Google s’inquiète d’une surveillance gouvernementale en hausse
Big Google is watching You, gouvernements
Le 14 novembre 2012 à 10h01
6 min
Droit
Droit
Google s'inquiète des requêtes gouvernementales (autorités politiques, tribunaux, police,...) dont il est de plus en plus fréquemment saisi. À l’appui des chiffres de son dernier rapport de transparence, le géant de l'internet tente d’alarmer les internautes sur « la manière dont les gouvernements peuvent parfois freiner les flux d’informations qui circulent sur Internet ».
Régulièrement l’objet de requêtes gouvernementales visant au déréférencement de certains contenus ou à la divulgation d’informations concernant ses utilisateurs, Google propose aux internautes de consulter librement depuis 2010 les détails relatifs à ces demandes dont il est saisi. Dans un billet publié hier sur son blog officiel, le géant de l'internet a annoncé que les informations concernant les six premiers mois de l’année 2012 venaient d’être mises en ligne sur sa plateforme dédiée, le Google Transparency Report.
Mais alors que Google s'inquiétait déjà de la persistance des requêtes mettant en danger la liberté d'expression lors de la présentation des données du précédent semestre, il ne semble pas que la situation aille en s’améliorant. Bien au contraire. La firme de Moutain View estime qu’une tendance se dessine clairement : « la surveillance gouvernementale est en hausse ».
Plus de 70 % d’augmentation des demandes de retrait
Google n’hésite pas à joindre les chiffres à la parole. Entre le 1er janvier et le 30 juin 2012, la société américaine indique avoir reçu 1 789 requêtes gouvernementales (de source juridique ou exécutive et policière). Ces dernières visaient à retirer 17 746 éléments de contenu proposés via ses différents services (YouTube, moteur de recherche, ect.). Par rapport au semestre précédent, où le nombre de demandes était de 1 048, l’on observe donc une augmentation de plus de 70 %.
Si l’on regarde uniquement le cas de la France, ce sont 72 demandes qui ont été transmises à Google au cours du premier semestre 2012, soit plus du double de la période précédente. Le géant de l’internet indique avoir notamment dû supprimer 992 résultats de recherche, sur décision d’un tribunal. Ceux-ci auraient selon la justice française enfreint la vie privé d'un individu.
Notons néanmoins que les États ne sont pas les seuls à transmettre des demandes de retrait à Google. Les ayants droit adressent eux aussi de plus en plus de requêtes à la société américaine, sans passer devant les tribunaux. La firme de Mountain View dévoile d’ailleurs depuis cet été les demandes de suppression des contenus protégés par le droit d’auteur dont elle est saisie. D’après ces chiffres, Google reçoit désormais plus de ces requêtes en une semaine que sur toute l’année 2009 (voir notre article).
Les demandes de renseignements sur les utilisateurs de Google en hausse de 14, 5 %
S’agissant des demandes de renseignements sur ses utilisateurs, la firme de Mountain View indique avoir reçu 20 938 requêtes, visant à obtenir des informations sur 34 614 comptes différents. Alors que ces demandes avaient déjà augmenté de près de 17 % lors du précédent semestre, elles font un nouveau bond d’environ 14,5 %.
Voilà pour les chiffres mondiaux. Par pays, l’on remarque que les États-Unis émettent plus d’un tiers de ces requêtes, mais Google explique que les autorités américaines effectuent aussi des demandes pour le compte d'autres gouvernements, en vertu de traités d'entraide judiciaire et d'autres procédures diplomatiques. En ce qui concerne la France, elle se situe en quatrième position des États adressant le plus de demandes sur les utilisateurs de Google. Lors du premier semestre 2012, ce sont 1 546 requêtes qui ont été transmises par la France, dont 42 % furent satisfaites totalement ou en partie.
D’après les commentaires en marge du Transparency Report, ces augmentations n’auraient toutefois « rien de surprenant » : « nous offrons chaque année davantage de produits et de services, et nous disposons d'un grand nombre d'utilisateurs », ce qui expliquerait d’après Google la croissance du nombre de requêtes concernant des comptes d’utilisateurs.
Les petites annotations du géant de l'internet
Outre la publication de ces données brutes, Google fait part de certaines situations méritant d’après lui d’être soulignées, grâce à ses fameuses « remarques ». Il s’avère ainsi que le géant de l’internet a refusé une requête du centre canadien d'émission des passeports, qui demandait la suppression d’une vidéo YouTube montrant un citoyen canadien en train d'uriner sur son passeport avant de le jeter aux toilettes. Google indique également ne pas avoir accédé à la demande d'une ancienne personnalité politique française, laquelle exigeait le retrait d'un billet de blog qui exposait ses relations avec le lobby pharmaceutique, ce qui était considéré comme diffamatoire. En revanche, Google a retiré quatre billets d’un blog qui auraient contenu des images portant atteinte à la vie privée d'un membre de la famille royale de Monaco, sur demande de ses représentants légaux.
