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Dénonçant un manque d’investissement de Google, un développeur forke Flutter

Sans dessin acide

Dénonçant un manque d’investissement de Google, un développeur forke Flutter

Flutter

La gestion de Flutter, un framework multiplateforme chez Google, semble poser problème à un nombre croissant de développeurs. Au point que Matt Carroll, anciennement employé chez Google et ayant travaillé sur le cadriciel, en a annoncé un fork.

Le 30 octobre à 16h59

Flutter est un kit de développement multiplateforme open source (sous licence BSD). Créé par Google, il a d’abord été conçu pour les applications mobiles, mais a pris du galon avec les années. On se souvient notamment que c’est Canonical qui s’était chargé de son portage sur Linux. La société l’a ensuite utilisé pour réécrire complètement l’installeur de la distribution Ubuntu.

Mais l’un des anciens développeurs du SDK, Matt Carroll, resté sous forme de contributeur externe, a annoncé récemment la création d’un fork. Pour rappel, le terme peut être traduit par « bifurcation » ou « embranchement ». Il est utilisé dans le cas où le code source d’un projet est copié pour servir de base à un nouveau projet. L’opération est extrêmement courante dans le monde du libre et alimente l’émulation autour du développement logiciel. Firefox a par exemple plusieurs forks : LibreWolf, Waterfox, Iceweasel…

Dans le cas présent, Matt Carroll a annoncé un fork de Flutter le 27 octobre, citant de vastes problèmes chez Google et une réduction continuelle de l’équipe. Le nom du nouveau projet ? Flock (sans rapport avec notre dessinateur).

Un trop grand nombre de problèmes

Matt Carroll fait une longue liste des problèmes observés sur ces dernières années. Son principal grief est une équipe de développement manquant singulièrement de personnel. Il l’estime à une cinquantaine de personnes (chiffre gelé en 2023), alors que le nombre de développeurs utilisant Flutter serait d’un million, une estimation basse et conservatrice selon lui. Le ratio serait alors d’un membre de l’équipe pour 20 000 développeurs, ce qui ne peut pas fonctionner, d’après Matt Carroll.

Il cite plusieurs exemples, dont le temps de traitement des tickets de support. Il affirme qu’il peut s’écouler parfois plusieurs années entre la création d’un ticket et le moment où l’équipe s’en empare pour l’examiner. Or, avec le temps, les informations qui avaient servi à le créer ont peut-être été perdues. Le développeur a pu passer à autre chose et oublier le contexte du problème signalé.

« D'après mon expérience, lorsque cela m'arrive, j'ai cessé depuis longtemps de travailler avec le client à l'origine du problème initial. J'ai écrit des centaines de milliers de lignes de code depuis lors et, souvent, je ne me souviens même pas d'avoir déposé le problème, sans parler des détails obscurs liés au problème initial. L'équipe ne peut pas corriger le bug sans mes informations, et cela fait trop longtemps que je ne lui en ai pas fournies. Le bug est donc enterré et sera redécouvert par un futur développeur », explique Matt Carroll.

L’ancien employé de Google cite également les changements de priorités dans l’entreprise, avec des yeux largement tournés vers l’intelligence artificielle. Google vient d’ailleurs de mettre en avant que plus d’un quart du nouveau code écrit par ses développeurs l’a été par une IA générative. Les plateformes desktop ne sont ainsi plus considérées comme des priorités et trois des six plateformes sont en mode maintenance. Le desktop est selon Carroll le plus grand gâchis de Flutter. Certains des bugs non corrigés étaient suffisamment importants pour que les clients changent de crèmerie.

Il est vrai que les questions autour de Flutter commençaient à s’accumuler. La dernière Google I/O en mai a renforcé les inquiétudes. De nouvelles versions avaient bien été proposées pour Flutter (3.22) et Dart (3.4), mais l’arrivée de Kotlin Multiplatform les a éclipsés. Plusieurs médias avaient noté ce changement, dont DevClass. En outre, l’ancien directeur de l’équipe Flutter, Tim Sneath (ancien transfuge de Microsoft), est parti chez Apple en juin 2023.

