Nationaliser la 5G aux États-Unis ? « Une idée très préliminaire », de nombreuses réactions
Mais aucun tweet de Donald Trump...
Le 30 janvier 2018 à 08h15
4 min
Société numérique
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L'affaire fait beaucoup de bruit depuis ce week-end : les États-Unis auraient dans l'idée de lancer un réseau 5G nationalisé, c'est du moins ce que laissent penser des documents publiés par Axios. Depuis, les réactions s'élevant contre cette idée ont été nombreuses, notamment du côté de la FCC.
Le but de cette proposition faite au Conseil National de Sécurité de Donald Trump serait de se « prémunir de la Chine » rapportent nos confrères. Les documents affirment ainsi que ce pays « a acquis une position dominante dans la fabrication et l'exploitation de l'infrastructure de réseau », ajoutant qu'il est « un acteur malveillant dominant dans le domaine de l'information ».
Des préliminaires, les « premiers stades » d'une discussion...
Une information confirmée (au moins en partie) par un haut fonctionnaire à Reuters. Celui-ci ajoute néanmoins que « l'option était en train d'être débattue à un bas niveau dans l'administration et qu'elle était encore à six ou huit mois d'être considérée par le président lui-même ».
Même son de cloche au New York Times qui évoque « une idée très préliminaire » selon des sources, nécessitant encore plusieurs mois avant que Donald Trump ne se penche sur la question. De son côté, Recode s'appuie sur plusieurs sources pour indiquer qu'il s'agit d'un vieux mémo qui ne serait plus vraiment au programme.
Lors d'une conférence de presse, Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de la Maison blanche affirme elle aussi que la discussion en est aux « premiers stades ». Bref, le gouvernement tente de jouer les pompiers afin de désamorcer la situation.
Cette fuite suit des années de déboires des équipementiers télécoms chinois outre-Atlantique. Huawei, l'un des géants mondiaux, se serait vu écarté de plans d'AT&T sur pression du Congrès américain, dans un climat d'extrême méfiance de l'administration Trump face à ces acteurs... dans la continuité de l'ère Obama, pour une fois.
Ajit Pai s'oppose à cette idée et il n'est pas seul
Dans tous les cas, les réactions ont été nombreuses, notamment du côté de la FCC. Son président Ajit Pai, s'est ainsi exprimé officiellement : « Je m'oppose à toute proposition faite au gouvernement fédéral de construire et d'opérer un réseau national 5G. La principale leçon à tirer du développement du secteur mobile sur les trois dernières décennies (y compris l'avance américaine dans la 4G) est que le marché, et non le gouvernement, est le mieux placé pour pousser l'innovation et l'investissement [...] Tout effort fédéral pour construire un réseau 5G nationalisé serait un égarement coûteux et contre-productif ».
Il n'est pas le seul à monter au créneau. C'est notamment le cas de Mike O’Rielly, Brendan Carr et Mignon Clyburn (deux Républicains et une Démocrate, tous les trois commissaires de la FCC) qui se sont également dressés contre cette idée.
Le secteur des télécoms rappelle les investissements déjà faits dans la 5G
Jonathan Spalter d'USTelecom y va aussi de sa petite déclaration, citée par le New York Times : « rien ne saurait davantage freiner notre élan, durement gagné, pour être les leaders mondiaux dans le déploiement de la 5G, que l'arrivée du gouvernement fédéral pour construire ces réseaux ». Le CTIA (Cellular Telephone Industries Association) n'est pas en reste : « le gouvernement devrait poursuivre sa politique de libre concurrence qui a permis à l'industrie américaine du mobile de gagner la course à la 4G ».
Enfin, AT&T répond à Axios : « Nous ne pouvons pas commenter quelque chose que nous n'avons pas vu. Mais, grâce aux investissements de plusieurs milliards de dollars réalisés par des entreprises américaines, le lancement de la 5G aux États-Unis est déjà bien avancé ».
Rappelons en effet que les vrais réseaux commerciaux 5G sont attendus pour 2020, avec des lancements précoces grâce à la « Non-Standalone 5G » sur un cœur de réseau 4G. Dans tous les cas, les premières expérimentations sont déjà en cours. Un calendrier plus que serré donc pour se lancer dans une 5G nationalisée, d'autant plus s'il faut attendre encore six mois pour que Donald Trump se penche sur la question.
Attendons maintenant de voir ce que le gouvernement fera de cette idée préliminaire et si elle dépassera les « premiers stades » de sa discussion.
Nationaliser la 5G aux États-Unis ? « Une idée très préliminaire », de nombreuses réactions
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Des préliminaires, les « premiers stades » d'une discussion...