Google reçoit aussi de fausses demandes
Autre fait intéressant : Google explique qu’il reçoit parfois des ordres de justice falsifiés. Dans la FAQ du Transparency Report, le géant de l’internet apporte même des preuves, comme cette fausse ordonnance péruvienne (PDF), qui visait à obtenir la suppression de posts de blog, ou bien encore fausse injonction d’une cour canadienne (PDF), demandant la suppression de résultats de recherche qui renvoyaient à trois pages du site forums.somethingawful.com. Selon Google, « la fausse ordonnance prétendait que le site comportait des déclarations diffamatoires, mais n'indiquait pas quelle loi était ainsi enfreinte ».
Google assure néanmoins de sa vigilance: « Nous faisons de notre mieux pour vérifier l’authenticité des ordonnances que nous recevons, et si nous estimons qu’il s’agit de documents falsifiés, nous n’y donnons pas suite ».
La firme de Mountain View se voit en chef de file
« Les informations que nous divulguons ne représentent qu’un infime aperçu de la façon dont les gouvernements interagissent avec Internet », prévient Google. Le géant de l’internet se réjouit par ailleurs que son initiative ait fait des émules, par exemple du côté de Twitter, qui a lancé son Transparency Report début juillet. « Nous espérons qu’au fil du temps, plus de données seront publiées pour ainsi renforcer le débat public sur les moyens de préserver un Internet libre et ouvert », conclut Google.
Google s’inquiète d’une surveillance gouvernementale en hausse
-
Plus de 70 % d’augmentation des demandes de retrait
Commentaires (57)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 14/11/2012 à 10h45
Le 14/11/2012 à 10h50
Le 14/11/2012 à 10h53
Le 14/11/2012 à 10h55
Le 14/11/2012 à 11h33
Je ne vois pas trop le problème.
Quelle est la différence entre le retrait des billets diffamatoires d’un blog et le retrait de la distribution d’un périodique avec un article présentant des propos diffamatoires ?
Ou encore la différence entre la saisine par la justice d’informations concernant un individu chez Google et cette même saisine dans une banque ou un club de sport ?
En fait, ça fait chier Google d’être auxiliaire de justices (comme peut l’être tout à chacun) et veut se soustraire des lois. En gros, ils veulent faire ce qu’ils veulent sans en répondre à personne en faisant passer des choses normales pour une “inquiétante montée des surveillances gouvernementales”.
Le plus absurdes c’est que dans le cas de fausses demandes, ils n’iraient même pas prévenir les justices de différents pays non ils se contentent de ne pas donner suite…
Edit : correction de phôtes
Le 14/11/2012 à 11h44
\o/, on est dans le top 5 !!! " />" />" />
" />
Le 14/11/2012 à 11h49
Le 14/11/2012 à 11h55
Le 14/11/2012 à 12h19
Google ou les gouvernements, en ce qui concerne le respect de la vie privée, pour ma part, je ne fais aucune confiance ni au premier, ni aux seconds.
Sinon :
Google indique également ne pas avoir accédé à la demande d’une ancienne personnalité politique française, laquelle exigeait le retrait d’un billet de blog qui exposait ses relations avec le lobby pharmaceutique, ce qui était considéré comme diffamatoire.
Ah bon ?
" />" />" />" />" />
Le 14/11/2012 à 12h24
Le 14/11/2012 à 12h44
Le 14/11/2012 à 12h54
J’aime bien l’idée de Transparency Report / Chilling Effect, mais venant de la part de Google c’est clair que c’est que de la poudre aux yeux des utilisateurs. Genre “regardez [les chiffres] c’est pas moi, c’est les autres !”
Le 14/11/2012 à 12h56
Le 14/11/2012 à 13h18
Pour l’essentiel les demandes ne sont pas “gouvernementales” (exécutif) mais judiciaires.
C’est pas franchement la même chose, une violation de la vie privée/diffamation… peut parfaitement justifier le retrait / désindexation si un magistrat estime que la demande est fondée.
Il en va tout autrement si la demande est à l’initiative d’une administration ou du pouvoir exécutif sans passer par la case justice.
Dons titrer “une surveillance gouvernementale en hausse” me semble exagéré au regard de la nature des chiffres donnés.
Le 14/11/2012 à 14h38
Le 14/11/2012 à 14h40
Le 16/11/2012 à 12h29
Le 16/11/2012 à 12h34
Le 14/11/2012 à 10h19
Le 14/11/2012 à 10h23
Quid custodiet ipsos custodes " />
J’espère franchement que les gouvernements vont arréter leurs imbécillités un de ces jours, sinon ça va mal finir.
