Le Sénat refuse d’interdire les publicités pour les aliments gras ou sucrés
On ne va pas en faire tout un plat
Le 02 juillet 2018 à 14h55
5 min
Droit
Droit
Après les députés, les sénateurs ont refusé la semaine dernière d'interdire certaines publicités alimentaires ciblant les mineurs. Le gouvernement s’est à nouveau opposé à une telle réforme, préférant confier au CSA le soin de réguler le secteur.
Afin de lutter contre l’obésité infantile, faut-il prohiber les spots publicitaires en faveur des produits trop gras, salés ou sucrés ? « On a bien interdit les publicités pour le tabac », a relevé François Bonhomme (LR), vendredi 29 juin lors des débats sur le projet loi Agriculture.
Dans ce qui ressemblait à un « match retour », la Haute assemblée examinait à son tour plusieurs amendements visant à mettre fin à la diffusion de publicités et autres « activités promotionnelles » pour des produits alimentaires et boissons riches en sucre, sel ou matières grasses – et destinées aux jeunes de moins de seize ans.
« Se reposer sur les engagements volontaires des industriels ne suffira pas »
Fait plutôt rare, la proposition était portée sur de nombreux bancs : des écologistes à certains élus de la majorité sénatoriale (de droite et du centre), en passant par le groupe PS. « Favoriser une alimentation saine implique de protéger nos enfants et adolescents de messages publicitaires qui contrediraient absolument cette éducation à une alimentation équilibrée », a ainsi débuté Joël Labbé (EELV).
« Actuellement, la France se contente des engagements volontaires de l’industrie agroalimentaire sur le marketing ciblant les enfants », a pour sa part regretté François Bonhomme. L’élu LR a souligné que de « nombreuses études » montraient que « ces engagements volontaires étaient très insuffisants, voire inopérants, pour assurer une prévention efficace de marketing ciblant les enfants ».
« Nous savons que cette proposition a déjà été rejetée à plusieurs reprises, mais nous la maintenons, car nous la jugeons opportune », a enfin expliqué Nicole Bonnefoy (PS).
Afin de parer à certaines critiques émises à l’Assemblée nationale, le groupe socialiste proposait que le ministère de la Santé puisse fixer, après avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), une liste de produits n’étant pas concernés par l’interdiction. « Il s’agit d’ajouter un peu de souplesse au dispositif, afin de ne pas instaurer un cadre trop rigide » s’est ainsi justifiée Nicole Bonnefoy.
Une entrée en vigueur en 2020 avait par ailleurs été proposée. Mais rien n’y a fait.
Le gouvernement préfère miser sur une auto-régulation via le CSA
« Je m’interroge sur la mise en œuvre d’une telle disposition. Cela m’intéresse beaucoup ! » a ironisé la rapporteure, Anne-Catherine Loisier (Union centriste). Et pour cause : l’interdiction était censée s’appliquer selon certains amendements à tous les messages « émis et diffusés à partir du territoire français et réceptionnés sur le territoire », que ce soit par voie télévisuelle, radiophonique ou électronique. « J’ai un adolescent à la maison, et je suis curieuse de savoir comment, techniquement, vous pensez procéder », a-t-elle poursuivi.
L’élue a émis un avis défavorable, étant donné que la « loi Gattolin » interdit, depuis le 1er janvier 2018, les publicités aux abords des émissions jeunesse de France Télévisions, et que la charte du Conseil supérieur de l’audiovisuel est appelée à être « renforc[ée] dans les prochains mois ».
« Plutôt que d’inscrire dans la loi des interdictions et des obligations qui mettraient les gens dos au mur, nous préférons inciter, en travaillant avec les acteurs de fabrication de ces produits et le CSA, lequel, en vertu de son rôle de régulateur, peut aussi faire passer un certain nombre de messages », a ainsi embrayé Stéphane Travert.
Comme devant les députés, le ministre de l’Agriculture a assuré – sans avancer de date – que ses services rencontreraient « très prochainement » le CSA afin de « faire le point et avancer ». « Nous en avons bien conscience, il faut aller plus loin », a vaguement rappelé l’intéressé.
Aucune proposition alternative ne passe le cap du Sénat
« On tergiverse, on n’arrête pas de tergiverser », s’est alors agacé l’écologiste Joël Labbé. « Nous nous devons d’être ambitieux, l’a rejoint le communiste Fabien Gay. Se reposer sur les engagements volontaires des industriels ou sur les responsabilités des parents face à l’éducation alimentaire de leurs enfants ne suffira pas. Ce qu’il faut, c’est réguler l’environnement des enfants. »
Le parlementaire a tenté de défendre une ultime alternative : une interdiction prévalant uniquement durant certaines plages horaires, lorsque « le nombre de mineurs parmi l’audience dépasse un plafond ». Ce dernier aurait été fixé par le gouvernement, via un décret révisé annuellement. Sur le modèle de la « loi Gattolin », les publicités auraient été prohibées quinze minutes avant et après ces plages horaires.
L’exécutif et la majorité sénatoriale n’ont toutefois pas voulu davantage en entendre parler.
Le Sénat refuse d’interdire les publicités pour les aliments gras ou sucrés
-
« Se reposer sur les engagements volontaires des industriels ne suffira pas »
-
Le gouvernement préfère miser sur une auto-régulation via le CSA
-
Aucune proposition alternative ne passe le cap du Sénat
Commentaires (48)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 03/07/2018 à 12h16
Le 03/07/2018 à 12h18
C’est surtout une majorité encore maintenant, désolée s’il y a des hommes qui s’impliquent plus., mais ça reste encore minoritaire.
