[Édito] Peut-on et doit-on tout dire ?
Et peut-on rire de tout ? Vous avez 2 h.
Réponse courte, de mon point de vue : oui à la première question, non à la seconde. Avant de crier au scandale et à la censure, lisez donc cet édito ! Il prendrait presque la forme d’un manifeste personnel.
Le 09 décembre à 17h34
6 min
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Dans le monde de la presse (en ligne ou non), la Charte de déontologie de Munich (ou Déclaration des devoirs et des droits des journalistes) est « une référence européenne concernant la déontologie du journalisme, distinguant dix devoirs et cinq droits », rappelle Wikipédia.
Vérité, liberté, pas de publicité
On y retrouve des piliers de la profession tels que « respecter la vérité », « défendre la liberté de l’information », ne publier que des « informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent » et si besoin « rectifier toute information ». Autant dire qu’avec des années passées à apprendre aux côtés de David et Marc, ces piliers sont plus qu’ancrés dans ma pratique.
De la publicité, sur Next ? Aucune !
Le journaliste doit aussi « garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement », ne « jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire », « refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction ».
Sur Next, la question de la publicité a été coupée à la racine : il n’y en a aucune, d’aucune sorte, pour personne. Ni publicité sur le site, ni contenus sponsorisés, ni liens affiliés… Nada. Notre seule source de revenus, ce sont vos abonnements !
Une fausse information, un démenti = deux publications
Sur Next, il arrive qu’on nous transmette des informations, dont nous savons pertinemment qu’elles sont totalement fausses (ou fausses avec une grande probabilité). Dans ce cas, la question ne se pose pas : elles passent à la trappe. D’autres ne se privent pas de la publier, puis de démentir quelques jours plus tard.
Après tout, une info et son démenti, cela fait deux publications. Et si en plus une information frelatée peut faire le buzz, c'est encore « mieux »… Deux fois plus de publications, c’est deux fois plus d’occasions de faire des pages vues… et donc de vendre de la publicité. Mais tout cela, on s’en fiche deux fois plus chez Next.
C’est le bon moment de rappeler la loi de Brandolini (ou principe d'asymétrie des baratins) : contrebalancer une fausse information demande beaucoup plus de temps et d’énergie que de la créer. Sur Next, nous n’avons pas cette problématique.
One source, no source
Il y a aussi le « une source = pas de source ». Si une source inconnue nous donne un document, comment savoir s’il est légitime et qu’il n’a pas été altéré ? Impossible en l’état. Là encore, sur Next, le principe est simple : on ne publie pas.
C’est déjà arrivé, à plusieurs reprises. D’autres ne se sont pas privés par la suite, parfois avec une information qui s’est révélée juste, d’autres fois non. On peut également utiliser le conditionnel, mais encore faut-il que la probabilité de l’information se place du bon côté du 50 %, avec une marge importante.
Que faire des vraies informations ? Publier à tout prix ?
Il y a ensuite les vraies informations, mais que l’on ne peut pas publier sans compromettre leur source. Cette situation est bien plus rare, mais la règle est claire là aussi et ne souffre aucune transgression : on ne publie pas. Le respect des sources est un principe inébranlable.
Maintenant, qu’en est-il d’une vraie information – confirmée, validée par plusieurs documents et/ou personnes –, mais dont la publication permettrait à des entreprises de se soustraire à certaines « obligations », ou du moins à ce qu’elles pensaient être des obligations. Quand je parle d’entreprises, ce sont de bons gros géants du Net que tout le monde connait, pas la PME de quartier.
Intérêt du grand public ou des grandes entreprises ?
J’ai bien un exemple en tête (et même deux), mais je ne détaillerai pas ici. Pour spoiler la fin de l’édito, je vais répondre aux deux questions en titre : oui je peux parler de tout (sur des informations vérifiées), mais ce n’est pas pour autant que je le fais. C’est déjà arrivé par le passé ; et je ne vais donc pas donner de pistes sur cette décision dans cet édito, ne cherchez pas.
La situation pourrait s’apparenter à un « joker » permettant à des entreprises d’éviter de faire la une des journaux pour certains types d’agissements. Je me suis posé une question : le devoir d’information doit-il obligatoirement primer sur tout le reste ? Réponse personnelle : je ne pense pas.
Dans mon cas, le grand public n’aurait pas grand-chose à faire de cette information relativement insignifiante pour le commun des mortels. Mais des géants du Net pourraient s’en servir pour « cacher » les détails de certains faits (ils ne sont visiblement pas au courant). Et quand je parle de cacher des faits, c’est justement les cacher au grand public.
What if ?
Afin d’imager un peu mes propos abscons, voici un exemple inventé de toutes pièces et qui ne correspond donc pas à la réalité : Meta attrapé la main dans le sac à faire n’importe quoi avec des données personnelles (zut, je n'avais pas dit fictif ?). Cependant, la société peut éviter toute communication autour de cette affaire en disant simplement au bon interlocuteur une phrase comme « merci de ne pas en parler publiquement ».
Peut-on et doit-on tout dire ? Oui, et non
En conclusion, peut-on parler de tout ? Oui, mille fois oui ! En tout cas, sur Next, on ne s’interdit aucun sujet, aucune approche : si nous sommes certains de notre information et qu’elle entre dans notre ligne, on la publie ! C’est aussi ça un média indépendant.
Maintenant doit-on tout dire ? Pour ma part, la réponse est non. Il faut mettre deux éléments dans la balance : ce qu’apporte cette information et les conséquences directes. Si le premier ne pèse pas lourd pour le grand public et permet à des entreprises de s’en tirer à bon compte sur des affaires problématiques, il n’y a pour moi aucun intérêt à la mettre en ligne. Comme dit précédemment, cela m’est déjà arrivé, deux fois.
