Do Not Track : le difficile consensus autour d’un standard au W3C
Des intérêts particulièrement contraires
Le 16 juillet 2013 à 15h17
4 min
Logiciel
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La fonctionnalité Do Not Track, qui permet de bloquer le suivi publicitaire, fait l’objet de nombreuses discussions depuis plusieurs années. Alors que chaque éditeur de navigateur y va de sa propre solution, parfois même activée par défaut, le W3C réfléchit à un socle commun. Cependant, même si le consensus se dessine lentement, la route reste encore longue, tant les intérêts en jeu sont divergeants.
Un débat qui ne date pas d'hier
Les débats autour de la fonction DNT ont souvent été houleux. Cette fonction a pour objectif d’envoyer un signal pour refléter la volonté de l’utilisateur de ne pas être suivi par les outils publicitaires, notamment via l’enregistrement des cookies. Mais non seulement le débat a monté d’un ton quand Microsoft l’a activée par défaut dans Internet Explorer 10, mais l’industrie de la publicité n’a aucune obligation de tenir compte de ce signal.
C’est pour cela qu’un groupe de travail a été créé en septembre 2011 au W3C, huit mois après que Firefox a dégainé le premier sur ce sujet. Il s’agissait alors de réunir un maximum d’intervenants pour accoucher d’un standard auquel tout le monde pourrait se référer, c’est-à-dire les éditeurs de navigateurs et l’industrie. Problème : les navigateurs sont utilisés par les internautes qui, eux, souhaitent globalement ne pas être suivis, tandis que l’industrie, représentée par la DAA (Digital Advertising Alliance), compte sur ce suivi pour proposer des publicités ciblées.
La question cruciale de la définition
Le groupe de travail devait notamment collecter les visions des acteurs en présence, à commencer par la DAA dont les propositions ont été accueillies assez fraîchement. Ainsi, la thématique du Do Not Track recouvre deux points différents : Do Not Target, qui s’attache au caractère ciblé de la publicité, et Do Not Collect, qui pointe l’enregistrement des données de navigation. La proposition de la DAA ne s’attaque ni à l’un, ni à l’autre : elle suggère essentiellement des outils de type opt-out, à charge pour l’utilisateur de les utiliser. En ce qui concerne une quelconque limitation sur la collecte des données, la DAA a même précisé que toute tentative à ce sujet la ferait quitter la table des négociations.
Pourtant, le groupe a tout de même réussi à avancer. Au bout de deux ans de discussions tendues sur la définition exacte, les 110 membres ont fini par s’entendre sur une définition commune de ce que doit être la fonction Do Not Track : l’expression par l’utilisateur de ne pas recevoir de publicités ciblées, basées sur sa navigation. En dépit de cette lenteur, il s’agit d’une étape significative car elle marque le rejet majoritaire de la proposition faite par la DAA. Pour autant, l’association reste dans le groupe de travail, ce qui, là encore, est un élément capital.
Un très long chemin encore à parcourir
La construction d’un standard commun ne peut dans tous les cas aboutir que si les 110 membres peuvent arriver à un consensus respecté par l’ensemble des acteurs. L’exposé de la dernière réunion par le groupe du travail en dit long sur l’ambiance tendue qui y règne, notamment car la DAA ne lâche que peu de lest, sa proposition ayant été de plus rejetée. Et pourtant, sa présence est essentielle : si elle quitte le groupe de travail, il lui suffira de repousser les tentatives dans le domaine du DNT, et la situation restera dans le statu quo. Or, le groupe de travail estime désormais que ce temps est révolu et que les évènements bougent enfin dans le bon sens, même si très lentement.
Le standard n’est pour autant pas encore à l’ordre du jour car il reste de très nombreux détails à régler, notamment sur le plan technique. La DAA compte d’ailleurs examiner chaque élément de très près, le consensus ne lui étant pour l’instant pas certain : « Nous participerons toujours à un effort qui se veut significatif, qui a du sens et qui continue de préserver les bénéfices des consommateurs face aux produits et services que nos membres offrent. Mais participer à un processus et accepter un standard raté sont deux choses différentes ».
