Le projet de « Big Data pour la tranquillité publique » à Marseille repose sur un système sécuritaire agrégeant une masse de données pour tenter d’anticiper les faits troublant la paix phocéenne. La CNIL a cependant décidé de se rapprocher de la municipalité.
La semaine dernière, plusieurs organisations, dont la Quadrature du Net, organisaient une rencontre à Marseille pour dire tout le mal qu’elles pensent de ce chantier mis en œuvre par la ville avec Engie.
Décrite par le cahier des clauses techniques (CCTP) du marché public, on trouve sur la table une infrastructure « de dernière génération » aspirant un grande masse de données : verbalisation, enlèvements de véhicules, images de « vidéo-protection », métadonnées des opérateurs de télécommunication, bruits sur les réseaux sociaux, mais également signalements effectués par chaque citoyen destinés à « fournir en temps réel des informations (texto, vidéo, photo, vitesse de déplacement, niveau de stress, ...) via une application sur smartphone ou des objets connectés », etc.
Dopée par ces flux, cette Marseille sécurisée rêve de pouvoir « identifier les auteurs d’actes de délinquance via une analyse des réseaux sociaux », comptabiliser le nombre de marchés à la sauvette, « détecter la préparation d’évènements sauvages ou d’actes de délinquances », etc. Du Big Data destiné par exemple à prévenir ces faits, notamment en allouant géographiquement les unités de police nécessaire.
« La CNIL n'est jamais très loin »
Le « macro-planning » du marché public indique qu’entre janvier et avril 2018, la phase sera consacrée à la collecte et au nettoyage des données, avant d’enchaîner dès juillet 2018 sur la « conception et [le] déploiement des outils de restitution ».
Interrogée par le Monde en décembre dernier, Caroline Pozmentier, adjointe au maire, déléguée à la sécurité publique et la prévention de la délinquance, a tenté de rassurer : « Les données seront anonymes, et je suis particulièrement attachée à la protection des données personnelles, Marseille n’a pas à rougir en la matière. Et la CNIL n’est jamais très loin ».
Elle ajoute que « nous travaillons avec la CNIL dans le respect strict du référentiel de recommandations que nous appliquons déjà pour notre système de vidéoprotection ».
Seul hic, la CNIL n’est peut-être jamais loin, mais pas aussi proche que ne le laissent penser ces propos.
Pas de formalité auprès de la CNIL
La commission nous assure ne pas avoir été contactée par la municipalité pour une quelconque déclaration ou demande d’autorisation sur ce projet. Ce n’est en fait qu’ « à la suite d’articles parus dans la presse [que] la commission a pris l’initiative de se rapprocher de la ville ».
Cette prise de contact a eu lieu seulement début février, soit deux mois après les propos sécurisés de l’adjointe au maire. S’agissant du travail collaboratif vanté dans les colonnes du Monde, « la ville de Marseille a envoyé des éléments que la CNIL instruit actuellement ».
Ces fameux « éléments » se concentrent surtout sur le cahier des clauses techniques particulières, qui, attaché au marché, en décrit les modalités. Pas de quoi obstruer l’entrée du Vieux-Port durablement.
Commentaires (29)
#1
C’est parce que c’est loin de Paris… vous imaginez pas le temps que ca met une malle-poste pour faire le trajet.
(Petite dedicace à Ernest-Antoine Seilliere)
#2
le ctOS devient une réalité…
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The Machine.
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Les données seront anonymes mais ca permettra de retrouver les délinquants? Oo
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Ça se passerait à Bayonne, on pourrait croire qu’elle nous prend pour des jambons…
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Ici on nous prend pour des sardines?^^
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Marseille va créer la machine avec une ia en aspirant toutes les données du coin sans en référer à la CNIL. Big brother boit le pastis sur le vieux port.
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Par contre les plus grands bandits de la ville, eux, ne risquent rien dans leurs sièges de velours…
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Minority Report en action :-/
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en tout cas, c’est une sacrée bouillabaisse, cette histoire…
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Du Big Data destiné par exemple à prévenir ces faits, notamment en allouant géographiquement les unités de police nécessaire.
Un système similaire déjà en test dans une ville américaine. De mémoire, les forces de l’ordre disposent de “heatmap” prédictives, qui leur a fait diminuer le nombre de vol de voiture ou de conflits entre gangs, notamment.
C’est montré dans un épisode de xenius sur les algorithmes (en replay sur arte, captvty est votre ami).
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C’est normal c’est pas en France.
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Un sans faute, tout ce qui ne devrait jamais se faire en un one shot! Bravo Marseille !
Qui relèvera le défit de faire pire ? J’ai dans l’idée que certaines municipalités FN pourraient le faire mais il faudrait tenir une grande ville, car le budget demandé est important surtout face à des milices privées bénévoles ^^
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me rappelle un peu le pitch de la série APB " />
https://fr.wikipedia.org/wiki/APB_:_Alerte_d%27urgence
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Oula mon bon monsieur il ne faudrait pas sous-entendre qu’un tel système est efficace, cela ruinerait la crédibilité des conspiratistes Orwelliens.
Non, non, il faut retirer ça immédiatement comme Reporty, ça nuit à la liberté de voler et tuer, m’voyez.
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En fait ce n’est pas l’efficacité qui est en ligne de mire de la cnil, c’est la protection des données.
Du reste le système dans 1984 est assez efficace.
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“nous travaillons avec la CNIL”
“La commission nous assure ne pas avoir été contactée par la municipalité…”
C’est beau la politique. " />
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