Les ministères (encore une fois) priés de dévoiler leurs dépenses en logiciels
Saison 3, par Isabelle Attard
Le 01 septembre 2015 à 08h12
5 min
Droit
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Isabelle Attard ne lâche pas le morceau. La députée (ex-EELV) vient de demander pour la troisième fois aux différents ministères de dévoiler leurs dépenses en logiciels, alors que l’exécutif s'était montré jusqu'ici relativement discret sur ce dossier...
C’est une salve de 17 questions écrites que lance aujourd’hui l’élue du Calvados : une pour chaque ministre de plein exercice du gouvernement Valls (Économie, Défense, Justice, Intérieur, Santé, etc.), plus une dernière pour le locataire de Matignon. Tous sont invités à présenter les suites données à la circulaire Ayrault de 2012, qui place sur un même pied d’égalité logiciels libres et propriétaires. Plus concrètement, Isabelle Attard voudrait savoir :
- Si des « études d'opportunités de migration de logiciels » ont été menées par l’administration, et si ce critère a été intégré dans les appels d'offres.
- S’il y a des projets en cours de migration de logiciels propriétaires vers des logiciels libres (de Microsoft Office à Libre Office par exemple).
- Si des « sources de logiciels développés en interne ou par un prestataire » ont été mis à disposition des ministères et des administrations qui en dépendent.
La parlementaire demande enfin à connaître « le montant des dépenses en logiciel, en distinguant les logiciels propriétaires des libres, au sein [de chaque] ministère et des administrations qui en dépendent, pour chaque année de 2008 à 2014 ».
Isabelle Attard confrontée au silence de certaines administrations
Ces questions ont un petit goût de réchauffé dans la mesure où ce sont sensiblement les mêmes que celles posées en mai 2013 au gouvernement Ayrault, puis en juin 2014 au (premier) gouvernement Valls. Isabelle Attard en profite en fait chaque année pour demander les chiffres de l’année précédente. Le tableau ci-dessous retrace d’ailleurs les quelques informations glanées suite aux demandes d’il y a deux ans.
L’année dernière, la salve de questions de la députée s’était cependant révélée bien moins fructueuse... Huit ministères (sur dix-sept) n’ont d’ailleurs toujours pas donné de réponse à l’élue, en dépit de ses multiples relances : Éducation nationale, Culture, Justice, Finances, Économie (et Numérique), Santé, Jeunesse et sports ainsi que Fonction publique.
Des interrogations « pas faciles à cerner » selon la DISIC
Les éléments transmis par les administrations ayant davantage joué le jeu se sont quant à eux avérés décevants... Le ministère du Logement expliquait ainsi la semaine dernière que l'évaluation de la mise en œuvre de la circulaire Ayrault faisait l'objet « de travaux interministériels visant à mesurer, en volume et en valeur, l'évolution de l'usage des logiciels libres et propriétaires, grâce à un ensemble d'indicateurs rassemblés dans un tableau de bord ». Sauf que si la conception cet outil a débutée « au cours du premier semestre 2014 », sa « finalisation » nécessitait « encore des travaux sur la seconde partie de l'année [2014, ndlr] », selon l’exécutif. Résultat, Isabelle Attard n’a eu droit qu’à une vague « évaluation » des logiciels acquis par l'État dans son ensemble (administrations centrales et déconcentrées) sur la période 2008 - 2013 : 241 millions d’euros en 2008, 297 en 2009, 266 en 2010, 308 en 2011, 219 en 2012, et 207 en 2013.
En octobre dernier, le ministère de la Défense promettait pourtant à la députée que la mise en œuvre de ce tableau de bord permettrait d’apporter « une réponse complète à sa question », sous-entendu ultérieurement et avec bien plus de précisions. Jacques Marzin, le numéro un de la Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication de l’État (DISIC), nous assurait d’ailleurs il y a quelques mois, au travers d’une interview, que ses services étaient « en train de préparer la réponse [aux] dernières questions » d’Isabelle Attard. Voici ce qu’il nous expliquait à cet égard :
« Les interrogations qu'elle soulève ne sont pas faciles à cerner. Nous savons combien coûtent les logiciels propriétaires, puisqu'il suffit de cumuler le coût des licences – bien que ça suscite quelques approximations, notamment quand les licences sont intégrées dans le matériel, comme pour tous les PC sous Windows. Mais quand on parle de calculer le coût d'un logiciel libre... Moi, calculer le coût d'un logiciel gratuit, j'ai un peu du mal ! Entre le support qui est souvent éclaté et le temps de travail des agents, c’est très complexe. D’autant que nous ne disposons pas à l’échelle de l’État de paie analytique qui permettrait de décompter les ETPT attachés à la maintenance de souches libres.
