Le numérique dans les programmes d’Arthaud, Dupont-Aignan et Lassalle
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Le 14 avril 2017 à 16h00
8 min
Droit
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Après une première actualité sur les programmes de Philippe Poutou, François Asselineau et Jacques Cheminade, nous nous sommes penchés sur les ceux de Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan et Jean Lassalle.
Nathalie Arthaud
Le sujet des nouvelles technologies ou du numérique est presque passé sous silence dans le programme de Nathalie Arthaud. Signalons cependant au chapitre de la culture, un petit passage sur la nécessité d’offrir un accès à Internet dans les bibliothèques de quartier.
Nicolas Dupont-Aignan
Le programme de Debout la France est nettement plus consistant sur le terrain du numérique. Nicolas Dupont-Aignan juge d’abord « à bout de souffle » le système de droits d’auteur traditionnel. La loi Hadopi, contre laquelle il s’est opposé très tôt aux côtés du PS – lorsque celui-ci était encore contre – « ne permet ni de lutter efficacement contre le piratage, ni de rémunérer les créateurs à hauteur de leur audience » affirme-t-il.
Hadopi supprimée, remplacée par la licence globale
Comme d’autres candidats, il souhaite que la législation évolue « vers un système de licence globale, plus équitable et transparent, qui permettra un accès illimité et sans contrainte à l’ensemble du catalogue culturel ». C’est donc notamment par le biais des fournisseurs d’accès que la rémunération des droits d’auteur se fera. « L’enjeu n’est pas mince : il s’agit de créer une médiathèque universelle à laquelle chaque citoyen aurait accès : livres, films, pièces de théâtre, chansons… ». Cette licence prendra la forme « d’une contribution forfaitaire mensuelle sur chaque abonnement Internet, et redistribuée au prorata des audiences respectives ».
Numérisation massive
NDA veut en outre « lancer un programme massif de numérisation du patrimoine français et procéder à sa mise en ligne sur un portail unique des données culturelles publiques numérisées (état civil compris) de façon à faciliter leur diffusion auprès du grand public ». C’est l’avènement d’une gigantesque plateforme publique unique de diffusion regroupant les contenus de l’audiovisuel public, de la BNF, des grands musées, etc.
La souveraineté numérique
Page 91 de son épais programme, NDA veut mettre les voiles vers la création d’acteurs et d’outils numériques souverains. Ce voyage passera par la création de « notre » moteur de recherche, un « Google francophone » et de « nos » réseaux sociaux.
Ce n’est pas tout : lui président, « l’État redevient temporairement majoritaire au capital d’Orange et lance une OPA amicale sur Nokia-Alcatel pour créer un champion numérique. Cette opération sera ouverte à des partenaires économiques de bonne foi ». Le capital de nos « pépites » sera également protégé. Le candidat cite en particulier Deezer et Dailymotion.
Comme d’autres candidats, il plaide pour une reprise du contrôle sur les multinationales numériques « en exigeant l’hébergement des données issues d’usagers français en France ». Une reprise du contrôle qui passera aussi par l’instauration d’un « vrai droit à l’oubli ».
Il veut multiplier les « initiatives pour faire de la France la championne des logiciels libres et déploiement de logiciels souverains, notamment pour garantir la sécurité des systèmes d’exploitation utilisés par l’État et nos entreprises stratégiques ». C’est ce qu’il écrit toujours page 91 de son fichier « Microsoft Word - PROJET NDA 2017 (hieěrarchiseě) 2403.doc ».
D’ailleurs, tous les dirigeants, hauts fonctionnaires et autres personnels sensibles devront « utiliser des moyens de télécommunication sécurisés, protégés de tout risque d’espionnage ».
S’agissant des fonctionnaires, il propose « la souveraineté des systèmes d’exploitation utilisés par l’État ». Par réalisme, il reconnait qu’ « aucun développeur de logiciels ne fera jamais l’effort de s’intégrer à un système d’exploitation qui ne couvrira que 60 millions d’utilisateurs, mais il existe de nombreuses formes du système Linux (notamment), dont le développement est soutenu par la communauté française du logiciel libre ». Il veut ainsi « travailler de concert avec les promoteurs de ces projets pour faire émerger un système d’exploitation souverain français »
Télétravail, silver économie
D’une manière générale, chez les actifs, il promet du coup « renforcer le télétravail et mailler le territoire d‘espaces d’accueil des télétravailleurs, des actifs, inactifs, porteurs de projets, associations, avec une infrastructure adaptée (accès au très haut débit, espaces conviviaux, accès à des salles de réunions, afin de redynamiser les bassins d’emplois en zone rurale) ».
