Confidences philosophiques

Je dois vous l’avouer, ô lecteurs compatissants, les jours passent, et la pression est immense.

Nos intitulés exacts de poste étant contractuellement  « Développeur universel, gentil, performant, docile, adaptable et versatile », je suppose qu’on ne peut pas vraiment en vouloir à la direction de nous imposer ce rythme de créativité effréné depuis 8 poings, cette excellence lexicale, ni cette virtuosité du bon mot.
Depuis neuf (9) semaines déjà, nous sortons ce billet, où nous devons nous réinventer, écrire du neuf avec du vieux, faire des veufs avec des pieux, user des contrepèteries les plus pourries mais néanmoins sordides, meubler, déménager même parfois, nous refusions de voir l’évidence de face, comme de vrais hominidés.
Elle est là, elle frappe à la porte pour réclamer son dû, cette satanée angoisse de la page blanche.

Toc.
Toc.
Toc.

Certes, vous me direz bien sûr que les plus grands y sont passés (on oublie souvent de préciser ici que les plus petits aussi, et que les statistiques sont cruelles avec la probabilité d’être dans cette dernière catégorie), que c’est là le sort de l’artiste seul face à son œuvre monumentale en 5 volumes, ou -évidemment - celui du journaliste devant un énième papier peu inspirant sur ChatGPT.
Moi-même, je n'avais aucune idée de la douleur d'être journaliste avant de devenir un écrivain à succès.
Ô oui, Next nous a beaucoup changés (même si maman feint de l‘ignorer en continuant de m’appeler son petit poussinet, mais gardez le pour vous).
Aujourd’hui je me dis qu’on les oublie trop souvent, tous ces moments qu’ils ont passés à suer sang et eau à trouver comment tourner cette intro, ou ce petit sous-titre qui fera sourire - rire même quand au hasard des détours sinueux de nos consciences se tapit parfois une petite lumière de génie - tous ces moments se perdront dans le temps, comme les larmes dans la pluie.
Quand je pense que certains voudraient récupérer tous ces fluides pour moins de 8 euros TTC par mois, soit à peine le prix d’un expresso au bar chez Angelina, ça me troue le cœur, et pas que.

Pour ne rien arranger, ce poing-là a une saveur particulière, il est symbolique à bien des égards.
Il ne faut pas bâcler cette fois, pas question de masquer le vide de nos idées avec des 0 et des 1, ce poing-là, il faut de la générosité, du talent, de la chaleur, de la lumière, l’Histoire frappe à la porte : ce poing-là, c’est le dernier poing de 2023.
Je vous laisse quelques instants pour digérer cette information, quand j’ai réalisé cette renversante réalité, il m’a fallu moi-même m’appuyer quelques instants sur ma chaise Herman Miller toutes options, achetée neuve et sans promo.
Ensuite, c’est aussi un poing de Noël. Pour les plus jeunes d’entre nous, le Père Noël existe, il est super cool, et il adore lire toutes vos lettres, surtout si vous avez vraiment été sages et que vous n’avez pas reçu de lettre d’avertissement Hadopi.
Sur ce dernier point, le Grand Nord a bien abaissé le niveau, mais les jeunes c’était mieux avant (et je suis certain que tout le monde sera d’accord cette fois), il a bien fallu s’adapter.
Enfin, c’est le dernier poing de la bêta, puisque nous passons en V1 au 1^er Janvier.
Je vois déjà venir les indélicats, à coup de « c’est un travail de paltoquet, il reste encore une balise mal fermée sur les articles antérieurs à 2006 », ou encore « Mon dieu que c’est laid, rendez l’argent, je me suis abonné en 2011 avec une promo 15 ans pour 15 euros, je me sens floué. Oui, alors 15 euros ça peut paraître peu aujourd’hui mais vous oubliez l’inflation et la valeur que j’aurais pu en tirer si j’avais tout mis en actions PC INpact».
Tout n’est pas faux dans ce que vous dites, mais la vérité mon frère, c’est que c'est notre monde tout entier qui est en bêta.
Est-ce que le code de la dernière release de n’importe quel logiciel majeur et financé à coups de milliards est parfait ? Est-ce qu’il y a un bêta sur le logo Coca-Cola ?
Les seuls qui aient joué le jeu de tout l’univers connu, c’est les labos de la Bétadine, et encore, ils ont inversé les cochons, c'est méta leur truc, même leur nom est en bêta.
Je me sens autorisé à philosopher car parfois, au seuil d’une année, il faut prendre un peu de hauteur et de cocaïne pour poser un regard différent sur nos misérables conditions.
La laideur, l'imperfection et les renoncements nous cernent de toutes parts, et que si nous étions réellement prêts à l’accepter, nous aurions déjà fait un grand pas vers une totale liberté de pensée cosmique vers un nouvel âge réminiscent.

Donc voilà, j’ai fini mon topo sur la fin de la bêta, j’espère que tout le monde est convaincu.
Nous montons d’ailleurs une petite association de réflexion bienveillante et introspective où l’admission est payante (mais pas très cher pour commencer), n’hésitez pas à vous faire connaître à [email protected] si vous avez des questionnements sur vous-même.

