L'excellente série Black Mirror nous revient pour une quatrième saison où les nouvelles technologies, mais aussi notre société dans son ensemble, vont en prendre pour leur grade. Rien ni personne n'est épargné, mais toujours avec réalisme et finesse... malgré des situations parfois brutes.
C'est en 2011 que Black Mirror est arrivée sur Channel 4 au Royaume-Uni. À l'époque déjà, la série s'était fait remarquer par sa capacité à critiquer avec précision à la fois notre société, les turpitudes humaines mais aussi les dérives possibles de l'évolution technologique. Ce, à travers trois histoires différentes, chaque épisode durant entre 45 minutes et une heure.
Et pour cela, l'équipe n'hésitait pas à dépasser les conventions, quitte à choquer. Beaucoup ont ainsi encore en tête L'Hymne national (S01E01) et sa fameuse histoire du porc. Mais au-delà de ses coups d'éclat, Black Mirror c'était déjà beaucoup de finesse et un sous-texte souvent aussi passionnant à décrypter que l'action principale était intéressante à suivre.
Chaque épisode est indépendant, avec sa propre équipe, un casting et une approche différente. Une sorte de Contes de la crypte remis au goût du jour, avec moins d'horreur, plus de technologie, mais autant de cynisme. Seul point commun qui rattache tous ces éléments, Charlie Brooker, créateur de la série qui intervient dans la composition de chaque épisode.
Une arrivée tardive en France, jusqu'à Netflix
C'est seulement en 2014 que l'on a pu découvrir ce petit bijou déroutant en version française. Malheureusement, c'est France Télévision qui en avait alors acquis les droits, le groupe n'étant pas spécialement connu pour vraiment respecter ses séries et leurs fans. Les adeptes de Doctor Who et Mr Robot en savent quelque chose.
La seconde saison a été diffusée avec un peu plus d'un an de retard sur la version originale, et dans le désordre, de mai à juin 2014. Il en sera de même pour le Christmas Special qui n'arrivera chez nous qu'en septembre 2015 : Blanc comme neige.
C'est à cette époque que l'on apprend que Netflix reprend les droits de la série au niveau mondial. Une troisième saison est ainsi annoncée pour 2016 avec douze épisodes. Finalement il n'y en aura que six, la diffusion s'est faite en simultanée dans tous les pays le 21 octobre 2016. Les deux premières saisons sont également disponibles sur la plateforme de SVOD.
Et si l'on pouvait craindre un changement de ton, tout ce qui avait fait le charme de la série était là, avec à l'époque une large critique de nos comportements à l'ère du tout social, la question de la réalité virtuelle et San Junipero (S03E04) qui est restée dans les mémoires de beaucoup, notamment pour son twist final.
Une saison 4 détonante
C'est donc avec impatience que l'on attendait de découvrir la saison 4 qui est comme toutes les précédentes : bien trop courte. Les épisodes se dévorent en à peine une journée, surtout en période de fêtes, et il est souvent bien difficile d'accepter de lâcher l'écran plutôt que de découvrir la suite.
Surtout que comme à leur habitude, les équipes autour de Charlie Brooker arrivent à nous surprendre, dès les premières minutes du premier épisode : USS Calister. Il est d'ailleurs assez difficile de chroniquer le visionnage d'une saison de Black Mirror tant il faut préserver la surprise et les détails qui permettent de découvrir toute la finesse de chaque épisode.
D'autant que cette quatrième mouture ne fait pas se dégager un thème particulier, si ce n'est celui de la critique des nombreux travers de l'humanité. De notre soif de pouvoir à notre volonté de tout contrôler, parfois en ayant l'impression de le faire par simple bienveillance. Un acte qui se veut positif, mais qui ne fait que masquer une couche d'égoïsme crasse.
Des univers à découvrir dans les moindres détails
Toute la force de Black Mirror est justement d'arriver à retranscrire cela dans des univers qui se veulent à la fois contemporains, mais également futuristes par de nombreux petits détails qui cherchent néanmoins à s'inscrire dans un certain réalisme, et avec une volonté de pousser la réflexion sur différents terrains.
Ainsi, lorsqu'il est question de voiture autonome, ce n'est pas pour nous montrer que c'est le moyen de transport de demain, mais bien une solution qui peut être utilisée pour résoudre des problèmes précis, qui ne sera pas sans impacts d'un point de vue législatif ou sociétal.
Lorsque la reconnaissance faciale entre en scène, c'est à la fois pour apporter la meilleure des choses que pour accomplir un dessein bien moins noble. Lorsque l'on voit un téléphone ou une interface, on sent que leur composition a été travaillée de manière à les placer dans un futur qui reste assez proche de nous.
