Affaire Cambridge Analytica : les pressions européennes s’accentuent sur Facebook
Mark jaune
Le 13 avril 2018 à 15h14
5 min
Droit
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La collecte de données Facebook par Cambridge Analytica suscite les interrogations du G29, le groupe d’autorités de contrôle européennes, dont la CNIL en France. À l’Assemblée, une résolution a été déposée pour lancer une commission d’enquête. Le Parlement européen tient à auditionner en personne Mark Zuckerberg. En vain pour l'instant.
Après deux jours d’auditions au Congrès américain, où il a été quelque peu bousculé sans être pour autant malmené, le PDG de Facebook doit aussi faire face à un front européen. Pour mémoire, depuis les révélations de The Guardian et du New York Times, une société anglaise, Cambridge Analytica, est accusée d’avoir siphonné les données de 87 millions d'internautes sans leur consentement.
Comment ? Par le biais d’une application, en fait l’un de ces questionnaires de personnalité qui fleurissent sur le réseau social. Ses développeurs ont profité des charmes de la Graph API. Avec cette interface, ils ont pu aspirer les données des amis de quelques centaines de milliers d’utilisateurs pour se retrouver au final avec ce joli stock de dizaine de millions de données personnelles.
« Être désolé, cela ne suffit pas », torpille le G29
Du côté du G29, le groupe de « CNIL » européennes, a annoncé hier la constitution d’un groupe de travail pour suivre cette question et élaborer une stratégie plus globale sur le long terme. L’institution réitère ses soutiens à l’égard de l’enquête lancée par l’autorité de contrôle au Royaume-Uni (l’ICO) où Cambridge Analytica a son siège, et l’autorité de protection irlandaise, où Facebook est installé en Europe.
À quelques jours de l’entrée en application du RGPD, Andrea Jelinek, présidente du groupe, assure que « la protection des personnes contre l'utilisation illégale de leurs données personnelles sur les plateformes de médias sociaux sera l'une de nos principales priorités ».
Le G29, qui deviendra alors le Comité européen sur la protection des données personnelles dès le 25 mai, ne décolère pas face aux excuses de Mark Zuckerberg devant le Congrès américain. « Une plate-forme de médias sociaux de plusieurs milliards de dollars qui dit être désolée, cela ne suffit pas. (…) Ce que nous constatons aujourd'hui n'est probablement qu'un exemple de pratiques beaucoup plus larges de collecte de données personnelles à partir des médias sociaux pour des raisons économiques ou politiques ».
L’ambition du G29 est aujourd'hui de ne parler que d’une seule voix pour espérer peser face au mastodonte des réseaux sociaux.
Une CNIL entre coopération et menace voilée de sanction
Du côté de la CNIL, la position décrite par Isabelle Falque-Pierrotin lors de la présentation de son rapport annuel, mardi dernier, reste inflexible : « L’action de la CNIL dans les semaines à venir s’inscrira dans ce cadre de coopération avec ses homologues européens ».
Elle rappelle cependant qu’elle a déjà sanctionné Facebook en 2017 pour défaut de consentement à la combinaison massive de leurs données et à la collecte de ce pétrole par le cookie « datr ». Une manière d’agiter un horizon plus rugueux pour le réseau social, même si les lourdes sanctions du RGPD lui seront inapplicables, en l'absence de rétroactivité desdites sanctions.
Une commission d’enquête réclamée par les députés de la France insoumise
À l’Assemblée nationale, les députés de la France insoumise ont déposé une proposition de résolution visant à la création d’une commission d’enquête sur le sulfureux sujet.
Selon l’article unique du texte, elle serait « relative à la collecte et à l’utilisation abusives des données personnelles par les entreprises du numérique, notamment Facebook et Cambridge Analytica, en vue d’influencer les processus électoraux en France ».
Car voilà l’autre souci sous-jacent, celui concernant l’influence des électeurs par le biais du réseau social et une connaissance très fine de leur profil.
Cambridge Analytica est une filiale de l’entreprise britannique SCL Group. « L’un de ses principaux dirigeants, Stephen Bannon, a montré à plusieurs reprises durant les dernières années tout l’intérêt qu’il porte à la vie politique française, soutient le groupe FI. Ainsi au cours de la campagne présidentielle de 2017, le site qu’il dirigeait aux États-Unis a décidé d’ouvrir des pages analogues en allemand et en français ».
