Hadopi : vers la fin d’une suspension déjà morte
L'amende honorable
Le 22 janvier 2013 à 14h43
6 min
Droit
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Le député Gwenegan Bui (PS, Finistère), vient de questionner le gouvernement sur le sort qu’il entend donner à la Hadopi en général et à la suspension, en particulier. L'excellente occasion de rappeller que la suspension est une sanction mort-née.
Le député socialiste Gwenegan Bui a interrogé la ministre déléguée à l’Économie numérique sur le sort que le gouvernement entend réserver à la Hadopi. « La loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur internet, instaurant la HADOPI, prévoit la suspension administrative de la connexion internet des utilisateurs qui téléchargent illégalement des œuvres artistiques. Le rapporteur spécial pour la liberté d'expression des Nations unies a affirmé dans un rapport daté de juin 2011 que couper l'accès à internet est une mesure disproportionnée dans la défense de la propriété intellectuelle. Elle a tenu un discours similaire en août 2012 en ajoutant que la Haute autorité est d'une efficacité faible relativement à son budget (12 millions annuels) »
La question va sûrement être transférée au ministère de la Culture, mais peu importe. Le parlementaire voudrait savoir « si le Gouvernement entend revenir sur la suspension de l'accès à internet comme sanction, et plus généralement s'il compte réformer, supprimer ou remplacer la HADOPI. » Face à une telle question, le gouvernement renvoie généralement la réponse à la remise des conclusions de la mission Lescure, chargée notamment de l’avenir de l’autorité indépendante... Mais pas toujours.
Suspendre la suspension
La suspension de l’accès internet est ainsi dans le viseur de la Rue de Valois depuis des mois. « La suspension de l'accès à internet me semble une sanction disproportionnée face au but recherché » a soutenu par exemple Aurélie Filippetti en août dernier. Pierre Lescure ne disait pas autre chose un peu plus tôt : « il me semble par exemple - c’est un avis personnel, je ne suis ni ministre ni juge - que la suspension de l’accès internet est comme une espèce de chiffon rouge parce que ça semble contre nature. Ce serait comme couper l’eau au début du siècle ou couper la nourriture, au sens générique, pour tout individu. » La préférence pour l'amende a aussi été évoquée lors des différents échanges en Commission Lescure sur l’Acte 2...
Cependant, la mort de la suspension serait une mesure cosmétique. Du beurre. Du vernis. Du flan. Pourquoi ? Car la suspension ne vise pas l’accès Internet, mais uniquement à la notion juridique de « services de communication en ligne ». Cela a été dit et redit. Répétons-le.
Si on lit le site de la Hadopi.fr, pas de nuance. On affirme qu’en plus de l’amende, « le juge peut prononcer une peine complémentaire de suspension de l’accès internet pour une durée maximale d’un mois ». Si on lit le code de la propriété intellectuelle, l’article L335-7-1 est plus précis. Il nous dit que la suspension vise « l'accès à un service de communication au public en ligne ».
La différence ? Elle est énorme et montre combien est impossible la suspension.
Si un juge devait décider de la suspension des « services de communication au public en ligne », le FAI aurait l’obligation de suspendre l’accès au web, mais non aux correspondances privées qui sont hors du champ. Les messageries privées de Twitter, de Facebook, de Skype, de Yahoo, des mails Orange, Free, ou SFR, etc. devraient ainsi être conservées intactes. De même, devrait être protégé l’accès aux SMAD, comme M6 Replay, ou à la téléphonie et la télévision (offres composites).
Du côté de la Hadopi et de la CNIL
Dans une procédure CADA, la CNIL avait fait de la résistance pour nous adresser son avis sur le traitement des données personnelles au sein de la Hadopi lors de la phase pénale. Pourquoi ce refus (finalement balayé par la CADA) ? Car Alex Türk, alors président, avait levé cette difficulté manifeste qu’il tenait à garder secrète : « la procédure pénale vise à suspendre l’accès à internet d’un abonné, sans le priver des autres services associés à cet accès, comme la téléphonie ou la télévision. Or il semble que tous les opérateurs ne disposent pas, à ce jour, des capacités techniques pour effectuer une telle suspension sélective. La Commission estime qu’il est essentiel que les personnes ne se voient pas privées de l’accès à certains services dont la suspension n’est pas prévue par la loi. Elle attire l’attention du ministère sur le besoin impératif de s’assurer des capacités techniques des opérateurs sur cette question ».
