Apple pourrait être forcée de couper son App Store en deux. C’est ce que pointe le journaliste Mark Gurman de Bloomberg. Bien que l’entreprise n’ait pas confirmé, elle est attendue au tournant, avec l’activation du DMA en mars. Apple doit mener en effet plusieurs chantiers pour se mettre en conformité, et rapidement.
Les décideurs européens doivent avoir les oreilles qui sifflent actuellement. Plusieurs décisions, actions et textes votés ont un impact conséquent à Cupertino depuis quelque temps. Par exemple, même si Apple avait nécessairement l’intention de passer à l’USB-C pour l’iPhone (c’était le seul produit de l’entreprise qui en était dépourvu), elle a dû chambouler son calendrier pour s’adapter à l’obligation européenne. La prise en charge du RCS a également été annoncée pour soulager la pression européenne.
Ce n’était qu’une mise en bouche. Des changements beaucoup plus profonds sont en approche. Le printemps 2024 sera signe d’adaptations majeures : la mise en conformité avec les DMA et DSA va forcer Apple à briser certaines de ses propres lois absolues. Et ce n'est pas le voyage de Margrethe Vestager aux États-Unis la semaine dernière qui aura allégé la pression européenne.
- Que va changer le Digital Markets Act en pratique ?
- DMA : la Commission européenne nomme 6 contrôleurs d’accès et 22 « services de plateforme essentiels »
- Que change le Digital Services Act en pratique ?
Une stratégie chamboulée
Le DMA aura les effets les plus lourds. Apple a été classée contrôleur d’accès (« gatekeeper »), lui imposant d’importantes contraintes. On sait notamment qu’Apple prépare depuis un moment une grosse adaptation de son App Store, pour le rendre compatible avec sideloading en Europe. Cette pratique, très courante sur Android, permet d’installer des applications autrement qu’à travers la boutique.
Apple n’a jamais accepté l’idée jusqu’à présent et s’y voit contrainte juridiquement. On ne sait pas encore comment le processus se déroulera. Il y a fort à parier qu’il ne sera pas si simple et que les avertissements de sécurité seront nombreux. Des messages présents sur Android, Google ayant d’ailleurs été rappelée à l’ordre sur ce point.
Dans tous les cas, la boutique officielle est mise en opposition avec les autres sources : la première est soigneusement contrôlée (même si le risque zéro n’existe pas), tandis que les secondes pourraient abriter des applications malveillantes. Il est probable que les avertissements d’Apple soient du même acabit.
Une boutique spécifique pour l'Europe ?
Selon Mark Gurman, de Bloomberg, Apple préparerait ainsi une version spécifique de l’App Store pour le marché européen. Elle serait coupée du reste du monde par des règles en phase avec ce que réclament les règlements européens. Notamment les deux points principaux : la permission d’installer des applications autrement que par l’App Store et la possibilité pour les éditeurs tiers de passer par d’autres systèmes de paiement.
Et ce n’est pas tout. Apple va devoir autoriser la désinstallation des applications préinstallées. C’est actuellement possible pour une partie d’entre elles, mais de manière limitée. On peut par exemple supprimer Mail, mais l’application n’est pas complètement supprimée. En cas de besoin, on peut toujours la récupérer depuis l’App Store. La question se pose en outre pour Safari : son moteur (WebKit) étant obligatoire pour les navigateurs tiers, pourra-t-il être supprimé ? À moins qu’il ne s’agisse que d’un effacement de surface.
Quels sont les risques ?
On ne sait pas encore comment Apple va procéder. Il est possible que l’entreprise fasse le minimum d’effort requis par le cadre européen pour être en conformité. Il y a cependant un risque qu’elle se fasse taper sur les doigts en cas de mauvaise volonté.
Pour la clientèle, tout dépendra de la méthode employée. Si les avertissements sont soigneusement conçus, les utilisateurs pourront se considérer comme informés. On peut se demander toutefois ce qu’il en sera de la garantie de l’appareil si le sideloading est utilisé. Il faudra dans tous les cas faire attention à la source de l’application, mais ce n’est pas différent de n’importe quel autre appareil informatique.
Rien dans cette mise en conformité ne semble suggérer des changements d’habitude pour les personnes qui voudront rester sur l’App Store. L’un des risques est que les éditeurs mécontents partent de la boutique d’Apple pour des cieux plus cléments. On pense notamment à Spotify, vent debout contre le système de paiement et la commission gardée par Apple sur les paiements in-app (sur les abonnements, 30 % la première année, 15 % à partir de la deuxième).
Apple a jusqu’au 7 mars pour présenter ses changements sur l’App Store. De nombreuses questions restent en suspens, dont celle de savoir comment l’entreprise va s’assurer que ces mesures restent cantonnées à l’Europe, notamment si un citoyen européen voyage hors du Vieux continent. On peut se demander également si ces mesures ne finiront pas par faire tache d’huile dans le reste du monde.
Commentaires (12)
#1
#2
Et ce n’est pas tout. Apple va devoir autoriser la désinstallation des applications préinstallées. C’est actuellement possible pour une partie d’entre elles, mais de manière limitée. On peut par exemple supprimer Mail, mais l’application n’est pas complètement supprimée. En cas de besoin, on peut toujours la récupérer depuis l’App Store. La question se pose en outre pour Safari : son moteur (WebKit) étant obligatoire pour les navigateurs tiers, pourra-t-il être supprimé ? À moins qu’il ne s’agisse que d’un effacement de surface.
[/quote]
C'est lié au DMA cette autorisation de désinstaller les applications préinstallées ?
Si oui, est-ce que le DMA considère que la simple désactivation (comme Android) est suffisant et si non, c'est censé arriver sur Android aussi ?
PS: c'est pourquoi le retour du quote markdown ? :)
#3
Je ne comprends pas pourquoi cela influerait sur la garantie.
#3.1
Et pourtant, il me semble que cette condition a été invalidée, au moins partiellement par une jurisprudence. Quelqu'un de moins flemmard pour moi pour retrouver ça ?
#3.2
Les modifications logicielles qui entrainent la fin de garantie ne concernent aucunement l'installation d'app ... les changements de rom et/ou firmware c'est une autre histoire.
#4
#4.1
#5
J’achète mon iPhone aux USA pour l’avantage lié à la conversion Euro/Dollar mais je vie en Europe… pas de bol pour moi dans cet exemple.
J’ai vraiment les boules car j’ai besoin de Sideloader Kodi sur mon AppleTV mais la réglementation n’affectera que les smartphones et pas l’AppleTV, je vais devoir signer tous les 7 jours mon Kodi for TvOS pour l’utiliser pendant encore longtemps 😔
#5.1
#5.2
Sur mon vidéo projecteur j’ai de branché l’Apple Tv pour :
Oqee Free
Netflix
Kodi
World Of Wonders
Disney+
MyCanal+
J’ai aussi une carte mère de FrameWork intel 11ThGen dessus qui me sert pour :
Kodi
Karaoke Mugen
Emulateurs
Kodi est en double, c’est juste plus simple pour ma femme de se servir de Kodi via l’AppleTV que via le framework. Cependant Kodi via l’AppleTV a du mal sur les contenus 4K en MKV et les rip Bluray 4K HDR. Et ouvrir la VM MacOS toutes les semaines pour rebalancer l’app c’est chiant, si Apple pouvait ouvrir le sideloading sur tous les appareils ça serait chouette. 🦉
#6
Ou alors c'était du caca de bœuf ?
#6.1
Parlons français.