Sur le numérique, le changement selon les Jeunes Socialistes
Aurélie, Fleur, Arnaud, Jean-Marc ?
Le 09 janvier 2013 à 08h50
8 min
Droit
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En décembre dernier, les Jeunes Socialistes ont publié leur « Dossier du Changement », intitulé « Démocratie, liberté, égalité : le socialisme pour le numérique » (document PDF). Le texte a été adopté en Conseil National le 11 novembre dernier puis remis à tous les ministres du gouvernement. « Les 89 propositions de ce texte, élaborées, discutées et amendées partout en France par les militants, se veulent une contribution à la réflexion et aux législations futures sur le numérique » expliquent les auteurs.
Le changement c’est maintenant ? Les Jeunes Socialistes ont élaboré près de 90 propositions touchant de près ou de loin la question du numérique sous l’œil du consommateur, du citoyen, du travailleur, du développeur ou du créateur.
Ces jeunes socialistes « ont élaboré ces propositions au fil de rencontres organisées avec la Quadrature du Net, Philippe Aigrain, Jean-Marc Manach, Ludovic Penet, Le Parti Pirate France, et autres militants actifs du monde numérique » explique le Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS). L’enjeu ? « Apporter des réponses allant vers la concrétisation des potentialités démocratiques offertes par internet, ouvrant de nouveaux droits face aux conséquences de l’ère du numérique sur la protection des données personnelles, le temps et les conditions de travail ainsi que les libertés individuelles, et assurant l’égalité d’accès au net ».
Le document, disponible sur ce lien, constitue un véritable inventaire à la Prévert.
Neutralité, RFID, CADA, DPI...
Ainsi, en soulevant le capot, le MJS sollicite d’ « adopter une loi garantissant la neutralité du net comme étant le fonctionnement normal du réseau dans ses trois couches (infrastructure, opérateurs et services), sans discrimination sur la provenance, la destination, le service ou le contenu des informations qui y transitent. »
Côté citoyens, ils réclament aussi des moyens renforcés pour la CNIL. D’autres propositions tablent sur la mise sous contrôle des puces RFID par exemple en rendant « l’étiquetage de leur présence obligatoire sur tout produit de consommation, notamment les vêtements et imposer la désactivation obligatoire de celles-ci après achat, par le magasin ». Une proposition demande aussi que soit empêché « le profilage des utilisateurs de télévision connectée », garantissant le droit à chaque utilisateur du choix du logiciel de télévision connecté installé. Dans le même sens, ils veulent que soit garanti « un droit de regard citoyen sur les fichiers policiers dans lesquels ils figurent et de faciliter leur retrait » ou « le retrait des traces ADN des citoyens prélevés lors d’une procédure d’enquête, dès le prononcé d’un non-lieu ou d’un acquittement », ou encore que les fichiers de police jamais déclarés à la CNIL soient supprimés.
Le MJS veut aussi garantir l’open data et permettre à la CADA, qui serait dotée de nouveaux moyens, de s’autosaisir pour contraindre les administrations et les autorités indépendantes à la transparence. Le document veut aussi « interdire à terme la vidéosurveillance, notamment les caméras à reconnaissance faciale dans l’espace public et demander un moratoire et l’ouverture d’une enquête parlementaire sur le sujet. »
Puisqu’on parle de surveillance, le MJS aimerait que « les systèmes Deep Packet Inspection (DPI), qui permettent d’analyser des paquets de données automatiques » soit ajoutés « à la liste des matériels de défense soumis par l’État français à validation du Premier Ministre, encadrant ainsi leur vente à l’étranger, notamment à certaines dictatures ». En France, ils souhaitent que le vote électronique soit interdit parce qu’il « ne permet pas à ce jour de garantir la sincérité du scrutin et de protéger le secret du vote. »
Salarié, consommateur, éducation
Chez les consommateurs, le MJS aimerait que soit garantie en France l’optionnalité lors de l’achat d’un ordinateur couplé avec des logiciels préinstallés.