Le 14/11/2012 à 10h25
Heu ? Google s’inquiète de l’augmentation des demandes de retrait en provenance des tribunaux ?
Il faudrait peut être les prévenir qu’Internet n’est pas le Far West… surtout sachant ce que Google fait des données personnelles collectées sur ses sites…
Le 14/11/2012 à 10h25
Le 14/11/2012 à 10h26
Le 14/11/2012 à 10h28
Le 14/11/2012 à 10h29
Le 14/11/2012 à 10h31
Le 14/11/2012 à 10h32
France
Nb demande : 1 546
Demande satisfaite : 42 %
Compte concerné :1 880
Ils (Google) ont quand même le droit de les envoyer boulé donc?
Plus d’une demande sur 2 rejetée ou sans suite, c’est un peu réconfortant. On se consolera avec ça.. " />
Le 14/11/2012 à 10h32
On sait pas quels types d’infos il leur demande sur leurs utilisateurs ?
Anyway, çà craint et ca va être de pire en pire…" />
Le 14/11/2012 à 10h35
Le 14/11/2012 à 10h36
Si au moins ils surveillaient entre eux pour savoir s’ils font des saloperies avec notre pognon… " />
Le 14/11/2012 à 10h39
Le 14/11/2012 à 10h41
Le 14/11/2012 à 10h41
Le 14/11/2012 à 10h43
Le 14/11/2012 à 10h06
Et oui! Ce qui inquiète nos gouvernants, ce n’est pas que les géants de l’IT disposent d’infos (sur nous, nos données personnelles, mais pas que) mais qu’ils en disposent en dehors de leur contrôle.
Bienvenu dans un brave monde nouveau. " />
Le 14/11/2012 à 10h06
Tous pourris, riz pour tous, la Chine, quoi " />
Le 14/11/2012 à 10h07
Quand il s’agit de faire de l’argent en espionnant les gens, ils sont beaucoup moins regardant
Le 14/11/2012 à 10h11
Le 14/11/2012 à 10h14
leur pouvoir sur l’information est impressionant… qui les vérifie?
Le 14/11/2012 à 10h15
Le 14/11/2012 à 10h18
Moi il y a quand même quelque chose que je trouve incroyable. Aujourd’hui de nombreux médias de masse classiques (radio / télé / journaux) écrivent un nombre de conneries incroyable, ou au mieux des infos partisanes ou biaisées. Mais là rien. Ah j’oubliais, l’état et ses proches sont souvent actionnaires ou propriétaires de ces médias.
Franchement j’aime pas sortir ma casquette de gavroche, mais yen a vraiment ras-le-bol de ces gouvernants qui vivent grassement sur le dos des citoyens au lieu de les servir en prétendant s’occuper d’eux sous couvert d’un pseudo paternalisme gerbant qui consiste à décider à la place des gens ce qui est bon pour eux.
Le 14/11/2012 à 15h00
Le 14/11/2012 à 15h03
Le 14/11/2012 à 16h02
Le 14/11/2012 à 16h11
[quote:4344081:jackjack2]
non rien
Le 14/11/2012 à 16h12
à supprimer SVP
Le 14/11/2012 à 16h57
Le 14/11/2012 à 17h18
Le 14/11/2012 à 19h29
Le 14/11/2012 à 19h59
Le 14/11/2012 à 22h44
Le 14/11/2012 à 22h44
Le 14/11/2012 à 22h50
Et ben… difficile PCI ;)
X. B., toi l’auteur, vire les com’ doublons ou tu mourras ;)
Le 14/11/2012 à 23h14
Bref (oui, j’avais pas fini, désolé pour les autres, fuck’em’all I m a punk rocker), pour moi, cette news me fait penser - et c’est un peu triste, certes - à Google “qui s’inquiète d’une concurrence dans la surveillance” " />
Merde, on est pas tous seuls ! Damned ! Avant on faisait des ronds tranquille avec du tracking et/dont des scripts sur quasiment toutes les pages du web, on avait - et on a toujours pour très longtemps heureusement - une image de bienfaiteur insoupçonnable du web, tout en récupérant toutes les données exploitables à posteriori, on arrosait les dev (ça marche bien ça, même agonisant, c’est le dernier truc qu’on abandonnerait) et le public de code et de gratuités puisque ça fonctionnait super, mais damned… on a suscité des vocations… les gouvernements deviennent des concurrents directs… on est plus les seuls à scanner des mots clé de messages ouvertement, à regrouper des fichiers d’inscriptions à x services, à faire des BDD géantes jusqu’à demander des n° de tel s’il le faut, c’est sur que la concurrence gouvernementale peut arriver là où on ne l’attend pas…
Et euh… “Google est ton ami”… " />
Le 14/11/2012 à 23h33
Le 15/11/2012 à 00h02
Le 15/11/2012 à 08h42