La route sera donc encore longue.
Do Not Track : le difficile consensus autour d’un standard au W3C
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Un débat qui ne date pas d'hier
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La question cruciale de la définition
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Un très long chemin encore à parcourir
Commentaires (28)
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Abonnez-vousLe 16/07/2013 à 15h26
C’est juste une question de libertés individuelles…
Je ne veux pas de la pub, je n’en recois pas. Point à la ligne.
Maintenant, un site a tout à fait le droit de m’epecher de venir chez lui si je n’ai pas activé la pub…. j’irais ailleurs, c’est aussi simple que ca.
Enfin, on pourrait convenir de regles dites “deontologiques” pour les données personnelles controlées par un “do not track” en forme de niveaux et des publicités non agressives basées sur une charte… (pas de popup) qui bloque la lisibilité du site
Le 16/07/2013 à 15h32
En parlant de publicité, il y a un truc que je ne comprends pas.
Il y a de plus en plus de sites qui se montrent de plus en plus hostile à Adblock, allant de la simple notification, à l’interdiction d’accès.
Cependant pourquoi ces sites ne propose pas de publicité acceptable aux yeux d’Adblock, pour les utilisateurs de l’extension?
Sur un site avec forte audience, comme PC Inpact, il n’est pas possible complétement se débarrasser de régis, et de proposer soit même son programme publicitaire, et de le faire mettre en liste blanche?
Le tracking * me dérange, les publicités très envahissantes aussi, cependant je n’ai rien contre la publicité.
* Une raison pourquoi je ne fais pas de liste blanche pour PCI
Le 16/07/2013 à 15h47
Le 16/07/2013 à 15h57
Le 16/07/2013 à 17h11
Il faut payer pour être sur la fameuse blanche de Adblock. Et oui, le business plan de ces “chevaliers blancs de l’Internet libre et geek” est basé sur un racket digne de la mafia russe et qui s’attaquent a de pauvres sites qui essaient de vivre en proposant du contenu.
Cette extension est un scandale, Firefox devrait avoir honte de la proposer dans son store.
Le 16/07/2013 à 17h35
Le 16/07/2013 à 17h37
Et pourtant, sa présence est essentielle : si elle quitte le groupe de travail, il lui suffira de repousser les tentatives dans le domaine du DNT, et la situation restera dans le statu quo.
Bof, s’ils quittent la table des négociations, les navigateurs feront comme Mozilla menace de faire : ils bloqueront les cookies tiers, et les publicitaires l’auront dans le c*l pour leur tracking.
Le 16/07/2013 à 17h51
Le 16/07/2013 à 18h09
Le souci de la pub, à mon sens, est double !
Si la personne ne veut pas qu’on suive sa navigation, c’est encore son droit ! Sur sa boite au lettre, on peut par exemple afficher qu’on ne désire pas de pubs. Que le but soit différent est une chose, qu’on laisse le choix à la cible en est une autre.
On parle bien de cible " /> !
Par contre, le second souci et que la pub n’est à présent plus là uniquement pour la pub, elle est également présente pour faire vivre le personnel en place pour un site internet. Donc énormément de personnes vont empêcher ce revenu parce qu’ils ne veulent pas être pistés, parce qu’ils ne veulent pas de pubs ciblées ou autre.
Il faudrait donc qu’on puisse accepter de rémunérer le personnel travaillant sur internet tout en étant pas pistés de partout.
Le 16/07/2013 à 18h27
Le 16/07/2013 à 18h31
Il ne faut pas oublier que pour un paquet de sites vous n’êtes pas des clients mais des produits. C’est vous qu’ils vendent.
On va trouver dans ces sites tous les sites qui vous proposent des services gratuitement. On y trouveras moins les sites qui vendent des produits, eux ont un flux financier généré par leurs ventes.