Je peux par contre parler de taux de pénétration du libre, puisque nous mettons progressivement en place des indicateurs traduisant son utilisation, segment par segment. 60 % des fonctionnaires de l'État utilisent des outils de communication libre (mails, agenda, contacts...). Je suis capable de vous dire combien coûtent les 40 % restants qui utilisent du Microsoft. Mais pas en détail combien coûte le libre à l'administration. »
En théorie, les ministères interrogés disposent de deux mois pour répondre à Isabelle Attard. À l’heure où le gouvernement n’a de cesse de vanter les mérites de la transparence et de l’Open Data, un nouveau silence de la part de l’exécutif paraîtrait paradoxal, d’autant que le Premier ministre a parfois fait référence au logiciel libre lors de ses récents discours... Certains noteront cependant que cela n'a pas empêché les ministères sociaux (Santé, Travail...) de conclure l'année dernière avec Microsoft un contrat « Open Bar » de plus de 11 millions d'euros, subséquent au célèbre marché passé un peu plus tôt par le ministère de la Défense.
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Des interrogations « pas faciles à cerner » selon la DISIC
Commentaires (59)
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Abonnez-vousLe 01/09/2015 à 08h41
Le logiciel propriétaire est l’émanation d’une industrie qui soutient (et profite) de l’économie de la rente. On attendrait logiquement d’un gouvernement socialiste qu’il prenne ouvertement et clairement parti pour une économie du logiciel qui privilégie le revenu du travail.
Le logiciel libre est gratuit (définitivement) une fois qu’il est payé [dixit François Elie, Président de l’ADULLACT - (Association des Développeurs et des Utilisateurs de Logiciels Libres pour les Administrations et les Collectivités Territoriales.) dans « Économie du logiciel libre » - Éditions Eyrolles - 2008.
Ces guignols sont soit bêtes comme leurs pieds ou corrompus jusqu’à la moëlle ! " />
Le 01/09/2015 à 08h42
a vrais dire je ne sais pas trop la raison qui pousse a changement
de ce que j’ai pus comprendre nous devenons indépendant du MEDDE (en particulier niveau informatique avec notre propre réseaux) et donc de mon point de vus, c’est pour la différenciation … (bon certes également pour les quelque incompatibilité avec les collaborateur extérieur qui bosse sur du MS Office du fait des quelque soucie avec les tableur en particulier)
pour le SI dans le quel je suis cela est plutôt contre productif (voir même totalement) car la grande majorité du utilisateur ne se plein pas de LibreOffice ni de Thunderbird qui font parfaitement le boulot et cela va engendré des frais tellement important …
EDIT : et pour le budget je ne sais pas du tout d’où vont sortir ces milliers d’euros …
Le 01/09/2015 à 08h43
Sans trop entrer dans le débat nous pouvons regarder ce qui se fait dans le privé où les deniers ont plus d’importances…beaucoup sont encore sur des suites bureautiques/OS payant. Cherchez pourquoi.
Le 01/09/2015 à 08h44
Le 01/09/2015 à 08h45
Le 01/09/2015 à 08h46
Le 01/09/2015 à 08h54
Le coût de la migration, toussa toussa … " /> Je dis pas que c’est bien, seulement à l’échelle d’une entreprise aussi, ça coûte un bras de décider “bon, à partir de maintenant on passe tout en libre : OS, suites bureautiques etc.” Le problème c’est que chaque grande entreprise possède aussi toute une panoplie de logiciels internes, développés antérieurement sous Windows, avec des technos plus ou moins fermée.
C’est tous ces outils qu’il faut adapter, voire pour certains redévelopper entièrement si tu décide de changer d’architecture ou d’OS. Avec tous les problèmes qui en découlent (support à refaire, développement à payer, temps de migration pendant lequel les anciens systèmes doivent cohabiter avec les nouveaux, etc.)
Bref, la question n’est pas si simple, loin de là.