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Ajit Pai s'oppose à cette idée et il n'est pas seul
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Le secteur des télécoms rappelle les investissements déjà faits dans la 5G
Commentaires (38)
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Abonnez-vousLe 30/01/2018 à 10h50
Le 30/01/2018 à 11h02
Vous n’avez pas remarqué la gigantesque disparité au niveau de la qualité du réseau en fonction du territoire? Enfin c’est vrai que fin 2016 toute la France avait la 2G…
Les conditions de travaille de toutes les boites VS FranceTelecom entreprise public… C’est la logique de l’ouverture à la concrescence, faut dégrader pour que les actionnaires aient du fric à se faire et les trois leviers ce sont les infrastructures, les conditions de travail et les tarifs. Pour les tarifs, la convergence des réseaux dans les TIC a fait que l’augmentation n’a pas eu lieu.
Le 30/01/2018 à 11h05
Le 30/01/2018 à 11h32
“Ajit Pai”, la “FCC” : Est-ce vraiment utile de citer les acteurs de la fin de la neutralité d’Internet aux USA ? Quelle crédibilité peut-on encore leur donner ?
Le 30/01/2018 à 11h41
Le 30/01/2018 à 12h38
Mon petit doigt me dit que c’est la NSA qui va fournir les équipements…
Le 30/01/2018 à 13h13
Le 30/01/2018 à 13h48
Le but de cette proposition faite au Conseil National de Sécurité de Donald Trump serait de se « prémunir de la Chine » rapportent nos confrères. Les documents affirment ainsi que ce pays « a acquis une position dominante dans la fabrication et l’exploitation de l’infrastructure de réseau », ajoutant qu’il est « un acteur malveillant dominant dans le domaine de l’information ».
Les chinois c’est les méchants, et les zaméricains, c’est les gentils. " />
Le 30/01/2018 à 14h10
Pour les Américains, c’est normal, non qu’ils se considèrent comme les gentils ?
Le 30/01/2018 à 14h15
Le 30/01/2018 à 14h26
Le 30/01/2018 à 14h35
Le 30/01/2018 à 14h38
Le 30/01/2018 à 15h33
Le 30/01/2018 à 15h49
Rien n’était possible sans la puissance industrielle et militaire des USA, et certainement pas le débarquement. Les USA ont financé beaucoup de matériel et en ont aussi prêté au Royaume Uni, et n’ont pas agi qu’en Europe mais aussi (entre autres) en Afrique du Nord pour en chasser l’armée allemande.
(l’URSS a bien évidemment eu un rôle considérable à l’Est, mais on peut être content d’avoir été côté Ouest vu la suite)
Le 30/01/2018 à 16h09
Le 30/01/2018 à 16h18
C’est pas la taille qui compte mais c’est de savoir s’en servir!
La bombe atomique aurait dans tous les cas réglé le sort de l’Allemagne assez rapidement.
C’est certain par contre qu’une chance que les Russes ont quasiment décimé leur population pour combattre durant ce temps.
Le 30/01/2018 à 16h20
Rhaaa j’avais édité mon message précédent, mais ai été interrompu avant de terminer et d’envoyer, je viens de perdre 10 minutes de rédaction :-( .
Je disais aussi qu’il y a eu l’idée très bien pensée du plan Marshall :
L’administration Truman le préféra au plan Morgenthau qui prévoyait de faire payer les réparations par l’Allemagne. En effet, plusieurs experts se souvenaient des effets désastreux d’une telle politique après la Première Guerre mondiale : la question des réparations allemandes avait en partie déclenché une hyperinflation, entravé la reprise économique et facilité la prise du pouvoir par les nazis.
L’initiative fut baptisée, par les journalistes, du nom du secrétaire d’État des États-Unis, le général George Marshall, qui, lors d’un discours à l’université Harvard (5 juin 1947), exposa la volonté du gouvernement des États-Unis de contribuer au rétablissement de l’Europe. Ainsi dans ce discours, George Marshall affirma : « Il est logique que les États-Unis fassent tout pour aider à rétablir la santé économique du monde, sans laquelle il ne peut y avoir aucune stabilité politique et aucune paix assurée. »
Il ne s’agit donc pas d’une vision binaire et primaire de gentils et méchants, puisque l’aide a concerné aussi bien les pays Alliés que les pays de l’Axe (Allemagne et Italie), et que cette aide était aussi dans l’intérêt américain à long terme, ce qui n’est pas incompatible avec des convictions humanistes et libérales (au sens large).
Ce credo continue, par exemple à propos des pays concernés par les “révolutions colorées”, j’avais lu dans un article intéressant sur la question (c’est moi qui ai graissé un passage) :
« L’aide au développement ne peut réussir que si elle s’appuie durablement sur des réformes démocratiques et l’aide aux forces réformistes sur une longue période, peut-être des décennies » pouvait-on lire dans un rapport de l’Agence des Etats-Unis pour le Développement international (USAID) en 2002. Adossée à la conviction que les démocraties ne se font pas la guerre entre elles, l’idée d’un lien intime entre économie de marché, développement et démocratie libérale est en effet au cœur de la doctrine de sécurité américaine.