Le groupe politique veut du coup jauger l’action éventuelle de ces sociétés en France à l’aide de cette commission.
Et le Parlement d'implorer la venue de Mark Zuckerberg
De son côté, le Parlement européen a demandé une nouvelle fois à Mark Zuckerberg d’être auditionné en personne par des eurodéputés de quatre commissions (libertés civiles (LIBE), affaires juridiques (JURI), affaires constitutionnelles (AFCO) et industrie (ITRE)).
Comme le rappelle Euractiv, une première invitation avait été fixée au 19 mars, mais Facebook s’est contenté de proposer d’envoyer Joel D. Kaplan, vice-président de la politique publique mondiale de l'entreprise. Une proposition rejetée par Antonio Tajani, le président du Parlement.
« L’audition de Facebook [au Congrés] démontre que des inquiétudes subsistent quant au respect rigoureux des standards de protection des données de l'Union européenne. Nous sommes convaincus que M. Zuckerberg sera également disposé à répondre à nos questions, montrant qu'il est également déterminé à rendre des comptes aux citoyens européens » a imploré hier l’intéressé dans un tweet.
Affaire Cambridge Analytica : les pressions européennes s’accentuent sur Facebook
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« Être désolé, cela ne suffit pas », torpille le G29
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Une CNIL entre coopération et menace voilée de sanction
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Une commission d’enquête réclamée par les députés de la France insoumise
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Et le Parlement d'implorer la venue de Mark Zuckerberg
Commentaires (57)
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Abonnez-vousLe 13/04/2018 à 16h32
C’est exactement l’inverse, pour le coup c’est l’UE qui commence à leur faire peur via le RGPD, les obligations fiscales qui se précises (par exemple google paye de la TVA sur ses ventes depuis quelques mois, tiens tiens), le safe harbor qui c’est fait défoncer.
l’UE est une chance unique de pouvoir lutter à taille égale face aux USA. Si chaque pays était seuls, on serait en grande difficulté. La GB commence déjà à le sentir d’après ce que me disent mes contacts et amis là bas.
La phrase de comptoir “l’UE c’est de la merde” est forcément dite par exces de simplification d’une compréhension d’un monde complexe. Ça ne peut donc être vrai, pas plus que “l’UE c’est le top”. C’est forcément plus compliqué que cela. C’est grace à l’europe que les téléphones du monde entier sont compatibles avec le chargement USB sauf apple, c’est là où l’europe est pas encore assez forte. C’est complexe.
Le 13/04/2018 à 16h32
Le 13/04/2018 à 16h33
Le 13/04/2018 à 16h41
Le 13/04/2018 à 16h41
Le 13/04/2018 à 16h43
Le 13/04/2018 à 16h44
Le 13/04/2018 à 16h45
Le 13/04/2018 à 16h47
Pas de problème, tu as le droit de penser/croire ce que tu veux. " />
Mais pour moi l’histoire (notamment l’histoire de l’Europe) c’est pas vraiment rien… " />
Et les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets…
Le 13/04/2018 à 16h53
Le 13/04/2018 à 16h54
Le 13/04/2018 à 16h58
Je me sens moins seul… " />
De plus, il suffit de voir ce qui se passe en Italie, en Hongrie, en Autriche, en Allemagne (un comble) et même chez-nous pour se rendre compte à quel point les extrémistes gagnent du terrain.
Les mêmes extrémistes qui ont fortement été à l’origine de la deuxième guerre…
Le 13/04/2018 à 17h06
Le 13/04/2018 à 17h08
Le 13/04/2018 à 17h10
Le 13/04/2018 à 17h10
L’entente actuelle date d’après la seconde guerre mondiale et l’UE est une des raisons du maintient de cette amitié.
Le 13/04/2018 à 20h36
Donc un état seul ne peut pas faire une législation qui contraint une boite, si grosse soit-elle ? Quel pessimisme…
Facebook et Google ont plus besoin de nous que nous d’eux. Si on avait les coquilles de leur dire merde, ils accepteraient nos conditions.