Questionnée sur cette problématique majeure pour le cœur de la riposte graduée, la Hadopi nous avait donné cette réponse en mai 2011. « La loi du 28 octobre 2009 [NDLR, Hadopi 2], intervenue après la décision du Conseil constitutionnel a confié au juge le pouvoir de prononcer les sanctions dans le cadre des procédures de négligence caractérisée, tout comme en matière de délit de contrefaçon (articles L335-7 et R335-5 du CP). C’est donc au juge qu’il appartient de prononcer la peine complémentaire de suspension de l’accès à un service de communication au public en ligne et d’en déterminer les contours au regard des circonstances du dossier. L’intervention de la commission de protection des droits de l’Hadopi se limite donc à informer le fournisseur d’accès de la peine de suspension prononcée par le juge, à l’encontre d’un de ses abonnés, afin qu’il la mette en œuvre. »
En clair, la Hadopi transmet la patate chaude au juge qui doit se débrouiller pour définir le périmètre de la suspension. Belle affaire alors qu’en cas de surblocage, le fournisseur d’accès pourrait engager sa responsabilité vis-à-vis de l’abonné ! En effet, il aura alors suspendu plus que ce que la loi et le juge lui imposaient. Un FAI avait d’ailleurs réagi à nos remarques à l’époque : « tout cela s’appelle du Deep Packet Inspection et c’est 70 ou 100 millions d’euros pour son installation. En termes d’exploitation, c’est totalement inefficace. Au prix de répercussions non neutres, c’est une fausse bonne idée de dire que l’opérateur pourra faire le tri. Un opérateur peut bloquer ou ne pas bloquer, mais il n’a pas à rentrer dans la nature du trafic. Le politique devra assurer le surblocage et les autres effets de bords. Faire du contrôle parental à l’échelle d’un réseau n’existe que dans les têtes de ceux qui veulent vendre ces solutions-là. »
Commentaires (55)
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Abonnez-vousLe 22/01/2013 à 14h49
quel gaspillage de fric pour si peux au final " />
Le 22/01/2013 à 14h50
" /> j’ai reçu mon premier mail hadopi aujourd’hui " />
Le 22/01/2013 à 14h56
Bref, on suspend rien parce que c’est infaisable…
À part se ridiculiser, elle a réussi quoi, Hahahadopitre ? En dehors du type qui a pris 150 € d’amende, je vois pas…
Le 22/01/2013 à 14h59
Le 22/01/2013 à 15h00
C’est lequel de FAI qui à dit le dernier truc ? " />
Le 22/01/2013 à 15h02
Le 22/01/2013 à 15h04
ouuuuah… mais c’est un vrai mini-gun de news!
Harcélement de base.
Allez… a-bro-ga-tion (et avec les copains comme dadsvi and co).
Le 22/01/2013 à 15h12
12M€ annuels pour cette merde…
En faite, à part Thierry Lhermite, qui gagne quelque chose dans le dossier ?
Le 22/01/2013 à 15h14
Et allez encore un truque pour arroser les copains…. Plusieurs millions d’euros dans une merde pareil… vive la république vive la france…
Le 22/01/2013 à 15h14
Pourquoi pas tout simplement stopper la Hadopi, qui ne fait qu’absorber des milliards sans rien apporter à la France, ni même à ceux qui ont souhaité sa création ?
Le 22/01/2013 à 15h18
Le 22/01/2013 à 15h18
Le 22/01/2013 à 15h23
Le 22/01/2013 à 15h27
Le 22/01/2013 à 15h29
Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage.
Je ne suis pas sur que HADOPI soit la bonne méthode pour lutter contre le piratage, mais je ne crois pas à la méthode socialiste qui consiste à l’encourage au nom de je ne sais quelle créativité… mais plutôt une forme de clientélisme pour le jeune électorat !
Le 22/01/2013 à 15h32
Le 22/01/2013 à 14h47
suspendre la suspension… tout cela pour des millions d’argent public investis dans ce bouzin…
" />
Le 22/01/2013 à 14h48
Argh mes petits yeux " />
Même le micro de LCP en est tombé raide " />
Le 22/01/2013 à 20h13
Le 22/01/2013 à 20h22
" /> ce n’est pas la bonne personne, mais un ajout pour celui qu’il l’a " /> (sur le #50)
Le 22/01/2013 à 23h08
Ça faisait longtemps que je ne leur avait pas écrit, ils ont un magnifique formulaire de contact en plus…
Madame, Monsieur,
Je m’étonne de ne toujours pas avoir reçu de correspondance de votre part, êtes vous sur d’avoir en votre possession la bonne adresse me concernant ? Afin d’améliorer considérablement notre communication, je me suis permis de désactiver mon pare-feu OpenOffice. Depuis j’arrive à recevoir sans aucune difficulté le spam provenant du site jaimelesautistes.fr, à très bientôt, je l’espère.
