016 et 2019, mais sans pouvoir calculer le coût total de la vidéosurveillance depuis sa légalisation en 1995. À quoi il convient en outre de rajouter le coût pour les collectivités territoriales.
Des recommandations « non mises en oeuvre »
Circonstance aggravante : 26 ans après la légalisation de la vidéosurveillance, le ministère de l'Intérieur se refuse toujours et encore ne serait-ce que d'évaluer son efficacité, quand bien même la Cour des comptes le réclame donc pourtant depuis 10 ans maintenant.
Dans son rapport 2020, la Cour des comptes rappelait ainsi les 7 recommandations qu'elle avait formulées en 2011 : elle réclamait notamment un dénombre exact du nombre et du type de caméras, « l'insertion systématique » des interpellations « grâce à la vidéosurveillance », mais également « une évaluation de l’efficacité de la vidéosurveillance de la voie publique dans la prévention de la délinquance et l’élucidation des délits, selon une méthode rigoureuse, avec le concours de chercheurs et d’experts reconnus ».
Aucune de ces 7 recommandations n'a depuis été mise en oeuvre. Il n'est donc pas exclu que l'histoire bégaie et que l'État, ainsi que les collectivités territoriales, continuent de la sorte à dépenser ce « pognon de dingue » dans des technologies dont l'efficacité n'a toujours pas été démontrée, et qui prolifèrent sans guère de contrôle ni, paradoxalement, de surveillance.
Le problème, ce n'est pas la « vie privée »
Dans son discours de fin de mandat, le président Dwight Eisenhower avait déclaré que « Dans les conseils du gouvernement, nous devons prendre garde à l'acquisition d'une influence illégitime, qu'elle soit recherchée ou non, par le complexe militaro-industriel. Le risque d'un développement désastreux d'un pouvoir usurpé existe et persistera. »
Le fait que le rapport des Jeunes IHEDN se borne à analyser l'existant, sans regarder dans le passé, en omettant soigneusement de rappeler que la Chine est aussi une dictature, tout en abordant ces technologies depuis le seul prisme de son obédience au complexe militaro-industriel, représentent tout autant d'impensés que l'auteur de ces lignes ne pouvait que relever.
Comme si ces dizaines de milliers de caméras, et ces centaines de millions d'euros (par an) n'avaient quasiment rien changé, ni résolu. Mais ce pourquoi il en faudrait donc toujours plus. « Je pompe, donc je suis », répétaient les Shadoks, dont l'une des devises se plaisait également à vouloir que « Pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes. »
De fait, et de même que la reconnaissance faciale est accusée de biais racistes, la vidéosurveillance stigmatise elle aussi certaines catégories de la population, comme le déplorait le journaliste Noé Le Blanc :
« 68% des Noirs qui sont surveillés le sont sans raison spéciale, tout comme 86% des jeunes de moins de 30 ans, et 93% des hommes. En résumé, un jeune homme noir a beaucoup plus de probabilité d’être vidéosurveillé par les caméras, mais du coup, ça ne correspond plus à la délinquance.
Les caméras, c’est comme des boites en carton peintes en noir sur des poteaux, mais ça coûte beaucoup plus cher : ça n’affecte presque rien, sauf votre porte-monnaie, par rapport à l’investissement réalisé. La vidéosurveillance est une gigantesque façon de détourner l’argent public, et pour les politiques une manière de montrer comment ils sont méchants avec les criminels. »
Qu'il s'agisse de reconnaissance faciale, de vidéosurveillance ou d'une quelconque autre technologie sécuritaire, le problème, ce n'est pas tant le risque d'atteinte à la vie privée (d'autant qu'elles ne sont donc pas si efficaces que cela), mais le « solutionnisme technologique », et donc le gaspillage d'argent public d'une part, la stigmatisation de certaines catégories de populations d'autre part, comme le reconnaît d'ailleurs le rapport.
