Voitures autonomes : des tests chez Renault, la longue route de la réglementation
Eyes off, the Tiger
Le 12 juillet 2017 à 14h14
8 min
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Les voitures autonomes, on en parle depuis des mois, mais qu'en est-il exactement en France, que ce soit pour les expérimentations ou le cadre légal ? Laurent Taupin, ingénieur en chef véhicule autonome chez Renault, répond à nos questions sur le sujet... et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il reste du travail.
Depuis plusieurs années, l'actualité est chargée autour des voitures autonomes avec des annonces de partenariats et d'expérimentations dans tous les sens. Au cours des derniers mois, Renault s'est montré relativement actif avec l'ouverture de deux laboratoires de recherche sur « le futur de la mobilité » et en rachetant des équipes de R&D d'Intel France sur les logiciels embarqués.
Si côté développement tout roule, la partie législation semble être au point mort en France. Laurent Taupin, responsable des voitures autonomes chez Renault, nous donne sa vision de ce secteur d'activité, aussi bien sur les travaux en cours chez le fabricant de voitures, que sur les réglementations en vigueur et les évolutions à venir.
Tout roule pour les expérimentations de Renault en France...
Premier point abordé la question des expérimentations en France. Si la Belgique et les États-Unis annoncent qu'ils ouvrent les bras aux constructeurs, la situation est plus délicate dans l'Hexagone. Une ordonnance a bien été publiée au Journal officiel afin d'autoriser les expérimentations, mais il manque encore le décret d'application fixant les conditions.
Ce « détail » ne semble pas poser de souci à Renault : « Nos expérimentations se passent bien. On n'a pas de difficulté particulière, on travaille très bien avec le gouvernement en France et aussi en Allemagne » nous affirme notre interlocuteur. Le fabricant dispose ainsi « d'autorisations spéciales » pour mener ses tests, renouvelées chaque année.
... par contre l'homologation c’est une autre histoire
Si des voitures autonomes se déplacent sur nos routes, il ne s'agit que d'expérimentations pour le moment, pas de véhicules de série. Il faudra en effet attendre une évolution réglementaire avant de pouvoir homologuer les modèles de ce genre.
Actuellement, Renault teste le niveau 4 du standard SAE. Il est alors question d'une totale délégation de conduite : « la machine, est en charge de faire toutes les opérations, toutes les tâches de conduite et dispense donc l'utilisateur, puisqu'on ne peut plus parler de conducteur pendant la délégation, de tout devoir de vigilance ».
L'expression « hands off/eyes off » (pas besoin de garder les mains sur le volant et les yeux sur la route) revient souvent, et on pourrait y ajouter « mind off » pour Laurent Taupin. Il ne s'agit plus uniquement d'« une dispense musculaire, c'est une dispense cognitive ».
Le niveau 4 en test, un programme d'expérimentation pour 2020
Actuellement, les autorisations d'expérimentation pour les prototypes de véhicules autonomes de niveau 4 imposent de mettre en place une sécurité supplémentaire, sous la forme d'une présence humaine : « on a toujours un conducteur expert derrière le volant prêt à intervenir ».
Dans tous les cas, l'échéance se rapproche à grands pas : « nous travaillons à un programme d'expérimentation qui vise des voitures autonomes de niveau 4 dans la rue, utilisables par des utilisateurs lambda à l'horizon 2020 », une annonce déjà fait durant le Mondial de l'Automobile en octobre dernier. Mais attention, notre interlocuteur ajoute que « ces voitures seraient commercialisables si la réglementation avait évolué d'ici là, mais c'est tout de même peu probable sur du niveau 4 ».
La commercialisation n'interviendra donc que lorsque les normes en vigueur le permettront... mais quand ces modifications arriveront-elles ? Une interrogation à laquelle il semble pour le moment bien difficile de répondre. L'heure est au dialogue entre les différentes parties, pas encore à la finalisation des textes.
Des discussions autour des évolutions réglementaires...
Bien évidemment, des groupes planchent afin d'adapter les textes et préparer l'arrivée des voitures autonomes. On est d'ailleurs plus dans l'adaptation à une situation qu'à une anticipation. Les choses sont en train de bouger : lors d'une déclaration commune, les ministres des Transports du G7 (dont fait partie la France) ont fait part de « leur engagement à chercher, identifier et supprimer les potentiels obstacles dans les réglementations existantes ».