[..] Dans le monde issu de la fin de la Guerre froide, les Etats-Unis font coïncider leurs intérêts stratégiques à long terme avec le soutien aux transitions démocratiques. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’ils encouragent les aspirations démocratiques là où elles se manifestent.
Les propos de certains anti-américains primaires niveau cour d’école (oui car on peut largement critiquer la politique étrangère US, mais de façon pertinente, et on ne s’en prive pas), non merci. La France aussi défend ses intérêts, et l’aide à l’Afrique (matérielle, logistique, parfois militaire) est un mélange bien compris d’intérêt à long terme et d’humanisme, car la France a tout intérêt à avoir affaire à des pays stables ayant des structures politiques, sociales et économiques développées et organisées (une administration bien gérée et peu corrompue fait partie des prérequis).
Le 30/01/2018 à 16h38
Le 30/01/2018 à 18h23
La bombe A a été conçu pour lutter contre les risques d’une Allemagne nucléaire, pas contre le Japon.
Si la situation aurait été désastreuse en Europe, dans l’ombre d’un doute que les Américains l’aurait largué. Ce n’était par contre pas le cas en 45.
Le 30/01/2018 à 19h48
Le 30/01/2018 à 20h58
« In God We Trust »
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Le 30/01/2018 à 22h28
toujours aussi mange caca et abruti ce OlivierJ… " />
Le 31/01/2018 à 08h41
Tout à fait d’accord (je l’indique à tout hasard) :-)
Le 31/01/2018 à 09h45
Tu parles bien de l’URSS qui avait un accord avec l’Allemagne (partage de la Pologne voire plus si affinité ?) et qui n’est intervenu que lorsque son territoire a été envahi ? C’est sur que c’était couru d’avance qu’ils interviendraient…
Je suis d’accord pour dire que les américains ne sont pas vraiment des petits gars “biens” qui sont venus nous sauver pour faire triompher la justice et le droit mais bon, sous entendre que l’URSS est mieux (ou moins pire) j’ai un doute.
Je pense que sans les américains on parlerait surement allemand et peut être que sans les russes aussi. Mais on peut leur être reconnaissant sans pour autant les suivre aveuglément. Des soldats américains, anglais, canadiens, …. sont venus mourir sur notre territoire pour que nous puissions le conserver même si il y a surement eu des arrières pensées au niveau politique, ces morts sont là pour rappeler leurs lourds investissements humains.
Le 31/01/2018 à 11h58
Et sinon la 5G en URSS Fédération de Russie ?
Le 31/01/2018 à 17h46
Le 30/01/2018 à 08h36
Ca s’inquiete beaucoup coté industriels… c’est sur que la libre concurrence, c’est du gagnant-gagnant assuré " />
Le 30/01/2018 à 08h49
L’avance mondial des États-unis sur la 4G : Next INpact … Je sais pas de quoi ils parlent :/
Le 30/01/2018 à 08h49
Mouais, la libre concurrence des opérateurs télécoms aux US consiste pour chaque opérateur à s’assurer que sa zone de couverture n’empiète pas sur celle de son collègue/concurrent.
Le 30/01/2018 à 10h04
Vu le résultat de la concurrence en France côté mobile (côté accès Internet aussi), ça paraît difficile d’y être opposé en tant que consommateur.
Pour le mobile, quand Bouygues Telecom est arrivé (après Itineris/FT/Orange et SFR), il est le premier à avoir lancé des forfaits, beaucoup l’ont oublié ; ensuite l’arrivée de Free a eu un sacré effet sur le marché.
Côté Internet, la concurrence existait déjà mais là aussi l’arrivée de Free et sa “box” + le triple play a fait fort.
Le 30/01/2018 à 10h07
Ah… Ainsi les USA sont les leaders de la 4G.
À croire qu’ils en sont les inventeurs…
Le 30/01/2018 à 10h10
Le Japon a cannibalisé l’industrie automobile étasunienne. La Chine cannibalisera l’industrie des équipements réseau étasunienne : psychose patriotique " />
Le 30/01/2018 à 10h15
Bien entendu tout ces progrès n’ont aucun lien avec la convergence des réseaux… C’est cette merveilleuse concurrence qui donne aussi une tel fracture entre les territoires et des conditions de travail globalement dégradé, il ne faudrait pas l’oublier.
Le 30/01/2018 à 10h22
et des entreprises françaises, ils accepteraient les zétazunis ? c’est pour savoir si on doit se placer " />
Le 30/01/2018 à 10h30
Quelle fracture entre les territoires ?
Et quel rapport avec les conditions de travail ? Dans quelles sociétés ?
Le 30/01/2018 à 10h32
Le 30/01/2018 à 10h39
Alcatel-Lucent, la fusion franco-américaine ratée qui a déclassé un groupe leader de son secteur d’activité derrière les équipementiers chinois et surtout derrière Nokia. Comme quoi, ce n’est pas en fusionnant et en devenant plus gros, qu’on devient performant. D’ailleurs, Alcatel-Lucent n’avait bien que son siège social qui soit resté français.