Aux États-Unis, le remplacement forcé de Kaspersky par UltraAV crée des remous

Aux États-Unis, le remplacement forcé de Kaspersky par UltraAV crée des remous

It's alive !

6

Aux États-Unis, le remplacement forcé de Kaspersky par UltraAV crée des remous

Le 30 septembre, les activités de Kaspersky cesseront aux États-Unis. L’éditeur russe, placé sur liste noire par le pays, a trouvé une solution de remplacement avec la société Pango, éditrice de la solution antivirale UltraAV. Mais la méthode utilisée et le manque d’informations ont du mal à passer.

Au début du printemps dernier, une décision de la Federal Communications Commission tombe comme un couperet sur Kaspersky : l’éditeur russe de sécurité est inscrit sur liste noire. Non seulement les produits de l’entreprise ne peuvent plus être installés sur les machines des administrations américaines, mais elle reçoit l’étiquette « risque inacceptable pour la sécurité nationale ». La FCC avait indiqué avoir conduit une « enquête très précise », dont elle n’a pas dévoilé les détails.

Le 20 juin, le gouvernement américain annonce l’interdiction des ventes et mises à jour pour les produits Kaspersky. En juillet, Kaspersky finit par indiquer son départ des États-Unis et la fin de ses activités dans le pays. Dans la foulée, les licenciements commencent. Le bannissement des produits étant prévu pour le 29 septembre, Kaspersky a tâché de trouver une solution de remplacement pour ne pas laisser les clients qui avaient payé sans protection.

Le remplaçant en question est UltraAV, mais la « passation » s’est faite dans l’étonnement et la crainte.

Une bonne idée, mais…

Le 5 septembre, Kaspersky a commencé à envoyer des emails à ses clients. L’éditeur y annonce sa volonté de fournir un « service continu de premier plan » et qu’une solution a été trouvée avec UltraAV. L’antivirus prendra le relai, le reste des abonnements en cours étant gérés par la société Pango, qui a racheté la base client de Kaspersky aux États-Unis.

Dans le courrier, la clientèle était avertie que d’autres messages suivraient, envoyées par UltraAV. Des instructions devaient y figurer sur la manière de transiter entre les deux antivirus et sur l’activation du compte.

Seulement voilà, ces instructions n’ont, semble-t-il, pas été nécessaires. De nombreux témoignages indiquent en effet que l’antivirus Kaspersky s’est désinstallé de lui-même et a été automatiquement remplacé par UltraAV, sans aucune intervention de l’utilisateur. Cette opération ne figurait pas dans l’email envoyé plus tôt dans le mois. Le manque de consentement est sévèrement pointé du doigt.

À TechCrunch, Sydney Harwood, porte-parole de Pango, a déclaré que « tous les clients de Kaspersky ont été informés de la transition vers UltraAV ». Mais en dehors de l’email envoyé début septembre, il n’y a pas de trace d’une autre communication. Et beaucoup ont déclaré ne pas l’avoir reçu, augmentant d’autant la surprise à la migration.

Défaut de communication et craintes

Sur Reddit, les témoignages mécontents affluent rapidement. « Je me suis réveillé et j'ai vu ce nouveau système antivirus sur mon bureau et j'ai essayé d'ouvrir Kaspersky mais il avait disparu. J'ai donc dû chercher ce qui s'était passé, car j'ai littéralement eu une mini crise cardiaque en pensant que mon bureau avait été infecté par un virus qui avait désinstallé Kaspersky d'une manière ou d'une autre », déclare ainsi un client.

D’autres commentaires signalent des problèmes de désinstallation, avec un antivirus se réinstallant au redémarrage de la machine. Le nombre de logiciels installés dépendait a priori du type d’offre souscrite auprès de Kaspersky. Certaines personnes ont donc également pu constater la présence d’UltraAV VPN. Même constat pour le gestionnaire de mots de passe et la protection contre le vol d’identité.

