SoftBank rachète le britannique ARM pour 31 milliards de dollars
De quoi renflouer l'économie britannique
Le 18 juillet 2016 à 09h03
4 min
Économie
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Le géant anglais ARM va tomber dans le giron du japonais SoftBank. Le groupe nippon vient de formuler une offre de rachat valorisant le spécialiste des puces mobiles à 31 milliards de dollars, le genre de proposition qui ne se refuse pas.
Ces dernières semaines, SoftBank cherchait par tous les moyens à dégager un peu de cash. Rien que sur le mois de juin le géant nippon a revendu une participation de 4,2 % dans Alibaba ainsi que l'ensemble de ses parts dans Supercell, l'éditeur de Clash of Clans. Montant total de ces deux opérations : 16,5 milliards de dollars, un pactole qui officiellement devait servir à éponger l'énorme dette de l'entreprise, estimée à plus de 100 milliards de dollars.
Une acquisition coûteuse
Finalement, SoftBank va se servir de cette copieuse et soudaine réserve de liquidités pour croquer un gros morceau. Il est en effet question du rachat du britannique ARM, spécialiste de la conception de puces pour mobiles, moyennant la somme de 24 milliards de livres, soit environ 31 milliards de dollars. Un coup de tonnerre pour le secteur puisque les licences d'ARM sont au cœur de la quasi-totalité des puces qui équipent les smartphones et tablettes, entre autres.
Ce montant est particulièrement élevé. Il correspond en effet à une hausse de 43 % par rapport au dernier cours connu d'ARM, de 69 % par rapport au cours moyen des trois derniers mois et de 41 % vis-à-vis du plus haut historique enregistré par l'entreprise en mars 2015.
Pour financer cette acquisition, SoftBank va devoir souscrire de nouvelles dettes. Cela passe notamment par la souscription d'un prêt-relais d'un montant de 1 000 milliards de yens soit 9,5 milliards de dollars. Celui-ci doit être remboursé sous deux ans, mais le géant nippon précise qu'il sera refinancé ultérieurement par de la dette à long terme avec un taux certainement plus supportable. Le reste proviendra des réserves de cash de l'entreprise.
Engagement fort sur l'emploi
Pour convaincre la direction d'ARM, SoftBank a dû dérouler le tapis rouge, notamment au niveau de l'emploi. SoftBank s'est ainsi engagée à « préserver l'organisation d'ARM, y compris son équipe de direction, sa marque, son modèle économique basé sur les partenariats et sa culture » ou encore à maintenir le siège de la société à Cambridge.
Autre point notable, Softbank s'est engagée à doubler les effectifs d'ARM au Royaume-Uni d'ici cinq ans, tout en faisant augmenter les effectifs à l'étranger sur la même période. Pas question donc de jouer sur des délocalisations pour remplir le contrat. Un contrat de confiance qui donnerait certainement des cauchemars chez un des plus gros opérateurs français.
Un rachat pour quoi faire ?
Pour justifier ce montant et les engagements pris, SoftBank explique qu'« ARM sera un excellent renfort stratégique pour le groupe SoftBank, alors que nous investissons pour capturer les opportunités offertes par l'Internet des objets ». On se souviendra par exemple que l'entreprise japonaise a racheté 95 % des parts du français Aldebaran Robotics en février 2015 avant de le rebaptiser SoftBank Robotics cette année. Les synergies possibles dans ce cadre sont assez évidentes.
En mettant la main sur ARM, SoftBank choisit également d'intégrer une véritable machine à cash dans son giron. En 2015, le britannique a réalisé un chiffre d'affaires de 968 millions de livres (1,28 milliard de dollars environ) et un bénéfice net de 511 millions de livres soit environ 680 millions de dollars.
Les perspectives de croissance d'ARM sont d'ailleurs au beau fixe, d'ici 2020 la société s'attend à une croissance annuelle d'environ 15 % sur le seul secteur des puces pour smartphones. Ce avec ses architectures ARMv7 et ARMv8, mais aussi grâce à ses puces graphiques Mali. Le britannique vise également le marché des puces réseau et des serveurs, deux marchés qui pèsent plus de 15 milliards de dollars chacun sur lesquels ARM n'a qu'une présence marginale, pour l'instant.
