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La PNIJ a intercepté 31 millions d’appels, 500 000 MMS et 500 To de datas en 2024

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La PNIJ a intercepté 31 millions d’appels, 500 000 MMS et 500 To de datas en 2024

Ecouteur militaire pour localiser l’avion par le bruit de son moteur (1917) Domaine public © Pierre Pansier/ECPAD/Défense

Longtemps brocardée pour ses retards, surcoûts et pannes à répétition, la plateforme nationale des interceptions judiciaires donnerait presque satisfaction à ses 70 000 utilisateurs. Ils pointent cependant ses problèmes d'ergonomie, de fluidité et de fonctionnalités. Initialement externalisée auprès de Thales, des travaux seraient prévus afin d'en internaliser l'hébergement, sans plus de précisions.

Le 10 octobre à 17h00

Dans un rapport intitulé « Maîtriser les frais de justice pour mieux rendre la justice », la commission des finances du Sénat constate que « leur coût a été de 716 millions d'euros 2024, en hausse de 51,2 pour cent par rapport à 2013 », alors que l'inflation n'a été que de 19,1 % dans le même temps.

Dans un premier article, nous sommes revenus sur les différents types de « frais d'enquête », les raisons de cette inflation budgétaire, pourquoi certains experts devaient attendre « plusieurs mois, voire plusieurs années », avant de recouvrir les « milliers, voire plusieurs dizaines de milliers d'euros » que l'État leur doit, le coût des expertises informatiques et le fait que le droit français et européen interdit le remplacement des traducteurs et interprètes humains par des IA.

Ce second article revient plus particulièrement sur les frais de justice en matière d'interceptions judiciaires, ainsi que sur les économies et problèmes associés à la plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ).

Comme indiqué dans le premier article, ces derniers représentent 11,3 % de la totalité des frais de justice. Ils n'ont pourtant augmenté que de 1,4 % depuis 2019, contrairement à de nombreux autres postes budgétaires qui, à l'instar des expertises médicales, ont explosé de +- 50 %.

En 2024, le coût des interceptions judiciaires a été de 81,3 millions d'euros, contre 93 millions en 2017, soit une baisse moyenne de 2 % par an. Ces 81 millions représentent toutefois une somme « très supérieure à celle prévue en début d'exercice », qui était de 61,1 millions d'euros, soit + 32,6 %, relève le rapporteur.

Cet écart, précise-t-il, peut s'expliquer par le « caractère relativement imprévisible » des dépenses en interception judiciaire, qui dépend du nombre et de la nature des enquêtes conduites en cours d'année.

La justice étant « passée d'une culture de la preuve par l'aveu à une culture de la preuve matérielle ou scientifique », le nombre des actes prescrits au cours d'une enquête par les juges ou les officiers de police judiciaire a logiquement augmenté, « en particulier s'agissant d'actes coûteux » :

« Il a ainsi été indiqué au rapporteur spécial que le juge, aujourd'hui, s'attend, dans de nombreuses affaires, à trouver dans son dossier des preuves tirées d'interceptions judiciaires ou de l'exploitation du téléphone portable de la victime. »

En l'espèce, l'enquête initiée pour retrouver Mohamed Amra (le narcotrafiquant dont l'évasion, suite à l'attaque d'un fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville, avait valu à deux surveillants d'être exécutés), avait reposé sur une utilisation « très importante » des données issues des interceptions judiciaires.

Et ce, d'autant qu'aux traditionnelles écoutes téléphoniques, s'ajoutent « de plus en plus » le recueil des données de connexion et de géolocalisation des criminels, « car les communications vocales sont souvent cryptées (sic) de nos jours », précise le rapporteur.

Un grand sentiment d'insécurité juridique chez les procureurs et enquêteurs

L'évolution des dépenses peut aussi s'expliquer par des circonstances conjoncturelles, relève le rapporteur pour qui le « creux » constaté en 2022 « semble lié aux incertitudes rencontrées cette année-là sur le régime d'accès aux données de connexion, qui pourrait représenter un risque dans les années à venir pour la conduite des enquêtes ».

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Commentaires (7)

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Comment sont faites ces interceptions techniquement ? En dehors de la faille du réseau 2g, comment arrivent-t-ils à aspirer mms sms et voix auxquels l'opérateur n'a pas l'accès normalement.
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mms sms et voix auxquels l'opérateur n'a pas l'accès normalement
Gné ?
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L’opérateur a bien accès à ces données, seules les messageries chiffrées de bout en bout permettent de se protéger de ça et encore.

Avec les metadonnées, on sait qui parle avec qui et quand et pendant quelle durée… et quel est le réseau de chacun. En sachant que les messageries demandent (on peut refuser) l’accès au carnet d’adresses du tel.
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J'ai louché sur la photo de l'article et je n'ai pas regretté le résultat 😁
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C'était des dispositifs d'amplifications du son.
Avant l'apparition des premiers radars, on pouvait repérer l'arrivée des avions Allemand (direction et avec un peu d’entraînement de l'opérateur la distance et la vitesse des appareils)
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Non, je voulais dire que c'est une photo 3D 😁

La PNIJ a intercepté 31 millions d’appels, 500 000 MMS et 500 To de datas en 2024

  • Un grand sentiment d'insécurité juridique chez les procureurs et enquêteurs

  • 3,5 millions de prestations au profit de 70 000 utilisateurs

  • 31 millions d'appels, 500 000 MMS et 500 To de datas en 2024

  • Des problèmes d'ergonomie, de fluidité, de retards et de fonctionnalités

  • 10 ans après sa création, toujours pas de policier officier de liaison

  • Réexaminer le choix d'un prestataire privé et internaliser l'hébergement de la PNIJ

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