Et pour accompagner la « silver économie », le candidat assure qu'il proposera le développement des technologies de suivi à distance, projet qui passera notamment par le développement d’outils d’autorééducation à domicile « du type seriousgames ». Il espère qu’il en résultera de belles économies en raison d’un moindre recours à l’hospitalisation de court ou de long séjour.
Économie et production
Sur le terrain cette fois de la production et de l’économie, NDA voudrait encourager « la production de biens de qualité supérieure, de meilleures durabilités, et d'explorer toutes les possibilités nouvelles qu'offrent les techniques innovantes, comme les imprimantes 3D couplées à la révolution numérique ». Il équipera les laboratoires français de 20 nouveaux supercalculateurs afin de « booster la recherche scientifique », avec l’espoir de pouvoir exporter nos technologies à l’étranger.
Dans l’univers des transports, le candidat considère que les technologies numériques peuvent aider au service d’une meilleure gestion du trafic : « analyse des pics de circulation, fluidification du trafic à l’aide d’informations sur la circulation, gestion des feux tricolores, etc. ». Il table sur le développement des villes intelligentes, « un enjeu majeur du développement économique des territoires à l’ère du numérique ».
Selon lui, « les gains réalisés via l’optimisation de la consommation électrique et une meilleure gestion des déchets et de l’eau pourront être réinvestis dans le développement d’espaces verts et des transports publics. Les Pays-Bas se sont lancés dans ce créneau avec un certain succès ».
Très haut débit partout
Comme chez Jean-Luc Mélenchon notamment, l’accent sera mis sur l’investissement dans la couverture numérique de la France « afin que chaque territoire dispose de la fibre optique et de l’Internet très haut débit ». Bien entendu, avec NDA président, les zones blanches de téléphonie mobile ne seront qu'un lointain souvenir. D'ailleurs, il veut aussi « garantir la télévision numérique sur tout le territoire ». L’extension du très haut débit et de la couverture mobile à toutes les zones rurales a un coût estimé à 25 milliards d’euros.
Nicolas Dupont-Aignan ne s'arrête pas là, suggérant une évolution d’Internet. Le réseau des réseaux actuel « a besoin de surmonter ses limites, celles d’un système qui s’alourdit de lignes de code informatiques sans parvenir à la sécurité et l’intimité des données. Sa gouvernance comme son architecture doivent reprendre leur évolution, en particulier au niveau des protocoles de communication aujourd’hui figés autour des protocoles TCP/IP datant des années 1970 ».
Son programme est flou, mais il pointe l’index sur des « architectures novatrices » telle « RINA, basée sur un cœur de réseau sécurisé assurant la coexistence de nouveaux protocoles avec les anciens ». Dans son flot de promesses, « il est prévu le financement d’une première vague de 5 expérimentations régionalisées, lancées dans un délai de deux ans ».
Jean Lassalle
Celui-ci n’est pas davantage bavard sur le sujet. Il veut consacrer 10 millions d’euros à l’utilisation du numérique « dans le travail personnel parascolaire ». Chaque enfant devra savoir « lire, écrire, compter, se servir d'Internet, avant d'entrer au collège ».
Comme les autres, il promet de couvrir tout le territoire en haut débit. Les opérateurs seront pénalisés en cas de non-couverture. Les systèmes d’alerte en cas d'urgence seront étendus à tous les moyens de communication électronique (SMS, réseaux sociaux, etc.) pour un cout estimé à 2 millions d’euros. Lui président, les modérateurs des forums et réseaux sociaux seront équipés et formés « pour répondre aux personnes qui y disent leurs difficultés ». Coût : 5 millions d’euros. D’ailleurs, le « trouble à l'ordre public » sera aussi sanctionné sur Facebook et autres services similaires.
Il veut également « faciliter par une plateforme internet le suivi des effets des médicaments, pour que les constats cliniques des praticiens soient pris en compte ». 5 millions d’euros seront investis sur ce projet. Il considère que cela aurait été très précieux « pour l’acide hyaluronique contre l’arthrose du genou ».