De ce point de vue, Hang the DJ (S04E04) est sans doute l'une des plus grandes réussites, qui nous permet de nous plonger à la fois dans une analyse intéressante de la gouvernance de notre vie par l'IA tout en nous livrant une vision assez inédite, concrète et réaliste (bien qu'abusive par certains aspects) de comment cela fonctionne en pratique.
À l'inverse, un Metalhead (S04E05) se veut plus brut, plus froid, à l'image de ses protagonistes robotiques. Filmé en noir et blanc, il livre moins de choses et peu de réflexion de fond. Il s'agit avant tout d'une course contre la mort qui ne nous laissera que peu de répit, dans un monde dépourvu de toute pitié.
Des surprises et un beau final
On apprécie également la capacité de jouer avec les bandes-annonces puisque les épisodes peuvent parfois révéler quelques surprises par rapport à ce à quoi l'on s'attendait. Il en est de même pour les clins d'œil aux fans, qui n'échappent pas à la critique en raison de leur goût démesuré pour des séries où tout se résout parfois à grands coups de Deus Ex Machina, grâce à l'intelligence suprême d'un Capitaine adulé par tous.
Cela n'empêche pas la série de saluer, à sa manière, l'impact que de telles œuvres peuvent finir par avoir dans le monde réel, en inspirant de manière bien plus concrète génies et visionnaires qui modèlent une partie de notre futur, pour le meilleur... et parfois pour le pire.
Autre mention spéciale à Black Museum (S04E06) qui est sans doute l'épisode le plus marquant de cette saison, qui allie tout ce que l'on aime dans Black Mirror : une critique de notre société sur de nombreux aspects, agrémentée d'un zeste de nouvelles technologies et de drame des objets connectés avec un soupçon de violence, une certaine lucidité sur les relations humaines et pour finir une référence intéressante... à l'univers de la série.
Bref, si vous avez une après-midi à tuer d'ici au début de l'année 2018, passez là sur cette saison 4 de Black Mirror. Vous aurez rarement l'occasion de tant aiguiser votre esprit critique sur le monde qui nous entoure, et le futur qui nous attend.
Commentaires (49)
#1
BM episode 1 saison 1, j’ai horreur de ces “films” qui donnent des idées malsaines aux gens
#2
Tu ne dois pas aimer grand chose alors ;) Plus globalement, depuis 2011, il y a eu 18 autres épisodes, il y a de quoi être moins réducteur. Surtout que la série s’est quand même ouverte à un plus large public avec le temps.
#3
Qu’a fait France TV (à BM ou Mr Robot) ? Ils les ont censéuré ? Vous en dites trop ou pas assez " />
#4
J’ai bien aimé l’ep 2 s1. La critique est simplement d’avoir tapé trop fort sur le premier pour attirer les gens (sans plus) ;) (je n’ai pas encore été plus loin)
#5
Passé longtemps après la diffusion, tard, parfois dans le désordre (habituel en France) et par gros paquets avec une semaine de replay pas plus. Là par exemple la saison 3 de Mr Robot est terminée, on ne sait même pas quand ça passera chez nous (un peu comme M6 avec la nouvelle saison X-Files).
Dans le cas de Dr Who ils gèrent aussi la distribution et c’est un peu n’importe quoi (ne cherche pas de Blu-ray FR par exemple). Bref, FTV pour de la série étrangère, c’est souvent le merdier.
#6
Il y a deux épisodes assez marquant de la période Channel 4, c’est le premier et Waldo, m’enfin avec le temps ce côté à aller un peu trop loin s’est estompé au profit de mécaniques tout aussi efficaces mais plus digeste pour tout le monde. Même s’il reste parfois des scènes assez dures (notamment sur la fin d’Arkange pour cette saison-ci).
#7
#8
Je ne sais pas quelle série regarder, j’ai des séries en DVD à regarder, j’ai Netflix et je zappe sans m’accrocher en espérant un moment idéal pour regarder (j’ai laissé tomber Star Trek Discovery). Je préfère parfois mieux regarder un documentaire sur l’archéologie ( surtout l’Egypte Antique) que de regarder une séries.