SoftBank rachète le britannique ARM pour 31 milliards de dollars
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Une acquisition coûteuse
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Engagement fort sur l'emploi
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Un rachat pour quoi faire ?
Commentaires (45)
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Abonnez-vousLe 18/07/2016 à 09h21
Putain sacré coup ! J’en connais certains qui doivent avoir les boules (Bonjour Intel " /> )
Le 18/07/2016 à 09h27
Peut-être préciser le secteur d’activité de SoftBank (je sais pas si c’est évident pour tout le monde)? " />
Le 18/07/2016 à 09h27
Se faire racheter par une boîte qui a $100 milliards de dettes ça me fait peur. On va se retrouver dilués dans un conglomérat de plus de 60.000 employés…
Le 18/07/2016 à 09h28
Bizarre que ça n’ait pas intéressé une boîte du GAFA… non ?
Le 18/07/2016 à 16h17
31 milliards.
On es peu de chose ^^’
Le 18/07/2016 à 16h24
Le 18/07/2016 à 16h49
Mon petit doigt me dit que ça risque de mettre la puce à l’oreille de certains…
Le 18/07/2016 à 20h12
Le 18/07/2016 à 21h13
Le 18/07/2016 à 21h18
Le 19/07/2016 à 06h18
Bon, je ne connais pas les actifs ni le détail du passif de cette société qui rachète ARM, mais quand même !
N’est-il pas “anormal” que des sociétés qui ont une dette si lourde ne trouvent pas d’obstacle au rachat de fleurons de l’économie réelle comme ARM ?! Par certains coté ça me fait penser a ce Patrick Drahi qui achète à tout va dans son secteur " />
Le 19/07/2016 à 07h35
+1 (aux deux commentaires)
Le 20/07/2016 à 19h35
Le lien d’ARM avec la robotique fait penser aux applications dans les voitures autonomes, et en particulier les voitures autonomes électriques.
ARM dispose de l’une des meilleures architectures CPU et GPU en termes de performances rapportées à la consommation électrique. Ce n’est pas un hasard si l’on retrouve ses micro-contrôleurs un peu partout, y compris dans des cartes à puces, les disques durs, ou les clés USB.
Les applications dans la voiture autonome réclament l’acquisition et l’interprétation d’un grand flux de données vidéo. Cela implique autant des puces adaptées, mais aussi les logiciels associés.
Le 18/07/2016 à 09h32
On rachète pour 31 milliards une boîte qui fait de la vraie R&D et pas des bases de données utilisateurs ! Et moi qui croyait cette époque révolue, je suis presque content.
Le 18/07/2016 à 09h34
31 milliards / 511 millions = 45,58 : sacré PER.
Même avec une croissance de 15 % par an, il va falloir quelques années pour rentabiliser cet investissement qui ne rapporte que 2,19 % pour le moment, ce qui ne couvre peut-être même pas les intérêts du prêt-relais.
La société ARM est certes une très belle société, mais là, elle est payée trop chère.
Le 18/07/2016 à 09h35
Le 18/07/2016 à 09h37
Le 18/07/2016 à 09h41
Le 18/07/2016 à 09h46
Ce sous-titre " />
Le 18/07/2016 à 09h46
Softbank s’est engagée à doubler les effectifs d’ARM au Royaume-Uni d’ici cinq ans, tout en faisant augmenter les effectifs à l’étranger sur la même période.
Je vois pas comment ça peu être bénéfique pour ARM ou pour Softbank.
C’est pas comme si la main d’œuvre et la croissance est directement lier pour ARM.
Le 18/07/2016 à 09h46
vue la position ultra-dominante de ARM sur plusieurs marchés ils ont surement les moyens d’augmenter le prix de leurs licences.
Le 18/07/2016 à 09h47
100 milliard ne veux rien dire sans avoir le CA et les actifs de l’entreprise en face, Softbank a largement de quoi supporter ce niveau de dette, même si le taux CA/dettes semble élever pour les occidentaux, les boite japonaise on souvent plus d’actif liquidable (il leur reste notament des parts de Yahoo Japan en plus de celle d’Allibaba)
Le 18/07/2016 à 09h54
31 milliards je ne trouve pas ça trop…
Quand je vois WhatsApp racheté 22 milliards de $ alors que c’est juste une application.