Un bémol sur les sites dit : “place de marché” qui vendent parfois des produits mais surtout des emplacements, du trafic (ça, c’est nous) pour des boutiques qui leur verses un pourcentage sur les ventes. Eux on un intérêt certains à vous utiliser simultanément comme clients et comme produit.
alors, si vous (nous) allez imaginer que ces gens là ont le moindre intérêt à ce que leur produit ce mette à dire ce qu’il veut faire de son contenu (nos données), c’est perdu d’avance. La seul solution consiste à l’imposer. C’est encore possible, mais plus pour très longtemps. On a bien vu que les grands de l’internet deviennent l’équivalent de pays indépendants.
Le 16/07/2013 à 18h36
Le 16/07/2013 à 18h49
Déjà, la pub c’est “non, je n’en veux nul part”. Ensuite, collecter des données à l’insu de mon plein gré, c’est NON NON NON et NON.
A la limite, vu qu’on (ie tout surfeur) fait marcher la machine, le seul cas où je me poserai la question serait le suivant : “quitte à être considérer comme une marchandise, pourquoi ne ferais-je pas payer l’accès à la marchandise que je suis ?”.
Si les publicitaires veulent me connaitre (et donc avoir des infos pour faire leur stats et tenter de m’amadouer), ils DEVRAIENT carrément ME payer (et me laisser le choix) !
Le 16/07/2013 à 18h57
Le 16/07/2013 à 19h32
Je croyais que le harcèlement était puni par la loi, qu’est-ce que fait DAA encore là ? " />
Le 16/07/2013 à 19h39
Le 16/07/2013 à 19h46
Le 16/07/2013 à 19h47
Le 16/07/2013 à 19h53
Le 16/07/2013 à 20h52
Le 16/07/2013 à 20h55
Le 16/07/2013 à 22h38
Un standard pour limiter le ciblage des régies pubs ? " />
C’est un peu comme discuter d’un standard pour limiter les lois de la physique.
Le 16/07/2013 à 22h58
Le 17/07/2013 à 07h24
Le 17/07/2013 à 07h26
Sérieusement ?
C’est à dire que quelqu’un dans la salle a le moindre sentiment que la DAA va concéder des bouts de ce qui fait son gagne-pain ? " />
Je pense qu’au moins grâce à PCI, tout le monde connait plutôt bien le sujet maintenant, ainsi que ses tenants et aboutissants. Et bien au cas où vous doutiez encore de ce qui fait le beurre des publicitaires, tout est concentré dans cette phrase de la news:
En ce qui concerne une quelconque limitation sur la collecte des données, la DAA a même précisé que toute tentative à ce sujet la ferait quitter la table des négociations.
Voilà. Vous avez tout, là… Pour rappel tout de même : le tracking est le centre de toutes les préoccupations futures du métier, avec le sponsored ads (un moyen de camoufler la pub dans l’article genre publi) et le RTB (un moyen de faire tourner plein de pub display sans rien faire puisque ce sont les régies qui organisent des enchères en temps réel).
Donc… croyez vous sérieusement que ces discussions peuvent aboutir à un consensus à l’avantage de l’internaute ? Really ?
Ou les publicitaires “quittent la table” et le DNT n’est pas respecté et ne sert à rien, ou les conclusions sont une sorte de compromis méga mou qui ne peut absolument pas se substituer aux AB, Ghostery et consorts…
Bref, rester à l’écoute, c’est bien, investir de l’espoir dans l’issue, c’est naïf.
Le 17/07/2013 à 08h35
Google and co ont réussi là où Satan lui même a échoué : plutôt que de payer les services en argent comptant, on paye avec son âme :)
Ceci dit, si DoNotTrack échoue, il reste toujours les bloqueurs de pub ou les extensions style NoScript pour décider de ce qu’on veut ou pas.
Et la DAA peut dire ce qu’elle veut, c’est l’utilisateur du browser qui décide au final, pas elle.
Le 17/07/2013 à 09h19
Le 21/07/2013 à 11h56