Chez le salarié, d’autres mesures à noter : généraliser les chartes informatiques, soumises au contrôle de la CNIL, légiférer sur l’encadrement du travail collaboratif des médias numériques et leur rémunération ou encore « encadrer l’utilisation de tous moyens numériques hors des temps de travail et intégrer notamment le temps de consultation et de réponse à ses mails dans ce temps de travail ». Ils veulent aussi « garantir aux télétravailleurs une protection sociale équivalente aux travailleurs classiques, notamment s’agissant des questions liées aux accidents du travail. »
Et pour l’éducation ? Signalons dans la liste, celle visant à « instaurer des cours d’éducation au web sur les temps scolaires et réformer le B2i, afin d’aller vers une sensibilisation des potentialités positives d’internet et les risques-dépendance une diminution du lien social (etc.). »
Brevet, Hadopi, durée de protection, contribution créative
Du côté de la propriété intellectuelle et des brevets, le MJS réclame la non-brevetabilité des logiciels ou plus largement la « non-brevetabilité des créations immatérielles et découvertes sur le vivant, indépendamment de tout critère de technicité ou d’applicabilité industrielle. »
Sur la question d’Hadopi, pas de nuance. On retrouve la dynamique des propos du PS... du moins lors des débats parlementaires. En tête, c’est l’abrogation pure et simple du mécanisme de la riposte graduée avec, concomitamment la légalisation du partage non-marchand des oeuvres numériques entre individus (peer-to-peer ) « assurant qu’aucun tiers ne fasse de recettes supérieures aux frais d’hébergement du site (comme a pu le faire Megaupload, en vendant des offres premium pour faciliter l’accès aux oeuvres, et en vendant des espaces publicitaires, l’audience importante de la plateforme assurant à ses propriétaires des revenus importants) ». Les jeunes socialistes considèrent en effet que « le partage d’oeuvres culturelles doit se faire dans l’intérêt des citoyens, et non dans celui d’entreprises qui pourraient en tirer un bénéfice marchand. »
Ils veulent tout autant revoir la durée de protection des œuvres, 70 ans après la mort de l’auteur, pour la limiter à la date de son décès. Plus exactement serait imposé « un enregistrement des oeuvres par leur auteur pour les protéger par un copyright 2.0 pour une durée limitée à quelques années, reconductible jusqu’à la mort de l’auteur, sans quoi les oeuvres seraient placées par défaut sous le régime du Creative Commons, appartenant au domaine public, afin d’éviter le risque d’exploitations commerciales non désirées et la réappropriation par un éditeur d’une œuvre ». Dans le même temps, ils préconisent l’interdiction de la reprise d’un contrôle exclusif sur des oeuvres du domaine public. « L’appartenance au domaine public doit garantir la possibilité de modifier, copier, diffuser librement une oeuvre, sans restriction aucune. »
Les jeunes PS ne s’arrêtent pas là puisqu’ils souhaitent la mise en place d’une « contribution créative séparant les organismes de collecte et de redistribution ». La recette est déjà là : « L’organisme de distribution sera indépendant, calculera la répartition des redistributions en fonction de données de sites Internet d’accès à des oeuvres, des systèmes de partage comme les torrents ou les plateformes de partages, et de données remontées volontairement par des utilisateurs. L’organisme de collecte de la contribution sera en lien direct avec les FAI (fournisseurs d’accès à Internet). Seuls les foyers ayant un accès à Internet contribueront à hauteur de 5 € par mois et par foyer, ce qui correspond à 4% de la consommation culturelle moyenne des ménages. Une « ecotaxe numérique » sera prélevée en parallèle sur l’achat de biens numériques matériels : ordinateurs, supports de lecture des livres numériques, téléphones, etc. »
S’ajoutent dans cette longue liste un vrai droit à la copie privée, « sans restriction de lecture d’un support en fonction de la zone géographique, du matériel utilisé, du support et en supprimant le tatouage de chaque fichier, en supprimant les Digital Rights Management (DRM) » ainsi qu’une garantie à l’interopérabilité « pour assurer la capacité de chaque utilisateur à échanger des données librement, sans entraves matérielles ou logicielles, grâce à des standards communs ».
Droit à la connexion
Enfin, sans faire l’impasse sur la fiscalité du numérique, le document souhaite l’accès à la fibre optique sur tout le territoire par le biais d’un opérateur public financé par une taxe garantissant la péréquation des fonds de développement et d’entretien des réseaux numériques et que soit dans le droit à la connexion dans la loi. Pour lutter contre la fracture numérique, ils aimeraient la mise en place de forfaits de base pour l’accès à l’internet seul et un soutien public à l’acquisition de logiciels libres ou encore des prêts à taux zéro pour tous les jeunes en formation pour l’acquisition d’un ordinateur.
