L'affaire judiciaire opposant Blizzard à Bossland, un éditeur de logiciels de triche a désormais son verdict. Le géant américain a obtenu gain de cause et le versement de 8,56 millions de dollars de dommages en réparation de 42 818 infractions au copyright.
En juillet dernier, Blizzard lançait une procédure judiciaire contre Bossland, une entreprise allemande développant et éditant une série de logiciels de triche connus sous le nom de « Buddy Bots ». Certains d'entre eux ciblent directement des jeux du géant américain, tels que World of Warcraft (HonorBuddy), Diablo III (DemonBuddy), Hearthstone (HearthBuddy) et Overwatch avec un logiciel nommé Watchover Tyrant.
Ces logiciels sont mis à disposition du public, en échange d'un abonnement mensuel, permettant d'obtenir des mises à jour, visant principalement à se mettre à l'abri des systèmes de détection du géant américain. Mais c'est surtout celui consacré à Overwatch qui a retenu l'attention de Blizzard, les autres n'ayant rien de nouveau et sévissent dans certains cas depuis plusieurs années et font, ou on fait l'objet de procédures distinctes, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni.
8,56 millions de dollars de dommages réclamés
Pour mettre sur la touche ces logiciels, Blizzard a fait valoir devant la cour de Californie qu'« en lançant leur logiciel de triche pour Overwatch seulement quelques jours après le démarrage commercial du jeu, Bossland tente de détruire ou de causer des dommages irréparables au jeu avant même qu'il ait la chance de fleurir complètement ».
L'éditeur estime ainsi que la simple présence de tricheurs utilisant les logiciels de Bossland sur les serveurs du jeu peut représenter un manque à gagner important, certains joueurs pouvant se détourner du titre si son expérience était minée par la triche. Un point qui peut être entendu, mais le lien de cause à effet entre triche et ventes loupées reste difficile à établir clairement.
Pour calculer les dommages auxquels il doit prétendre, le géant américain est parti du principe que 36 % des ventes de produits Bossland aux États-Unis sont liées à ses produits, soit un total de 42 818 licences vendues.
Pour chacune d'entre elles, qui constituent selon la loi américaine une violation distincte du copyright, punissable par des dommages minimaux de 200 dollars. 42 818 infractions multipliées par 200 dollars donnent un total de 8,563 millions de dollars. Un calcul confirmé directement par Bossland sur ses forums, qui assure de son côté n'avoir collecté qu'un peu moins de 700 000 euros avec la vente de ses licences, la plupart d'entre-elles étant des versions d'essai vendues à un euro, ou d'anciennes licences à vie à 20 euros l'unité.
Un jugement par défaut
Bossland ayant choisi de ne pas se présenter au tribunal, l'affaire a naturellement tourné en faveur de Blizzard. La cour a ainsi estimé que les logiciels de l'éditeur allemand contournaient les protections mises en place par le géant américain et qu'il s'agit donc d'une violation du DMCA. Le tribunal reproche ainsi à Bossland d'avoir fait usage de rétro-ingénierie pour permettre aux joueurs de faire fonctionner des versions modifiées des jeux, piétinant au passage le copyright de Blizzard.
Le tribunal a également reconnu que « Blizzard a établi la démonstration des dommages et torts subis, car il dépense des sommes substantielles pour combattre l'utilisation des logiciels de Bossland pour assurer le fair-play sur ses jeux ». Concernant le manque à gagner par la triche, Torrent Freak note que la cour a estimé que « les joueurs des titres Blizzard se plaignent des tricheurs, ce qui a causé leur mécontentement et ont arrêté de jouer. La triche en jeu nuit donc à la réputation de Blizzard ».
Bossland perd une bataille, mais pas la guerre
Dans son compte rendu (pdf) daté du 31 mars, la cour de l'état de Californie a donc répondu favorablement à l'ensemble des sanctions requises par Blizzard. Bossland est donc condamné à verser 8,563 millions de dollars au titre des dommages liés aux 42 818 violations du copyright dont il est jugé coupable, ainsi qu'environ 175 000 dollars d'honoraires d'avocats pour la partie adverse.
