Viadeo avait pour ambition en 2004 de devenir un acteur incontournable dans le secteur des réseaux sociaux professionnels. Douze ans plus tard, l'entreprise n'est pas loin de rendre définitivement les armes et a demandé la suspension de sa cotation en bourse, suite à la présentation de ses derniers résultats trimestriels.
2016 n'aura pas été une année faste pour Viadeo, le réseau social français spécialisé dans les relations entre professionnels. Jadis entrevu comme un concurrent de LinkedIn, il est malheureusement loin d'en avoir connu le succès. Si l'un a été récemment racheté par Microsoft pour 26,2 milliards de dollars, l'autre a suivi un autre chemin, moins flamboyant.
Lors de la publication des derniers résultats trimestriels de Viadeo, Reiner Lemmens, l'actuel PDG de l'entreprise semble rendre les armes. Dans un court communiqué annonçant la suspension de la cotation de la société en bourse, il explique qu'il a peu d'espoir de mener à bien la restructuration de Viadeo à son terme. « Comme nous l’avons annoncé, notre société ne réussira pas à mener à bien sa stratégie de redéploiement avec la trésorerie limitée dont elle dispose. À l’heure actuelle, il semble peu probable que nous puissions sécuriser de nouvelles sources de financement et nous explorons des solutions alternatives » fait-il savoir.
Viadeo, un « investissement spéculatif »
Le dirigeant va même plus loin et explique sans détour aux actionnaires de l'entreprise qu'ils « devraient à ce stade considérer le titre Viadeo comme un investissement spéculatif », le retour à une situation plus sereine étant suspendue à l'arrivée de fonds extérieurs.
Avant la suspension de son cours, l'action Viadeo se négociait à 0,99 euro, ce qui valorise l'ensemble de l'entreprise à un petit peu moins de 10 millions d'euros. Un chiffre historiquement bas pour la société, dont la valeur était évaluée à plus de 150 millions d'euros lors de son introduction sur les marchés en juillet 2014. En moins de deux ans, Viadeo a donc perdu près de 94 % de sa valeur.
Le naufrage chinois
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir tenté de redresser la barre. En janvier dernier, Dan Serfaty, PDG et fondateur de Viadeo, présentait sa démission devant le conseil d'administration de l'entreprise, qui lui a trouvé un remplaçant quelques jours plus tard : Reiner Lemmens, ex PDG de PayPal Europe. Un timing qui laissait entendre que le fondateur de l'entreprise n'était plus en odeur de sainteté et que le conseil d'administration réclamait, ou tout du moins attendait son départ.
Et pour cause, la stratégie mise en place par l'ancien dirigeant n'a pas vraiment porté ses fruits. Depuis 2007, le réseau social français s'est entêté à vouloir percer sur le marché chinois, persuadé qu'il s'agissait de la zone géographique où il y avait le plus à gagner. En pratique c'est surtout dans l'empire du milieu que le groupe français a le plus perdu.
Viadeo a ainsi racheté Tianji, un réseau social local en 2007 ainsi que Zaizher, une entreprise chinoise développant des applications mobiles en mars 2013. Résultat des courses : Viadeo a enregistré 5,9 millions d'euros de pertes en 2013, 5,1 millions d'euros en 2014 et encore 2,8 millions d'euros en 2015, rien que sur le marché chinois.
L'entreprise réagira fin 2015 en fermant les portes de Tianji afin de réduire ses coûts, mais enregistrera des pertes nettes de 23,3 millions d'euros sur l'année, quasi équivalentes à son chiffre d'affaires : 24,4 millions d'euros. Le tout avec une trésorerie qui a fondu comme neige au soleil, passant de 24,4 millions d'euros fin 2014 à 9,3 millions fin 2015.
2016, une année charnière qui se passe mal
L'arrivée du nouveau PDG devait être l'occasion pour Viadeo de prendre un virage serré et de réorganiser ses activités. Cela passe par la mise en place d'un plan stratégique baptisé ViaNext, visant notamment à remettre à plat les formules d'abonnement pour les entreprises mais aussi en incubant des start-ups spécialisées dans la gestion des ressources humaines.
