Qu’est-ce que Manus, la nouvelle IA qui fait parler d’elle ?
Manus et mens

Depuis une semaine, Manus IA agite la communauté de l’intelligence artificielle. Présentée comme un potentiel premier agent intelligent, l’outil s’appuie sur plusieurs modèles de langage déjà connus.
Le 11 mars à 14h38
4 min
IA et algorithmes
IA
D’abord Deepseek, maintenant Manus : au pays des agents d’intelligence artificielle (IA), la Chine n’a pas fini de faire parler d’elle. Quelques jours après avoir été présenté au public, Manus attire les foules – son Discord officiel a grimpé au-delà des 180 000 membres en quelques jours –, le responsable produit d’Hugging Face Victor Mustar le qualifiant même d’« outil IA le plus impressionnant que j’aie jamais essayé ».
Dans une vidéo publiée le 5 mars et rapidement devenue virale, le directeur scientifique et cofondateur de Manus AI, Yichao « Peak » Ji, présente le produit comme un « agent complètement autonome », le « prochain paradigme de la collaboration humain-machine ». Manus est même décrit comme un agent d’intelligence artificielle générale (AGI), théoriquement capable de planifier puis d’exécuter des tâches sans supervision humaine.
L’esprit et la main
Avec son nom tiré de l’expression latine Mens et Manus, « l’esprit et la main » (qui est aussi la devise du Massachusetts Institute of Technology), Manus est édité par the Butterfly Effect, une société installée à Singapour. Financée par Tencent et cofondée deux mois avant la sortie de ChatGPT, cette entreprise chinoise a déjà rendu public un précédent produit, un assistant intelligent nommé Monica, rapporte le South China Morning Post.
En pratique, les cas d’usage présentés par Manus sont prometteurs. Si vous cherchez un appartement, l’IA parait capable d’analyser les annonces du marché en fonction des critères que vous lui avez soumis, pour ensuite produire une liste correspondant à ce que vous cherchez. Pour l’organisation de voyages, le développement de sites web ou encore de l’analyse de politiques d’assurance, elle est capable de planifier les tâches susceptibles de fournir un résultat fouillé.
L’engouement pour le produit a par ailleurs été alimenté par les modalités d’accès au test : comme le réseau social Bluesky a ses débuts, Manus distribue un nombre restreint d’invitations à ses beta testeurs, qui peuvent ainsi inviter d’autres beta testeurs, et ainsi de suite. Une manière d’adapter de manière progressive le nombre de serveurs nécessaires aux usages constatés… mais aussi de créer l’attente.
Claude et Qwen à la manœuvre
Au fil des expérimentations rendues publiques, cela dit, le fonctionnement exact de Manus s’est précisé. Alors que les cofondateurs de la société décrivent Manus comme supérieur aux outils Deep research et Operator d’OpenAI, notamment sur le benchmark GAIA, plusieurs testeurs ont rapporté des bugs, erreurs factuelles et de grosses lenteurs.
Surtout, Manus s’appuie visiblement sur le modèle Claude d’Anthropic. Si la comparaison du nouveau produit avec le modèle DeepSeek a d’abord été largement reprise, notamment par les médias chinois, de nombreux internautes se sont néanmoins étonnés que le fonctionnement réel de Manus ne soit pas rendu directement public.
Le 10 mars, Yichao Ji a lui-même précisé sur X utiliser Claude et le modèle Qwen d’Alibaba.

En Chine, souligne le South China Morning Post, nombreux sont les entrepreneurs – dont l’autre cofondateur de Butterfly Effect Red Xiao Hong – qui appellent à créer des applications concrètes aux grands modèles de langage, plutôt que de nouveaux modèles en tant que tels.
Dans un contexte d’intenses restrictions sur les exportations de GPU imposées par les États-Unis, le cofondateur de Baidu Robin Li Yanhong a par exemple regretté qu’en 2023 « une concurrence intense entre plus de 100 LLM s’est développée en Chine, ce qui a provoqué un gaspillage important des ressources, notamment de puissance de calcul ».
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Commentaires (4)
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Abonnez-vousLe 11/03/2025 à 17h11
Je suis complètement d'accord qu'il faut plus d'applications concrètes des LLM, plutôt qu'une course aux LLM eux-mêmes.
Le 12/03/2025 à 11h37
Pour les cas d'usage on les cherche encore dans l'immense majorité. Aujourd'hui on en est (en grande majorité) à plonger dedans juste par peur de louper quelque-chose. Et on peut plonger parce que y a des milliards de capital-invest (i.e. la première dose de drogue gratuite). et déjà ça suffit pour faire des dégats (journalistes, traduction, etc...) qui rendront un retour en arrière difficile. Une fois que t'as viré tout le monde, les gens ont bifurqué leur carrière, et c'est souvent trop tard pour revenir en arrière. Et c'est bien le but de la manoeuvre. faire de la terre brûlée pour qu'il ne reste qu'eux après.
Le 12/03/2025 à 12h10
De mon avis, qui vaut ce qu'il vaut, arrêter cette course et se pencher sur des usages concrets poussera à faire diminuer la bulle actuelle, à faire des économies de ressources (financières, énergétiques, etc), à restreindre les licenciements/remplacements sans réelle valeur ajoutée (actuellement on navigue à vue, surfant sur la hype), etc.
Je trouve que le contexte actuel se rapproche, grossièrement, de celui de la course à l'acier entre les USA et l'URSS dans le passé. On produisait toujours plus d'acier dans chacun des deux camps, sans avoir de réels besoins concrets. C'était une course en avant, qui permettait à chacun d'exposer son avance industrielle.
Là, avec cette course aux LLM, on tombe en quelque sorte dans les mêmes travers.
Le 12/03/2025 à 14h12
En chinois, il est écrit d'abord le nom puis le prénom. Mais lorsqu'on lit un article non chinois qui parle d'un chinois, il est plus souvent écrit prénom puis le nom. C'est super galère.
Du coup, ce genre d'erreur est tour à fait excusable.
Toujours sur le même sujet, ce qui est moins excusable, ce sont les journaux qui commentent la vidéo du site manus.im et écrivent que "Xiao Hong montre les capacités de Manus ...". C'est écrit dès la 3ème seconde dans la vidéo que le mec s'appelle Yichao "Peak" Ji. Bande de