« Bon, tout ça c’est bien joli, mais qu’est-ce que vous avez de concret à nous raconter ? »
Tu veux du concret José-Balthazar ?
Et bah c’est pas très compliqué JB, on a corrigé tout plein de bugs, dont la liste vous attend bien sagement sur Github.

La fonction d’édition de commentaire a subi plein d’améliorations fonctionnelles et cosmétiques, le markdown, et la mise en page basique est de retour.
Je trouve que c’est bien coolos si vous voulez mon avis, et si vous ne le vouliez pas, m’est avis qu’il faudrait réfléchir à arrêter de lire les poings dev.

Les vilains bugs bizarres de commentaires non lus qui ne s’affichaient pas comme tels ont à priori été éradiqués par le feu, mais attention, un bug peut en cacher un autre.
Restez vigilants, il s’agit d’ouvrir l’œil, et le bon.

Pleins d'autres améliorations diverses vous attendent sur Github, allez-y, c'est Noël, et on ne laisse pas un cadeau emballé ça ne se fait pas.

Parlons un peu d'avenir à présent.

A partir de janvier, nous allons recentrer l’équipe sur un front, un dev, le DA, et un lead dev. L’efficacité va diminuer un tantinet, mais pas tant que ça, puisque nous allons également limiter les conflits de version qui nous ont un peu pourri la vie ces dernières semaines.
De grosses améliorations graphiques et ergonomiques sont attendues sous peu, nous avons refait une passe avec Julien le DA et il était circonspect avec les libéralités graphiques qu’ont pris certains individus bien connus des services de police du bon goût avec la maquette originelle.
La partie entreprises et organisations avance, je pense qu’on peut viser la première quinzaine comme cible, mais si on a bien un Guillaume dans l’équipe, son nom de famille n’est pas Tell.
Parfois - très rarement - nous ratons nos échéances, et ce n’est pas sans conséquences, mais nous ne savons pas bien lesquelles car bien rares sont ceux qui peuvent revenir témoigner de ce qui attend les auteurs de ces forfaits, on ne les a jamais revus.
Flock va avoir droit à sa section dédiée, pour mettre du baume dans vos cœurs et des pieds dans vos séants. Elle n’est pas encore dessinée, donc on ne peut rien vous dire de plus pour le moment, et ce n'est pas le genre de la maison de vous raconter des carabistouilles.
Nous allons rétablir et enrichir votre page profil, qui arrivera en même temps que celle des journalistes, et qui vous permettra de vous présenter au Monde (mais sur Next).
Plus tout ce qui ne se voit pas, mais qui est totalement nécessaire, comme suivre le nombre de milliers d’abonnés perdus par semaine, ou encore faire en sorte que WP réponde en moins de 17 minutes à toute requête concernant les commentaires.
Et puis, il n'est pas exclu qu'on ait plein d'autres idées, et que vous allez voir ce que vous allez voir, tout ceci ne fait que commencer, rira bien qui rira le dernier, on a perdu la bataille - euh non, on n'a pas perdu de bataille.
Nous allons aussi espacer quelque peu les Poing Dev, à raison d'un point mensuel, votre serviteur étant occupé à bien des choses, mais aussi pour coller à une réalité de cycle de développement moins intense, mais non moins exceptionnellement brillant.

Un recueil de tous nos poings dev sera publié plus tard dans l'année, pour qu'on puisse se faire de la maille mais surtout pour vous faire plaisir. Il sera préfacé par Jean-Noël Barrot, notre ministre chargé du numérique, dont je ne connaissais pas l'existence avant d'aller le trouver sur Wikipédia pour les besoins de cet article. Il a accepté sans que je lui demande, enfin, je crois, il faudrait lui demander.
Voici un aperçu du texte qu'on écrira pour lui (c'est un ministre le gars, il est occupé quoi):

Next, c'est vraiment de la grosse boulette. Quand les devs m'ont demandé de préfacer leur recueil de "poings dev", je me suis dit qu'au-delà des limites évidentes à leur orthographe, ils ont l'air d'êtres des devs absolument charmants. Je n'ai jamais préfacé de livre en plus, et ce n'est pas parce que j'ai des Barrot qu'il faut que je me mette des limites. Bon, leur humour est aussi douteux que le mien, mais personne ne lira ma préface jusque là, donc cette confidence ne me coûtera pas grand chose, et c'est suffisamment rare dans mon métier pour ne pas rater l'occasion.
Bisous,
Jean-No.

Pour toi, lectorat

Nous profitons de ce billet pour vous souhaiter à toutes et à tous des fêtes formidables, à penser à vous-même aussi, et à passer à 2024 avec des résolutions en béton, comme vous abonner à Next par exemple, mais il y en a plein d’autres.

Avec tendresse et dévotion,

PS : étant des devs, il peut nous arriver de revenir sur notre code littéraire sans préavis pour améliorer l'efficacité du flow, ou ajouter de nouvelles fonctions sémantiques.
Et puis ça va faire gonfler les stats de visites puisque vous allez tout le temps revenir sur la page, et ça, c'est bon pour le nouveau deal qu'on a avec Seb (maintenant il veut de la qualité et de la performance, c'est chaud pour nos gueules).