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Coup de tonnerre dans la mobilité : Arm menace Qualcomm de retirer sa licence

Le bûcher des torchons

Coup de tonnerre dans la mobilité : Arm menace Qualcomm de retirer sa licence

En plein sommet annuel Snapdragon, Qualcomm vient d’être avertie d’un sérieux problème : Arm menace de retirer sa licence sur son architecture dans 60 jours. La raison ? Le rachat de la société Nuvia par Qualcomm.

Le 23 octobre à 14h44

La société Arm, dont la société japonaise d’investissement SoftBank est l’actionnaire majoritaire, est responsable de l’architecture du même nom. On la retrouve dans la quasi-totalité des puces dédiées au monde mobile. Toutes les puces Snapdragon de Qualcomm s’en servent et elle est omniprésente dans les smartphones. Situation identique chez Apple, puisque les puces « A » pour iPhone et iPad ainsi que puces « M » pour les Mac sont basées sur Arm. Peu importe que la conception de ces SoC soit personnalisée, cela reste de l’architecture Arm.

Pour Qualcomm, en dépit de tensions dans le passé, les vrais problèmes commencent en 2021, quand l’entreprise annonce le rachat de Nuvia pour 1,4 milliard de dollars. Celle-ci, créée par d'anciens ingénieurs d’Apple et Google, travaille sur des puces Arm dédiées au marché des serveurs. Qualcomm y voit l’occasion de rattraper son retard de performances sur Apple, dont les puces A et M font mieux que les Snapdragon.

Arm fronce alors les sourcils. Nuvia possédait une licence Arm permettant la conception de puces personnalisées. En rachetant l’entreprise, Qualcomm est parti du principe que cette licence avait été transférée. Arm ne l’entendait pas de cette oreille et a déposé plainte.

60 jours pour résoudre le conflit

Selon Bloomberg, Arm a averti Qualcomm que sa licence serait révoquée au bout de 60 jours si aucune solution n’était trouvée. Bien que Bloomberg n’aborde pas directement la question, il est très probable que la solution en question soit d’ordre financier.

Les risques pour Qualcomm sont conséquents : si la licence devait être annulée, l’entreprise n’aurait plus le droit de commercialiser des puces basées sur l’architecture Arm. Or, c’est non seulement le cas pour toutes ses puces Snapdragon dédiées au monde mobile, mais également des dernières générations basées sur les technologies de Nuvia.

Ces technologies représentent l’avenir de Qualcomm, comme on a pu le voir dans les annonces de cette année. C’est notamment le cas du Snapdragon X (Plus ou Elite) que l’on retrouve dans des PC Copilot+, sur lesquels Microsoft fonde tant d’espoirs. Ces puces embarquent les cœurs Oryon pour la partie CPU, qui délivrent de très bonnes performances. Les cœurs Oryon (dans une version modifiée) sont aussi présents au sein du tout nouveau Snapdragon 8, à peine annoncé par Qualcomm et premier SoC embarquant des technologies de Nuvia pour le marché mobile.

En somme, c’est tout le marché des smartphones, tablettes et en partie celui des ordinateurs qui serait perturbé par cette révocation de licence.

Chez The Register, on note que le timing du courrier envoyé par Arm ne peut pas être un hasard, puisque Qualcomm tient actuellement le salon Snapdragon pour présenter ses dernières nouveautés.

Qualcomm en colère

Sans surprise, Qualcomm rejette en bloc les accusations d’Arm et ne cherche pas à cacher sa colère :

« Il s'agit encore d'une fois de la même chose de la part d'Arm : d'autres menaces infondées, conçues pour forcer un partenaire de longue date, interférer avec nos processeurs à la pointe des performances et augmenter les taux de redevance sans tenir compte des droits étendus de notre licence d'architecture », nous a répondu l'entreprise dans un email.

L’entreprise a ajouté : « Alors que le procès approche à grands pas en décembre, le stratagème désespéré d'Arm semble être une tentative de perturber le processus juridique, et sa demande de résiliation est totalement dénuée de fondement. Nous sommes convaincus que les droits de Qualcomm dans le cadre de son accord avec Arm seront confirmés. Le comportement anticoncurrentiel d'Arm ne sera pas toléré ».

