75 % d’abonnements à la fibre en France ? Oui, mais ce n’est pas si simple
T'es Ok, T'es Bath, T'es fibre ?

Comme chaque trimestre, l’Arcep publie son observatoire du déploiement et des abonnements sur le fixe. L’occasion de faire le point sur les abonnements, mais aussi sur le déploiement de la fibre optique et le réseau cuivre.
Le 14 mars à 11h52
5 min
Droit
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Au 31 décembre 2024, la France comptait 32,564 millions d'abonnements haut débit et très haut débit (respectivement débits descendants théoriques d’au moins 8 et 30 Mb/s) sur réseaux fixes. Dans le détail, 26,723 millions sont en très haut débit, dont 24,391 millions en FTTH. Il reste 5,201 millions de clients encore en xDSL en haut débit.
« Trois quarts des abonnements Internet sont en fibre optique »
« Fin décembre 2024, plus de huit abonnements internet sur dix sont désormais à très haut débit [82 % des 32,564 millions, NDLR]. Trois quarts des abonnements Internet [haut et très haut débit, ndlr] sont en fibre optique », résume le régulateur des télécoms.
Maintenant, si on se base sur le nombre de locaux couverts par le très haut débit (41,8 millions), on tombe alors à seulement 64 % des clients qui en profitent. On descend même à 60 % de clients en FTTH par rapport au nombre total de locaux éligibles à la fibre (40,60 millions).

44,646 millions de locaux, et moi et moi
Et c’est encore moins si l’on prend en compte le nombre de locaux en France. Ils sont, en effet, 44 646 000 selon la « meilleure estimation » de l’Arcep. Cela nous donne donc 55 % d’abonnement en fibre par rapport au nombre total de locaux sur l’Hexagone.
Le déploiement est une course contre-la-montre puisque de nouveaux locaux s’ajoutent régulièrement (constructions neuves par exemple). En trois mois, ils sont ainsi 163 000 de plus, 546 000 sur un an et plus de 1,2 million sur deux ans.
La lente agonie du câble de SFR
On voit baisser trimestre après trimestre le nombre de clients sur du câble coaxial (chez SFR) : de 0,707 million fin 2023, on est à 0,502 million fin 2024. SFR nous expliquait que la fermeture de son réseau câble était en marche et devrait durer encore quelques années.
Le réseau reste encore largement présent puisque plus de 9 millions de locaux sont encore couverts par des « réseaux à terminaison en câble coaxial », en baisse de 1 % sur un an. Presque tous sont à 100 Mb/s minimum, mais il en reste encore 75 000 à 30 Mb/s, selon l’Arcep. Nous parlons ici de locaux couverts, pas de clients.
Il n’est pour rappel plus possible depuis longtemps de souscrire au câble si la fibre est disponible, mais SFR propose toujours des abonnements THD avec « une box THD de SFR ». Cette offre est disponible « sous réserve d’éligibilité et de raccordement à la fibre optique avec terminaison coaxiale du domicile du client ».

Des déploiements au ralenti
Selon le décompte de l’Arcep, au 31 décembre 2024, « le nombre de locaux couverts en FttH atteint 40,6 millions de locaux, soit une progression de + 680 000 locaux au cours du quatrième trimestre 2024 (+ 7 % en un an) ». Toutes technologies confondues, on passe à 41,8 millions de locaux couverts par le très haut débit, soit 94 % des locaux recensés, contre 91 % pour le FTTH seul.
Le quatrième trimestre de l'année est généralement le théâtre de déploiements massifs (jusqu’à 1,9 million fin 2020), mais le rythme ralentit depuis quelques années. Fin 2023, il était encore question de 973 000 locaux supplémentaires.
Voici le détail par zone :
- Zones très denses (94 % de locaux éligibles) : 50 000 locaux supplémentaires, reste 500 000 locaux à rendre raccordables.
- Zones moins denses par des Réseaux d’Initiative Publique ou RIP (89 % de locaux éligibles) : 370 000 locaux supplémentaires, reste 2 millions de locaux à rendre raccordables.
- Zones moins denses d’initiative privée (92 % de locaux éligibles) : 210 000 locaux supplémentaires, reste 1,4 million de locaux à rendre raccordables.
- Zones AMEL ou appels à manifestation d'engagements locaux (89 % de locaux éligibles) : 50 000 locaux supplémentaires, reste 180 000 locaux à rendre raccordables.

