Des communications sans fil « sans émettre une seule onde de plus » chez Orange
Ça fait aussi de la charge sans fil ?
Le 25 janvier 2018 à 14h59
6 min
Société numérique
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Dans un monde où les ondes sont omniprésentes, Orange – qui en émet notamment avec ses antennes de téléphonie mobile – travaille sur une solution permettant de « connecter des objets sans fil ni batterie, et sans émettre une seule onde de plus ». Pour cela, il réutilise les ondes déjà existantes. Explications.
En 2013, l'université de Washington déclarait que ses ingénieurs avaient mis au point « un nouveau système de communication sans fil permettant aux appareils d'interagir entre eux sans avoir besoin de piles ou de fils électriques ». Baptisée « Rétro-diffuseurs ambiants » (ou Ambient Backscatter dans la langue de Shakespeare), cette technique permet « d'échanger des informations en reflétant ou en absorbant des ondes préexistantes ».
Orange a décidé de se lancer dans cette aventure et présentait au Salon de la Recherche (lire notre compte rendu) une démonstration. « Il n'y a pas deux endroits au monde on l'on peut voir ça » affirmait alors Nicolas Demassieux, directeur d'Orange Labs Recherche. Mais voir quoi exactement ? L'envoi de messages « sans batterie, et sans qu'une seule onde de plus ne soit émise sur Terre ».
Recycler les ondes existantes
Orange explique que cette technique est « inspirée » des tags RFID : « Dans un système RFID conventionnel, si le tag est déjà capable de transmettre un message à un lecteur RFID, sans batterie et sans émettre, le lecteur, lui en revanche, doit générer une onde RF pour scanner le tag. Ici, même le lecteur n’émet rien. Il exploite en effet les ondes RF ambiantes (Wi-Fi, diffusion TV ou FM, cellulaires, etc.), presque aussi disponibles que l’air que nous respirons ». Avec le Wi-Fi ou les réseaux mobiles, il n'est évidemment pas nécessaire de s'y connecter, simplement d'utiliser les ondes émises.
Dans le cadre de cette démonstration, l'opérateur présentait un tag le plus simple possible : deux brins métalliques, une antenne et un bouton poussoir sur un bout de PCB. Dinh Thuy Phan Huy, ingénieure R&D en communication sans fil chez Orange, détaille le fonctionnement : « Quand j'appuie sur le bouton poussoir, je connecte les deux brins et cette antenne réfléchit les ondes radio venant de la tour Eiffel. Quand je le relâche, elle les absorbe ». Cette manipulation permet ainsi d'avoir « deux niveaux de puissance, deux états différents ; et ainsi transmettre un message binaire de 0 et de 1 ».
La preuve par l'exemple, quid des perturbations ?
Une première démonstration exploitait le tag avec bouton poussoir actionné manuellement. Une seconde avec « un tag autonome faisant cette commutation de manière automatique pour envoyer un message de 0 et de 1 » permettait ensuite de transmettre une image (d'une centaine de pixels) sur une distance de quelques centimètres seulement :
La société utilisait dans les deux cas les ondes radio (pour la TV) émises par la tour Eiffel pour faire transiter les données (nous étions dans ses labos à Châtillon, soit à 6 km environ à vol d'oiseau de la Dame de fer). Mais il est également possible d'utiliser celles du Wi-Fi, de la FM et des réseaux cellulaires ; c'est du moins « ce qui a été testé expérimentalement ».
Interrogé sur la distance et le débit que pourrait supporter une telle solution, Orange se contente de nous énoncer les résultats obtenus par les universitaires américains : « un appel voix à 10 mètres », sans plus de détail. Seule certitude, la portée sera différente en fonction de la puissance de l'émetteur et de la longueur d'onde utilisée.
Questionné sur les perturbations engendrées par ce système pour la réception de la télévision, Dinh Thuy Phan Huy répond que « ces tags ont une portée limitée, il faut vraiment être à côté pour être gêné. Si on améliore et on contrôle la portée de ces tags, et là ça demande des innovations qui ne sont aujourd'hui pas publiées et sur lesquelles on travaille, on peut à la fois contrôler la qualité de service des récepteurs TV et des tags. Mais ce n'est pas en prenant ce qui a été fait par l'université de Washington en 2013 brut, il faut l'améliorer ».
En effet, les techniciens d'Orange nous expliquent avoir repris comme base les travaux de l'Université de Washington, mais avec quelques surprises à la clé : « Dans leur publication, ils n'ont pas raconté tous les défauts de leur système. Ils ont montré une mesure où ça marche. Nous, en refaisant ce travail, on a vu tous les défauts. [...] On est en train de l'améliorer pour les cas d'usages qui nous semblent les plus prometteurs ». Nous n'aurons pas plus de précision pour le moment.