Il est presque assuré que Qualcomm et Arm trouveront un terrain d’entente. Pour la première, une telle révocation reviendrait presque à mettre la clé sous la porte. Pour la seconde, il s’agirait d’un énorme manque à gagner. Difficile de se passer du marché Android notamment, du moins tant qu’une autre entreprise ne prend pas le relai.

L'affaire illustre en tout cas l'hégémonie d'Arm dans le monde mobile et sa croissance dans presque tous les segments de l'informatique. En août 2023, Robert Bosch, Infineon Technologies, Nordic Semiconductor, NXP Semiconductors et Qualcomm Technologies avaient ainsi créé une alliance autour de l'architecture RISC-V (ouverte et libre) pour explorer d'autres voies.

Commentaires (23)

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Qualcomm qui parle de "comportement anticoncurrentiel", c'est fort ! 😂
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Sort le pop-corn et attend la suite de la bataille
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+1 j'en ai dans le tiroir au boulot !
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crapule contre crapule
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Il y a un truc que je ne suis pas sûr de comprendre. On parle de transfert de la licence pour créer des puces personnalisées. Qualcomm n'en avait pas déjà une en propre avant le rachat de Nuvia (pour ses snapdragon qui sont bien antérieurs à 2021) ? Ou alors la conception personnalisée ne date que de 2021 ? Ou alors c'est l'intégration des technos de Nuvia dans les puces depuis 2021 ?
J'imagine qu'il y a probablement des subtilités ;)
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Il y a différentes licences :
* La licence permettant d'implémenter l'architecture ARM dans ses puces, mais sans avoir le droit d'y apporter des modifications (probablement celle qu'a Samsung en son nom propre)
* La licence permettant de modifier l'architecture ARM dans ses propres puces (licence qu'avait Nuvia, et Apple également il me semble)
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Et bien mikeul a raison. Qualcomm a une longue histoire d'alterner des archi ARM "telle quelle type Cortex " et des archi "customisées".

Ex: " Krait (2012) n'est pas un cœur Cortex-A15, mais il a été conçu en interne. En 2015, Krait a été remplacé par l'architecture Kryo 64 bits. Le Kryo du 820/821 est une conception ARMv8.0-A (AArch64/AArch32) personnalisée en interne et n'est pas basée sur une conception ARM Cortex. "

Source: Wiki & Lien en "plain" car impossible de créer un lien quand une URL se finit par une parenthèse:

en.wikipedia.org Wikipedia

Et aussi la liste des microarchitectures Snapdragon à droite ICI et on voit bien le mix Cortex vs Core Qualcomm.
.
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D'après ce que je trouve sur le web anglophone, Nuvia aurait eu, du fait de son statut de start-up, une licence bien plus permissive, et bien moins chère que celle de Samsung. Effectivement les deux permettent des personnalisation de l'architecture, mais pas dans les mêmes mesures. Et Samsung aurait, d'après ARM, abusé de la licence venant de Nuvia.
Je n'arrive pas vraiment à trouver plus de détails que cela, ni de sources vraiment officielles :-/
Si quelqu'un en a je suis preneur !
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Samsung ?
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Nuvia ciblait les serveurs, un secteur où ARM est minoritaire (d'autant plus en 2021), ce qui pourrait aussi expliquer une licence moins chère.
Maintenant ARM reproche à Qualcomm d'avoir utilisé la propriété intellectuelle de Nuvia sur une architecture laptop/mobile. Qualcomm prétend être reparti de zéro, et avoir donc uniquement racheté Nuvia pour les équipes et leur connaissance.
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Ça sent l'injection PHP/SQL cette histoire de parenthèse dans les URL 😅
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Franchement, ça doit bien être précisé dans le contrat de licence si c'est transféré ou non lors de la vente de la boîte ?
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Boites US => oui il doit y avoir un truc dans le contrat de licence ARM vers NUVIA, mais avec des clauses alambiquées permettant à ARM de retirer la licence à n'importe quel moment, selon si l'entreprise licenciée tombe entre les mains d'une autre. Certains diraient "à la gueule du client".
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Je te tiens, tu me tiens, par les roubign*les ! Le premier de nous deux qui lâchera aura moins d'argent ! 😁


Plus sérieusement, ça fait un peu penser à l'affaire VMWare : ça serait beau que ça accélère le RISC-V.
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Bah ce serait trop beau... J'y crois pas un instant :(
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Les licences obtenues par une entreprise ne lui sont-elle pas associées, peu importe la propriété de l'entreprise elle-même ?
En quoi racheter une entreprise annule-t-il ses licences ? Celles-ci font partie de la valeur intangible de celle-ci, d'ailleurs.