Le numérique dans les programmes d’Arthaud, Dupont-Aignan et Lassalle
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Numérisation massive
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Très haut débit partout
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Commentaires (26)
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Abonnez-vousLe 18/04/2017 à 10h20
Yep tu as raison je ferai ca dans les règles la prochaine fois (mais l’erreur a déjà été corrigée).
Et c’est sûr que même si on n’est pas d’accord avec ds points de leur programme, c’est quand même sympa les quelques candidats qui en disent un peu plus et se prononcent sur plusieurs grandes problématiques absolument ignorées des autres. Ca permet de discuter quoi, et même si on peut supposer qu’ils n’y comprennent pas grand chose et que c’est leurs équipes qui ont bossé (ce qui est normal on peut pas être spécialiste partout, surtout en politique…), ca montre clairement des orientations et des choix.
Le 18/04/2017 à 16h02
T’as pas de pot, travaillant en SSI je dois avoir du pot, mon chef s’en fout* tant que le boulot est fait.
Bon arriver à 10h, prendre 2h pour déjeuner et partir à 16h c’est mal vu quand même hein " />
L’implication au travail c’est ce que tu produits, pas la présence à l’heure d’ouverture des bureaux.
* Il veut juste qu’on compte nos heures et déclarent les heures sup’ parce que trop d’heures sup’ peut indiquer un problème de pilotage projet/de charge de travail/etc.
— Pour revenir à la news:
“… les données culturelles publiques numérisées (état civil compris) …”
Je vois pas en quoi l’état civil fait partie des données culturelles. ??
Le 14/04/2017 à 16h11
il promet du coup « renforcer le télétravail»
Ca signifie quoi “renforcer” ? Il y aura des obligations ? Parce que si les articles de presse vantant ce mode de travail sont légion (même l’ONU le recommande) dans notre beau pays il n’a guère la côte, faute de confiance (il faut que le n+1 puisse vérifier qu’on arrive bien à 9h et pas 9h01 !).
Tout au plus on nous accorde 1 jour par semaine, ce qui ne permet pas d’accéder à ces jobs loin de chez soi (dans notre domaine de l’IT il y a trop de postes à Paris et trop peu ailleurs).
J’ai passé 3 mois à chercher un tel job, au final je repars en open space car il n’y a que ça qui m’est proposé. Ou alors je n’ai pas cherché au bon endroit…
Le 14/04/2017 à 17h48
" /> Je ne savais pas que tous ces candidats avaient un programme pour le numérique… " />
Bon, maintenant, je vais lire l’article pour tout savoir… " />
Le 14/04/2017 à 17h53
Dailymotion une pépite " />
Le 14/04/2017 à 17h56
Pour des raisons évidentes d’acronyme, nous ne pouvons rien dire sur NDA.
Le 14/04/2017 à 18h04
Le 14/04/2017 à 18h25
Le 14/04/2017 à 19h18
Sous le chapitre “Numérisation massive” il est écrit NPA au lieu de NDA. Ce qui pourrait prêter à confusion " />
Sinon j’ai l’impression que c’est le 2ème candidat à avoir un truc à dire sur le numérique qui va plus loin que “le numérique il faut investir dedans” et serrer la main de 3 patrons de startup.
Le 14/04/2017 à 19h58
Le 14/04/2017 à 21h53
J’avais commencé à le suivre concernant d’autre idée, mais il s’en sort plutot bien sur les questions du numérique.
Question: Quelqu’un a une idée si les logiciels “souverains” ou la sauvegarde du patrimoine numérique par l’Etat c’est quelque chose qu’on voit ailleur aussi ? L’idée me plait pas trop, cependant quand on voit ce que la NSA est capable de faire, entre les micro dans les institutions et la récupération de donnée via les sociétés, je comprends que ça puisse agacer d’avoir des soft ricains.
Il est aussi pour la protection d’Edward Snowden, c’est surement lié.
Le 15/04/2017 à 08h42
Pour mon tout premier contrat de travail, en job d’été, j’avais été embauché en juillet par l’URSSAF de Montreuil. Les “jeunes” étaient là pour remplacer du monde dans l’équipe qui ouvrait les courriers et faisait un pré-tri dans les services … bordereaux à gauche et bordereaux + chèque à droit : travail hyper intello.
Une fois, je suis arrivé à 8 minutes en retard.
