Dans une interview, le secrétaire général de la Hadopi est revenu sur le projet Linkstorm, futur outil de la Hadopi pour jauger dans les moteurs, la part des sites PUR face aux sites illicites.
Eric Walter et Mireille Imbert-Quaretta
Conformément à l’article L331-23 du Code de la propriété intellectuelle, la Hadopi doit mettre en place un portail référençant les offres labellisées PUR (voir l'historique). Cette mission est celle du site PUR.fr, où le consommateur peut en effet y trouver les sites qui s’affirment licites aux yeux de la Hadopi. Problème, dans son dernier rapport annuel, la Hadopi a tendu l’oreille aux doléances des sites labellisés, car « leurs besoins ne consistent pas en un référencement par l’autorité publique » d’autant que ce portail, s’il se développe, « représenterait pour eux une forme de concurrence dans la mesure où [leur] modèle économique (…) se base sur la monétisation de l’audience. »
Une finalité, des finalités
Ces mêmes sites labellisés PUR veulent du coup prendre pour levier la Hadopi pour améliorer leur visibilité dans les moteurs de recherche : « les agrégateurs et comparateurs sollicitent une intervention de l’autorité publique en ce qui concerne l’accès aux différents catalogues et leur visibilité en ligne », ces sites se plaignant d’une « « distorsion de concurrence » avec des sites illégaux ». Du coup, la Hadopi en a déduit que « la réflexion devrait porter sur la mise en valeur des agrégateurs privés référençant l’offre légale plutôt que sur la création d’un portail agrégateur public, et en particulier sur les mesures de nature à améliorer leur visibilité sur Internet ainsi que l’exhaustivité et la diversité des catalogues. »
Pour pousser techniquement cette « réflexion », la Hadopi développe en interne Linkstorm, son outil d’analyse qui sous Bing ou Google, va flairer le site PUR comme l’on cherche la truffe sous le chêne.
Dans une interview sur Convergencenumerique.net, Éric Walter a donné de nouvelles précisions sur ce projet au nom si combatif, développé par Gaëtan Poupeney (@erebuss). « Linkstorm, c’est un outil d’observation dont la finalité est de pouvoir comparer le positionnement sur les moteurs de recherche de l’offre légale telle qu’on la connaît nous, c'est-à-dire labellisée, et de l’offre illégale. Cela ne fonctionne pas par une consultation permanente des moteurs de recherche, mais en introduisant d’un côté un certain nombre de titres et de mots-clefs et en comparant sur une durée courte (…) la place respective des réponses légales et illégales sur ces mots-clefs et ces œuvres enregistrées. »
Dire que la finalité est de comparer le site PUR face aux sites illicites est un peu court. La finalité de ce logiciel est aussi de préparer les nouvelles missions de la Hadopi sur les moteurs de recherche. Devant la mission Lescure, de nombreux ayants droit ont exposé que pour lutter contre les sites de streaming ou de direct download, il faudrait armer la Hadopi d’une capacité de notification aux fins de déréférencement. La ministre de la Culture, dont on appréciera l’évolution du discours, attend justement de la mission Lescure un arsenal contre ces sites. La Hadopi travaille aussi sur la question des moteurs au sein du CSPLA, le conseil juridique de la Rue de Valois, composé d’une grande majorité d’ayants droit. Enfin, Mireille Imbert-Quaretta, présidente de la Commission de la protection des droits, étudie justement la piste du déréférencement dans sa mission sur le streaming et le direct download.
Qui, autre que le juge, est qualifié pour étiquetter un site comme étant illicite ?
Dans son interview, le secrétaire général ne dit rien des méthodes et des ingrédients de la comparaison : Linkstorm compare l’illicite au licite labellisé Pur, certes, mais il existe sur le marché des sites licites qui ne sont pas labellisés. Autre chose, un site n’est illicite que s’il a été reconnu comme tel par la justice, dans le cas contraire il est licite. Est-ce que la Hadopi est qualifiée pour étiquetter tel site d’illicite ? Ne va-t-on pas violer le principe de la présomption d’innocence dans le cas contraire ?