Le 18/07/2016 à 09h57
SoftBank s’est fait arnaqué! Lol
Le 18/07/2016 à 10h05
Les quantitative Easing et les prêts gratuits qui vont avec donnent vraiment des situation aberrantes ou des entreprises croulant sous les dettes peuvent se permettre une croissance externe (=achat d’entreprise) en espérant pouvoir se payer sur la bête. Softbank peut prendre tout les engagement qu’ils veulent, il leur suffira de rappeler qu’ils ont 100 G$ de dette pour faire avaler n’importe quelle cure d’amincissement chez ARM.
Le 18/07/2016 à 10h16
j’aurais dit la banque… et je me serais trompé.
Le 18/07/2016 à 10h17
Altice, Softbank même combat, je rachète a grands coups de dettes, et je promets aucuns licenciements, on voit le résultat chez SFR.
Le 18/07/2016 à 10h25
Le 18/07/2016 à 10h49
Enorme !
Leurs promesses sur l’emploi en Grande Bretagne , je demande à voir !
Avec un tel endettement , ils avait bien besoin d’une telle compagnie .
J’espére que ARM n’y laissera pas trop de plume .
Cela ne va-t-il pas générer dans le futur , de la place à Nvidia , qui a des produits sur tablette et mobile ,intérressant .
Wait and see .
Le 18/07/2016 à 10h52
Le 18/07/2016 à 10h59
Vu le PER attendu et les engagements pris, je pense que cet investissement est juste là pour faire parler de lui, et faire monter la côte et revendre dans peu de temps…
SoftBank va donc chercher à replacer son bijou chez un gros constructeur. Google, Apple, Intel ne sont pas sur les rangs, mais SoftBank cherche sans doute à revendre le tout à Samsung, HTC, ou Huawei en faisant la culbute en Corée ou en Chine, à moins qu’il songe à Sony pour que ça reste japonais.
Et si ça se trouve, il va faire de la revente en découpe (la R&D de Cambridge passerait chez Orange ou Vodafone, les autres filiales étrangères chez les constructeurs chinois ou coréen, et le gestion des licences ARM dans une filiale qu’il gardera pour lui) !
Note: Intel ne peut sans doute pas acheter ARM, en revanche il peut fabriquer des processeurs ARM sous licence (et ensuite intégrer d’autres composants), et il le fait déjà (il n’est pas imposible d’ailleurs que les prochains processeurs x64 supportent nativement le jeu d’instruction ARM; Intel l’a fait en faisant des échanges de licences avec AMD, nVidia, STMicro, Broadcom)… il y a pléthore de processeurs ARM dérivés chez différents fondeurs chacun avec leurs extensions propriétaires et différentes combinaisons de produits intégrés.
Une fois la licence obtenue, Intel peut très bien choisir l’implémentation et l’architecture interne (les architectures ont souvent changé et continuent de changer pour intégrer de nouvelles technologies de bus, technos réseaux sans fil, technos de gestion d’alimentation, technos de redondance et contournement ou prévention des pannes internes, etc.) Après tout, ARM pour Intel c’est d’abord un jeu d’instruction très populaire dans le monde sans fil et Intel ne peut pas passer à côté de ce marché.
Et vu les dettes colossales de Softbank (que cette acquisition ne va pas éponger), Intel va en profiter pour négocier des licences avantageuses pour ARM. D’ailleurs ce qui fait vivre ARM ce sont les licences, pas la fonte des processeurs car ARM ne fabrique rien. Là est le danger (si Softbank lâche des licences trop avantageuses à tout le monde, il ne restera pas grand chose à vendre chez ARM).
Je ne donne pas cher de la survie de l’alliance Softbank+ARM, ça va vite craquer, Softbank ne résistera pas à la tentation et revendre et faire une culbute pour éponger une partie de sa dette. Mais pour ARM ce sera désastreux (surtout si entre temps Softbank aura négocié des licences avantageuses à Intel, Samsung, Huawei, ou Broadcom voire des transferts de technologies, obligeant ensuite ARM à devoir payer des licences sur ses propres technologies transférées, ou à en réinventer d’autres plus tard, qu’il faudra du temps pour replacer).