Non content de détourner de l'argent vers des « solutions » dont on ne mesure pas l'efficacité, l'autre conséquence néfaste de cette croyance « solutionniste » est qu'elle fait en outre dériver le débat public vers des thématiques sécuritaires, jetant de l'huile sur le feu.
Un cercle infernal que l'auteur de ses lignes avait déjà tenté de documenter dans un Cash investigation opportunément intitulé « Le business de la peur ».
Le 16 juillet 2021 à 08h11
Reconnaissance faciale : le solutionnisme asiatique, un modèle à suivre ?
-
Reconnu facialement du réveil...
-
... au coucher, étrangement déconnecté
-
Quand l'individu s'efface au profit du collectif
-
Une « meilleure sécurité », ou une « dictature 2.0 » ?
-
Compter le nombre d'individus pour détecter tout éventuel rassemblement
-
L'expansion de la RF n'a de limites que l'imagination du marché
-
100 millions de Chinois paient déjà par reconnaissance faciale
-
Les données personnelles, une ressource aussi stratégique que le pétrole ou les métaux rares
-
Un « soft power » sécuritaire en pleine expansion
-
Permettre d'identifier des personnes de dos
-
La France investit 2,5 % de son PIB en R&D, la Corée du Sud 5 %
-
De la « gestion des masses » aux bavures 2.0
-
Ce qui fait peur fait vendre
-
Pompiers pyromanes
-
Un « pognon de dingue », sans contrôle ni évaluation
-
Des recommandations « non mises en oeuvre »
-
Le problème, ce n'est pas la « vie privée »
Commentaires (28)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 16/07/2021 à 08h50
ça fait quand même très Minority Report.
Et presque jusque la notion de pré-cog
Je trouve cela très malsain, en plus de “briser” notre liberté à déambuler anonymement, sans suivi/traçage (oui ok faudrait aussi éteindre nos smartphones, etc.; c’est pas complètement le sujet)
Le 16/07/2021 à 12h21
Plus que nous privé de la liberté de déambuler, arrêter quelqu’un sans motif valable est le propre d’une dictature/régime autoritaire.
Même si quelqu’un a tout un arsenal, tant qu’il a le droit/autorisation tu ne peux pas l’arrêter.
Si quelqu’un élabore un plan pour dévaliser une banque, tant qu’il n’est pas passé a l’action il ne peux être enfermé. Interrogé oui, mais pas plus.
Le 16/07/2021 à 13h15
en France on a l’association de malfaiteurs et l’association de malfaiteurs avec une entreprise terroriste
Plein de fois on peut être jugé sans avoir commis d’acte autre que se réunir et discuter
Le 17/07/2021 à 11h50
L’association de malfaiteurs est selon l’article 450-1 du code pénal français
un groupement d’individus formé en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes
ou délits punis d’au moins cinq ans d’emprisonnement.
Le 16/07/2021 à 09h12
Il n’y a pas de liberté dans un environnement où l’on est surveillé et analysé en permanence.
Avec un contrôle permanent, on adapte ses comportements, on se censure au delà du nécessaire par peur de l’arbitraire, ce n’est pas acceptable en démocratie. On est pas du bétail.
Le 16/07/2021 à 09h15
Effrayant :(
Le 16/07/2021 à 09h41
Disclaimer : je n’ai lu l’article qu’en diagonale et j’ai quand même froid dans le dos.
Sinon tout aussi utile que la reconnaissance vocale mais nettement moins invasif : la reconnaissance… des lignes de la paume de la main !
C’est très pertinent pour vous identifier, pas de biais raciste, et personne pour vous identifier contre votre gré.
(Cf. Yann Le Cun : “quand la machine apprend”)
Bientôt le salut à la Star Trek pour s’identifier ?
Le 16/07/2021 à 12h11
Lorsqu’on est observés, la conséquence est que l’on doit pouvoir se justifier de nos faits et geste. Si je fais des tours de pâtés de maisons en marchant, si je déambule sans direction précise, et qu’on me demande pourquoi, répondre “Sans raison” peut d’emblée laisser entendre (pour un policier) que j’ai quelque chose à me reprocher. Cette surveillance nous pousse(ra) à analyser nos faits et gestes pour leur trouver une justification potable.