« C’est définitivement pour avoir une photo à un moment donné du positionnement respectif du légal labellisé et de l’illégal d’une sélection d’œuvres », insiste surtout Walter.
Linkstorm et la licence Google
Autre chose. Dans Le Monde, on apprenait que ce logiciel « refusera les cookies et effectuera ses requêtes directement sur plusieurs centres de données plutôt que sur le service lui-même ». Sur ce terrain, la Hadopi ironisait : « Il y a une croyance selon laquelle la Hadopi n'a aucune connaissance en matière de réseaux virtuels privés (VPN) ou de proxies », laissant entendre que Linkstorm jouera avec les proxies et les VPN pour jauger le PUR de l’imPUR depuis plusieurs endroits.
Problème : dans sa licence d’utilisation, Google semble interdire l’utilisation des approches un peu trop exotiques : « Ne tentez pas d’y accéder en utilisant une méthode autre que l’interface et les instructions que nous mettons à votre disposition ». Éric Walter réfute en creux la moindre violation de la licence Google : « Linkstorm n’est pas un robot, c’est un outil qui reproduit ce que pourrait faire un certain nombre d’usagers à un même moment. Le logiciel est encore en développement. Nous attendons d'avoir fini pour aller discuter avec les moteurs de recherche. Nous ne sommes absolument pas dans la mécanique qui consisterait par l’intermédiaire d’un robot à aller taper de façon systématique dans les index des moteurs pour ressortir des statistiques ; ce n’est pas du tout cela. » L’outil ne pose pas de problème avec les moteurs et la Hadopi va présenter cette évidence avec les moteurs.
Open Source : il aurait pu, il aurait dû
La Hadopi a l’ouverture sélective. Si elle invite quiconque a vite rejoindre les murs de ses labs, elle refuse pour l’heure d’ouvrir ce logiciel. « Idéalement c’est un outil qui aurait dû » lâche Éric Walter, avant de vite rectifier ses propos : « qui aurait pu être développé de façon communautaire, ce qui sous-entend, presque mécaniquement, qu’il soit open source. »
« On peut respecter la volonté du développeur qui est de mettre en open source à partir du moment où son code est propre. Actuellement, il considère que le code n’est pas propre (…). Je crois assez légitime de sa part de dire ‘tant que ce n’est pas complètement stabilisé, que je n’ai pas une version satisfaisante du code, je n’ai pas très envie de le mettre en open source parce qu’alors là, ça va être une suite d’appeau à troll. » Mais est-ce que cela va théoriquement s’ouvrir ? « C’est quelque chose qui peut théoriquement s’ouvrir » rectifiera encore Walter, qui refuse de s’engager sur cette voie et promettre ce qu’il ne pourrait finalement pas tenir.
Commentaires (80)
#1
Il n’existe donc plus que 2 catégories : le légal labellisé, et l’illégal. Plus de légal tout court.
PUR devient donc un tampon “fesses propres”, et non plus un label.
Ca coute combien pour faire labeliser son site de vente de musique en ligne ?
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Du coup ils vont comptabiliser les sites non labellisés comme illicite… " />" />
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Après les musiques officielles qui n’existent plus depuis… la fin de la royauté, voici les sites officiels (de téléchargement de musique) du gouvernement. On arrête pas le progrès.
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Question bête: iTunes est-il PUR ?? " />
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Bonne question!!" />
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y un point Godwin à faire sur ce label PUR…. enfin, j’oserai pas… mais bon, c’est clair que le but d’hadopi est de créer une sorte de Label pour la bonne culture, un art officiel reconnu par les autorités. Les courants alternatifs de l’art deviendront à long terme IMPUR, et devront sans doute pourchassé par la force publique…
J’aime trop la sci-fi, Farhenheit 451… et oui, Hadopi, développe petit à petit son arme de destruction et d’enfouissement de la culture au profit de l’industrie débilitante du divertissement.
En conclusion, le numérique, l’essort de la TNT et autres ont nivelé la culture vers le bas au profit des gros ayants droit et producteurs de divertissement de masse.