Le 01/09/2015 à 08h58
Le 01/09/2015 à 09h02
bientôt sur médiapart, le budget informatique de sarkozy : 200.000 euros par an pour 4 collaborateurs et un chauffeur. " />
Le 01/09/2015 à 09h04
Le 01/09/2015 à 09h20
Le 01/09/2015 à 09h23
Le 01/09/2015 à 09h34
Le 01/09/2015 à 09h41
Les nominations, me soufflait ici une personne.
Le 01/09/2015 à 09h45
Le 01/09/2015 à 09h48
Le 01/09/2015 à 12h28
Le 01/09/2015 à 12h33
Le 01/09/2015 à 12h35
Le 01/09/2015 à 12h46
Oui, la formation a un coup, et alors ?
Doit-on continuer à claquer sans compter indéfiniment ou prendre le temps d’investir pour s’y retrouver dans le temps ?
Le court termisme, ça va un moment…
Le 01/09/2015 à 12h53
A ce moment là c contre-productif " />
Faut installer thunderbird portable ;)
Le 01/09/2015 à 12h57
Le 01/09/2015 à 12h58
Le 01/09/2015 à 13h01
" /> Tout à fait
Le 01/09/2015 à 13h05
Etat et gouvernements de crapules, de voyoux, de voleurs, et de menteurs.
Le 01/09/2015 à 13h07
Installer une suite bureautique et un client mail c’est effectivement hyper simple si on se moque de l’accompagnement du changement, comme chez les amateurs. S’assurer que l’ensemble des documents seront présentés de la même manière et que les “macros” continueront de fonctionner, c’est autre chose. Former les gens c’est également tout un projet. A moins de les laisser se débrouiller avec des rubans où ils devront retrouver les fonctions qu’ils avaient l’habitude de chercher dans des menus. Une migration ce n’est pas juste l’installation d’un nouveau truc… d’où ma question sur la justification de ces choix.
Le 01/09/2015 à 13h08
Ben oui, 6h c’est des cacahouètes, je comptais environ 130€/poste/an ce qui me semble pas si stupide comme ordre de grandeur.
Le 01/09/2015 à 13h13
En effet, ça risque d’être un choix très contre-productif si le but est simplement la différenciation et de corriger un éventuel problème de tableur.
Le 01/09/2015 à 13h51
Et si les entreprises étaient un peu plus souples et laissaient choisir les logiciels, ça serait sans doute bien. Bon je ne dit pas pour tous les logiciels attention, mais au moins pour la suite bureautique, messagerie et navigateur. Les trucs de base quoi.
Une fois j’avais fait un stage dans un entreprise et selon les employés, ils utilisaient au choix Thunderbird ou outlook, comme ça chacun y trouve son compte. De même pour le navigateur il me semble, enfin bon dans ce cas c’était tellement verrouillé (accès via proxy avec user/mdp) que y’a pas beaucoup de monde qui y avait accès (au net).
Le 01/09/2015 à 14h00
Le 01/09/2015 à 14h24
Le 01/09/2015 à 14h31
Oui c’est vrai que pour word, c’est un poil compliqué des fois (le pire c’est les macro), mais pour le reste je suis totalement pour le choix de l’utilisateur.
Le 01/09/2015 à 08h22
“Le tableau ci-dessous retrace d’ailleurs les quelques informations glacées suite aux demandes d’il y a deux ans.” Elles ont quel goût les informations glacées ? " /> Là aussi c’est Open Bar ?
Plus sérieusement, c’est toujours intéressant de savoir où va notre argent.
Le 01/09/2015 à 08h28
et dire que la ou je suis en apprentissage ( établissement public à caractère administratif comme ils disent si bien) on va passer de LibreOffice a Microsoft office et de Thunderbird a Outlook " />
Le 01/09/2015 à 08h29
y a pas à dire : ça coute cher open office " />
Le 01/09/2015 à 08h29
M$ a arrosé les ministères de combien pour utiliser leurs logiciels?
Le 01/09/2015 à 08h30
Quand on veut mieux gérer son budget, on commence par répertorier ce que l’on dépense non ?
Rien qu’avec ce petit exercice on voit tout de suite qu’il y a du travail dans beaucoup de ministères pour arriver à une gestion efficace du budget.
