Ligue du LOL : Libé reconnaît avoir licencié ses journalistes sans cause réelle et de façon vexatoire

Ligue du LOL : Libé reconnaît avoir licencié ses journalistes sans cause réelle et de façon vexatoire

Ligue du LOL : Libé reconnaît avoir licencié ses journalistes sans cause réelle et de façon vexatoire

Cinq ans et demi après avoir fait la « Une » des médias, l’affaire dite de la Ligue du LOL est juridiquement close, a appris l’Agence France-Presse (AFP) « de sources concordantes » : la dernière procédure a en effet pris fin cet été après un accord entre Libération et Vincent Glad, un de ses anciens journalistes licencié à l’époque.

Le 12 juillet 2022, les prud’hommes avaient condamné Libé à verser près de 52 000 euros à Vincent Glad pour « licenciement sans cause réelle et sérieuse et de façon vexatoire ». Or, en vertu de cet accord, Libération a renoncé à son appel après une décision du conseil des prud’hommes de Paris en 2022 favorable à M. Glad, « laquelle devient donc définitive », souligne l'AFP.

Libération avait déjà conclu un accord avec un autre journaliste licencié, Alexandre Hervaud, afin là aussi de clôre le contentieux aux prud'hommes. Et le magazine Les Inrockuptibles avait, lui aussi, été condamné à payer 44 000 euros à l’un de ses ex-rédacteur en chef pour licenciement sans « faute réelle et sérieuse ».

L'AFP souligne que l’enquête du parquet de Paris pour harcèlement avait quant à elle été classée sans suite en février 2022, pour « infraction insuffisamment caractérisée ».

Les trois journalistes ont été licenciés après qu'un article de CheckNews, la rubrique de fact-checking de Libé, eut accusé les membres du groupe Facebook privé éponyme créé par Vincent Glad d'avoir cyberharcelé des féministes sur les réseaux sociaux au début des années 2010.

À l'époque, le scandale avait entraîné une vague de cyberharcèlement particulièrement violent de l'ensemble de la trentaine de membres identifiés du groupe Facebook, pour la plupart journalistes ou communicants, et le licenciement de 14 d'entre eux.

Or, comme l'AFP l'avait déjà relevé en février dernier, à l'occasion des cinq ans de ce scandale, « des enquêtes menées par les sites L’ADN et Next INpact début 2020, puis Marianne en 2021 », avaient conclu à un « emballement médiatique inédit » dans cette affaire.

« En réalité, seuls quelques membres (…) ont été accusés de plaisanteries obscènes, photomontages grossiers ou moqueries répétées, et non le groupe dans son ensemble », avait ainsi reconnu le New York Times dans un rectificatif publié en avril 2021.

Arrêt sur images avait, lui aussi, procédé à son aggiornamento, fin 2021, évoquant une couverture médiatique « quasi-uniformément à charge », et un « torrent médiatique disproportionné » ayant « porté un préjudice parfois grave et pas forcément justifié à une partie de celles et ceux qui furent rattachés au groupe Facebook ».

ASI reconnaissait aussi avoir relayé « une importante erreur factuelle » au sujet de notre contre-enquête, et décidé de rajouter un encadré « signalant l'existence d'éventuelles erreurs ou approximations » sur chacun de ses articles consacrés à cette polémique.

« La fin des procédures est une grande étape mais les traces qui restent en ligne sont un boulet monstrueux pour la réputation de personnes dont l’honneur a été souillé en 2019 », a assuré l’un des mis en cause à l’AFP mercredi, en pointant notamment la page Wikipedia consacrée à l’affaire.

Un boulet d'autant plus préjudiciable qu'elle apparaît en tête des requêtes Google, alors qu'elle relaie surtout les articles à charge qui avaient alors été consacrés à l'affaire, et qu'elle est dès lors truffée d' « accusations complotistes infondées » et « d’amalgames calomnieux », comme le déplore Alexandre Hervaud depuis 2021, en vain.

« C'était impossible d'imaginer les conséquences que ce papier allait avoir », confiait en février dernier à l'AFP le journaliste de CheckNews auteur de l'article qui allait déclencher la polémique. Il vient d'être nommé rédacteur en chef d'Arrêt sur images.

Commentaires (7)


Quand la lutte contre le harcèlement prend la forme du harcèlement: c'est compliqué.
Oui mais, tu comprends, moralement ca se justifie... enfin j'veux dire, tu vois quoi...

("morale" (n.f.): excuse pratique pour ne pas respecter la loi)
C'est le problème de ce genre de sujet thématique "cyberharcelé des féministes sur les réseaux sociaux" (phrase compte triple).

Difficile de fact-checker ce genre d'articles en tant que simples lecteurs
Facile de se braquer sur ces sujets
Difficile de douter (argument du: si tu ne les accuses pas tu les défends)
Et la quantité convainc plus que la vérité.

J'essaie toujours de prendre du recul sur les affirmations jusqu'au jugement, mais en général autour de moi tout le monde est convaincu de la culpabilité des gens avant même qu'une plainte n'ai été envisagée... (influenceurs & youtubeurs)

Oserai-je nommer la chaine DirtyBiology que je continue de regarder alors que YT a bloqué sa monétisation?
(je ne me prononcerai sur son créateur que lorsqu'il y aura jugement, et en réalité cela n'a de toute façon aucun rapport avec son contenu actuel... mais je digresse. Graisse.)
Je trouve que la chaine DirtyBiology est un exemple très intéressant ! Cette situation rencontre les accusations de plusieurs femmes, la présomption d'innocence et le gagne-pain de Léo Grasset.

Je trouve ça compliqué de trouver le juste milieu car 1) je ne connais personnellement ni les plaignantes ni l'accusé donc je fais confiance à la justice mais 2) nombre des plaintes de violences sexistes et sexuelles sont classées sans suite, faute de preuve.

Donc le public est au courant de cette situation sans que justice puisse être rendue et forcément on a une volonté de justice qui s'exerce de manière arbitraire, ici en coupant la monétisation de la chaîne, le privant de ce qu'on pourrait appeler son salaire.

Franchement je ne vois pas comment sortir par le haut de ce genre de situation.
« C'était impossible d'imaginer les conséquences que ce papier allait avoir », confiait en février dernier à l'AFP le journaliste de CheckNews auteur de l'article qui allait déclencher la polémique.

Lol. Quel faux-cul putain...
Merci pour l'article et l'ensemble du travail déjà réalisé sur ce sujet :yes:
Je trouve le billet du médiateur d'ASI est intéressant également sur la façon dont cela a été géré dans leur structure.
À classer dans les cas d'école des emballements médiatiques et des réputations flouées d'un milieu parisien. Comme l'affaire des Marioles de Blast et de Bruno Gaccio (un arrêt brutal après un crowdfunding, ça vaut peut-être mieux quand ça tourne au vinaigre).
Dernièrement, même si ça se passe en Belgique, c'est Damien Gillard sur la RTBF (Le Grand Cactus) qui connaît une polémique à propos d'une caricature de l'Abbé Pierre (mais c'est un guignol "professionnel").
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