Si un fournisseur s'arroge le droit de révoquer une licence pour des raisons arbitraires, alors il faut effectivement s'en méfier car le risque induit réduit d'autant leur valeur, donc augmente artificiellement leur coût.

À l'heure où le monde s'interroge sur des jeux d'instruction futurs afin de réduire l'empreinte actuellement générée par x86, peut-être qu'ARM est en train d'expliquer au monde que le coût de sa licence est arbitrairement plus important que le prix officiel, et qu'il faut regarder ailleurs…
Étrange, comme stratégie commerciale, et qui plus est au pire moment, si on me demandait mon avis.
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Tu parleras de ça à PSA ...

Certains brevets du groupe sont nommément attachés à Citroën, si la marque Citroën est abandonnée, les brevets associés n'existent plus et la concurrence peut alors les utiliser.
Avec l'évolution technologique ces brevets ont bien moins d'importance, notamment la partie "suspensions".

Là c'est un peut le même principe, Qualcomm rachète Nuvia, intègre les équipes, supprime "Nuvia" et développe avec les licences attachées à Nuvia des produits qui, pour certains ne rentrent pas dans les accords de licence de Nuvia avec ARM. Le deal devait être du type "sur le périmètre serveur, t'as carte blanche, sur le reste, tu touche à rien" et Qualcomm a compris "Open bar pour l'architecture ARM".

Je sens qu'on va avoir dans pas si longtemps un Qualcomm qui fait un gros chèque à Arm, où alors Qualcomm finira probablement sur la paille le temps de passer à RISC-V ou se fera racheter ^^
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Au final ce n'est pas très clair je trouve : Qu'est-ce qui est reproché à Qualcomm exactement ?
En quoi racheter une société et récupérer une licence de modification a une influence sur le contrat/licence de Qualcomm/Arm pour les Snapdragon ?

Cela manque un peu de contexte je trouve.
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Le contrat de licence est nominatif, et encadre un périmètre donné entre Nuvia et ARM.
Qualcomm a un contrat différent avec ARM.

Le fait de racheter Nuvia, et la suppression de la société absorbée, n'entraine pas automatiquement la mise à niveau de la licence de l'acheteur, sur un périmètre étendu.
En plus, si le contrat entre Nuvia et Arm indique "pour startup" ou un truc du genre, Qualcomm va avoir du mal à le défendre devant un tribunal.

Qualcomm se retrouve dans la situation où il a mis les fabricants de smartphone y'a quelques années.
Qualcomm tente aujourd'hui d'user de sa puisse financière pour gagner le bras de fer pré-procès avec Arm sur son sol.
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Quelles sont tes sources pour tes affirmations des 2 commentaires ?

En tout cas, ce commentaire-ci est en profonde contradiction avec celui de @greenchris un peu plus bas.
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Ok pour l'usage de créer et fabriquer des puces custom, mais ça ne répond toujours pas à comment/pourquoi ARM pourrait casser un contrat déjà existant avec Qualcomm...

Tant bien même la licence NUVIA ne serait pas valable, Qualcomm aurait "juste" perdu sa mise si il comptait se lancer dans la conception de puce ARM, mais je ne vois pas le rapport avec le contrat de Qualcomm "actuel" qui lui permet de vendre ses SnapDragon...
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Ça pourrait être parce que le contrat stipule qu'il peut être cassé sous des conditions qu'ARM estime remplie. Exemple : "en cas de non respect d'une clause par une société du groupe du client, ce contrat peut être terminé".
Sans avoir le conteat, dur de juger. Pas sûr que ça soit plus simple en ayant le contrat, on peut raisonnablement supposer que les 2 parties l'ont et ne sont pourtant pas d'accord sur son interprétation ;)
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https://www.minimachines.net/actu/la-bataille-juridique-entre-qualcomm-et-arm-continue-130562

Une explication sur la raison du conflit.

Coup de tonnerre dans la mobilité : Arm menace Qualcomm de retirer sa licence

  • 60 jours pour résoudre le conflit

  • Qualcomm en colère

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