Une reprise des abonnements actifs

Sur le site d’UltraAV, une FAQ répond à certaines des questions. On y apprend que sous Windows, aucune action n’est effectivement requise pour le passage d’une solution à l’autre et que la transition devait s'effectuer d'ici la mi-septembre. Selon les témoignages, la migration a en fait commencé le 17 septembre.

Pour la clientèle Mac et Android, un autre email devait arriver pour informer de la marche à suivre. Sur iOS, seul UltraVPN est présent. Dans tous les cas, il faut utiliser l’adresse email fournie à Kaspersky pour se connecter aux produits et activer la licence. La licence pour l’antivirus permet de connecter 20 appareils, tandis que celle pour le VPN en supporte 10.

Surtout, UltraAV récupère les abonnements. Les sommes sont inchangées, mais l’argent est récolté par la société Pango. Comme indiqué dans la FAQ, tous les renouvellements automatiques sont actifs, qu’ils soient mensuels ou annuels. La FAQ ajoute que les clients peuvent écrire au support technique pour les aider à annuler leur abonnement s’ils ne sont pas satisfaits.

D’où vient UltraAV ?

Cette transition, qui s’est faite dans une certaine douleur, manquait d’une communication claire, forçant d’ailleurs Kaspersky à revenir expliquer la situation le 21 septembre dans ses forums. Mais il y a un autre problème : personne ne sait d’où vient UltraAV.

Comme le résumait le 5 septembre PCMag, le nom est nouveau. On sait simplement que Pango veut se faire un nom dans le domaine de la cybersécurité et que l’éditeur a racheté plusieurs solutions VPN : Hotspot Shield, Betternet et OVPN. Pango faisait initialement partie d’une autre entreprise, Aura. Mais juste avant que les fameux emails soient envoyés, elle s’est scindée en deux entités : Aura, dédiée aux solutions de protection familiale, et Pango, centrée sur la cybersécurité pour les particuliers et entreprises.

On ne sait donc presque rien de l’assise technologique permettant à UltraAV de protéger les machines contre les différentes menaces. L’antivirus n’est pas référencé sur des sites de tests reconnus comme AV-Test ou Virus Bulletin. Il n’apparait pas non plus dans les résultats d’une analyse de fichier sur VirusTotal. Aura disposait bien d’un antivirus, qui pourrait avoir servi de base, mais lui non plus n’apparait sur aucun des sites mentionnés.

Commentaires (6)


Ils ont visiblement transféré toutes les infos dont bancaire, joli… heureusement qu’en Europe il y a le rgpd
Le RGPD ne protège pas de ça à mon avis. Ces données sont nécessaires à l'exécution du contrat.
En plus, le transfert du contrat à la nouvelle société semble nécessaire à l'exécution du contrat jusqu’à la fin de la période en cours.

fred42

Le RGPD ne protège pas de ça à mon avis. Ces données sont nécessaires à l'exécution du contrat.
En plus, le transfert du contrat à la nouvelle société semble nécessaire à l'exécution du contrat jusqu’à la fin de la période en cours.
Je penses qu'il faut quand même l'accord de l'utilisateur.
Peut-être que le contrat aurait pu être rompu par Kapersky avec remboursement des mois non fournis.
Pourquoi écrire "transition dans une certaine douleur" si les utilisateurs windows se sont retrouvés avec le remplaçant pendant leur sommeil ?
C'est plutôt remarquable comme efficacité de migration, je trouve, à la prise en main près.
Un minimum aurait été un popup "Kaspersky ferme, au prochain redémarrage de votre PC vous serez chez UltraAV", surtout que Kaspersky n'est pas avare en popups inutiles d'habitude.
Et pour les mots de passe dans les gestionnaires, ils ont fait comment ? Tu perds tout ?
Sinon, comment ont-ils fait pour les migrer ? Ils les ont déchiffrés ?
Fermer