Après un texte anti-Google, la fondation New America se sépare d’un expert des monopoles
Money is law?
Le 01 septembre 2017 à 06h30
4 min
Droit
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Fin juin, Barry Lynn soutenait l'amende record de la Commission européenne contre Google pour abus de position dominante. Selon lui, cette prise de position a mené à son éviction de la fondation New America, soutenue de longue date par le président exécutif d'Alphabet, ce que nient l'organisation et l'entreprise.
Critiquer Google peut-il coûter un poste ? C'est ce qu'affirme Barry Lynn, un spécialiste des questions de monopole, qui dirigeait l'équipe Open Markets à la New America Foundation. Le 27 juin, il a félicité la décision de la Commission européenne d'infliger une amende de 2,42 milliards d'euros au groupe de Mountain View, pour abus de position dominante sur la recherche, après des années d'instruction.
Dans son communiqué, il demandait en parallèle aux autorités américaines, dont la Commission fédérale du commerce (FTC), d'appliquer la loi sur les monopoles au géant californien et à ses homologues, comme Amazon. Selon le New York Times, ce texte serait à l'origine du départ de Lynn de la fondation... Ce que réfute cette dernière, financée à hauteur de 21 millions d'euros par l'entreprise.
Accusation d'emprise sur New America
Le quotidien américain affirme qu'Eric Schmidt, le président exécutif d'Alphabet (maison-mère de Google), se serait rapidement insurgé du texte, dépublié quelques heures du site. Cette colère aurait rapidement fait le tour de l'organisation, en commençant par la présidente Anne-Marie Slaughter.
Au New York Times, Barry Lynn déclare que la décision de New America de se séparer de lui suivrait bien une pression de l'entreprise. « Google est très agressif et jette son argent à Washington et Bruxelles, pour ensuite tirer les ficelles » lance-t-il. Eric Schmidt est un soutien historique de New America, au poste de chairman jusqu'en 2016.
New America aurait déjà averti Barry Lynn l'an dernier, à l'occasion d'une conférence pointant les dangers d'une domination du numérique par Google. « Nous essayons d'étendre notre relation avec Google sur des points absolument clés. [...] Pensez simplement au danger que vous posez au financement des autres » aurait prévenu Anne-Marie Slaughter. En réponse, la fondation répond que l'article du New York Times est faux, sans citer d'élément précis. Elle a publié les e-mails envoyés à Lynn.
Implication critiquée de Google dans les think tanks
Via un communiqué, l'organisation répond que son choix de se séparer de Barry Lynn, acté hier, n'a pas été influencé par Google. Il pâtirait en fait de « son refus répété d'adhérer aux standards d'ouverture et de collégialité institutionnelle de New America », comme il lui est officiellement reproché dans les e-mails mis en ligne. Au NYT, Google nie toute implication.
Pour le Washington Post, pourtant, il serait temps d'arrêter l'implication de Google dans les milieux universitaires et le journalisme. L'entreprise finance de nombreux think tanks, études et projets journalistiques, notamment en France. « Ces dernières années, Google est devenu glouton, non seulement en capacités de recherche, de vidéo et de cartographie, mais aussi sur le modelage de la parole publique » critique la professeure de droit Zephyr Teachout.
Elle pointe notamment la « culture » de professeurs de droit partageant ses points de vue et un budget de lobbying américain en voie de dépasser ceux des autres entreprises.
Pour sa part, Barry Linn promet la création d'une nouvelle organisation, pour le moment sans nom. Via le nouveau site Citizens Against Monopoly, il invite les internautes à s'opposer aux ingérences de Google dans la recherche sur les monopoles. Le tout via une imagerie explicite, à base de pieuvre prête à tout dévorer.
Une affaire qui délie les langues
Si l'implication de Google n'est pas entièrement prouvée, l'affaire semble inciter certains à faire part de leur expérience. Sur Gizmodo, la journaliste Kashmir Hill se remémore ainsi la suppression d'un article sur Google+ de Forbes, en 2011.
