160 ans de télécoms : de la Tour Eiffel à l’espace, en passant par le Titanic
Bah et les pyramides alors ?

Dans un monde toujours plus connecté et qui dépasse même les frontières de notre Terre, il est indispensable d’avoir une coopération internationale pour la gestion des fréquences. C’est le rôle de l’UIT des Nations unies. Elle fête ses 160 ans et a donc vu l’essor de toutes les communications modernes.
Le 19 juin à 11h32
6 min
Internet
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Le 17 mai 1865, à Paris, 20 pays signaient une convention créant l’Union Internationale Télégraphique, l’ancêtre de l’Union internationale des télécommunications (IUT). C’est « la plus ancienne agence des Nations Unies », rappelle l’ANFR. L’IUT ajoute que la « République française a joué un rôle central dans sa création ».
Du télégraphe à la télécommunication et au spatial
Les articles 4 et 5 résonnent encore aujourd’hui : « Les Hautes Parties contractantes reconnaissent à toutes personnes le droit de correspondre au moyen des télégraphes internationaux […] Elles s’engagent à prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer le secret des correspondances et leur bonne expédition ». La convention originale est disponible ici sous forme de PDF. Les comptes rendus des autres conventions se trouvent par là.



Il y a 160 ans, l’enjeu était « d’interconnecter les réseaux télégraphiques ». On remplace télégraphiques par télécommunications et l’idée reste la même aujourd’hui.
L’Agence nationale des fréquences confirme :
« Les problématiques traitées au sein du secteur des radiocommunications de l’UIT sont finalement assez proches de celles des débuts : recherche d’harmonisation, faciliter l’innovation, définition des règles de coexistence dans le respect de la souveraineté des pays dans la gestion de leurs fréquences, accès équitable ».
Signe d’un changement d’époque tout de même, la prochaine Conférence mondiale des radiocommunications (ou CMR) sera consacrée « à 80 % au spatial ». Elle se déroulera en 2027. Les CMR se tiennent en général tous les trois ou quatre ans.
La Tour Eiffel comme terrain de jeu
L’Union internationale des télécommunications explique que si la Tour Eiffel, est toujours en place, c’est « en grande partie grâce à l’émergence de la radio ». Elle a été construite pour l’Exposition universelle de 1889, soit 34 ans après la signature de la convention, mais celle qui est désormais l’emblème de la France a servi dès le début des années 1900 à des expérimentations scientifiques, notamment dans les radiocommunications : « En 1908, les émissions atteignaient jusqu’à 6 000 kilomètres ».
C’est à la même période que la première Convention radiotélégraphique internationale est lancée, en 1906, en parallèle de la Convention télégraphique internationale. En 1932, les deux conventions fusionnent pour former la Convention internationale des télécommunications. Elle s’occupe de la télégraphie, de la téléphonie et des radiocommunications.
« Le désastre du Titanic aurait pu être évité »
La première convention radiotélégraphique « portait essentiellement sur le service maritime pour éviter les brouillages, donner la priorité à la détresse et à la sécurité, et assurer l'interopérabilité entre les systèmes », explique Éric Fournier de l’ANFR. Elle a aussi « imposé comme signal de détresse le SOS ».
Il ajoute une petite anecdote : « tout n'était pas parfait, le désastre du Titanic [qui a fait naufrage en 1912, ndlr] aurait pu être évité si l'opérateur radio avait écouté les messages d'alerte aux iceberg, plutôt que de privilégier les correspondances publiques. Et les secours auraient pu arriver beaucoup plus vite s'il y avait eu des obligations d'emport des équipements radio et de veille sur tous les navires ».
Les conférences ultérieures en « ont en tiré les leçons ». C’est courant comme manière de faire : en cas d’incident, les causes sont recherchées et identifiées afin d’éviter que cela ne se reproduise. C’est même une règle d’or dans l’aviation et on aimerait que ce soit aussi le cas dans le numérique. En cas de grosse panne ou bug, publier un post mortem détaillé permet d’informer les autres acteurs du secteur qui peuvent ainsi vérifier s’ils peuvent être concernés et, le cas échéant, prendre des mesures.
Protéger la radioastronomie, accompagner la téléphonie
En 1963, la conférence a pour la première fois attribué une bande de fréquence exclusive pour la radioastronomie : les 1,4 GHz (pour l’hydrogène). Aujourd’hui encore, la guerre est féroce sur les ondes entre les scientifiques et les intérêts financiers des grandes sociétés et des pays.