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#11
Linkstorm n’est pas un robot, c’est un outil qui reproduit ce que pourrait faire un certain nombre d’usagers à un même moment
Il est marrant Eric Walter. ça reste un robot, évidemment.
c’est pas en reformulant une définition qu’on change la nature du sujet. " />
Le logiciel est encore en développement. Nous attendons d’avoir fini pour aller discuter avec les moteurs de recherche
mmmh. ça c’est de la bonne méthode! " />
Google: votre outil est un robot. vous avez pas droit.
Développeur: " /> bizarre, je l’avais pas dutout anticipé.
Hadopi: mééééheuuuu " />
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par contre steam et good old games ne sont pas PUR " />
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En clair, si j’ai bien suivi (je fais autre chose en même temps, comme d’hab) Hahahadopi veut recenser le PUR et ce qui n’en fait pas partie pour mieux faire de la pub pour le premier…
Question 1 : si l’offre légale était développée et attractive, ça serait toujours utile cette mascarade ?
Question 2 : pour la notification d’un site situé hors de France, à part un gros fuck, ils s’attendent à quoi, Hahahadopi, s’ils font une demande de déréférencement ? J’aimerai bien voir la réponse de TPB à leur première demande les concernant… " />" />" />" />" />
Question 3 : dans la pratique, ça va aboutir à quoi leur machin ? A part quelques mois de survie de plus d’Hahahadopi face aux restrictions budgétaires ?
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Il dort le deuxième gars à droite sur la photo ?
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On peut respecter la volonté du développeur qui est de mettre en open source à partir du moment où son code est propre. Actuellement, il considère que le code n’est pas propre
Ou alors, dis autrement
Ce projet pompe du code tiers et utilises des librairies sans indiquer la provenance ou incluant le rappel de licence, et que ça le fait pas pour un outil utilisé par une autorité en charge d’aider au respect du droit d’auteur
" />
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Et ça faisait moins “hot” de donner un nom français au logiciel ? n’y a t-il pas de loi pour la protection de la langue dans votre pays ?
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ur ce terrain, la Hadopi ironisait : « Il y a une croyance selon laquelle la Hadopi n’a aucune connaissance en matière de réseaux virtuels privés (VPN) ou de proxies »,
Connaissance ou pas, ça ne change rien à ce jour sur le P2P + VPN. Ca ne change toujours rien au DDL. Ca ne change rien aux serveurs persos hébergés en dehors de la France.
Si le but est de tailler dans la masse, ils vont aller vers le déréférencement sur Google. Ca ne supprimera pas le contenu hébergé dans des pays sans droit d’auteur, et les petits malins auront toujours leurs bonnes adresses.
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Ah , certains veulent bien être “ PUR ” mais faut pas que trop de monde est la marque infamante car gare à la concurrence.
On est plus pour sauvegarder son fric que la culture , là. " />
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Linkstorm, ne serait-ce pas le Dieu des boulets ? " />
Et en même temps Diabolique " />
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Nan mais arrêtez juste de lui répondre, c’est tout.
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Bon, et bien de cette photo, on peut déduire que :
9 000 000 € - (le salaire annuel des deux mamy) < (Prix d’un fer à repasser)
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Linkstorm n’est pas un robot, […] Nous ne sommes absolument pas dans la mécanique qui consisterait par l’intermédiaire d’un robot à aller taper de façon systématique dans les index des moteurs pour ressortir des statistiques ; ce n’est pas du tout cela.
Oui, et la riposte gradué, c’est “le contraire absolu d’un système automatisé”.
Nan mais franchement, qui porte encore du crédit à la parole de cette institution….
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Walter, qui refuse de s’engager sur cette voie et promettre ce qu’il ne pourrait finalement pas tenir.
Ça l’a pourtant pas gêné pour la labellisation des outils de sécurisation
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Linkstorm n’est pas un robot, c’est un outil qui reproduit ce que pourrait faire un certain nombre d’usagers à un même moment.
“Je vais bien, tout va bien !” " />
Non non, c’est pas un bot, juste un réseau de bots.