Polémique autour de la nomination d’une ex-lobbyiste américaine à la Commission européenne
Le 17 juillet 2023 à 06h40
3 min
Droit
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La Commission européenne « ne voit pas de raison de reconsidérer » la nomination de l’Américaine Fiona Scott Morton au poste de nouvelle économiste en chef à la Direction générale de la concurrence, ex-lobbyiste et ancienne cadre du gouvernement Obama qui avait conseillé, par le passé, Amazon, Apple et Microsoft, relève l'AFP.
La direction générale de la concurrence est en effet chargée de veiller au bon fonctionnement de la concurrence dans l’Union européenne et d’enquêter, notamment, sur les abus de position dominante des géants du numérique (Alphabet, Apple, Meta, Microsoft…), précise le Parisien dans un article tentant de résumer la polémique.
Le gouvernement français avait pourtant demandé à Bruxelles de revenir sur cette nomination, une requête reprise vendredi par les chefs des quatre principaux groupes politiques au Parlement européen qui « dénoncent les risques d’ingérence de Washington », ainsi que par le MEDEF, la première organisation patronale française, souligne l'AFP.
« À l’heure où nos institutions font l’objet d’un examen minutieux face aux ingérences étrangères, nous ne comprenons pas que des candidats non européens soient pris en considération pour un poste aussi stratégique et de haut niveau », expliquent-ils dans une lettre datée de vendredi, adressée à la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager.
« La régulation du numérique est un enjeu capital pour la France et pour l’Europe. Cette nomination mérite d’être reconsidérée par la Commission », avait réagi jeudi soir la ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna.
Elle avait en effet occupé des fonctions de responsable de l’analyse économique à la division antitrust du ministère américain de la Justice, entre mai 2011 et décembre 2012 – sous l’ère Obama – et de consultante pour des grands groupes de la tech comme Amazon, Apple et Microsoft, rappelle Le Parisien.
« La Commission et, plus largement, les Européens ont beaucoup de chance d’avoir attiré une personne de son calibre », estime de son côté le prix de la Banque de Suède (surnommé prix Nobel d'économie) Jean Tirole, professeur à l’université de Toulouse, qui juge que Fiona Scott Morton est l’une « des meilleures économistes au monde dans le domaine de l’organisation industrielle » et qu’elle a contribué de façon décisive à la réflexion américaine sur la réglementation des nouvelles technologies, relève Libération.
L’Italien Andrea Garnero, économiste à l’OCDE, estime de même que « Scott Morton a un profil d’envergure et a de l’expérience. Ce n’est pas une académique naïve enfermée dans sa tour d’ivoire. »
Professeure d’économie à la Yale School of Management et forte d'un « CV long comme le bras », Scott Morton préconiserait en effet de « lutter contre les monopoles et les intégrations verticales (un distributeur de câbles qui absorbe un créateur de contenu, par exemple), mais aussi de s’assurer que les fusions ne nuisent pas aux petites entreprises, comme dans le cas d’Amazon « qui les évince du marché », souligne Libé.
Le 17 juillet 2023 à 06h40
Commentaires (32)
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Abonnez-vousLe 17/07/2023 à 06h47
Wow, jusqu’ici, je trouvais sa nomination plus que douteuse. Mais si ma€ron demande à revenir dessus, c’est que c’est peut-être une bonne chose finalement ?
Quoi qu’il en soit, selon les propres textes et règlements de l’UE, elle n’avait même pas à être considérée (désolé, la flemme d’aller rechercher les sources).
Le 17/07/2023 à 07h00
L’EU nommera-t-elle une chinoise, ex-cadre du gouvernement Xi Jinping et lobbyiste Huawei/ByteDance pour s’occuper de la sécurité des données en Europe ? Mystère.
Le 17/07/2023 à 07h04
J’aime beaucoup ce parallèle
Le 17/07/2023 à 08h04
Après la fugue américaine, la cuisine chinoise.
Bien vu.
Le 17/07/2023 à 09h50
Le 17/07/2023 à 12h39
La question est pertinente, sauf que le poste en question est sur la concurrence, pas la sécurité des données.