Plusieurs ont été identifiés, dont les problématiques juridiques et éthiques, notamment concernant la responsabilité en cas d'accident. De son côté, Renault nous indique que, comme d'autres constructeurs, il « travaille avec les autorités publiques, à deux niveaux : au niveau européen et au niveau français, allemand, etc. ».
Au premier niveau, européen, il s'agit de définir « les grands textes et conventions », en revoyant par exemple la définition d'un conducteur. Une question parmi d'autres : « est-ce qu'un conducteur peut être autre chose qu'un humain ? ». Là encore, il est trop tôt pour esquisser une date pour Renault.
... à la fois sur les usages et sur la partie technique
Ensuite, une fois les grandes lignes définies, il conviendra de mettre en place des règles au niveau national, sous deux formes : usages et techniques. Il s'agira de savoir notamment si un utilisateur pourra utiliser son téléphone pendant une délégation de conduite, avec une voiture autonome de niveau 4.
Dans le second cas, il s'agit de définir s'il est nécessaire de mettre en place un système permettant de surveiller la présence des mains sur le volant. Pour rappel, cette question a déjà été abordée dans le cas de l'accident mortel impliquant une Tesla avec pilote automatique activé.
Selon le NHTSA, le conducteur n'aurait mis ses mains sur le volant de sa Model S que pendant 25 secondes sur un trajet de 37 minutes, ignorant aussi de nombreux avertissements. Tesla avait d'ailleurs modifié son Autopilot avec une désactivation de la fonction Autosteer (assistance au maintien de cap) lorsque le conducteur ignore ce genre d'avertissements à plusieurs reprises. Le constructeur rappelait au passage que le risque zéro n'existe pas.
Toutes ces problématiques sont en cours de discussions entre les autorités et les constructeurs. Dans tous les cas, les « autorités trancheront » affirme Renault.
Vers une étape intermédiaire ?
En France, les voitures de niveau 2 peuvent déjà être homologuées depuis plusieurs mois, nous précise Laurent Taupin. Leurs fonctionnalités sont limitées : les voitures ne se chargent que de « la régulation longitudinale et latérale ». Bref, elles ne font qu'appuyer sur les pédales et tourner le volant résume notre interlocuteur.
Entre le niveau 2 déjà en place et le niveau 4 attendu à partir de 2020... y a-t-il de la place pour un niveau 3 ? « C'est un peu plus compliqué que cela » pour le responsable des voitures autonomes du constructeur. Des discussions sont en cours au niveau européen, notamment sous l'impulsion de l'Allemagne, mais rien de concret pour le moment.
Pour Renault, il s'agira plutôt d'une réglementation d'usage, aux contours pour le moment assez flous : elle « autoriserait (c'est au cœur des discussions) le conducteur, au cours de certaines conditions techniques encore non définies, à faire ce qu'on appelle des sous-taches comme regarder temporairement son écran pour vérifier ses mails ou une petite vidéo ».
Il pourrait par exemple s'agir d'une autorisation pour une fonction « eye off sous la responsabilité du conducteur », mais « on ne sait pas vers quoi cela va converger » reconnait Laurent Taupin. Dans tous les cas, on ne sera pas sur du niveau 4.
Montée en puissance à partir de 2018
Dans un communiqué récent, Renault annonce qu'il « commencera à faire circuler de véritables flottes de test de véhicules autonomes "Eyes off/Hands off" à partir de 2018 ». Rendez-vous est donc pris pour l'année prochaine. Nous avons également contacté Peugeot afin d'avoir sa position, sans réponse pour le moment.
D'autres constructeurs n'ont pas attendu pour se mettre en route. Tesla par exemple propose déjà à la vente ses voitures avec, en option, « la conduite entièrement autonome ». Les fonctionnalités sont par contre « susceptibles de varier suivant le lieu d'utilisation de votre Tesla », notamment à cause des réglementations des uns et des autres (voir cette actualité).
Tesla affirme être prêt sur la partie matérielle, mais il lui reste du travail sur le logiciel et il attend, lui aussi, le feu vert des autorités. Pour le moment, les concurrents sont donc dans les startings-blocks, en attendant le coup d'envoi. Il sera alors temps de faire le point sur les fonctionnalités proposées par les uns et les autres.