Adieu le spontané, l’inutile, le borderline légal, voire l’artistique (qu’on apprécie ou non).
Le 16/07/2021 à 12h25
“Travail, consomme, reproduis toi.” En dehors de ça tu es inutile et suspect du point de vue des exploiteurs
Le 16/07/2021 à 12h19
“ces quatre pays ont en effet « tous en commun d’avoir à la fois une volonté politique forte “
Et surtout tous en commun d’avoir une corruption politique forte, et donc un rejet massif de leur population contre leur gouvernement
Le 16/07/2021 à 12h38
“utilisé actuellement par 100 millions de Chinois”
Et donc la reconnaissance faciale, violeuse de vie privée et des droit de l’Homme, est rejetée par 93% des Chinois, malgré leur éducation et leur vie en dictature
Le 16/07/2021 à 14h28
A croire que le genre cyberpunk a façonné notre monde… Il est temps d’écrire de la nouvelle science fiction.
Le 16/07/2021 à 14h34
Il me semble qu’on dit “vidéoprotection” maintenant, “vidéosurveillance” c’est d’un autre temps
Blague à part, merci pour cet article très complet qui fait quand même froid dans le dos. On verra ce que nous réserve l’avenir.
Le 16/07/2021 à 14h55
Article incomplet.
Certaines sources… comment dire… clairement orientées.
Exemple: le pourcentage d’affaires résolues grâce aux caméras pour juger de leur inefficacité.
Ce chiffre c’est le nombre d’affaire résolues par caméra. Mais il n’est jamais venu à l’idée de quelqu’un que les crimes n’avaient pas lieu là où il y en avait. Comme pour les points de deal qui bougent si on met une caméra.
Le bon chiffre aurait été le nombre de crimes résolus par nombre de crimes commis sur les lieux de surveillance. A comparer avec le même ratio dans les lieux sans caméra.
C’est de la logique tellement simple que c’est à pleurer. Si cela se trouve, ces chiffres n’auraient pas été favorables, mais au moins cela aurait prouvé quelques chose.
Et le reste de l’enquête est du même acabit . bref…
Le 18/07/2021 à 09h24
« Ce chiffre c’est le nombre d’affaire résolues par caméra. Mais il n’est jamais venu à l’idée de quelqu’un que les crimes n’avaient pas lieu là où il y en avait »
En fait, j’ai le souvenir d’une affaire résolue grâce aux caméras, alors qu’il n’y en avait pas sur les lieux. Une commerçante s’était fait poignarder dans le 20e arrondissement de Paris par un homme jeune, pour lui voler l’a recette du magasin qu’elle s’apprêtait à déposer à la banque. Avec la simple description d’un témoin qui avait vu l’homme s’engouffrer dans un bus, la police avait pu exploiter les images de vidéosurveillance de la RATP, savoir où il était descendu et mener une discrète surveillance dans le quartier, jusqu’à voir le type réapparaître quelques heures plus tard et l’appréhender.
Idem, pour l’affaire britannique des deux enfants qui avaient assassiné un troisième, après l’avoir trimballé derrière eux dans un centre commercial.
NB: mon idée n’est pas de défendre les caméras à tout prix, mais de montrer que ce n’est pas parce qu’on ne commet pas de délits ou de crimes devant elles, qu’elles seraient totalement inutiles. D’ailleurs, on commet bien des excès de vitesse devant elles tous les jours… et si les délinquants étaient malins, les prisons ne seraient pas archi-pleines..
Le 18/07/2021 à 11h39
Le 19/07/2021 à 11h00
Je ne dis pas le contraire.