Je me suis fait passer un savon devant tout l’openspace pendant 15 minutes par la N+1 (enfin la pionne quoi).
…
Sachant que le soir, environ 30 minutes avant de partir à 17h30, on nous demandais de garder une feuille de papier devant nous pendant qu’on papottait, dans le cas où le N+2 venait.
Il y en a qui sont encore à penser comme ça : 9h01, c’est pas 9h !
Le 15/04/2017 à 09h32
Le 15/04/2017 à 11h20
Bienvenue dans les gros services administratifs où la productivité est mise en statistiques sur tableurs par l’encadrement - et encore, le pire étant les centres d’appel où le contre-maître superviseur peut espionner les conversations téléphoniques et scrute en temps réel les statistiques de chaque télé-opérateur.
Le 15/04/2017 à 12h22
Le 15/04/2017 à 13h08
Ah c’est vache de relever ça quand Dupont-Aignan parle de logiciel libre : « Microsoft Word - PROJET NDA 2017 (hieěrarchiseě) 2403.doc ».
Accessoirement, un .doc en 2017, c’est comment dire… tout aussi révélateur.
Le 15/04/2017 à 13h28
En l’occurence en 96, ils embauchaient des étudiants en été pour plusieurs raisons, mais surtout les 2 premières :
… correction du dernier point pour bien illustrer comment le service publique français peut fonctionner, papa avait passé mon CV à une bonne collègue qui était proche de la DRH et je crois que pour la seule fois de ma vie, mon CV s’est retrouvé en haut de la pile des candidats " /> " /> " /> Je sais, c’est honteux. Mon seul honneur, c’est que moi, je me suis fait vraiment chier tout juillet à trier des papiers quand d’autres parlaient … et d’autres bon papa ont fait à peu prêt pareils que le mien.
ça vaut bien de se montrer indulgent devant un costard ou l’embauche d’une assistante parlementaire non ?
Le 15/04/2017 à 13h54
Le 15/04/2017 à 14h19
Tous des trou de balle, virons-les ! " />
Le 15/04/2017 à 15h18
Le 16/04/2017 à 17h50
C’est con pour Nicolas que son programme soit sous NDA, personne peut le lire !
Ok..je suis déjà sorti…moi la politique…lol
Le 17/04/2017 à 20h14
On a encore une vieille mentalité vis à vis du travail datant je dirais du moyen âge.
Ce qui déclenche des effets encore plus pervers tels que le présentéisme en entreprise. A savoir le fait de rester plus longtemps que ses heures, venir quand on est malade, etc. Tout ça pour que les n+1 remarquent notre “implication”.
Sauf que des études ont démontré que ce genre de comportement a un effet nuisible sur la productivité et peut même contaminer les autres employés.
Ironiquement, dans d’autres pays, faire des heures au delà de son temps de travail est généralement considéré comme de l’incompétence.
Personnellement je suis un j’m’en foutiste fini. Je fais mon quota horaire contractuel, ni plus, ni moins.
Et j’ai la confiance du client chez qui je suis en régie, donc aucune raison de “faire le beau”.
Dans une précédente vie j’ai été dans un contexte où tout ce qui les intéressait c’était “9h00 et pas 9h01”, bah rien à foutre quand même " />
Surtout que je suis un matinal, donc chez moi 9h c’est 8h. Ca permet de profiter un peu plus de sa soirée comme ça.
M’enfin, peut-être qu’un jour il y aura une relation de confiance et non plus de méfiance dans le domaine de l’entreprise… Mais d’ici là je pense que le soleil aura cramé tout son carburant.
Le 17/04/2017 à 23h06
Il paraît que le présentéisme est un mal français.
Le 18/04/2017 à 06h18
Le 18/04/2017 à 07h31
“Le problème de la France, c’est les Français.”" />
Merci de ne pas replacer cette phrase dans son contexte original, ça me donne la nausée.
Le 18/04/2017 à 07h37
Je confirme " />
J’ai fait deux ou trois mois d’été dans une entreprise d’assurance ou travaillais mon père a trier les contrat et retrouver/remettre à leur place les contrats dans les étagères " />
La politique c’était favoriser ceux qui n’avaient pas fait de travail d’été les années précédentes et premier arrivée, premier servit.
Je pense que dans la plus part des entreprises qui gèrent des grandes quantité de dossier, prendre des travail d’été pour rattraper du retard doit être courant :)