[Édito] Peut-on et doit-on tout dire ?
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Vérité, liberté, pas de publicité
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De la publicité, sur Next ? Aucune !
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Une fausse information, un démenti = deux publications
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One source, no source
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Que faire des vraies informations ? Publier à tout prix ?
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Intérêt du grand public ou des grandes entreprises ?
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What if ?
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Peut-on et doit-on tout dire ? Oui, et non
Commentaires (23)
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Abonnez-vousLe 09/12/2024 à 17h51
Et puis, il n'a pas envie de tout lire. Il lira seulement ce qui le conforte ou le provoque.
Bref, oubliez la déontologie et publiez tout ce qui peut faire des vues.
Profitez-en avant que ChatGPT écrive tout seul les articles... et aussi les commentaires.
Le 09/12/2024 à 23h08
Le 10/12/2024 à 08h55
Modifié le 10/12/2024 à 18h52
Bon, après c'est aussi pour ça qu'il existe des journaux d'opinion.
Sinon pour rester le plus neutre possible, avant il y a avait les dépêches (courtes) ou infos style télégraphe mais ne lire que des dépêches uniquement, ça risque d'être ennuyeux à mourir.
Pour "garder l'esprit", certains journaux ont une section spéciale. Dans le Figaro (par exemple), à droite, il y a un encart avec des infos flashs, en général quelques lignes - un paragraphe seulement par info.
On a bien le Brief sur Next - récursivité ici - mais qui généralement fait plus que quelques lignes seulement.
Le 10/12/2024 à 16h30
Pour Next et bcp de journaux en ligne, la viabilité tient en 2 critères: les publicités affichées (impressions) et les abonnements. Bref, faut attirer le chalant.
Next n'a pas trop de concurrents sur la presse en ligne "FR". Mais il y a de la concurrence "anglophone" (là ou je m'abreuve en premier). Et bien sur il y a les autres types de médias: reseaux sociaux, vidéos,...
Je m'étonne d'ailleurs de ne pas voir de journaux FR spécialisés créés ex-nihilo par l'agrégation+traduction via IA de news collectées sur le net.
Le 10/12/2024 à 19h01
Simplement pour dire que j'ai l'impression que les articles qui sont dans la section "Le Brief" ont tendance à devenir de plus en plus longs & détaillés , ce qui est très très bien d'ailleurs , et donc sont de moins en moins des brèves
Hier à 09h18
Hier à 10h40
Hier à 12h49
Tout va de plus en plus vite maintenant sur cette planète...
Le 09/12/2024 à 17h59
Mais je comprends l'arbitrage.
Le 09/12/2024 à 23h07
Le 09/12/2024 à 19h18
Il ne faut pas vexer la main qui nourrit... autant que cette main ne soit pas celle des multinationales !
C'est une des principales raison pour laquelle je suis abonné !
Le 09/12/2024 à 23h05
Le 09/12/2024 à 22h42
Y a un truc qui me chiffonne : quand tu dis que quand c'est faux/probablement faux alors vous ne publiez pas.... moi j'aimerais plus d'articles sur la désinformation, Oui c'est vrai Brandolini a raison, ça coûte une énergie de dingue, et on peut pas le faire sur tout tout le temps. Donc prendre la polémique "du jour", montrer son origine, comment se fait la fabrique de l'émotion factice, comment des bots font enfler une rumeur pourrie pour que ça finisse dans un média mainstream pour son article putaclick du jour.
Le 09/12/2024 à 23h04
On le fait, quand le sujet le mérite. Il ne faut pas non plus tomber l’excès inverse, fact checker à tout va tout et n’importe quoi. La question se pose parfois dans la rédac sur certains sujets, mais les journées n’étant pas extensibles à l’infinie, il faut faire des choix sur les «combats» à mener :)
Le 09/12/2024 à 23h25
Après si c'est une réaffirmation c'est tout a fait compréhensible aussi. Mais y a t il une raison de plus?
Le 10/12/2024 à 01h50
ET m'eme si c’est dans l’ADN de Next depuis des années, le rappeler ne peut pas faire de mal et c’est aussi l’occasion de prendre la parole vis-à-vis des nouveaux lecteurs et futurs abonnés ^^
Le 10/12/2024 à 08h07
Quel plaisir de voir que ces valeurs intrinsèques de Next sont toujours vives et justement réaffirmé.
Je repense à l'article sur les trolls, et je ne peux m'empêcher de penser qu'un déontologie aussi ferme sur la gestion des sources et la qualité des articles donne moins d’ergot aux pinailleurs de tous poils.
Merci :)
Par contre à 1h50 la réponse, j'espère que les heures sup sont payées !
Le 09/12/2024 à 23h57
Le 10/12/2024 à 08h59
Le 10/12/2024 à 10h05
PS : si vous publiez toute info sans revue, ça ne vous distingue pas de l'AFP
Le 10/12/2024 à 11h18
pas tout à fait d'accord pour le PS : les agences ont vocation à tendre vers l'exhaustivité, mais même l'AFP fait des choix dans sa couverture de l'actualité. ça dépasse nos propres problématiques sur Next, mais ça soulève aussi des questions intéressantes. Exemple : sur quels critères décider de relater un fait divers (une agression par exemple), en sachant que la médiatisation de l'événement n'est pas neutre, puisqu'elle risque d'entraîner des reprises politiques ?
Le 10/12/2024 à 14h09
Et bien je répondrais sans hésiter: "Pouet Pouet Camion !!" évidemment !
Les Inconnus@Le Rire sur Arte