Le choix du fork

Matt Carroll indique que la question d’une coopération massive avec des développeurs externes aurait pu être envisagée. Le problème est cependant le même, car l’afflux des participations aurait été géré par la même équipe qui manque actuellement de main d’œuvre pour s’occuper des tickets du support. Or, la révision du code prend du temps. En outre, de nombreux développeurs auraient trouvé la communication avec l’équipe Flutter « frustrante, voire impossible ».

Que propose-t-il ? Flock, un fork de Flutter imaginé comme un catalyseur. Il décrit en effet le projet comme un « Flutter+ », non comme un remplaçant. Il espère attirer les contributions pour faire de Flock un outil dont les bugs seront corrigés rapidement, tout comme l’ajout de nouvelles fonctions.

« En d'autres termes, nous ne voulons pas, ou avons l'intention, de forker la communauté Flutter. Flock restera constamment à jour avec Flutter. Flock ajoutera d'importantes corrections de bugs et des fonctionnalités populaires de la communauté, que l'équipe de Flutter ne peut pas ou ne veut pas implémenter », indique Matt Carroll.

Dans les grandes lignes, chaque nouvelle version de Flutter verra ses nouveautés portées vers Flock. Ce dernier ira dans le sens que sa communauté de développeurs estimera la plus logique, s’occupant d’abord de tous les bugs en attente, tout en partageant le code correcteur avec l’équipe de Flutter, qui sera alors libre de l’intégrer ou non.

Sa priorité pour l’instant est de créer un miroir de Flutter pour refléter automatiquement les branches master, beta et stable. Il faudra ensuite que Flock puisse construire le moteur d’exécution. Matt Carroll invite les développeurs à participer et à tester leurs applications sur Flock. Pour l’instant, puisqu’il s’agira d’une copie miroir, elles devraient fonctionner sans modification.

Des réactions mitigées

Que ce soit sur Hacker News ou Reddit, les réactions sont en majorité négatives. Beaucoup estiment que les problèmes avancés par Matt Carroll sont réels et sérieux. Cependant, la plupart pensent que dans ce cas précis, la création d’un fork va diviser les ressources et ne servira pas.

« Mais je suis sceptique quant à sa suggestion d'accueillir de nouveaux changements dans un fork de Flutter et ainsi gagner en vitesse de développement. Cela nécessiterait des personnes qui souhaitent réellement travailler sur de nouvelles fonctionnalités. Je doute que ces personnes existent. Du moins, qu'elles existent en nombre suffisant pour qu'un fork soit plus rapide – en termes de fonctionnalités – que Google lui-même », estime par exemple l’un d’entre eux sur Reddit.

En revanche, sur X, l’annonce a créé plus d’engouement, Matt Carroll ayant répondu à de nombreuses questions, certaines très concrètes. Par exemple, Remi Rousselet se demandait hier comment gérer les paquets si Flock devient aussi populaire que Flutter : faudra-t-il que leurs auteurs supportent systématiquement les deux ? Matt Carroll lui a répondu que la conduite serait de recommander Flock pour les applications et Flutter pour les paquets. À un autre, il a répondu qu’en cas de conflit d’approche sur une fonction, la version Flock serait supprimée.

Commentaires (29)

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Est-ce que Flock risque d'être obligé de changer de pseudo, s'ils déposent la marque Flock ? Peut-être qu'il aurait une légitimité pour leur proposer un logo :mdr:
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On notera l'effort de largage de termes français dans l'article, que pas grand monde n'utilise :D
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Tu dis ça pour cadriciel ? :D
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Oui mais pas que. Je me vois mal dire en 'journalier' que j'ai bifurqué le répertoire de sources. :francais:
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Ah non mais personne ne dit ça, sauf peut-être au Québec libre, c'était plus pour donner une image aux personnes qui ne connaitraient pas :love:
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Faut écouter la radio du service public, on les entend de temps en temps ;)
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On a un exemple où un logiciel n'avance pas avec un gros éditeur derrière, et qui avance mieux sans cet éditeur ?
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Open Office.

Après le rachat de Sun par Oracle, il n’avançait plus. Il y a eu le fork LibreOffice, avec le succès que l'on connait.
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Anéfé ! Je l'avais oublié.
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Et peut être bientôt Wordpress (oki, je sors)
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En effet, mais là je suis pas sur que ça puisse être reproductible pour Flutter.