Après des pressions de l'entreprise, selon elle. Le groupe n'aurait pas apprécié qu'elle mentionne publiquement la menace d'une dégradation du référencement, si Forbes n'intégrait pas les boutons « + 1 » du réseau social. Un discours que Google tenait en privé, aseptisé en « une influence sur le référencement » hors des réunions « confidentielles ».
Après un texte anti-Google, la fondation New America se sépare d’un expert des monopoles
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Accusation d'emprise sur New America
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Implication critiquée de Google dans les think tanks
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Une affaire qui délie les langues
Commentaires (12)
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Abonnez-vousLe 01/09/2017 à 07h51
Croire (et essayer de faire croire) que Google n’a rien à voir avec cette éviction… c’est fort en chocolat " />
Le 01/09/2017 à 07h55
“Don’t be evil… enfin, vous, hein, pas nous” - Eric Schmidt, probablement " />
Le 01/09/2017 à 08h00
Il pâtirait en fait de « son refus répété d’adhérer aux standards d’ouverture et de collégialité institutionnelle de New America », comme il lui est officiellement reproché dans les e-mails mis en ligne.
Bonjour l’excuse bidon.
Si on devait avoir un élément de preuve de l’implication de google, cette excuse en est une en bonne et due forme.
Google prétend lutter contre les fake news mais lutte en réalité contre les vrais news et les opinions des gens qui risqueraient de restreindre son pouvoir.
Sympa comme entreprise dis donc.
Et sinon, quelle est l’influence de Google sur Nxi?
Vous ont-ils déjà demandé de retirer un article ou de le modifier pour que cela corresponde mieux à leur “réalité”?
Le 01/09/2017 à 08h45
Le 01/09/2017 à 09h12
Le 01/09/2017 à 09h19
Je n’enlève pas ça, et je ne suis pas non plus dans les petits dossiers.
Mais ce ne serait pas la première fois que Google ferait pression de la sorte (parmi d’autres), et cela n’aurait rien de surprenant.
Mon commentaire était plutôt à lire dans ce sens, pour ceux qui justement vont (encore) croire naïvement que les pressions n’existent pas pour faire virer quelqu’un de trop gênant :)
Edit : en fait j’ai oublié le “possiblement” dans ma phrase, d’où la mauvaise compréhension " />
Le 01/09/2017 à 09h28
Google est une entreprise dangereuse. C’est pas d’hier.
Le 01/09/2017 à 10h00
3 ans déjà que le “don’t be evil” a disparu
http://www.courrierinternational.com/article/2014/11/03/changement-de-slogan-goo…
“Résoudre un grand nombre des problèmes que nous avons, nous, les humains”
risque t’il de se simplifier en
“Résoudre un problème : les humains” " />
Le 01/09/2017 à 11h26
Via un communiqué, l’organisation répond que son choix de se séparer de Barry Lynn, acté hier, n’a pas été influencé par Google.
Peut être pas influencé directement par Google au moment présent…
… mais influencé par ce que Google pourrait peut-être faire dans le futur.
Le 01/09/2017 à 13h55
Comme dis par plusieurs on ne connait pas toute l’histoire donc dure de faire une conclusion mais en général ces grosses boites influencent de manière indirecte.
On le voit bien avec youtube et avec la façon dont la rémunération est faite des vidéos cela change la façon de faire des youtubers (qualité et durée des vidéos). Le dernier changement en date est le ranking et les notifications des vidéos/chaines qui est influencé par le nombre de vidéos et pas par la durée ni encore moins la qualité. Donc les youtubers font maintenant des vidéos courtes ou découpent en plusieurs vidéos des sujets (cf vidéos des unités SI par e-penser) (qualité laissant clairement à désirer et découpé en plusieurs vidéos alors qu’une aurait fait le job, il le dis lui-même que c’est un test pour améliorer le ranking)
Le 01/09/2017 à 17h37
Anne-Marie a un nom de circonstance !
New York Times, Wapo, Gizmondo, les médias gauchistes (démocrates qu’ils disent là-bas) toujours près à défendre la veuve et l’orphelin le pauv’ prolétaire exploité par bazardé par la méchante entreprise sont bien représentés.
Où sont les interviews et opinions de personnes et médias des autres tendances ? Ils brillent par leur absence.
Le 04/09/2017 à 07h39