« Pas mal de gens pensent que les bandes passives [aucun service actif n’est autorisé, ndlr] prennent du spectre et que ce serait pas mal qu’elles soient utilisées par des émetteurs actifs […] Elles sont très convoitées, on a de plus en plus de mal à les défendre, c’est de plus en plus compliqué […] Le spectre est de plus en plus rare et difficile d’accès », résumait Thibault Caillet, expert en ingénierie du spectre à l'ANFR.
Pour Éric Fournier, « une autre réussite de l'IUT a été d'accompagner l’essor des communications mobiles avec l'harmonisation depuis plus de 30 ans des fréquences, mais aussi des technologies IMT » ou International Mobile Telecommunications.
2,6 milliards de personnes toujours pas connectées
À l’occasion de cet anniversaire et de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (fixée au 17 mai), les Nations Unies affirment que « combler le fossé numérique entre les hommes et les femmes ouvre des perspectives à tous ».
L’IUT rappelle de son côté que « sur les 2,6 milliards de personnes qui ne sont toujours pas connectées, la majorité sont des femmes et des filles ». « À l’échelle mondiale, 70 % des hommes utilisent Internet, contre 65 % des femmes », indique l’Union dans son bilan.
Il y a aussi de fortes disparités entre les continents. L’Afrique est sans surprise en dernière position avec seulement 31 % de femmes connectées et 43 % des hommes. En Europe, nous sommes à respectivement 90 et 92 %.

160 ans de télécoms : de la Tour Eiffel à l’espace, en passant par le Titanic
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Du télégraphe à la télécommunication et au spatial
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La Tour Eiffel comme terrain de jeu
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« Le désastre du Titanic aurait pu être évité »
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Protéger la radioastronomie, accompagner la téléphonie
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2,6 milliards de personnes toujours pas connectées
Commentaires (22)
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Abonnez-vousModifié le 19/06/2025 à 12h09
Ensuite le commandant a juste appliqué la procédure habituelle à l'époque, naviguer à pleine vitesse pour quitter au plus vite la zone dangereuse. La radio n'y aurait rien changé, c'est juste pas passé cette fois-ci. et la mauvaise manœuvrabilité du bateau n'a pas aidé.
Modifié le 19/06/2025 à 13h40
1- la compagnie avait décrété que ce nouveau type de navire était, quoi qu'il en soit, insubmersible au motif qu'il disposait d'un nouveau type de sécurité (la double-coque à compartiments étanches encore utilisée sur les navires actuels) et parce qu'il fallait rattraper le retard du voyage inaugural
2- les vigies qui surveillaient les gros glaçons n'y voyaient rien dans la nuit absolument noire (nouvelle lune, eau calme sans remou, équipements oubliés à quai), sans compter le froid qui glaçait leur visage et dont tout le monde se fichait royalement des conditions de travail
3- la température est passée en dessous de 0°C et aurait dû engager la compagnie à ralentir drastiquement l'allure
4- la construction du navire a eu du retard, ce qui a précipité sa mise à l'eau (à ce propos, le Titanic n'a pas eu le temps de faire sa cérémonie de baptême) et qui a incité à augmenter la vitesse du navire
Cela-dit, le fait que les radios aient privilégié les messages des voyageurs aux messages de sécurité est symptomatique de cette époque où régnait une confiance absolue dans la technologie et un sentiment de supériorité européenne sur le monde (juste entre la période victorienne et le début de la 1ère guerre mondiale qui marque le déclin des empires européens). Parce que les techniciens radios étaient payés pour diffuser des messages tout public et ne percevaient pas de supplément pour les messages techniques destinés à l'équipage.
Le 19/06/2025 à 13h51
Sans compter la hauteur de ces cloisons très insuffisante (à cause de critères purement esthétiques !) qui a accéléré le naufrage quand l'eau a commencé à passer par-dessus et envahir les compartiments d'à côté.
De toute façon, le naufrage du Titanic est un cas d'étude de tout ce qu'il ne faut pas faire en matière de navigation maritime, mélangé à une grosse part de "pas d'bol". Quand on étudie toute son histoire, on se dit que c'était écrit quelque part qu'il devait couler.
Modifié le 19/06/2025 à 14h02
Modifié le 19/06/2025 à 16h24
Ex: un radiateur en fonte, il tombe par terre, avec le choc, il se brise car très peu d'élasticité face à des contraintes mécaniques.
La différence entre fonte et acier ?
- Acier : taux de carbone inferieur < à 2 %
- Fonte : taux de carbone supérieur à > 2 %
Bref le Titanic n'était pas loin d'être fait dans de la fonte...
Le 19/06/2025 à 21h56
Le 19/06/2025 à 23h24
Je pensais que le chantier naval avait utilisé un acier qui n'était pas le meilleur du meilleur de l'époque...