(et là je vais éviter l’argument #LaChineLeFaitDeja mais l’idée est là " />)
Le 14/04/2018 à 06h19
Le 14/04/2018 à 08h18
Le 14/04/2018 à 10h04
Commence à mettre de côté tes capsules de bouteille de Soda " />
Le 14/04/2018 à 11h12
Le 14/04/2018 à 16h40
Pourquoi continueraient-ils à donner de l’argent à un système déficitaire qui ne souhaite pas se réformer ? Jusqu’à l’application des réformes demandées par les créanciers, la Grèce était fortement déficitaire même sans remboursement de la dette.
Tsipras est allé voire Poutine mais ce dernier n’est ni riche ni stupide et a préféré laisser l’UE les renflouer en payant le prix politique du choix responsable d’imposer des réformes inévitables aux grecques. L’Allemagne et les autres créanciers européens auraient pu refuser de continuer à payer, le “massacre des droits sociaux grecs” aurait été bien pire (Tsipras le savait bien puisqu’il a signé). La dette n’aurait pas disparue pour autant et les grecques ne peuvent pas se passer du commerce avec leurs créanciers.
Pour tes liens, l’impact économique fortement positif de l’intégration économique a déjà été démontré: moins d’inflation, plus de croissance, plus de pouvoir d’achat, moins de chômage.
L’augmentation du nombre de travailleurs pauvres est lié au poids de plus en plus conséquent du capital relativement au travail. Le capital utilise nos petites divisions pour mieux nous exploiter. Seul une union politique renforcée nous permettrait de défendre correctement nos intérêts.
Le 14/04/2018 à 20h55
Le 15/04/2018 à 00h19
La Grèce pourrait faire défaut mais alors qui lui prêterait pour la suite, et à quels taux ? Actuellement suite aux réformes la Grèce est revenue à l’équilibre hors remboursement de la dette.
Le 15/04/2018 à 08h02
Le 15/04/2018 à 15h42
Les créanciers des emprunts Russes étaient principalement des particuliers. On peut s’en moquer, il n’iront pas réclamer personnellement leur dû.
Mais quand les créanciers sont des banques ou des états, la problématique est différente.
Edith: on pourrait ceci dire que l’on va rembourser la dette qu’aux créanciers qui montrent patte blanche, que l’on connaisse les bénéficiaires effectifs. Je me demande si cela marcherait.
Le 15/04/2018 à 15h52
Poutine me semble plus intéressé par un axe Moscou-Pékin(-Pyongyang ?). Lui a des ressources gigantesques, les chinois les hommes. Et de toutes manières il ne pourra jamais les contenir autant faire avec.
Le 16/04/2018 à 17h36
C’était quoi déjà le sujet de l’article " />
Le 17/04/2018 à 07h29
VKontakte et Yandex ? ou les BATX ?… Ah non, même pas. " />
Le 13/04/2018 à 15h33
“Les pressions européennes s’accentuent sur Facebook”
Avant de lire l’article: Ha bon? ils en ont déjà eu?
Après avoir lu l’article: " />" />" />" />
“Le Parlement européen tient à auditionner en personne Mark Zuckerberg. En vain pour l’instant.”
“L’ambition du G29 est aujourd’hui de ne parler que d’une seule voix pour espérer peser face au mastodonte des réseaux sociaux.”
“Et le Parlement d’implorer la venue de Mark Zuckerberg”
La crédibilité de l’Union Européenne en prend un sacré coup avec cette histoire: c’est juste ridicule comme le Parlement se met à genoux pour tenter d’exister politiquement.
Ça fait peur.
Le 13/04/2018 à 15h36
On devrait surtout soutenir une demande de coopération judiciaire USA et Angleterre pour se faire communiquer l’ensemble des comptes siphonnés et sur quoi. Sur cette base le parquet pourrait poursuivre efficacement.
Personnellement, revoir le marko nous faire le coup de la contrition au Parlement Européen me laisse indifférent.