Ce qui du coup change complètement la portée de la question.
Le 17/07/2023 à 12h55
Je me dit que c’est un peu quitte ou double comme nomination, au moins elle connait bien toutes les magouille des grands groupes pour passer entre les mailles du filet vu qu’elle y a surement participé.
D’un autre côté, elle est aussi en position privilégié pour diriger les regards là où c’est le moins gênant.
Le 17/07/2023 à 12h56
Article de Libé :
Bah dis donc, ca c’est un exemple à suivre.
Ca indique bien à mon sens la vision du “milieu universitaire économique” pour l’Europe…
Le 17/07/2023 à 13h02
Le compte à rebours avant l’annulation de cette nomination est enclenché : Nomination d’une experte américaine: Vestager auditionnée au Parlement européen.
Le 17/07/2023 à 15h14
Quel est le pouvoir du parlement européen sur cette nomination ?
Personnellement, je n’en ai aucune idée mais, j’ai l’impression qu’ils n’en ont pas quand je lis dans l’article du Parisien :
Le 17/07/2023 à 15h04
Le 17/07/2023 à 17h40
La commission européenne peut tout à fait ignorer ces demandes issues de représentants élus par le peuple européen ; mais est-ce bien judicieux ? En effet, si la CE persiste dans son intransigeance alors cela ne fera que renforcer ceux qui dénoncent les défaillances institutionnelles de l’UE à quelques mois des élections européennes.
Le 17/07/2023 à 20h40
“permettant de « créer un pont avec les États-Unis, dans une démarche d’écoute et de compromission », envisage Claire Poirson”, j’espère que c’est juste une erreur, sinon l’usage du terme “compromission” est quand même très malheureux (dans l’article du Parisien)
“« Sa connaissance précise sur les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft) peut apporter une autre vision sur le sujet », ajoute de son côté Claire Poirson” est quand même en contradiction avec “Bruxelles a notamment assuré que la nouvelle recrue ne travaillerait pas sur les dossiers en lien avec ses anciens employeurs, rappelle Claire Poirson.” A se demander si Claire Poirson a la moindre idée de ce dont elle cause.
“Comme le rappelle Claire Poirson, l’économiste en chef ne dispose « pas de fonction exécutive et a très peu de pouvoir », contrairement au directeur général de l’instance”
On a l’impression, à la lecture de l’article du Parisien, que la commission a nommé quelqu’un qui n’a aucun pouvoir et qui ne travaillera pas sur les plus gros dossiers.
Le 17/07/2023 à 21h51
Elle ne détonne pas dans le paysage pourtant.
Le 18/07/2023 à 07h59
La signature du contrat de Fiona Scott Morton avec l’UE ne prend effet qu’au 1er septembre (source Médiapart) donc d’ici là cette nomination peut-être annulée par la CE.
Régulation des Gafam : la nomination qui fâche à Bruxelles @Mediapart - extrait en accès libre :
La nomination de Fiona Scott Morton, une Américaine professeure d’économie et ancienne employée de grandes entreprises de la tech à un poste important à la Direction de la concurrence fâche les eurodéputés et jusqu’aux commissaires.
En ce début de torpeur estivale, voilà que ça tangue dans les institutions européennes, chez les commissaires et chez les eurodéputé·es. Ça tangue beaucoup, même, et les mots « émotion », « colère », « incompréhension », « lunaire » surgissent de partout.
La suite de cet article contient quelques perles dont une bien belle.
Le 18/07/2023 à 08h23
Ça reste inquiétant parce que l’écrasement de la concurrence est justement une tactique de jeu des américains grâce, entre autres, aux GAFAM. L’histoire américaine montre qu’en d’autres temps, les GAFAM auraient été démantelés depuis longtemps si ils ne représentaient pas un tel enjeu géostratégique.
Après, les faits d’armes de Scott Morton montrent qu’elle serait plutôt dans le « bon camp » sur ces questions mais comment agira t’elle lorsqu’il faudra aller à l’encontre des intérêts de son propre pays, quelles pressions subira t’elle. Et il y a tout tout bêtement la question du symbole : impossible d’arguer que personne en Europe (450 millions d’habitants) n’aie les compétences requises pour ce poste.