Le 19/06/2025 à 23h31
On le voit très très bien dans le film de James Cameron, quand 2 membres d'équipage sont dans une cale qui sert de garage, à la recherche des 2 autres qui sont en train de se "tenir chaud" et faire de la buée sur les vitres dans une voiture dont ils ont squatté temporairement la plage arrière...
et là en effet on voit bien des plaques entières de la coque qui sautent les unes après les autres dû au choc avec l'iceberg.
Le 20/06/2025 à 10h45
Quant au film de Cameron, même s'il est très proche de ce qui semble s'être passé dans la réalité, il est basé sur ce qu'ils savaient en 1996, et je pense qu'il a juste eu du bol en supposant que c'étaient les rivets qui avaient sauté, et pas l'acier qui s'est déchiré. 😅 La déchirure est enfoncée sous les sédiments, et c'est après le film (je ne sais plus en quelle année par contre) qu'on a pu l'étudier grâce à une sorte de sonar ; c'est d'ailleurs là qu'on a remarqué qu'il ne s'agit en fait que de quelques "lignes" de 3cm de haut seulement , et dont la surface totale n'est pas plus grande qu'une porte de placard. 😕
Sinon rien à voir, mais en réalité la poupe ne s'est pas levée si haut dans le ciel par rapport à ce que montre le film, et le bateau s'est cassé en deux alors qu'il était enfoncé un peu plus profondément dans l'eau. Sur YouTube il y a des animations récentes basées sur les dernières simulations, mais encore une fois, en 1996 on n'avait pas les moyens d'étudier le naufrage aussi précisément que maintenant (et vraiment, à peu de choses près, le film de Cameron est presque un documentaire tellement il est fidèle 👍🏻 ).
Modifié le 21/06/2025 à 10h33
1 - Dans la scène où l’on voit tout le vaisselier se briser au sol quand le meuble bascule dû au tangage trop important du navire, la proue déjà bien bien sous l'eau et bien apparemment ce n’était pas de l’assiette de chez Ikea. Non, mais de la véritable assiette en porcelaine, faite comme à l'époque en 1910 (un peu dommage tout ce bris d'assiettes mais l’exactitude avant tout...).
2 - Sinon l’exemple "ultime" du souci du détail absolu, quand le Dr. Neil deGrasse Tyson, PhD en astrophysique & directeur de l’Hayden Planetarium à New York lui avait fait remarquer plus tard après la sortie du film que la position des étoiles dans le ciel n’apparaissait pas de manière conforme comparée à la position réelle des étoiles visibles durant la nuit du 14 Avril 1912 @ 41°43" Nord - 49°56" Ouest.
Pour la sortie en 2012 – 15 ans plus tard donc – de la réédition 3D, cette scène a été modifiée pour correspondre exactement à la position correcte des étoiles dans le ciel de cette nuit-là.
Sinon, j’avais cherché aussi des vidéos YouTube sur l’hypothèse : « et si le Titanic se serait pris l’iceberg - volontairement - de pleine face plutôt que de chercher à l’éviter à tout prix ?» :
1 - Et bien apparemment d’après les simulations numériques en modélisant proprement la structure du navire et ainsi qu’en prenant le bon grade et les bons coefficients associés de résistance des matériaux des aciers et autres alliages utilisés, la collision aurait été « catastrophique » au sens du mot anglais "catastrophic" :
"au-delà de l’acceptable du bon fonctionnement d’un système, irréparable, qui mène à sa destruction certaine et définitive à court terme."
S'applique par exemple à une machine, un navire, un avion, un building, etc…
2 - De toute façon, il n’y avait aucune procédure explicite qui mentionnait que l’on devait in fine essayer de se prendre un iceberg en pleine tronche si on ne pouvait vraiment pas faire autrement. Seul le capitaine aurait pu dire à la rigueur : « Garder le cap, machines arrière toutes" mais à 1h du mat, le privilège quand on est capitaine c’est d’avoir le droit d’être dans son lit et de dormir, le XO (le 1er officier, le Second en Français…) étant en charge à se peler les
3 - Enfin vu l’énorme inertie du navire, bien incapable de savoir quelques minutes à l’avance si ça va le faire ou non, s’il faut finalement lui foncer dessus, sur cet iceberg sauf à moins d’avoir essayé plusieurs fois de suite avant pour savoir à quel moment et à quelle vitesse ça pouvait passer ou pas...
Bref, pas de bol, à quelques rivets près et donc à un SEUL compartiment étanche près…(sur les 4-5 qui ont bien bu la tasse et tout le reste ensuite après).