Le 13/04/2018 à 15h49
Le 13/04/2018 à 15h55
C’est grâce à l’UE qu’on est protégé par la GDPR, que les US nous envient (cf audition de Zuckerberg), et qui obligent tous les acteurs du net à revoir leur gestion des données…
C’est surtout la crédibilité des US qui en prend un coup.. incapables de protéger leurs consommateurs, élection grossièrement manipulée pour mettre un clown au pouvoir.
Le 13/04/2018 à 15h57
Le Président du Parlement européen utilise la méthode Coué, mais pas sûr que Mark Zuckerberg ait réellement l’intention (sauf à y être obligé) de répondre à de vraies questions dérangeantes et “rendre des comptes aux citoyens européens” malheureusement.
Le 13/04/2018 à 16h01
Ils font juste leur job de représentant de demander des explications , s’il y a qqchose d’illégal en UE c’est la justice qui s’en occupera.
Le 13/04/2018 à 16h14
Le 13/04/2018 à 16h18
Le 13/04/2018 à 16h18
Oui, c’est certain. Je disais ça surtout par rapport au comportement de Mark Zuckerberg, qui n’est pas allé devant le Sénat US et la Chambre des Représentants pour se faire condamner, mais pour faire amende honorable et promettre d’être vigilant à l’avenir et éviter que le problème ne se repose.
Le 13/04/2018 à 16h23
Le 13/04/2018 à 16h27
Loin de moi l’idée que cette union est parfaite…
Elle est bien trop aux mains de la toute puissante finance (comme le monde entier d’ailleurs) mais on ne peut pas nier non plus qu’elle a évité au moins une ou deux guerres depuis la dernière.
Donc oui, entre 2 maux je choisis nettement le moins pire.
Et ce ne sont pas les mentalités du “chacun chez soi” de plus en plus présentes un peu partout et la résurgence marquée d’idéologies que l’on croyait d’un autre âge qui me feront changer d’avis.
Croire que ce qui s’est produit ne pourra plus se reproduire est une grossière erreur et il y en a la preuve un peu partout dans le monde il me semble…
Le 13/04/2018 à 16h28
Le 13/04/2018 à 17h12
Le 13/04/2018 à 17h12
Le 13/04/2018 à 17h14
Le 13/04/2018 à 17h14
Le 13/04/2018 à 17h16
Le 13/04/2018 à 17h16
Le 13/04/2018 à 17h20
Le 13/04/2018 à 17h22
Faux, la Grèce a truqué ses propres chiffres et en porte la responsabilité entière.
La Grèce a énormément profité de l’UE, c’est un des pays qui en profite le plus notamment grâce aux fond européens de développement. Si tu y vas tu remarquera qu’à peu près toutes les infrastructures du pays ont été financées par l’UE.
La Grèce a aussi profité de l’UE avec des créanciers qui ont effacé des centaines de milliards de dettes…
Le 13/04/2018 à 17h48
Le 13/04/2018 à 18h08
Le 13/04/2018 à 18h18
Quand on gère mal ses budgets et qu’on maquille ses comptes au lieu de faire des efforts pour éviter d’en payer le prix politique, ça se termine forcément mal.
Rendu là quand on exige une annulation de la dette en refusant de changer quoique ce soit au système il y a forcément de la résistance de la part de ceux qui donnent l’argent.
Si Tsipras a cédé c’est parceque le pays avait un besoin vital de continuer à recevoir l’argent des créenciers pour faire marcher le pays.
Le 13/04/2018 à 18h22
Le 13/04/2018 à 18h23
Le 13/04/2018 à 18h38
Le 13/04/2018 à 18h43
Article plutôt complet mais à forte tendance misérabiliste.
* Le « problème fiscal » de la Grèce n’est pas un problème de fraude mais de “consentement à l’impôt” à cause des méchants étrangers.
* L’effort de défense disproportionné est “imposé par l’état de tension entretenu par la Turquie” (zéro responsabilité Grecque).
* Les choix économiques des années 1960 sont mauvais mais c’est la faute à pas de chance.
* Les taux d’intérêts élevés étaient un problème (à cause des autres bien sûr), les taux d’intérêts faibles sont aussi un problème (encore à cause des autres).
etc.
Le 13/04/2018 à 18h56
Oui c’est aussi une question de poids face à des géants comme Facebook et Google…