On doit avoir aussi le cas de ceux qui savent ce qu’ils dépensent, mais qui veulent éviter les questions qui dérangent :)
Le 01/09/2015 à 08h30
Si seulement il n’y avait que lui à faire dans le payant…
Le 01/09/2015 à 08h31
Oups… ! Merci du signalement (probablement une envie de Magnum ou autre délice sucré " />).
Le 01/09/2015 à 08h32
Comment a été justifié ce choix et comment le budget a été trouvé pour cette lourde migration ?
Le 01/09/2015 à 09h50
Sans volonté ni courage politiques, il ne se passe rien.
Mon bon Monsieur, que voulez-vous, l’informatique c’est privé, nous sommes désolés, pas le choix, heureusement qu’il y a Microsoft pour faire de l’informatique !
Il est certes difficilement acceptable qu’un État soit à ce point dépendant d’une firme étrangère, jusqu’à ses organes les plus vitaux.
Seuls les lobbies et certaines corruptions sont capables d’un tel résultat, solutions de facilité…
Le 01/09/2015 à 09h52
Le 01/09/2015 à 09h52
Ils faudrait que la puissance publique demande de séparer le coût de la licence, le coût du matériel et le coût du service/maintenance lors des appels d’offre.
C’est rigolo, c’est un peu le même débat chez le particulier: on ignore à l’achat le coût du matériel et celui du logiciel.
Le 01/09/2015 à 09h55
Le 01/09/2015 à 10h01
Le 01/09/2015 à 10h10
Lorsque l’État dépense 100 € dans du logiciel propriétaire, 90 partent aux US. Lorsqu’il dépense intelligemment (c’est pas gagné) 100 € dans du libre, c’est 90 € qui restent en France. Ça, c’est pour pour la balance économique.
Le 01/09/2015 à 10h11
Peut être par des gain de productivité.
Franchement la guéguerre, c’est payant dans c’est des vendu est un peu puéril.
La question du coût des licences est légitime, mais elle n’est pas complète, il faudrait le coût de fonctionnement global, licences + administration du tout + formations.
Par exemple si gouvernement passe a open office ,il faudrait qu’il en contribue au développement a hauteur des fonctions qui manquent.
C’est un choix de société de savoir si les denier public doivent servir a ça ou non, mais franchement de loin ca ressemble juste a une chasse au sorcières a vu électoraliste.
Et avant que mon post ne déclenche les foudre d’une armée de barbus, je précise que je ne suis pas contre le libre, mais economiquement il n’est pas toujours plus interessant
Le 01/09/2015 à 10h21
J’ai parlé de OOo pour 2 raisons : 1 parce que c’est ce qu’il a utilisé, 2 pour des raisons “historiques”, on parle encore pas mal de OOo pour parler de la famille de fork autour de OOo.
Le support technique, en effet existe, mais il est plus éparse et n’a pas forcément les même moyen que celui de MS. D’où le “petit bonheur la chance”.
Ne sous estime pas la résistance au changement des usagers. Le rubans de office2007 a toujours du mal à passer chez certain. Si tu en doute, va apprendre à une personne lambda que la mise en forme à base d’espace et de fin de paragraphe n’est pas une bonne façon de faire. Alors si tu changes leur interfaces avec des noms de menu différents, là où il faisait un tableau en 2s, il leur faudra 3-4min sur Libre Office dans le meilleur des cas (et pesteront 6 ou 7 fois de la nullité de Libre Office).
Le 01/09/2015 à 10h30
Doit on compter les trucs qui dorment dans des placards ou les trucs libre et open source remplaces par du proprio merdique? Car chez mon client ça passe du simple au double dans ce cas
Le 01/09/2015 à 10h35
Le 01/09/2015 à 10h45
Le 01/09/2015 à 11h41
Le 01/09/2015 à 11h47
tout à fait.
Mais cela semble compliqué à comprendre pour certains.
Le 01/09/2015 à 12h02
Le 01/09/2015 à 12h21
Le 01/09/2015 à 12h25
Le 01/09/2015 à 14h37
Le 01/09/2015 à 19h41
Pour le coup si on devait parler de payant je parlerais d’Adobe qui vend trop cher, peut être les solutions de base de données, et surtout les solutions antivirus…
Le 07/09/2015 à 08h33
Le Roi et sa cour n’ont pas de compte à rendre aux gueux. Point barre.