A mon avis si une société doit racheter ARM cédé par Softbank, ce sera Broadcom (et là il y aurait moyen d’éviter peut-être la découpe). mais Softbank va vite vouloir rentabiliser son investissement en cédant des licences aux autres fondeurs qui vont le solliciter (Intel, AMD, Texas Instruments, STMicro… et même Apple qui serait tenté de faire une version de processeurs ARM pour ses iPhones et iPad, ou pour d’autres petits objets mobiles connectés comme les iPods, et de rompre avec Intel après avoir déjà compu avec Motorola puis IBM, pourvu que la licence ARM lui coûte moins cher que la licence Intel)
Le 18/07/2016 à 11h31
j’avoue que ça change effectivement. Surtout quand on se rappelle Facebook a racheté Whatsapp pour une somme irréaliste (près de 20 miyards) alors que que MS a racheté Nokia pour une “bouchée de pain”(un peu plus de 5miyards).
Le 18/07/2016 à 11h44
Quelles boites ?
Le 18/07/2016 à 12h05
Le 18/07/2016 à 12h06
Le marché des smartphone est arrivé à maturation et le renouvellement tous les deux ans des smartphones n’est plus une nécessité. Ce marché va donc faire comme le marché des PC, se ralentir fortement. Les constructeurs pour palier à cette hypothèse ont supprimé toutes les batteries amovibles pour obliger les gens à renouveler leur smartphone tous les deux ans. C’est pour moi un véritable scandale dans lequel il ne faut pas tomber. C’est comme ça que j’explique le lâchage d’ARM. Je ne crois pas que Softbank fasse une bonne affaire surtout à ce prix là.
Le 18/07/2016 à 12h12
Vu que les revenus se font sur l’utilisation de licence, et que je pense celle ci doit être très réglementés en terme de prix (en tout cas c’est ce que montres les procès), je pense que personne n’avait de réel intérêt à se l’approprier.
Même pour softbank à part pour faire une économie de licence, ou avoir l’expertise ARM sur de la domotique, je trouve qu’il n’y a pas vraiment de synergie.
Plus ils auront de licencié plus il gagneront de l’argent donc aucun intérêt aussi à fermer l’entreprise comme l’aurait sans doute fait un des gros.
Le 18/07/2016 à 12h15
les revenus de ARM sont:
en général pour un client il y a les deux licence à payer + royalities sur chaque pièce. Mais ça reste assez confidentiel.
Ce que l’ont sait par contre, donnés dans les résultats financier de ARM, c’est que les royalties génèrent un peu plus de revenus que les licences.
Le 18/07/2016 à 12h16
Je ne suis pas sûr qu’il y ait un acheteur à significativement plus cher que cela et donc peu de chance de faire la culbute comme tu dis. Comme tu le dis, le PER est déjà très important.
Quant à tes hypothèses sur les licences séparées du reste, c’est assez fumeux. ARM est une société qui vend de la propriété intellectuelle, séparer la R&D qui alimente le futur et les licences pour la techno déjà existante (donc le présent) est un non sens économique. Personne ne voudra acheter la R&D qui s’appuierait sur les licences actuelles (qu’elle devrait payer) pour concevoir les nouveaux processeurs : le retour sur investissement serait trop faible et lointain.
Le 18/07/2016 à 12h29
Moi je pense juste que tu n’as pas la même vision que la majorité des utilisateurs.
Un smartphone au contraire d’une tablette ordinateur portable et PC, te suis dans le quotidien (donc subit les aléas de la vie c’est à dire chute et rayure principalement). Et en plus d’être un objet utile, il est aussi un objet de mode pour la majorité. Donc son renouvellement n’est pas vu de la même manière qu’un pc ou tablette surtout.
La batterie inamovible n’est pas la cause du renouvellement. 90% des gens qui ont un tel avec batterie amovible n’ont pas deux batterie ou n’en achète pas (pourcentage sortie de ma poche mais c’est un constat).
Le 18/07/2016 à 12h30
Ça leur a coûté un bras de s’offrir Arm.
Le 18/07/2016 à 13h13
Le 18/07/2016 à 13h20
Jolie
Le 18/07/2016 à 13h22
Pendant ce temps Intel doit faire des ronds de jambe…
Le 18/07/2016 à 15h48
Le 18/07/2016 à 15h58
À moins qu’ils ne s’en mordent les doigts.