Bref, un puits de projets ou de réformes impossibles diront les uns, quand d’autres y verront une mine pour aiguiller les choix futurs. Dans tous les cas, bon nombre de ces propositions font office de piqure de rappel sur des problématiques en cours.
Sur le numérique, le changement selon les Jeunes Socialistes
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Neutralité, RFID, CADA, DPI...
Commentaires (51)
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Abonnez-vousLe 09/01/2013 à 13h14
Pourquoi n’y a-t-il pas de réel parti de “Jeunes” tout court, parce qu’ils ont de bien meilleures idées que ceux qui ont pris goût au pouvoir et aux pots de vin (et ce quelque soit leur bord, sauf extrême qui sont bien comme leurs leaders…)
Et pour l’éducation ? Signalons dans la liste, celle visant à « instaurer des cours d’éducation au web sur les temps scolaires et réformer le B2i, afin d’aller vers une sensibilisation des potentialités positives d’internet et les risques-dépendance une diminution du lien social (etc.). »
Si on multiplie le B2i par lui-même on obtient un -B4 ?
Le 09/01/2013 à 14h01
Le 09/01/2013 à 14h15
Le 09/01/2013 à 14h17
Normalement, c’est à eux de te la donner car elles sont comptabilisées, tu ne dois surtout pas en prendre 2. Mais évidemment, tu dois vérifier qu’elle est bien neutre.
Le 09/01/2013 à 14h26
Le 09/01/2013 à 15h23
Le 09/01/2013 à 15h30
Le 09/01/2013 à 15h32
Le 09/01/2013 à 15h36
Le 09/01/2013 à 16h02
Le 09/01/2013 à 16h20
Le 09/01/2013 à 17h26
Du vent, que du vent…
On va s’envoler à force
Le 09/01/2013 à 19h39
Je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec les JMJ et leur influence sur le Vatican.
Ils feront comme leurs prédecesseurs s’ils veulent évoluer dans leur parti : ils s’asseoiront sur leurs convictions (ce qui est moins pire que s’asseoir sur ses concitoyens dans certains partis d’extrême chose).
Le 09/01/2013 à 21h00
C’est pour les faire croire dans leur parti et que par effet de militantisme, ils continuent à “prêcher la bonne parole/propagande” auprès des indécis…
S’ils étaient sincères, ils demanderaient des comptes à leurs idoles, sur tous les mêmes sujets abordés dans la vidéo parodique des voeux 2013 du président Hollande faite par la vrai gauche !
Le 10/01/2013 à 07h20
Sur le numérique, le changement selon les Jeunes Socialistes
Ha les éléphants ont eus une portée ?? " />" />" />" />
Le 10/01/2013 à 11h44
Le 09/01/2013 à 09h00
" /> les jeunes socialistes qui sont bien plus socialistes que ceux du gouvernement…
J’aurais vraiment préféré Aubry à Hollande, elle est bien plus en phase avec le MJS…
Le 09/01/2013 à 09h25
Mwais … Ne t’avance pas trop la dessus, ils sont tous pareil :/.
Le 10/01/2013 à 15h45
Le 09/01/2013 à 09h27
Toutes de très bonnes propositions " />
Par contre je ne comprend pas bien l’intérêt de ça : « un vrai droit à la copie privée … en supprimant le tatouage de chaque fichier … »
Il n’est pas forcément possible de supprimer un tatouage, et de toute manière celui-ci n’empêche en rien la copie privée.
Le 09/01/2013 à 09h28
Je crois que ce document va finir une fois de plus aux oubliettes…
Le 09/01/2013 à 09h44
Encore et toujours de belles choses sur papier, continueraient-ils à prendre les électeurs pour des mulets ?
Ah les politiques !!! " />
Le 09/01/2013 à 09h45
[ministre] Oooooh ils sont encore mignons à cet âge-là… vivement qu’ils grandissent, deviennent de “vrais” politiciens, et oublient ces bizarreries.[/ministre]
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En vrai, c’est réellement intéressant, mais malheureusement on sait que ça n’aurait que peu d’INpact.
Zut, à même pas 30 ans, je n’ai déjà plus aucune illusion!