Voitures autonomes : des tests chez Renault, la longue route de la réglementation
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Tout roule pour les expérimentations de Renault en France...
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... par contre l'homologation c’est une autre histoire
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Le niveau 4 en test, un programme d'expérimentation pour 2020
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Des discussions autour des évolutions réglementaires...
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... à la fois sur les usages et sur la partie technique
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Vers une étape intermédiaire ?
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Montée en puissance à partir de 2018
Commentaires (42)
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Abonnez-vousLe 12/07/2017 à 15h07
Renault mène des tests aussi sur le passage des péages en mode automatique (avec une annonce il y a deux jours). Mais ces annonces feront l’objet d’une autre actualité sur un sujet bien plus large : le Wi-Fi 802.11p qui est justement utilisé pour faire communiquer les véhicules " />
Le 12/07/2017 à 15h08
donc on plus on attend, plus les poches se remplissent ;-)
Le 12/07/2017 à 15h09
Le 12/07/2017 à 15h15
Le 12/07/2017 à 15h20
Le 12/07/2017 à 15h24
T’imagines, la voiture qui fait une fugue, et qui par la même occasion te vide ton compte en banque parce qu’elle est partie pour rejoindre la caisse de l’autoroute…
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Le 12/07/2017 à 15h26
Le point crucial dans les propos de notre ami de chez Renault, c’est :
« autoriserait (c’est au cœur des discussions) le conducteur, au
cours de certaines conditions techniques encore non définies, à faire ce
qu’on appelle des sous-taches comme regarder temporairement son
écran pour vérifier ses mails ou une petite vidéo ».
Si nos chers lobbyistes ou publicitaires ne s’engouffrent pas dans la brèche de ce temps de cerveau humain disponible pour les annonceurs, c’est que le monde aura sombré dans un chaos dont NXI aura été le chef d’orchestre…
Wait and see, mais je crois que bientôt les accidents risqueront d’être de la faute de Canigou ou Persil parce que ça a détourné l’attention de l’usager qui aurait dû intervenir au passage du Kangourou…
Le 12/07/2017 à 15h26
Le 12/07/2017 à 15h30
[HS] tiens, Windows phone est officiellement fini. [HS]
Le 12/07/2017 à 15h35
Renault prépare-t-il aussi une montre connectée ? Ca sera intéressant le jour où on pourra faire comme dans K2000, pas avant " />
Le 12/07/2017 à 15h52
Le 12/07/2017 à 16h01
Le 12/07/2017 à 16h29
C’est certain mais au moins Renault semble se donner les moyens (achat de société + embauches ce n’est pas rien) et ça change des boîtes qui font de grandes annonces mais qui n’ouvre pas le portefeuille " />
Le 12/07/2017 à 17h21
Le 12/07/2017 à 18h09
Perso, suit d’accord pour tester si on me file la voiture gratos." />
Le 12/07/2017 à 19h23
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Le 12/07/2017 à 14h38
A noter: La nouvelle A8 d’Audi est déja capable de faire du niveau 3…
The Verge
A+
Le 12/07/2017 à 14h39
Tesla communique beaucoup sur le sujet, mais c’est bon de voir qu’en fait tous les constructeurs planchent dessus et sont peut-être au même niveau ou pas loin derrière.
C’est dommage que la règlementation n’évolue pas plus vite que ça, car l’apport des voitures autonomes est à la fois énorme et indéniable.
Le 12/07/2017 à 14h42
Il n’y a qu’à souffler à l’oreille d’un député que les voitures autonomes aident à détecter les terroristes en pistant tous les déplacements, ça sera dans la prochaine loi.
Le 12/07/2017 à 14h46
Salut,
Ca dépend d’un tout autre niveau, de la Commission Européenne des Nations Unies (UNECE) via la Convention de Vienne de 1968.
A+
Le 12/07/2017 à 14h48
A noter que Volvo est le seul constructeur à avoir clairement annoncé que pour le mode 4, il assumerait sa responsabilité en cas d’accident.
En tout cas, article très intéressant.