Modifié le 21/06/2025 à 14h02
En effet, il n'y a pas besoin de cette caricature pour expliquer la rupture qui s'est produite assez rapidement compte tenu de la conception de la coque :
1) la coque ne comportait pas vraiment de poutres de la poupe à la proue comme on pourrait l'appeller quille sur une coque en bois.
2) le tôle et de fins longerons étaient seuls sur les membrures et devaient reprendre un effort de traction de plusieurs milliers de tonnes.
3) on voit nettement une courbure sur l'épave indiquant que la déchirure a débutée par le haut du creux juste au dessus des chaudières. Ce qui indique que la submersion de la proue a elle seule a déclenchée la déchirure.
4) la poupe a coulée sans se lever et sans apiration puisque le fond de cale avait les mêmes problèmes de résistance à la traction que le creux. Cependant, elle a aussi coulée à cause du gîte résultant de la voie d'eau qui s'est logiquement accentué lorsque la proue était sous l'eau et a peut-être tiré un bref instant du même côté, démultipliant ainsi le gîte primitif de la poupe. Ils n'avaient aucune chance de flotter...
CQFD
Le 19/06/2025 à 12h57
Le 19/06/2025 à 14h30
Le 19/06/2025 à 16h16
(du moins dans la version feuilleton TV des années 70)
Le 19/06/2025 à 21h15
Modifié le 19/06/2025 à 23h40
Le 19/06/2025 à 17h57
Modifié le 21/06/2025 à 10h36
@Dj @Inodemus @Gldump92
La vitesse de transmission du télégraphe Chappe était quasiment égale à Mach 1 (sans nuage ni brouillard et de jour aussi bien sûr) , soit ~ 1200 km/h .
La distance Paris – Marseille est quasiment égale à 620 km (environ).
Donc un ping Paris-Marseille aurait pris (en théorie) juste environ… 1h seulement !
Bon, après en terme de débit - bande passante, là il ne fallait pas trop en demander non plus… (SMS only please…)
Modifié le 21/06/2025 à 17h07
Début des années 2000 j'envoyais des DVDs gravés (souvent 4 DVDs pour 2 ou 3 timbres je sais plus) dans une enveloppe sans aucune boîte soit 18 Go alors qu'on avait au mieux 128 kB/s en upload. Soit 2-3 jours de transfert au lieu de 14 jours avec une connexion rendue inutilisable par la saturation de l'upload. Et les timbres ne coûtaient pas 1,40€ à l'époque.
Modifié le 21/06/2025 à 14h26
Début des années 90, ça m'arrivait d'envoyer des disquettes 3pouces 1/2 de 1,44Mo (Jeux sur ATARI ST) par la Poste... bon je pense que les modems 2400 bauds de l'époque devaient quand même réussir à arriver 1ers...
Sinon :
"parfois des pertes de paquets" : Excellent !!
Le 19/06/2025 à 18h10
Très, mais alors très difficile dans la culture d'entreprise toxique promue par un capitalisme libéral. Car reconnaître une erreur, c'est être mauvais/incompétent.
Rajoutez par-dessus l'ouverture au monde ("transparence" est un mot encore trop fort/lointain vu la situation) que nécessite un tel exercice, comparée à l'opacité, le nombrilisme et le recroquevillement sur soi concernant l'activité opérationnelle, et il devient évident que si l'on veut voir cet exercice se généraliser, il va falloir sortir le maillet d'une régulation par obligation, et arrêter l'arrosage automatique, faiblement conditionné, et non-contrôlé des subventions que réclament sans cesse les entités concernées.
Il serait effectivement bon d'obliger les entreprises à la transparence, à long-terme.
Un angle pourrait être d'aller les chercher juridiquement sur les licences open-source qu'elles ne respectent pas, les obligeant pourtant théoriquement à libérer tant de choses.
C'est un véritable changement de culture que je souhaite de mes vœux les plus chers, afin que la créativité soit à la base de l'émulsion d'idées faisant germer des produits mélioratifs, et non pas la matraque du scellé qui nivelle par le bas.
Imaginez des post-mortem généralisés permettant à tout le monde d'améliorer ses pratiques sans nécessiter que tout le monde doive individuellement rencontrer les mêmes problèmes…
Modifié le 21/06/2025 à 13h44
Les trames CPL G3 des compteurs se propagent dans toutes les installations électriques, en particulier les installations à quai.
Les radiofréquences (35 à 95KHz) sont pourtant réservées à la radionavigation maritime. (source : TNRBF et EN50060)
Faut-il en conclure que Titadis est insubmersible par temp clair en haute mer mais coule par brume épaisse et petit fond ?
Ou alors, faut-il en conclure que la hantise de l'iceberg justifie l'échauffement électromagnétique des molécules de l'atmosphère pour tous ?