#9
J’ai vu que c’est le genre de séries que j’adore, le problème c’est de posséder twillight zone et outer limits (la quatrième dimension et au-delà du réel) et de n’avoir pas encore tout vu " />
#10
Je verrai selon mon humeur et l’heure à laquelle ça finira (sauf un fort accrochage, ou si je m’endors)" />
#11
Ah oui quand même ! Les épisodes en désordre " /> Voilà de quoi faire une excellente publicité au téléchargement illégal " /> Ils font pareil pour les dessins animés (France 3 et 5), un jour tu as un personnage intégré dans l’histoire, le lendemain c’est l’épisode où il est introduit " /> Ils doivent se dire que les gamins sont niais et ne s’en aperçoivent pas (et c’est probablement la même équipe qui gère les séries pour adultes).
Poiyr Black Mirror je file prendre la saison 2. J’avais apprécié la saison 1 mais je ne savais pas que ça avait continué, la 1 m’avait vraiment emballé " />
#12
Le 1er épisode de la saison 1 reste le meilleur épisode d’une série. Le 6 ème de la saison 4 reste excellent. Comme quoi le niveau ne baisse pas.
#13
Je recommande de démarrer par la saison 3 à ceux qui n’ont jamais vu cette série. La série se veut de plus en plus accessible à regarder, avec des épisodes plus pertinents sur notre quotidien de technophile.
Et non, commencer par la saison 3 ne pose aucun problème. Chaque épisode est purement indépendant avec ses propres acteurs, scénaristes et réalisateurs.
#14
Dommage que ça passe pas au cinéma :(
#15
NXI, premier site français de binge watching sur netflix. " />
#16
J’ai regardé cette série depuis le premier épisode de la première saison et c’est la qualité et J’ai commencé à regarder black mirror au S01E01. C’est l’étrangeté de cet épisode qui m’a donné envie de poursuivre. Les 2 premières saisons étaient confidentielles mais vraiment bien foutues, en particulier sur les scénarios, toujours originaux. La reprise par netflix ne m’a pas déçu du tout.(la classe des séries british est évidente). Bon, j’ai pas fini de regarder cette dernière saison et j’y retourne…
#17
La saison 4 est toujours excellente, même si je trouve que Metalhead est une erreur de parcours.
Pour Archangel, j’ai été un petit peu deçu de la fin. Je reproche la même chose au dernier épisode de la saison 3 avec les nano-abeilles. Les deux dernières minutes sont de trop. Ils auraient du terminer bien avant.
Le dernier épisode est celui qui m’a le plus dérangé. J’ai du me cacher les yeux quelques fois " />
Ma plus grande surprise reste Hang the DJ, qui est peut-être l’épisode le plus optimiste et mignon de toute la série.
#18
#19
Vue entière sur Netflix hier. Le 5 est merdique avec les chiens robots. J’ai rien compris à l’épisode. Je ne sais même pas s’il y a quelques chose à comprendre. Sinon dans l’ensemble ils sont bons. Avec une préférence pour le dernier. Je flippe que ça devienne la réalité. Après ça peut permettre de serrer de la nana à ceux qui ne peuvent pas MDR.
😅😅😅😅
#20
Édit pas possible sur l’application iOS.
C’est pas le dernier mais le 4 ou les gens sont choisis pour être ensemble.
#21
L’épisode 2 écrit par Jodie Foster est vraiment excellent. Ca me remet en question vis à vis de ma fille de 3 ans que l’on surveille toutes les 10 minutes avec ma femme, sur la caméra babyphone placée dans sa chambre.
#22
#23
Hormis Black Museum, je trouve que la saison 4 est globalement plus douce que les autres saisons,je n’ai pas reconnu le côté dérangeant (et dénonciateur des dérives technologique ) des autres saisons.
Bizarrement les récits des objets du black muséum renoue avec l’atmosphère des autres saisons.
#24
“Critique Geek” sur une série Netflix… Avec une grande invitation à regarder la série !?
(Même si je suis souvent d’avis avec les “critiques Geek” du site, je ne vois pas trop l’intérêt de ces articles. Je trouve que c’est du temps de perdu qui pourrait être propice à des articles plus intéressants :) Mais vous avez l’avantage de publier ce que vous voulez, donc raison d’en profiter…)
Il y a quand même quelques épisodes de Black Mirror ou il faut cravacher pour arriver au bout, et d’autres vraiment intéressants. Mais je me suis arrêté aux Épisodes France TV
" />
#25
#26
Je suis contente du destin du nerd blanc tortionnaire. Comme d’habitude, netflix améliore vraiment la série (rappelez vous du pilote ridicule) et fait passer des messages forts et humains.
#27
Comme dit plus haut je ne vois pas forcément de raison de ne pas traiter une série sur telle ou telle plateforme, surtout quand le coût est inférieur à celui d’une place de ciné des films que l’on critique habituellement.
