Sur Instagram, Emily Pellegrini, qui totalise 195 000 followers pour seulement 90 publications, se présente comme une « fun loving girlie » de 23 ans vivant à L.A. aux États-Unis. Le Daily Mail relève cela dit qu'elle est entièrement générée avec une IA, et que son créateur a commencé à gagner près de 10 000 $ par semaine grâce à elle « en seulement 6 semaines ».

Créé il y a quatre mois seulement, son profil (qui met particulièrement en avant son opulente poitrine) renvoie en effet à une « landing page » renvoyant elle-même à du « contenu exclusif » sur son compte Fanvue (un concurrent d'Onlyfans, un réseau social monétisé hébergeant surtout des contenus érotiques et pornographiques), accessible à partir de 4,5 $ par mois.

« J'ai demandé à ChatGPT quelle était la fille de rêve de l'homme moyen et il a répondu : cheveux bruns, longues jambes, alors je l'ai faite exactement comme il l'a dit », explique son créateur au Daily Mail : « L'objectif était de la rendre sympathique et attrayante. Je voulais qu'elle soit aussi réelle que possible ».

Non content de lui rapporter énormément d'argent rapidement, Emily a aussi « rapidement attiré l'attention d'hommes riches, puissants et prospères », et notamment des footballeurs (dont Cristiano Ronaldo), ainsi que « des milliardaires, des combattants de MMA et des joueurs de tennis » qui voulaient l'inviter à Dubaï ou dans de grands restaurants.

« Mais alors qu'Emily se voit offrir des voyages dans des hôtels cinq étoiles et des restaurants coûteux, la personne qui gère ses comptes est loin d'être glamour », souligne le Daily Mail.

Son créateur lui explique en effet qu' « au début, je travaillais 14 à 16 heures par jour pour elle afin de déterminer les programmes d'Emily qui conviennent le mieux à son visage, à son corps et à sa vidéo », mais aussi que « maintenant, je travaille environ huit heures tous les jours de la semaine, je ne suis pas le genre de personne qui va à l'école - je travaille, c'est tout ».

Un réseau de pin-up virtuelles qui renvoient les unes vers les autres

Il aurait en outre et depuis créé un autre profil, Fiona, qui ne précise pas, elle non plus, qu'elle a été générée par une IA, et dont le profil renvoie vers un compte, lui aussi monétisé, mais sur OnlyFans.

Le créateur d'Emily et Fiona espère à ce titre pouvoir rajouter « d'autres sœurs » à son groupe d'IA : « Oui, j'ai l'intention de lancer un troisième et un quatrième modèle, mais pas si tôt. Il n'y a pas de nom pour l'instant, mais la troisième sera rousse. »

Le Daily Mail ne semble pas l'avoir interrogé à ce sujet, mais Emily Pellegrini pose avec plusieurs autres modèles aux poitrines elles aussi opulentes, qui posent elles-mêmes avec d'autres jeunes filles, totalisant également des centaines de milliers d'abonnés, certaines allant jusqu'à faire croire qu'elles figureraient en « Une » du magazine Vogue.

Le fait qu'elles se ressemblent, posent sur les mêmes photos, où elles sont taguées aux noms de leurs profils Instagram respectifs, laissent supposer que le créateur d'Emily et Fiona en aurait donc d'ores et déjà générées de nombreuses autres, ou qu'il ferait partie d'un réseau ou d'une entreprise dédiée.

« Je vais me développer parce que je peux être partout à tout moment, donc vous n'êtes pas seulement dans votre salle de bain. Vous pouvez aller de Monte Carlo à Majorque, en passant par l'Espagne et la Chine », explique-t-il d'ailleurs au Daily Mail.

Une forme de concurrence déloyale qui « fait craindre aux influenceurs humains que leurs revenus soient cannibalisés et menacés par leurs rivaux numériques », expliquait récemment le Financial Times (FT), alors que ce florissant marché est « estimé à 21 milliards de dollars ».

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La « grand-mère la plus sexy du monde » rajeunie par IA

Voire : surnommée « la grand-mère la plus sexy du monde », la playmate Gina Steward, 52 ans, a de son côté décidé d'arrêter de se prendre en photo et ne plus poster que celles de son clone, généré par une IA, de 28 ans.

« Je commençais à en avoir assez de préparer les prises de vue, les coiffures, les ongles, le maquillage, les vêtements, etc. et tout le temps que cela prenait sur ma journée et le stress que cela impliquait », expliquait-elle au DailyMail.com en août 2023. « Je me suis dit qu'il devait y avoir une meilleure façon de travailler si j'avais besoin d'une pause ».

Son compte @worldshottestgrandma, qui ne précise pas que les photos sont désormais générées par une IA, dénombre 221 000 abonnés. Celui de son clone artificiel, @ginastewartofficial, où elle se présente comme une « création digitale », 623 000.

Elle s'y présente aussi comme ambassadrice du réseau social monétisé Fanvue. Sur son profil Intagram, Fanvue présente plusieurs de ses modèles, sans forcément préciser s'il s'agit d'être humains ou de créations générées par des IA.

Des IA « réduisant l'empreinte carbone », disponibles 24 h/24 et 7j/7

Gina Stewart se présente aussi sur son profil Instagram comme membre de PIA Models, une agence de pin-ups générées par des IA. Sur son site, l'entreprise propose de « créer des modèles d'IA adaptés aux besoins uniques de votre marque », « écologiques et rentables, réduisant l'empreinte carbone », et disponibles 24 h/24 et 7j/7.