Cordialement,
* Sébastien
Le 23/01/2013 à 05h39
Ô amis lecteurs Belge " />
Vot’ gars Noël Godin il a jamais pensé faire oeuvre d’utilité public en allant s’faire la Marais ? " />
Elle a une tronche a manger des tartes " />
Le 23/01/2013 à 06h44
Hahahadopitre
Halle aux pies
Le 22/01/2013 à 15h38
Corection :
Hadopi : vers la fin d’une suspension déjà morte
Le 22/01/2013 à 15h40
HADOPI c’est comme gagner le jackpot aux jeux à gratter.
Le 22/01/2013 à 15h45
Le 22/01/2013 à 15h45
Et ouai, le laxisme gagne encore et toujours du terrain " />
Le 22/01/2013 à 15h50
Le 22/01/2013 à 15h58
Le 22/01/2013 à 16h00
Le 22/01/2013 à 16h03
Vous pouvez également demander des informations sur les moyens de sécurisation à votre fournisseur d’accès internet.
On est sauvé, les FAI savent comment sécuriser nos lignes !!
Le 22/01/2013 à 16h04
Le 22/01/2013 à 16h16
Pour ceux qui veulent sécuriser leur ligne pour éviter de recevoir ce genre de mail, après un petit tour sur le site de la Hadopi :
Pour sécuriser votre ordinateur, vous pouvez installer des logiciels de contrôle parental. Il existe aussi des logiciels antivirus et pare-feu […]
Pour sécuriser votre connexion sans fil, vous disposez d’outils de chiffrement et de gestion de l’authentification. Ce type de protection se fait au moyen de clés et de protocoles cryptographiques (WEP ou WPA). […] Le chiffrement WEP présentant des vulnérabilités bien connues et largement exploitées, il est vivement recommandé de porter son choix, si votre équipement le permet, sur les protocoles WPA ou WPA2.
Pour identifier les différents moyens de sécurisation existants, l’Hadopi attribuera un label. […]. Après deux consultations publiques, et lorsqu’il sera validé, le projet de spécifications permettra de définir les objectifs auxquels devront répondre les moyens de sécurisation. (remarque la seconde consultation date du 20/04/2011)
L’essentiel est d’avoir des mots de passe personnels selon les utilisateurs, de protéger votre connexion wifi par une clé WPA2 et d’installer des logiciels qui vous permettrent de contrôler, si vous le souhaitez, ce qui se passe sur votre accès à internet (contrôle parental, pare-feu, anti-virus, etc.)
Le 22/01/2013 à 16h21
A mon avis, c’est pas que la suspension de la ligne parait disproportionnée, c’est plutôt que les parades pour reprendre une ligne sont possible. Et puis continuer à faire payer un abonné suspendu, c’est cric-crac pour le FAI concerné.
Le 22/01/2013 à 16h22
Le 22/01/2013 à 16h34
Le 22/01/2013 à 16h40
Le 22/01/2013 à 16h45
Le 22/01/2013 à 16h46
Gwenegan Bui, il ira loin ce jeune député du Finistère.
Le 22/01/2013 à 16h46
C’est une excellente question de la part d’un député qui a un excellent prénom ! " />
Le 22/01/2013 à 16h48
Le 22/01/2013 à 16h50
Le 22/01/2013 à 16h52
Le 22/01/2013 à 16h52
Une impuissance de la hadopi qui pousse les ayants-droit à poursuivre pour contrefaçon ?
Attention les triples play ont peut-être plus de chance pour le procès.
Le 22/01/2013 à 16h54
Le 22/01/2013 à 16h54
Le 22/01/2013 à 17h08
Le 22/01/2013 à 17h23
Le 22/01/2013 à 18h12
Le 22/01/2013 à 18h18
Le 22/01/2013 à 18h25
Le 22/01/2013 à 18h32
Le 22/01/2013 à 18h48
Le 22/01/2013 à 19h04
Le 22/01/2013 à 20h09