Sans batterie, mais pas sans énergie
Sans batterie, ne veut pas dire sans énergie, comme nous le confirme Dinh Thuy Phan Huy : « Il faut un tout petit peu d'énergie [...] et on sait déjà le faire aujourd'hui. [...] Soit on les alimente avec une pile pendant très longtemps, soit ils s'autoalimentent avec de la récupération d'énergie RF, du solaire ou l'énergie mécanique. Ce sont des choses qui existent déjà. Ce qui est vraiment révolutionnaire ici, c'est qu'on n’émet aucune onde de plus pour créer des nouvelles communications ».
Un cas d'usage mis en avant par l'opérateur est celui de tags RF n'émettant aucune onde, et que l'on porte sur soi. Une ville équipée de lecteurs, n'émettant pas d'ondes eux non plus, serait alors capable de détecter une approche et ainsi s'adapter si besoin.
Ennemie ou alliée de la 5G ?
Dans une offre d'emploi intitulée « technique de communication disruptive sans fil, sans émission d'ondes et sans consommation pour futurs réseaux 5G/internet des objets » et publiée en décembre 2016, Orange indiquait que « cette technique permet potentiellement le développement de futurs réseaux d'Internet des objets de très courte portée ».
Ajoutant même qu'elle « est donc potentiellement une menace pour les futurs réseaux 5G et 5G+ : en cannibalisant les marchés IoT et en impactant la performance des futurs réseaux 5G. Cette technique peut aussi être une opportunité pour les futurs réseaux 5G, si elle est intégrée dans la 5G, utilisée pour décharger le réseau cellulaire et réduire considérablement sa consommation d'énergie ».
Des utilisations possibles étaient également évoquées dans l'annonce : « les applications visées sont la communication entre petits objets voisins, dans le cadre de l‘internet des objets et la 5G (par ex des lunettes communicantes avec écrans, ou des tablettes, des montres ou des vêtements connectés, etc.) ».
La société nous précise enfin que des publications sur ses travaux autour de l'Ambient Backscatter seront mises en ligne et que des brevets seront déposés cette année. Nous en saurons alors peut-être davantage sur la portée, les débits et surtout la manière dont l'opérateur compte limiter les perturbations.
Des communications sans fil « sans émettre une seule onde de plus » chez Orange
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Recycler les ondes existantes
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La preuve par l'exemple, quid des perturbations ?
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Sans batterie, mais pas sans énergie
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Ennemie ou alliée de la 5G ?
Commentaires (35)
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Abonnez-vousLe 25/01/2018 à 15h09
« un appel voix à 10 mètres »
Deux pots de yaourt et une ficelle. " />
Le 25/01/2018 à 15h23
C’est pas un peu se résigné sur le fait qu’on est et serratoujours baigné dans les ondes?
Cette techno ne risque elle pas d’etre un frein a tout ce qui viserai à les réduire?
Le 25/01/2018 à 15h27
C’est intéressant dans une certaine mesure, mais je reste curieux sur les fameux défauts relevés par les techniciens d’Orange.
Le 25/01/2018 à 15h34
S’il y a une maintenance sur l’antenne de la tour Eiffel, on ne pourra plus se servir aussi des objets utilisant ces ondes (donc autres que les récepteurs TNT) ? Ou ils basculeront automatiquement sur d’autre fréquence (Wifi, FM, etc) ?
Le 25/01/2018 à 15h37
Le 25/01/2018 à 15h39
Le 25/01/2018 à 16h08
Le 25/01/2018 à 16h20
Le 25/01/2018 à 16h21
Vu l’avancement, on viserait plutôt une 6G qu’une spécificité de la 5G non ?
Le 25/01/2018 à 16h27
Pour le RFID il y a besoin d’une émission précise (l’article le rappelle).
On n’est pas dans le cas de figure envisagé ici.
Le 25/01/2018 à 16h30
Ce genre d’idée de communication est exploitable à courte distance dans certaines conditions et pour des débits faibles, ça ne risque pas de remplacer ce qu’on a actuellement en téléphonie mobile, pouvoir téléphoner de presque n’importe où, et même transférer des données avec des débits de plusieurs dizaines de Mb/s (et plus à l’avenir).
Le 25/01/2018 à 16h38
C’est très différent du RFID.
Pour poursuivre l’analogie d’OlivierJ, le RFID, c’est quelqu’un qui t’éclaire avec une lampe de poche, et tu lui répond en morse avec un miroir. Là, c’est le faire avec la lumière ambiante, ce qui semble nettement plus complexe, et en particulier pose la question suivante : et la nuit, ça marche comment?