Les caméras ont 2 impacts: faire déplacer la délinquance et proposer une nouvelle source d’informations pour les enquêtes (car même si on ne voit pas les visages, on peut estimer la taille, la corpulence et plein d’autres signes pouvant aider à résoudre une enquête).
Mon propos était simplement de dire que la statistique affichée via un lien simpliste pour affirmer l’inutilité des caméras est ridicule. Mais bon vu qu’il s’agit d’un article à charge.
Le 16/07/2021 à 17h36
Le problème du terrorisme c’est que ça permet toujours de tout justifier : Matériel, budgets, lois, technologies.
Sauf qu’en volume, les affaires de terrorismes sont très peu nombreuse, et tous ces gadgets doivent être financés….. D’où la tentation des gouvernements de pousser ces technologies dans le droit commun, notamment quand il s’agit de récupérer de l’argent via des amendes, mais aussi d’identifier et “punir” les opposants politiques, activistes, … Tous ceux qui contestent activement la politique. C’est, à mon sens, le gros danger de ce genre de dérive.
Pourtant ce qui est “marrant” c’est que les politiciens eux-mêmes se font parfois rattraper par ces dispositifs…
Le 16/07/2021 à 17h58
Certes il y a de la corruption politique et surtout en Chine mais il n’y as pas dans ces pays de rejet de la population contre leur gouvernement. Donc arrête de te faire des films.
Petit rappel, la Chine n’est pas une dictature mais est reconnu comme un un pays autoritaire malgré le fait que dans leur constitution il y a marqué qu’ils sont en dictature.
La population chinoise rejettent le paiement par la reconnaissance faciale tout simplement parce que leur téléphone venant de l’étranger donc surtout Apple ont des problèmes de reconnaissance pour le déverrouillage. Pour la petite histoire à l’époque du 1er magasin avec paiement grâce à la reco. beaucoup de chinois ont ralé sur les réseaux parce que des amis pouvaient déverrouiller leur tél..
Donc si tu leur donnes des garanties de fonctionnement, la majorité acceptera sans problème.
Pour le Japon c’est surtout encore en expérimentation et pas dans tous les Kombinis. Il faut savoir qu’au Japon vous payez 99% de vos achats en liquide, ils commencent juste à mettre des TPE depuis 4 ans donc avant d’avoir autre chose que des pubs il y aura de l’eau sous les ponts..
Sinon la vie d’Antonin Lereux ça me fait penser à ces pubs norvégienne :
SmartHouse
SmartHouse2
Crazy Santa
Smartboat
Le 16/07/2021 à 17h59
Obey.
Reproduce.
Consume.
Watch TV.
Buy.
Cet excellent film, bien qu’un peu kitsch sur certains aspects (notamment testostéronés ), est repassé il n’y a pas longtemps
Le 16/07/2021 à 18h21
Enfin @Manach voici les sources de l’article sur les chinois et la reconnaissance faciale. Ca m’a prit
1 min à trouver :
Nearly 80% of people in China worry about facial recognition data leaks
Le papier avec un coup de google translate :
Et pour ceux qui ne connaissent pas les pays asiatiques, les chinois font beaucoup plus attention à leurs données que les autres et même que beaucoup de français. D’ailleurs il y a eu plusieurs lois dans ce sens pour protéger les gens.
Facial recognition systems boycotted at some Chinese cities’ residential communities
Bref lorsque vous parlez des pays asiatiques franchement essayé de les connaitre un minimum, je sais que je parle un peu dans le vide vu que je ne connais pas de journaux français sachant traiter les sujets là-dessus depuis des années.
Le 16/07/2021 à 20h17
Ce n’est pas totalement illégal de proposer des tarifs au faciès des gens ?
Le 17/07/2021 à 09h25
Même s’il est intéressant, je ne trouve pas que ce chiffre représente le but affiché. Car justement si les caméras n’ont un INpact sur ce ratio que dans les zones où elles sont présentes, mais pas sur le ratio global, c’est bien que dans l’état actuel, elle ne permettent pas d’améliorer le nombre de crimes résolus (les crimes non résolus ont juste été déplacés mais pas diminués).