En plus de cette peine déjà importante, Bossland se voit interdit de vendre les produits incriminés aux États-Unis ainsi que tout autres qui violeraient les propriétés intellectuelles de Blizzard. Ce qui éclabousse les « hacks » pour WoW, Diablo III et les autres titres du géant américain au passage. L'éditeur ne peut pas non plus vendre ses travaux à une autre entreprise ou personne, ni détenir d'intérêts financiers dans une société avec une activité similaire à celle pour laquelle il vient d'être condamné.
Ce jugement n'empêche toutefois pas Bossland d'opérer dans d'autres pays, notamment la France, ni de vendre d'autres produits aux États-Unis qui ne seraient pas destinés aux jeux de Blizzard.
Commentaires (47)
#1
Cool, allez Blizzard vous avez l’argent pour Warcraft 3 HD " />
#2
Et dans deux mois “les joueurs américains se désintéressent parce qu’il y a distorssion…”
#3
Autant la triche en solo j’ai rien contre, autant la triche en ligne c’est le mal absolu. Mais alors qu’on puisse payer pour tricher je comprends absolument pas :o
#4
c’est exactement ce que j’ai dit à mon collègue à qui j’ai partagé l’actu…
#5
Kikoolol, je suis trop fort regarde comment je pwned tout le monde, je suis le meilleur ! Rage moar !
(en gros)
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Effectivement ça ruine le jeu, c’est une bonne chose que Blizzard s’occupe du problème des éditeurs de cheat, je jouais à un fps en ligne, et j’ai arrêté le jour ou sur une partie sur deux je tombais sur un mec avec un aimbot, c’est certainement ce que Blizzard veut à tout prix éviter sur overwatch.
#7
Cela va sûrement de paire avec la revente de persos ou de biens dans le jeu. Genre ton bot te permet de farmer automatiquement ou beaucoup plus facilement.
#8
Ce qui me sidère c’est que ça ne soit pas simplement illégal de monter ce genre de boîte. Comment on peut autoriser l’existence d’une entreprise qui par nature cause sciemment du tort à une autre, contourne sciemment les barrières mises en place par les éditeurs et donc donne un moyen aux joueurs de ne pas respecter les conditions d’utilisation?
Bref, bien fait pour leur gueule. Quant aux joueurs qui sont près à dépenser de l’argent pour être cons… bah ça montre vraiment à quel point ils sont cons justement.
#9
un peu comme les fabricants de tabac ?
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#11
Non. Ou alors je comprends pas où est la similitude. À part les consommateurs qui paient pour faire de la merde, mais bon j’en fait partie (pour la clope) ^^
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#13
L’éditeur est allemand, le tribunal californien, je sens que Blizzard n’est pas près de voir son pognon " />
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Illégal où ça? c’est Internet, si c’est rendu illégal dans un pays, il suffit de transférer la boîte dans un autre plus permissif…
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#16
C’est la liberté d’entreprendre :)
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tu crois vraiment que quand ils ont déposé les statuts de l’entreprise il y avait écrit “ éditeur de hack pour bien ruiner l’expérience de jeu des créations vidéo-ludiques de Blizzard”… personnellement je ne crois pas, mais peut-être me trompe-je.
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#19
ils causent du tort à d’autres entreprises ? je dirais plus que c’est les clients à qui ils causent du tort, mais le client est avertis
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Change de jeux, y’en à pleins pour à peux près tous les goûts :)
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#22
Oui bien sûr, mais bon là on parle de l’Allemagne, c’est pas spécialement un pays sans législation. Le business a pignon sur rue là, ils ne se cachent pas.
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Bah j’en sais rien justement, c’est la question que je me pose. Mais si leur business était illégal en Allemagne, Blizzard les auraient peut être simplement fait fermer en allant déposer plainte en Allemagne, non?
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Trump va surtout obliger blizzard a ouvrir des poles de dévelopement hors USA :p
(Avec les visa des devs qui vont sauter)
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Ouais je l’avais pas vu sous cet angle effectivement.
Mais bon cette histoire de libre entreprise ce n’est pas une liberté absolue non plus. Quand on parle de liberté c’est toujours dans le cadre de la loi. Sinon les dealers de drogues ouvriraient des boutiques avec une pancarte comme quoi les clients ne sont pas censés consommer les produits.