LibreOffice était une décision coordonée d'une grosse partie des contributeurs suite au quasi abandon du projet par Sun puis Oracle. Là, ça à l'air d'être une personne qui part seule, alors qu'il reste une équipe conséquente active chez Google.
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En effet, mais là je suis pas sur que ça puisse être reproductible pour Flutter.
Je suis d'accord, mais ce n'était pas la question de Jarodd ;)

Sinon, il existe d'autres projets, avec des éditeurs plus ou moins gros, où le fork a pris les devants (la nuit porte conseil ^^) :
- MySQL / MariaDB
- Owncloud / Nextcloud
- Gogs / Gitea (forge logiciel)
- B2 / Wordpress
- XFree86 / X.Org
- Mambo / Joomla
- Hudson / Jenkins (logiciel d'intégration continue)

Il y en a très certainement d'autres, la liste est loin d'être exhaustive. Je ne l'ai faite quasiment que de tête. Je n'ai cherché que le nom initial de Joomla et de Wordpress, dont les noms m'avaient échappé.

Sinon, le projet qui répond emblématiquement à la question de Jarodd reste OpenOffice/LibreOffice.

Les raisons qui conduisent au fork sont diverses et variées. Cela peut aller de l'abandon/stagnation du projet initial, à un différend avec le mainteneur principale en passant par un désaccord sur la direction à prendre.

Après, il ne faut pas non plus tomber dans le piège du biais du survivant. Il y a beaucoup de forks qui se font et qui échouent plus ou moins vite.

Quoi qu'il en soit, pour le fork de Flutter, je ne me prononcerai pas sur sa réussite/échec. Je n'utilise pas Flutter, je ne connais pas la communauté ni l'écosystème. Je me garderai donc bien de prendre un pari quelconque :mdr:

Non, l'aspect le plus intéressant du fork, c'est son nom, qui risque bien d'inspirer "notre" @Flock :francais:
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Il y a un certain motif dans la liste :

* OpenOffice (bouffé par Oracle) → LibreOffice
* MySQL (bouffé par Oracle) → MariaDB
* Hudson (bouffé par Oracle) → Jenkins

De là à dire qu’Oracle est un problème pour les projets libres…
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C'est étonnant, mais je l'attendais celle-là :D
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- Gogs / Gitea (forge logiciel) / Forgejo
Le mélodrame continue pour lui ! :D
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Arf, je ne savais pas. Merci.

Connais-tu la raison du fork ?
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En résumé de ma compréhension, Gitea a monté une entreprise pour piloter le projet. Perte de confiance de la communauté, fork.

Au début Forgejo était un soft-fork (un rebrand avec quelques features en plus), mais ils sont depuis devenu un hard-fork.

Codeberg est depuis passé sur Forgejo aussi :)
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KHTML avec Webkit ?
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KHTML, c'est l'inverse : c'est un logiciel de la communauté repris par Apple.
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LibreOffice versus OpenOffice (quand c'est Oracle qui en est devenu propriétaire) ?

Édit : grillé d'une minute ! :D
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hi hi :dent::smack:
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sur les milliers de projets, c'est le seul que vous citez ( plus haut aussi ), donc une exception à la règle ? après c'est le plus gros et flagrant je conçois .

De tête je penserais à Rocky Linux > CentOS , mais je n'ai aucun chiffre
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Rocky Linux n'est pas vraiment un fork, ça voudrait dire qu'il vit sa vie. C'est un rebuild des sources de RHEL.

Par contre, MATE Desktop est un fork de GNOME 2 par exemple.
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MapLibre me semble être un exemple
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Je ne connaissais pas. Je n'ai pas trouvé de quel projet c'était le fork ?
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Mapbox https://maplibre.org/maplibre-gl-js/docs/guides/mapbox-migration-guide/
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Il ne reste qu'à forker Flock, par Clubic, que s'appelerio Flick et on fait le lien avec l'actu sur la reco faciale de la gendarmerie. On pourrait avoir un dessin légendaire.......
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Et pourquoi pas forker Flickr ou fliquer Flock tant qu'on y est :embarassed:
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On pourrait même floquer Flick (sur des t-shirts)

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