On pourrait juste en déduire que s’il y avait des caméras absolument partout (mais vraiment partout, couvrant entièrement extérieurs et intérieurs, logements compris), le bon ratio constaté dans les zones déjà surveillées pourrait se généraliser au ratio total. Mais déjà c’est impossible à réaliser, techniquement et idéologiquement, et aussi ça ne reste qu’une hypothèse, le bon ratio pourrait ne pas se généraliser tant que ça, par adaptation des criminels.
Mais du coup ça donne toujours une justification pour les politiques à rajouter plus de caméras, puisqu’aux endroits où il y en a, “ça marche”. En omettant de dire qu’on ne pourra jamais en mettre suffisamment partout pour que ça marche globalement. Une sorte de fuite en avant.
Le 18/07/2021 à 15h46
Ah ? Moi ça m’a furieusement rappelé Black Mirror. Je pense même qu’ils s’en sont servi comme base pour leur
torchonpapier.Ils sont quand vachement dangereux les jeunes Jean-Corentin militaristes … 😞
Le 19/07/2021 à 06h55
Ils ont été payés pour “essayer d’imaginer comment la reconnaissance faciale pourrait se généraliser”. Ils ne vont pas te sortir un rapport sur le ciel bleu et les petits oiseaux du coup…
Le 19/07/2021 à 10h53
Ne cherche pas, sur ce genre de sujets, seul le sensationnel est vendeur. Les lecteurs intéressés ne vont donc pas essayer de trop réfléchir.
Le 19/07/2021 à 19h18
Pour une fois on est d’accord : ce qui est “vendeur”, c’est effectivement faire dans le sensationnalisme, à savoir faire des articles :
. qui font peur en mode “Big Brother” les caméras sont une atteinte à la “vie privée”,
. ou bien (plus courant) laudateurs, vantant les mérites de la “vidéoprotection”, comme la presse en publie tous les jours depuis des années, sans remettre en question ni en perspective l’histoire de la vidéosurveillance (et donc sans avoir travaillé ni contextualisé la question), sans non plus rappeler qu’aucune des 7 recommandations faite par la Cour des comptes il y a 10 ans (et répétées l’an passé) n’a été suivie d’effets, sans donc s’interroger sur ce pourquoi le ministère de l’Intérieur se refuse toujours et encore à évaluer l’efficacité des caméras (autorisées depuis 1995, soit 26 ans).
En l’espèce, le rapport (biaisé, et que le ministère de l’Intérieur avait d’ailleurs du revoir et corriger) relevait que… le taux d’élucidation était meilleur -et progressait plus vite- dans les villes qui n’avaient pas de caméras que dans celles qui étaient vidéosurveillées…
& encore heureux que les caméras s’avèrent “utiles”, la question est de savoir quand, à quelles fréquences, et si l’argent public qui y est investi en vaut la peine.
FYI, en annexe de son rapport censé démontrer l’efficacité de la vidéosurveillance, le ministère de l’Intérieur proposait une liste de 18 « faits marquants d’élucidation, grâce à la vidéoprotection » : or, seuls 3 de ces 18 « faits marquants d’élucidation, grâce à la vidéoprotection » l’avaient été grâce aux systèmes de vidéosurveillance de la voie publique vantés dans ce « rapport sur l’efficacité de la vidéoprotection », le ministère allant jusqu’à y mentionner… la vidéo d’un mariage.
Le 19/07/2021 à 21h08
Taux d’erreur de 0.2% sur une base de données de 26,6 million :
Les 53 000 personnes concernés apprécierons (ou pas) les “emmerdes” associées.
D’autant que comme relaté par NXI ( https://www.nextinpact.com/lebrief/47783/les-experts-es-criminalistique-numerique-peuvent-etre-biaises ) , les personnes sensées évaluer les “traces numériques” sont influençable par l’a priori du coupable présumé.