M’enfin je suis loin d’être un expert juridique.
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#29
Je suis pas trop d’accord avec ça : ce qui fait que Diablo est un jeu multi, c’est entre autre l’aspect communautaire du jeu, et son classement. A partir d’un certain niveau, ce classement devient la seule raison de farmer. Et clairement, l’utilisation de bot pourri ce classement. Quelqu’un qui s’investit 5 ou 6 heures par jour et qui se fait dépasser par un abruti qui bot 20h/j, c’est franchement pas terrible…
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#32
Pour ton premier argument, tu exclues le classement de l’expérience de jeu. Ca n’a pas de sens, le jeu n’a aucun autre objectif que ce classement (une fois que tu as fini la campagne, qui est à peu près anecdotique), il fait clairement partie de l’expérience de jeu.
Pour ton deuxième, je peux t’assurer qu’il est possible d’arriver dans le classement sans bot. Promis. " /> (et sans être chômeur en plus " />)
Le rester toute la saison c’est plus compliqué par contre, oui à cause des bots, et oui c’est un problème ! On s’en fout un peu que tout le monde, ou la moitié, ou un quart des gens du classement utilisent des bots. Le fait est que ce classement fait partie de l’intérêt du jeu, et que les bots ruinent ce classement, donc ruinent une partie de l’intérêt du jeu. Et c’est injuste pour ceux qui ne bot pas.
Dans un jeu ou le farm est la mécanique de jeu principale, et non une mécanique secondaire, je trouve ça complètement stupide d’utiliser un bot. C’est aussi stupide que d’utiliser un cheat qui te donne tout à fond immédiatement. Et ensuite tu peux quitter le jeu, puisque tu n’as plus rien à faire… " />
#33
Oui bien sûr, je prenais cet exemple absurde justement pour pointer du doigt que la liberté d’entreprendre reste vraie dans le cadre du respect de la loi du pays dans lequel l’activité est exercée. Comme l’activité de cette boîte me semblait tendancieux je me disais que peut être qu’au delà de ce procès ils n’avaient de toute manière pas le droit de faire ça. Mais bon si c’était le cas je me doute bien que Blizzard se serait occupé de les faire fermer boutique vite fait bien fait.
Comme je l’ai dis je ne suis pas expert juridique et je ne connais pas vraiment les lois en vigueur dans le domaine. D’ailleurs toi qui parle de virus, ça peut s’acheter facilement pour le péquin moyen? J’en ai pas vraiment l’impression.
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#35
Ce qui est interdit, c’est de produire des substances controlées/interdite.
La production/consommation/détention d’alcool ou de tabac est tout à fait autorisé, tant que tu respectes les normes et paient les taxex “kivonbien”.
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@gogo77 et @Altrex
Je trouve un peu dommage votre compassion pour les “pauvres joueurs”, mais pas pour les pauvres humains.
Le tabac coute à la société française plusieurs dizaines de milliard d’euros par ans. (Certains avance des chiffres bien supérieur) :http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/09/27/la-delicate-evaluation-du… , voir un site (sans doute) partisan :http://www.planetoscope.com/comptes-publics/669-ce-que-coute-le-tabac-a-la-socie…
En outre le tabac est responsable de “si peu de morts” (et non, pas forcément des fumeurs, tabagisme passif etc…) : “juste” 1⁄10 dans le monde.http://www.lemonde.fr/sante/infographie/2014/02/04/six-millions-de-morts-par-an-…
Bref, trouver que c’est un drame un fabricant de bot “virtuel” , mais qu’un fabricant de tabac “c’est tout à fait normal” me fait penser à une curieuse inversion de valeur, ou l’humain et le cout aux autres qui n’ont rien demandé (tout le monde paie la sécu…) est moins important qu’une stat de jeu.
Pour le coup, bien content de ne pas jouer aux MMO.
#37
« Blizzard a établi la démonstration des dommages et torts subis, car il dépense des sommes substantielles pour combattre l’utilisation des logiciels de Bossland pour assurer le fair-play sur ses jeux ».
