Affirmant avoir été victime de pressions de la part de Google, le Conseil de la Langue Suédoise a décidé de retirer le mot « ingooglable » de sa liste annuelle des néologismes. Mais, à en croire l’institution, la victoire n’est pourtant pas du côté de l’entreprise américaine, qui fait désormais face à un bel effet Streisand.
Le Språkrådet, le Conseil de la Langue Suédoise, a annoncé hier dans un communiqué qu’il avait décidé de rayer le mot « ogooglebar » (en français, « ingooglable ») de sa dernière liste des néologismes, qui était parue en décembre dernier. Le terme, qui côtoyait par exemple l’équivalent de « zlataner », avait pour signification : « qu'il n'est pas possible de trouver sur Internet avec un moteur de recherche ».
Sauf que l’idée de l’institution suédoise ne semble pas avoir été au goût de Google. Le Språkrådet s’est en effet plaint des pressions exercées à son encontre par l’entreprise américaine. Cette dernière se serait ainsi mobilisée afin que la définition du terme soit modifiée et qu’un disclaimer précise que Google est une marque déposée. La problématique de fond n’est d’ailleurs pas nouvelle : déjà, dans son rapport annuel de 2005, l’entreprise américaine craignait de perdre la protection de sa propriété intellectuelle en raison de l’utilisation de sa marque comme d’un nom commun.
« Nous n'avons ni le temps ni l'envie de poursuivre ce processus de longue haleine que Google tente de mener » indique pour sa part Ann Cederberg, directrice du Conseil, qui a donc fini par jeter l’éponge. Mais il ne s’agit que d’une victoire de façade pour Google. L’institution suédoise fait effectivement valoir que les mots n’appartiennent à personne, et certainement pas à la firme de Mountain View. « Google a oublié une chose importante : le développement d’une langue ne se soucie pas de la protection des marques ».
Ann Cederberg se félicite en filigrane d’avoir ouvert le débat sur ce mot, et ainsi contribué à son appropriation par la population. « Celui qui cherchera "ogooglebar" dans Google ne trouvera pas uniquement la définition que Google voulait changer, et qui restera en ligne malgré la décision du Conseil de la Langue. Il trouvera également toutes les observations éventuelles qui feront suite à la propagation de la nouvelle de ce retrait. C'est comme ça que fonctionne le monde de l’internet ». En somme : c’est du sens que lui donnent les individus que vient la définition d’un mot, non de ce qui est décidé par une institution.
Commentaires (27)
ingooglable j’aurais plutôt dit : service que google ne peut pas copier pour imposer le sien à la place . Bon ok je suis de mauvaise foie, mais en même temps, c’est tellement vrai….
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En même temps, quelque chose d’ingooglable n’existe pas. Google sait tout, Google voit tout.
Quand la Suède cède à Google
Ouh, le titre sensation.
Nom d’un google ! J’ai googlé le google et me voilà googlé ! Était il donc pour autant ingooglable ? Seul mon google me le dira !
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Demain c’est déjà la fin de semaine, sensationnel !
Y a aussi des bons en Suède ! Comment on dit cédérom la bàs
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d’un autre côté qu’un moteur de recherche dont le but à terme est de tout trouver s’oppose à l’utilisation de son nom dans un mot qui signifie “ne pas trouver”, ça fait du sens
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Je propose à la Suède d’essayer avec d’autres mots: Googlelopolis, Googledom, …
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C’est surtout qu’ils aiment pas le sens du terme, un peu contradictoire certes.
Merci de ne plus dire Google® au risque de se faire attaquer.
Nous dirons donc désormais, le principal moteur de recherche.
C’est eux qui veulent qu’on oublie leur marque, très bien.
Ca me rappelle une nouvelle d’Alain Damasio, sur le copyright des mots courants… (me rappelle plus le titre, mais elle est dans le recueil “aucun souvenir assez solide”).
Pour moi faire rentrer ta marque dans le langage commun c’est au contraire une grande réussite ou la reconnaissance d’avoir été pionnier ! Comme Frigidaire ou Morey (pour les bodyboards).
On s’éloigne de plus en plus de leur “don’t be evil” des premiers temps :(
Pendant ce temps là, Frigidaire™ est aussi une marque déposée (et toujours exploitée contrairement à ce qu’on pourrait croire), et apparaît pourtant comme nom commun dans le dictionnaire…
aucune dérision de la part de google 1⁄100
On aurait pu croire que justement, google aurait pu avoir un peu plus d’humour à ce sujet… Quand on se souvient de ça :
http://infomars.fr/chuck
Je trouve qu’au contraire, c’est toujours de la pub (et plus encore) gratuite à prendre !