Le 18/07/2023 à 08h43
Plutôt d’accord.
D’après le Parisien, il n’y a eu qu’une dizaine de candidatures, qu’elle ait été la meilleure à la lecture de son CV n’a rien d’improbable. On ne va quand même pas forcer un Européen qui aurait les mêmes compétences à prendre le poste s’il ne le veut pas.
Le 18/07/2023 à 08h58
La commission économique du Parlement européen auditionne Margrethe Vestager aujourd’hui donc mon pronostic est une annulation de la nomination de Fiona Scott Morton par la CE entre aujourd’hui et la fin de la semaine
À noter que Médipart précise en conclusion de leur article que Margrethe Vestager vise le poste de directrice de la Banque européenne d’investissement…
Le 18/07/2023 à 09h57
Pas très inclusif tout ca, autrement.
Ils auraient pu nommer un.e racisé.e ou un.e handicapé.e.
Le 18/07/2023 à 10h41
C’est ça le genre de commentaire dont vous vous plaignez qu’ils soient censurés par les gauchistes ?
Le 18/07/2023 à 10h44
Ca c’etait juste un boutade. On se detend et on defeque un coup.
Le 18/07/2023 à 10h55
Je dirai qu’on peut lui donner le bénéfice du doute. Il existe des personnes qui n’ont aucun attachement pour la société avec laquelle elles travaillent. On les paie pour un job, elle font le job. Et puis “Bye ! Bye!”
Le plus inquiétant c’est qu’il n’y aurait aucun contrôle ou aval de son travail. C’est là que la CE ou UE devrait mettre en avant des propositions ou des arguments. Laisser plein pouvoir sans contre-pouvoir à cette personne; là, ça m’indignerait.
Le 18/07/2023 à 11h03
+10
Le 18/07/2023 à 11h26
Le contre pouvoir de la commission européenne c’est déjà le parlement européen (élu). La commission (et ses membres) n’ont pas les pleins pouvoirs.
Le 18/07/2023 à 11h41
Je me suis peut-être mal exprimé.
Mon propos n’était pas de prétendre qu’il n’y en avait pas (J’aurai été indigné qu’il n’y en ai pas eu) mais de tendre à demander à l’Union Européenne, au Parlement Européen ou à la Commission Européenne de mettre en avant ces contrôles ou proposer des balises qui permettent d’endiguer l’éventuelle ingérence de madame Fiona Scott Morton; dans ce débat-ci.
Le 18/07/2023 à 11h44
Exactement.
Le 18/07/2023 à 14h44
Superbe article, sachant que le prix Nobel d’économie ça n’existe pas. Jean Tirole a reçu le prix de la banque de Suéde qui honore quasi-systématiquement des néo-libéraux et bien souvent des boussoles qui indiquent le sud.
Le 18/07/2023 à 14h49
Oui je sais bien, d’où mon sarcasme.
L’avenir de l’Europe des peuples est assuré quand on on regarde qui est nommé aux postes clés…
Le 18/07/2023 à 22h37
Tu as une information dans le sens du refus d’Européens à l’obtention de ce poste ?
Le 19/07/2023 à 11h04
Quelle question idiote !
Il y a eu 11 candidats. Elle était a priori la meilleure de ces 11.
Ensuite, je répondais à quelqu’un qui arguait que parmi les 450 millions d’Européens, il devait y en avoir qui avaient les compétences requises.
C’est pour cela que je parler de forcer quelqu’un à prendre le poste. S’il n’était pas candidat, c’est que le poste ne l’intéressait pas ou qu’il ne s’intéressait pas aux postes disponibles.
Maintenant que l’on sait qu’elle a préféré renoncer au poste, on va choisir quelqu’un de moins bon. Je ne suis pas sûr que l’on y gagne au final, mais Macron aura gagné.
Le 19/07/2023 à 06h39
Voilà, je viens de lire qu’elle renoncait d’elle même au poste.
Le 20/07/2023 à 21h05
En matière de questions idiotes nous avons un spécialiste. De qui se plaint-on ô baleines sans boss.