Voici un argument audacieux. Si l’on suit ce raisonnement, c’est la lutte contre la triche qui génère des dommages et des torts, pas la triche elle-même. Or, c’est Blizzard qui décide de lutter contre la triche et d’y allouer un budget. Pour calculer des dommages et des torts, il faudrait démontrer leur impact direct sur les ventes. Ce qui paraît fort difficile.
#38
L’argument est à prendre dans l’ensemble du contexte, ou le juge a bien noté que la triche diminue l’attrait du jeu des autres joueurs, et donc la lutte contre la triche est un moyen de conserver l’attrait du jeu, et donc les joueurs, et assurer une utilisation comme blizzard avait prévu.
C’est aussi pour ça que en solo, amha, le juge n’aurait pas sorti un autre argument
#39
#40
#41
evident… pas pour tout le monde.
C’est effecitvement le principe de base du code civil
“ Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer. ”
Mais dans l’actualité , on peut constater de nombreux cas où les dommages sont causés par certaines entités (allant de la pollution grave , en passant médicaments avait des effets secondaires volontairement non indiqués , pour aller jusqu’à la perception de droits indus de la RCP ou blocage de l’exception de copie prive …) et ce sont ceux qui subissent le dommage qui doivent payer (respectivement dépollution des sols et de l’eau à charge du contribuable , fond d’indemnité par une taxe sur les médicaments, paiement de la perception sans avoir les moyens de s’exonérer alors que l’usage est tout autre, ou devoir changer de matériel car non compatible avec la dernière norme hdcp2.2 … )
C’est donc un principe déjà bien appliqué en france celui du “pollué payeur”.
#42
Ben justement: si je me souviens bien, avec les banques, les US ne pouvaient pas les obliger à payer. Par contre si elles ne payaient pas, elles ne pouvaient plus travailler aux US ou avec des entreprises US.
#43
Justement : sur quelle base le juge s’appuie pour affirmer que l’attrait du jeu baisse au point de moins en vendre ? Ce que je comprends, c’est que cette base semble être la dépense de la lutte contre la triche.
Déjà que l’estimation de la perte des ventes pour cause de piratage est difficile, estimer la perte des ventes en lien avec une réputation de triche facile me paraît tout de même très audacieux. Mais soit.
Notons aussi que l’argument d’atteinte au droit d’auteur pour se prémunir des tricheurs paraît étonnant. Les solutions de triche existent dès les débuts des jeux vidéo, et certaines solutions s’en étaient mieux sorties devant les tribunaux.
#44
Si tu viens chez moi et que l’on joue à Monopoly, que tu triches, est-ce que Hasbro va pouvoir chiffrer la perte des ventes que cela entraîne ? Tu as déjà joué à Monopoly où personne ne triche ? La triche et la mauvaise foi font partie du jeu.
#45
Je n’ai pas lu le jugement, maisje pense qu’il se base sur l’argumentation de blizzard.
En outre, ça me semble plutôt sain comme raisonnement de dire “on fait un jeu, et on le gère afin de permettre que tout le monde joue suivant les mêmes règles”.
Lorsque tu joues à xxx , c’est blizzard qui te fournit les serveurs. Et dans cette fourniture de service, il y a l’indication (implicite, explicite?) que si tu as la même qualité technique qu’un autre joueur, tu ais la même chance de gagner. Bref, que ceux qui respectent les règles ne soient pas desavantagés par rapport à ceux qui ont décidé qu’ils étaient au delà des contraintes de la vie en société.
Je suis particulièrement contre ce que tu indiques lorsque tu dis “La triche et la mauvaise foi font partie du jeu.
”
Je ne comprends dans quel état d’esprit on peut envisager que l’hypocrisie, la mauvaise foi et autres comportement malhonnêtes (oui c’est malhonnête de jouer avec un bot face à un adversaire qui n’est pas un bot) serait accepté car ils existent.
Imaginons un instant qu’on applique ce raisonnement à une société réelle et non pas virtuelle, où on indiquerait que tout ce qui est fait est accepté, car “cela en fait partie”. Le viol et le meurtre serait donc accepté.
Ca me semble assez spécieux comme sophisme.
#46
Apparemment non, et il faudrait que Blizzard fasse et gagne un procès en Allemagne pour que Bossland soit obligé de payer
#47