L’Arcep note encore une baisse sur les zones très denses : « Depuis plus de trois années, le rythme de déploiement de la fibre optique dans les zones très denses ralentit fortement. Au quatrième trimestre 2024, 50 000 locaux ont été rendus raccordables dans ces zones, soit - 25 % en un an par rapport au quatrième trimestre 2023 ».
Zones AMII et réseau cuivre
Pour ce qui est des engagements en zone AMII, Orange est à environ 92 % de ses engagements, contre 97 % pour SFR. Face au retard, l’Arcep multiplie les mises en demeures. La dernière en date remonte à juin dernier contre Orange et XpFibre (anciennement SFR FTTH) avec un délai jusqu’au 31 janvier 2026.
Dernier point abordé, le réseau cuivre. L’Arcep note une baisse de deux points du pourcentage de lignes ouvertes au VDSL2. Rien de surprenant, ce sont là les prémices du vaste plan de fermeture du réseau cuivre qui doit se dérouler jusqu’en 2030.

75 % d’abonnements à la fibre en France ? Oui, mais ce n’est pas si simple
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« Trois quarts des abonnements Internet sont en fibre optique »
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44,646 millions de locaux, et moi et moi
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La lente agonie du câble de SFR
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Des déploiements au ralenti
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Zones AMII et réseau cuivre
Commentaires (6)
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Abonnez-vousLe 14/03/2025 à 12h11
Le 15/03/2025 à 08h31
Par convention également, on désigne un accès internet « très haut débit » lorsqu’il permet d’offrir un débit supérieur à 30 Mbits/s. Le « très haut débit » est atteignable par différentes technologies : le réseau en cuivre (lorsque le domicile de l’abonné est suffisamment proche du central téléphonique), le câble coaxial, certains réseaux radio, et la fibre optique jusqu’à l’abonné (FttH). La fibre optique est néanmoins le support qui offre le plus de performance et d’évolutivité ; les réseaux de fibre optique se déploient ainsi progressivement sur le territoire, pour constituer le réseau de référence de demain. »
https://www.arcep.fr/nos-sujets/la-couverture-internet-fixe-a-haut-et-tres-haut-debit.html#c757
Modifié le 14/03/2025 à 13h22
…
T'as besoin de tendresse
T'as tellement de problèmes
Supporte ta jeunesse
Et viens boire un café crème » ☕
Édit : l'illustration de l'article est très réaliste. 🫣
Modifié le 14/03/2025 à 13h44
Le 14/03/2025 à 13h48
C'est là où des malchanceux se sont aperçu qu'il manquait des prises dans les armoires de raccordement.
Et je vous en passe car
Tout ça pour dire que mettre en demeure quelques promoteurs (bien qu'ils soient déjà demeurés) serait sûrement une bonne chose aussi.
Modifié le 15/03/2025 à 03h48
Déjà à l'époque il y avait des acronymes comme FTTH ou FTTB permettant de faire la distinction entre les maison et immeubles reliés et ceux qui se faisaient avoir avec des boucles locales autres (restées cuivres ou coaxiales). Je passe sur le bordel privé en immeuble (syndics ou autre) au-delà des FTTB.
À titre anecdotique, mais vécu par bien trop de monde, certains revendeurs (comme Bouygues Telecom notamment) violaient même la promesse du FTTH et envoyaient des techniciens avec un câble coaxial le jour du "raccordement" (qui n'était qu'un branchement de box au coût de revient lunaire).
Que l'Arcep ne fasse toujours pas un tri clair ne peut donc signifier qu'ils ne souhaitent décidément pas refléter la situation des utilisateurs, accessoirement la nation française, mais celles des opérateurs qu'ils choient, accessoirement de pures entités économiques.
Cela fait même longtemps que cela se voit, pourrait-on même arguer.
Qui sont-ils censés représenter ? D'où vient la raison d'être de leur existence ? Quelle est la source primaire de leur financement ?
Grande première avec Internet, le déploiement d'infrastructures majeures de communication n'est pas réalisé ni l'objet final possédé par une entité contrôlée publiquement, comme cela l'était à l'époque, mais par une myriade d'entités privés, dont l'objectif est le profit et non pas un service public (sauf si on les y contraint de manière appuyée/intrusive).
Quand réapprendrons-nous autre chose que l'orthodoxie "le privé c'est bien/mieux" sans ouvrir les yeux ? Ça urge, car les conséquences de la casse nous envoient dans un ravin bien pire.