Par contre, j’espère que les constructeurs ne vont pas traiter le développement du logiciel de la conduite autonome comme ils peuvent traiter une bonne partie des autres logiciels de leurs voitures…
Le 12/07/2017 à 14h52
Bien sur, la cybersécurité sera un aspect fondamental sur lequel auront travaillé les constructeurs… " />
Le 12/07/2017 à 14h53
Pas confiance dans R-LINK pour freiner tout seul ? :p
Le 12/07/2017 à 14h58
Cette semaine une voiture de PSA a passé un péage toute seule :http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/une-vo…
Pour l’A8 c’est jusqu’à 60km/h le niveau 3
Le 12/07/2017 à 14h59
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Le 12/07/2017 à 15h01
j’ai un ami qui a une A5 Quattro, et c’est équivalent.
Il y a 2 ans, Valéo; pourtant français, a du aller mener une expérience aux US parce qu’ils n’ont pas eu l’autorisation en france… (traversée des US d’est en ouest si ma mémoire est bonne).
Et après, on s’étonne d’être en retard…
Le 12/07/2017 à 15h07
Le 12/07/2017 à 19h32
Pour travailler sur ce sujet précis avec un constructeur français, oui je te confirme bien que ça sera le cas.
Le 13/07/2017 à 05h22
Bien entendu. Le projet CTI est celui qui fait le plus parler de lui en ce moment chez Renault et PSA :
http://www.irt-systemx.fr/project/cti/
Le 13/07/2017 à 05h50
Les accidents de la route coûtent bien plus cher à l’état et au peuple que ce que ne rapportent les amendes des infractions.
Le 13/07/2017 à 07h31
Le 13/07/2017 à 08h03
Bonjour,
Tu aurais des sources pour les chiffres que tu donnes ? Merci d’avance
Le 13/07/2017 à 08h25
Renault devrait faire des voitures faibles avant de faire des voitures autonomes.
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Le 13/07/2017 à 08h25
*fiables
Le 13/07/2017 à 11h10
Le 14/07/2017 à 03h31
propriétaire dune prius prime 2017, je trouve les avancées technologiques très pratiques :
sur l’autoroute :
- pouvoir régler une vitesse maximale, et l’auto en fonction de ses détecteurs maintient cette vitesse ou une vitesse moindre (par ex si la voiture devant ralenti). si la circulation est arrêtée alors l’auto va s’arrêter
- l’auto est capable d’accélération et décélérations tout en douceur, en gardant des distances de sécurité optimales
en tout temps :
Alors je ne sais pas si ce sont tous les véhicules qui sont comme ça aujourd’hui, mais mon précédent était un 2004, pour moi ça change la conduite.
Sans compter que j’ai fait 2000km avec le seul plein du concessionnaire, en un mois. (hybride rechargeable, je roule en grande majorité sur le mode électrique)
Le 14/07/2017 à 13h31
Le 14/07/2017 à 16h36
Le 15/07/2017 à 10h31
Je rajoute le créneau automatique à la liste des rajouts pratiques :-)
Y a pas à dire, il y a déjà de l’autonomie dans les voitures sur le marché, même si on est loin du niveau 5 (qui est celui que j’attends le plus pour voir diminuer le besoin en voitures personnelles). Je me laisse croire qu’avec Macron comme président, l’évolution sera moins freinée et plus en adéquation avec le besoin des industries (quoique j’en pense sur d’autres aspects de sa politique)
Le 15/07/2017 à 13h16
qu’est ce que notre président à a voir dedans ?
Ca ressemble plus à a de la pub ou à un biaiis de confirmation qu’à un quelconque début de fait.
Je pense qu’une majeure partie des autres candidats auraient tout autant été à même de prendre des décisions allant dans le sens des voitures autonomes, et l’assemblée de les accepter (voir l’assemblée toute seule de les proposer). D’autant que la france à un intérêt économique évident , et donc une “incentive” de le faire avancer, quelque soit le candidat au pouvoir.
Le 15/07/2017 à 19h42
Mouais le ‘park assist’, faut une place bien longue quand même. Impossible à Paris…
Le 16/07/2017 à 11h23
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C’est vrai que je me suis demandé si ça pouvait garer ma C5 à 5cm prêt contre un mur bombé et irrégulier, comme je fais tous les soirs dans la ruelle.
Je ne parle pas des fois ou je dois faire 5AR de 20cm pour glisser petit à petit l’avant à sa place.
Et je vois toujours que la mini prend plus de largeur que moi au final, malgré sa taille…