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Le 09/01/2013 à 09h45
Ce qui est marrant avec les jeunots des MJS ou de l’UMP (je ne me souviens pas du nom), c’est leur candeur face à ce qui est fait par ceux qui sont en place, dusse être de leur bord …. ah moins que non, ce serait trop flagrant …. ce n’est pas un moyen de pourrir les jeunes non politisés afin de les attirer dans leur giron pour assurer un électorat plus tard et des militants maintenant et au passage aider la majorité en place à se faire plus belle qu’elle n’ait en faisant miroiter: “regarder on est les meilleurs, la preuve nos petiot pleins d’idées super sympa” …. Je n’y crois pas un instant " /> " />
Le 09/01/2013 à 09h46
De très bonnes idéo que je considère juste. Maintenant, que tout ceci soit mise en place, aucun doute…. c’est mort.
Le 09/01/2013 à 09h46
Le 09/01/2013 à 09h49
Le 09/01/2013 à 09h50
Le 09/01/2013 à 09h51
Le 09/01/2013 à 09h51
…
Le 09/01/2013 à 09h52
D’accord avec la plus part des idées exposé ici, sauf celle de la taxe obligatoire passant par les FAI.
Si une seule de ces proposition devient loi dans l’année, ça seras déjà un exploit … mais au moins ils n’ont pas la langue de bois de leur ainés.
C’est a eux que l’on aurais du confier la mission “exception culturelle 2.0”
Le 09/01/2013 à 09h53
De belles choses en effet mais:
Maintenant, y a plus qu’a appliquer dans les 3 mois et le parti pirate francais fusionnera dans le PS.
Le 09/01/2013 à 09h55
En tête, c’est l’abrogation pure et simple du mécanisme de la riposte graduée avec, concomitamment la légalisation du partage non-marchand des oeuvres numériques entre individus (peer-to-peer ) « assurant qu’aucun tiers ne fasse de recettes supérieures aux frais d’hébergement du site (comme a pu le faire Megaupload, en vendant des offres premium pour faciliter l’accès aux oeuvres, et en vendant des espaces publicitaires, l’audience importante de la plateforme assurant à ses propriétaires des revenus importants) ».
Comment comptent-ils faire ?
Le 09/01/2013 à 09h56
On voit la différence entre les jeunes UMP et les jeunes socialistes, là ou les premiers n’avaient(navet) réussi qu’à sortir un lipdub(retour du navet " />), les seconds nous font de belles propositions, même en sachant qu’aucune ne sera réalisée." />
Le 09/01/2013 à 09h57
Le 09/01/2013 à 09h58
Le 09/01/2013 à 10h09
Juste mort de rire. ça me rappelle les pseudo promesses de Hollande et Filipetti. Ce ne sont que des mots qui n’auront aucune déclinaison dans le monde réel…
Le 09/01/2013 à 10h10
Quand les vieux vont se ramener ils vont évidement tout censurer parce que les jeunes “n’auront rien compris aux réalités”
Le 09/01/2013 à 10h25
Pour moi après une lecture rapide… c’est quoi le problème avec le tatouage des fichiers et la copie privée ? Les DRM je veux bien ça bloque l’interoperabilité, mais le tatouage je vois pas bien…
En suite un autre point c’est l’interdiction du vote électronique, encore un truc qui tient plus du fanatisme que de la vraie réflexion. En quoi un scutin papier garantie mieux la sincérité du scrutin, y a qu’a regarder l’élection Copé vs Fillion pour l’UMP et Aubry vs Royal pour le PS… beau exemple de sincérité du scrutin grace au papier… ensuite les affaires de faux-electeurs a Paris, en Corse… c’est pas le vote électronique qui est en cause…. Alors avant d’interdire, il faut peut etre réfléchir non ? Et non le principe de précaution n’est pas toujours une bonne chose.
Le 09/01/2013 à 10h35
Le 09/01/2013 à 10h43
Le 09/01/2013 à 10h48
Le 09/01/2013 à 10h58
Le 09/01/2013 à 11h36
Le 09/01/2013 à 11h59
Le 09/01/2013 à 12h00
Le 09/01/2013 à 12h08
Le 09/01/2013 à 12h13
Le 09/01/2013 à 12h16
Le 09/01/2013 à 12h32
Le 09/01/2013 à 13h09