Pendant ce temps, Viadeo a également revu son organigramme et significativement réduit ses effectifs, passés de 196 personnes au 31 décembre 2015 à 157 collaborateurs fin juin. Les pertes continuaient de s'accumuler, avec un résultat net négatif, à hauteur de 4,3 millions d'euros sur le premier semestre 2016.
Côté trésorerie, la restructuration réclame beaucoup de cash et les réserves s'amenuisent très rapidement. Des 9,3 millions d'euros présents dans les caisses fin 2015, il ne reste que 3,5 millions fin juin, 1,9 million fin août et 1,3 million fin octobre. Le chiffre d'affaires est quant à lui passé de 18,6 millions d'euros sur les neuf premiers mois de 2015 à 12,3 millions d'euros sur la même période en 2016 et les choses ne vont pas en s'arrangeant.
Commentaires (26)
#1
Viadeo, c’est un peu le google+ professionnel… J’y suis mais je sais pas trop pourquoi ^^
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#3
ça fait un moment que j’ai désactivé les newsletter Viadeo
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#4
Ça fait un moment que j’ai laissé tomber mon compte premium sur Viadeo, et Viadeo tout court… ;-) Quant à l’activité sur ce réseau, elle tend gentiment vers zéro.
#5
J’ai un profil sur Viadeo…. qui explique que pour la version complète, il suffit de suivre le lien… vers Linkedin
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#6
Il y a un vrai intérêt à être actif sur les réseaux sociaux pro ? Mes seules périodes d’activité (et encore, c’est plutôt une mise à jour de mon profil et un checking hebdomadaire des offres d’emploi) se résument aux moments où je veux changer de boite, en dehors de ça j’en vois pas du tout l’intérêt…
#7
En tant que candidat je ne pense pas, à part la mise à jour du CV et ajouter quelques contacts pour avoir un carnet d’adresses.
Pour un recruteur par contre je pense que s’ils cherchent un profil spécifique c’est bien plus efficace de scruter LinkedIn et viadeo plutôt que pôle emploi & co.
La partie vraiment sociale au sens commenter des publications d’autres gens/entreprises je ne comprends pas non plus l’intérêt.
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pschitt fait la bulle Internet
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#10
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Çaa aussi un intérêt en B2B, quand tu cherches à accéder à certaines familles de métier pour faire de la prospection plus ciblé par les décideurs, que d’envoyé du mailing et autres action marketing vers le quidam qui n’a aucun pouvoir de décision.
Après c’est comme tout réseaux sociaux, c’est toujours bon de ramener du trafic un peu plus qualifié en tenant à jours ses pages, et LinkendIn est assez efficaces quand on s’investit un peu.
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Se lancer sur le marché Chinois aussi…
Un pays qui reste très nationaliste dans sa consommation et avec une culture radicalement différente de la notre. Tu te lances pas sur un tel marché sans avoir les reins solides, même s’il est aguicheur vu le nombre d’habitants.
J’comprend pas ce type de manquement stratégique…
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Viadeo… et des bas.
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#17
damned… du Annie Cordy dans la tête tout le reste de l’après midi
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Je te hais
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J’ai pas voulu la refaire en sous-titre celle-là parce que déjà faite en janvier dernier
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#19
LinkedViad.
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#20
J’aurais bien vu “Viadeo se débat”
#21
Ca, après les nouvelles sur Dailymotion, ça sent bon pour les fleurons du net français
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Un des derniers sites en “éo” qui s’en va… La fin d’une ère ?
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Viadeo, ce truc useless que les conseillers pôle emploi te forcent à t’inscrire parce que sans ça, pas de travail, car pas de pist… Pardon, “réseautage”. LOL
#26
Activ’emploi
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D’ailleurs, à ce sujet :