Le 26/01/2018 à 07h45
C’est ainsi que naquit le morse avec des miroirs pour communiquer a “grande” distance :p. Effectivement, orange n’invente rien " />
Le 26/01/2018 à 08h01
Je pense que l’idée est bonne pour les objets connectés dans le domaine industriel, genre rapatrier des télémesures dans une pièces vers un concentrateur sans fil et avec une durée de vie de plusieurs dizaines d’années (pas de pile à remplacer).
Le 26/01/2018 à 09h47
Ils ne vont pas déposer des brevets sur les recherches de l’université, mais sur les évolutions qu’ils auront apportés.
Et pour ce qui est de rendre ces technos libres, de un ce n’est pas parce qu’on dépose un brevet qu’on interdit forcément l’utilisation par d’autres (mais ça reste utile de déposer le brevet pour que quelqu’un d’autre ne s’approprie pas l’invention), et de deux Orange est une entreprise privée, dont le but reste de faire des profits. Donc oui, ils font de la R&D et protègent leurs inventions.
Le 26/01/2018 à 17h28
Trop fort j’avais hésiter à en faire un exemple. " />
Le 28/01/2018 à 14h21
J’avais pensé à 2 hommes, mais dans les 2 cas on émet des ondes en plus " />
Le 29/01/2018 à 08h26
Le 29/01/2018 à 13h13
Le 25/01/2018 à 16h38
Le 25/01/2018 à 16h41
Cela me rappel un ancien manga dont la finalité était d’utiliser le champ magnétique terrestre pour exploiter Internet absolument partout…. Me souviens plus du titre :/
Le 25/01/2018 à 16h43
Le 25/01/2018 à 16h51
Et une nuit parfaitement noire n’existe pas non plus, par contre c’est vachement plus dur d’utiliser le léger fond lumineux pour transmettre un message que de simplement renvoyer la lumière de la torche.
Ça a beau être une fonctionnalité similaire, technologiquement, c’est pas du tout la même dimension.
Le 25/01/2018 à 16h56
On ne parle pas de faire passer du Netflix ou du Youtube en 4k…
Le RFID c’est quelques centaines d’octets de données grand maxi (les tags NFC que n’importe qui peut acheter c’est même pas 1ko de stockage)
Faire passer quelques octets sur un fond de réseau c’est loin d’être aberrant s’ils arrivent à maitriser le truc.
Le 25/01/2018 à 17h00
Je ne dis pas que c’est aberrent, simplement que ça pose des difficultés très différentes de celles déjà traitées dans le RFID.
Le 25/01/2018 à 17h08
Bien sur que ça pose des difficultés, c’est inhérent au processus qu’il leur faut encore maîtriser correctement.
Mais ça n’en reste pas moins une “extension” possible aux principes mis en place par le RFID.
Avant que le RFID ne se généralise il a aussi fallu régler des problèmes de ce type, et au début c’était aussi de la science fiction de se dire qu’on pouvait lire et transmettre des informations sans fil vers un tag complètement passif.
Et ne pas mettre de côté que l’article précise bien que ce n’est pas gratuit en énergie, il faut toujours alimenter d’une manière ou d’une autre les appareils qui vont ensuite utiliser les ondes environnantes, même si les besoins sont très faibles parce que justement il n’y a pas d’emission d’ondes à faire.
Le 25/01/2018 à 17h20
Je ne pense pas que le RFID ait été compliqué à mettre au point, c’est un fonctionnement assez simple, surtout comparé à ce dont il est question ici.
Le 25/01/2018 à 17h29
Le 25/01/2018 à 17h56
En fait, c’est pas forcément de la courte distance. Ca l’était sur le premier papier et quand ils ont fait un Wi-Fi passif (src :https://dl.acm.org/citation.cfm?id=2930622), mais ils ont depuis fait des transmissions LoRa en backscatter sur des distances assez dingues, vu la techno (src :https://dl.acm.org/citation.cfm?doid=3139486.3130970).
Quand à l’idée de téléphoner… ils ont fait un mini-buzz avec il y a quelques mois :https://dl.acm.org/citation.cfm?doid=3120957.3090090
Il y a une start-up française, GreenerWaves, qui joue avec le même principe. Pas trop sûr du produit qu’ils vendent par contre.
Le 25/01/2018 à 18h09
[Mode troll on]
heu … Oui .. ça s’appelle de la lumière … surtout quand il fait jour …
[mode troll off]
Pas taper " />
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Le 25/01/2018 à 18h10
J’ai un tit blème de compréhension, Orange veut mettre des brevets sur l’idée d’une université - Américaine de plus - ? .
C’est illogique et le travail d’Orange être mis dans le monde publique et profiter a tous.
PS: Je ne suis pas libriste, même si j’aimais bien ma Mandrake sur mon vieux PIII.
Le 25/01/2018 à 18h39
Serial Experiments Lain avec IPv7 " />
Le 25/01/2018 à 19h06
Le 25/01/2018 à 20h05
Le 25/01/2018 à 22h31