L’idée de départ c’est de donner un avis avec notre regard forcément plus spécifique, sur des œuvres qui touchent au domaine des nouvelles technologies ou qui touchent au domaine des “geeks” lorsque l’on y trouve un intérêt.
Comme tu dis, on a l’avantage de pouvoir le faire comme l’on souhaite, puisque l’on fait ça sans participer à un dispositif particulier que ce soit pour les films et séries. Et s’il y a bien une série qui rentre dans le cadre, c’est Black Mirror. J’avais déjà hésité sur la saison 3 et regretté de ne pas l’avoir fait ;)
Après l’invitation à regarder ou pas, ça dépend de la qualité de ce que l’on a regardé. Ceux qui suivent un peu cette chronique savent que je n’hésite pas à trasher lorsque je le pense nécessaire, sans me demander si cela va plaire à tel ou tel. Je ne livre que mon avis ;)
#28
#29
Grand fan de cette série, j’ai regardé les 5 premiers épisodes de cette saison 4 et pour l’instant je trouve le niveau bien en dessous de ce que nous avait proposé les 3 autres saisons. J’espère que Black Museum relèvera la barre.
#30
Le problème de Netflix c’est qu’il est inutilisable en heure de pointe chez Free. 200Kbits de débit de 18h à minuit, test fast.com. Du coup Il m’est impossible de regarder Netflix en soirée, le seul moment de la journée où je regarde la télé, comme des millions de français.
#31
#32
#33
Nous sommes en période de fête, laisse les un peu respirer et critiquer n’est pas un cadeau de fin d’année
#34
#35
Mon immersion est maximale quand je vois de la VOST 2D.
Et malheureusement c’est une combinaison qui n’est pratiquement jamais dispo dans mon ciné.
Si c’est un blockbuster, c’est généralement “VOST 3D” , “VF 3D” ou “VF 2D”.
La 3D réduit mon immersion dans le film a cause de ces lunettes de m___ qui réduisent mon champ de vision, réduisent le contraste, … ok, c’est subjectif mais c’est mon ressenti.
Et la VF, bah ca dépend si je suis déjà habitué aux voix originales des acteurs. Auquel cas, le doublage VF ca fait “dissonance” comme dirait e-penser.
#36
#37
#38
#39
Elle n’est pas drôle justement.
Je lis de plus en plus ce genre de réflexion (sans que bien sûr je juge son auteur pour autant) qui laisse supposer un renforcement de l’individualisme.
J’ai fait, mais j’aurai dû accentuer ma pointe d’humour, le rapprochement avec la série en question qui, justement, pointe l’hyper-individualisme (entre autre) favorisé par les outils technologiques que ce sont les écrans noirs.
#40
Certains te diront que le ciné le plus proche est à 20 km et que le fait d’être en famille limite la possibilité d’aller au cinéma. Il ne faut pas oublier que les soucis d’accès ça ne concerne pas que les problèmes que l’on peut avoir individuellement, c’est pour cela que l’on ne peut pas les prendre en compte dans la décision de publier ou non un article (BTW mon beau-père vit dans une zone à 200 ko/s mais est abonné à Neflix).
Après que chacun préfère le cinéma ou le canapé, c’est un autre sujet. Pour la volumétrie des publications, de manière assez générale c’est assez faux : on a jamais publié autant de contenu que ces derniers mois. Après si tu fais référence aux périodes de fêtes, je te laisse comprendre tout seul la raison d’une publication en volume réduit. Sans parler du fait que parfois on écrit, sans forcément publier à l’instant “t” ;)
#41
#42
ai d’ores et déjà vu tous les épisodes de Black Mirror sur Netflix. J’ai trouvé cette saison beaucoup mieux que la précédente pour laquelle certains épisodes étaient vraiment en deçà.
Toujours une réflexion très intéressante sur les nouvelles technologies et ses déviances.
#43
Faut avoir un vidéo proj et des bonnes enceintes et c’est parfait :)
#44
C’est le conseil que je donne aussi autour de moi.
C’est ce que j’ai fait par hasard, et cet épisode reste à mon sens le meilleur: à la fois drôle et dangereusement proche de notre époque.
#45
Obligé pour certains papiers que l’on travaille en // ;) #Teasing
#46
#47
Saison 3 épisode 1 Vs système ce “Crédit social” que met en place la chine.
Ca fait peur quand la réalité devient si proche de la série….
#48
Cet épisode est flippant à souhait…
Ce qui est inquiétant avec Black Mirror, c’est que certains sujets nous pendent au nez
#49