« Le plus drôle, c'est que les hommes adorent ça », expliquait Gina Stewart au Daily Mail. « Les modèles d'IA sont glamour, beaux et désirables, comme les mannequins de Playboy des années 90. Je suppose que c'est un concept similaire à celui des super-héros ; tout le monde aime et a un super-héros favori, ils vont au cinéma pour les regarder, les admirer et en être obsédés ».

PIA Models présente l'ancienne mannequin Playboy de façon plus prosaïque : « Parfaite pour les campagnes automobiles, les vêtements de sport et les engagements numériques dynamiques, elle incarne la fusion de l'allure classique avec les possibilités illimitées de l'ère numérique. Au-delà des magazines automobiles, Gina est parfaitement adaptée au streetwear, aux produits de fitness et bien plus encore. Imaginez des campagnes publicitaires interactives, des bannières numériques dynamiques ou même des expériences de réalité augmentée ».

Une IA pour générer « des images NSFW, y compris pornographiques »

Will Monange, le fondateur et PDG de Fanvue, explique au Daily Mail que l'IA permettait aux créateurs de « continuer à explorer leur créativité sans "être le visage" de leur création ». Il pronostique que ces profils générés par l'IA « prospéreront » au point de devenir des concurrents majeurs des influenceurs réels, tout en permettant à ses créateurs d'en créer de nombreux avatars.

Aucune de ces pin-ups virtuelles ne précise quelles technologies ont été utilisées pour les générer. Le Daily Mail relève cela dit qu'Arman Chaudhry, le PDG d'Unstable Diffusion, un générateur d'images IA « avec des restrictions de contenu minimales » et permettant donc de « créer des images NSFW, y compris pornographiques », expliquait à Business Insider en juillet 2023 que sa plateforme générait alors 500 000 fausses photos par jour.

Comme son nom l'indique, Unstable Diffusion est basé sur Stable Diffusion, un modèle d'apprentissage open source de Stability AI proposant de générer des images numériques photoréalistes à partir de descriptions en langage naturel.

En novembre 2022, TechCrunch avait raconté comment le passage en mode open source de Stable Diffusion avait rapidement été utilisé pour générer des photos érotiques et pornographiques. Et comment Unstable Diffusion avait alors commencé à vouloir le monétiser.

Au départ, il s'agissait d'un subreddit pour « partager du porno généré par l'IA » qui, comme les autres subreddits du genre, furent rapidement fermés par le réseau social. Unstable Diffusion migra dès lors sur un groupe Discord, présenté « comme refuge pour les artistes qui souhaitaient créer de l'art IA sans limites, y compris celles liées au contenu pour adultes ». Il recense aujourd'hui plus de 408 000 utilisateurs enregistrés.

Les IA ne comprennent « manifestement pas les mécanismes du sexe »

Business Insider raconte qu'Unstable Diffusion avait ensuite créé une campagne de financement sur Patreon (qui a depuis été suspendue, mais où il récoltait plus de 3 500 $ par mois auprès de plus de 300 donateurs) puis sur Kickstarter, d'où il avait été banni après avoir levé plus de 50 000 $ (pour un objectif de 23 000 $) de 867 contributeurs, en 12 jours seulement.

Unstable Diffusion aspirait alors à devenir une communauté « éthique » pour le porno généré par l'IA, interdisant les contenus tels que la pédopornographie, les deepfakes et le gore. M. Chaudhry affirmait que le serveur utilisait un filtre et qu'il disposait d'une équipe de modération à temps plein.

Ses (courtes) conditions d'utilisation ne proscrivent que les deepfakes de célébrités et les contenus pédosexuels : « Hormis ces restrictions, toutes les autres formes de contenu pour adultes sont autorisées, y compris le matériel représentant des personnages de fiction ».

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« Nous n'autorisons strictement que les générations fictives et respectueuses de la loi, tant pour le SFW que le NSFW sur notre serveur Discord », précisait M. Chaudhry. « Pour les outils professionnels et les applications d'entreprise, nous réexaminerons et travaillerons avec nos partenaires sur les règles de modération et de filtrage qui correspondent le mieux à leurs besoins et à leurs engagements ».

« Nous prévoyons de créer nos propres modèles, de les affiner et de les combiner pour des cas d'utilisation spécialisés que nous transformerons en de nouvelles marques et de nouveaux produits », avait-il ajouté.

En juillet 2023, TechCrunch rapportait cela dit qu' « en plus de bloquer des mots et des phrases spécifiques, le système de modération d'Unstable Diffusion s'appuie sur un modèle d'intelligence artificielle qui tente d'identifier et de supprimer automatiquement les images qui enfreignent ses politiques ».

Si les requêtes effectuées sur le site web d'Unstable Diffusion produisaient alors des « résultats satisfaisants », ses modèles ne comprenaient « manifestement pas bien les mécanismes du sexe, ce qui se traduit parfois par des expressions faciales bizarres, des positions impossibles et des organes génitaux peu naturels » notait TechCrunch.

Les profils Instagram des modèles virtuels que nous avons consultés regorgent cela dit de courtes vidéos que des personnes à qui on les présenterait comme de véritables vidéos auraient probablement du mal à identifier comme ayant été générées par des IA. Mais elles se contentent d'être érotiques, pas pornographiques.