Le 03/07/2018 à 12h27
Le 03/07/2018 à 12h31
Le 03/07/2018 à 12h43
Désolé, je ne marche pas.
Dans d’autres pays bien éduqués, cette même opération ne provoque aucun mouvement de foule.
Peu importe le produit.
Le 03/07/2018 à 13h33
L’interprétation est ridicule.
Le 03/07/2018 à 13h56
Le 03/07/2018 à 14h34
Tiens, l’autre jour j’ai laissé tourner la tv sur gulli (ne me jugez pas svp). Ils ont passé au moins 3 pubs sans lien avec un produit uniquement pour dire qu’il ne faut pas manger trop de sucre. Ils sont parvenus à me donner faim alors que le message était bien entendu dans l’autre sens.
Du coup oui je crois que parler de bouffe en bien ou en mal h24 donne envie de grignoter. Faut-il interdire les pubs pour autant alors que c’est probablement la moitié des recettes publicitaires j’en suis pas convaincu. Peut-être simplement limiter le nombre du pubs par heure?
Le 03/07/2018 à 18h27
ils en ont parler a la radio, les examens physiques pour l’armee ont du etre revus a la baisse, tout en sachant que ca ne fera pas de bons soldats
Le 04/07/2018 à 08h59
Le 04/07/2018 à 10h29
Il va falloir que la mentalité des femmes évolue parce qu’il n’y a pas de raison pour que l’homme n’ai pas le droit de choisir comment faire le ménage.
Le 04/07/2018 à 10h42
Au sujet de comportements grégaires et instinctifs, essayez d’aller à entrée d’une grande surface juste avant l’ouverture du magasin le matin. C’est un spectacle fascinant de personnes plutôt âgées qui s’engouffrent littéralement dans l’hypermarché avant même que le rideau de sécurité soit remonté suffisamment au moins à hauteur d’homme. Il y en a quelques-uns qui se mettraient presque à courir pour les plus agiles d’entre eux.
Le 04/07/2018 à 20h29
«Se reposer sur […] les responsabilités des parents face à l’éducation alimentaire de leurs enfants ne suffira pas. Ce qu’il faut, c’est réguler l’environnement des enfants. »
*© un-comité-théodule-qui-veut-davantage-de-votre-argent
Le 05/07/2018 à 12h29
Ca peut être bio et trop gras et sucré. Bio c’est pas de pesticides de synthèse et peu de pesticides organiques, c’est pas un label de qualité diététique.
L’huile de palme bio et le sucre bio sont aussi mauvais pour la santé si consommés en grandes quantités que les non bio.
Le 05/07/2018 à 12h33
Le 02/07/2018 à 14h58
C’est pas les pubs pour ces produits qu’il faut prohiber mais les produits eux-mêmes !
Le 02/07/2018 à 17h25
Le 02/07/2018 à 17h27
Je faisais simplement remarquer que dans un supermarché, s’il existe des produits de mauvaise qualité, on a aussi tout loisir d’acheter de bonnes choses, ou du moins honorables. (ça m’arrive d’acheter des steaks hachés, je prends du bon steak tant qu’à faire, en tous cas à base de viande à 100 % comme on s’y attend :-) ainsi que de l’entrecôte voire côte de boeuf au rayon boucherie avec un monsieur derrière).
Idéalement, on va chez son boucher s’il est bon, et on achète ses fruits au marché ou au primeur qui offre des fruits plus souvent à maturité (des amis habitant en grande couronne parisienne avaient un contrat avec un agriculteur, je ne sais plus si c’est du genre AMAP ou pas).
Le 02/07/2018 à 17h32
Le 02/07/2018 à 17h55
Le 02/07/2018 à 18h58
C’était mal dit mais l’idée n’est pas d’interdire les chips mais que les chips ne soient pas trop gras, trop sucrés et trop salés…
Le 03/07/2018 à 05h42
Tu coupes la télé et basta.
Tu fais toi même, avec tes enfants, la programmation de ce qu’ils veulent regarder sur des canaux alternatifs (netflix, prime vidéo, achats demat de dessins annimés ou autre).
Un parent c’est responsable de l’éducation de son enfant, fatigué ou pas après une journée de taff.
Ce sont des fausses excuses que de laisser la télé faire la nounou.
Pour les comportements alimentaires, si les parents n’achètent pas ces produits, peu de chance que les enfants y deviennent accro.
Restera la problématique de l’adolescent, espèce sauvage en semi liberté.
À choisir, s’ils doivent suivre un comportement de mouton, je préfère qu’ils bouffent des chips au Nutella devant AB1 que la dernière drogue / clope / alcool à la mode " />
Le 03/07/2018 à 07h12
Le 03/07/2018 à 07h30
Quand tu es végane, tu as de toute façon seulement 10% de produit a consommer dans tout le supermarché. Donc..
Le 03/07/2018 à 07h36
Le 03/07/2018 à 07h44
Je vois mal nos amis de là haut faire une loi anti capitalisme.
Bien que ça ne me dérangerai pas :)
On apprend à utiliser un ordinateur / tablette à l’école. On pourrait apprendre à cuisiner ?
Mais ça ferait peut-être vielle France " />?
Le 03/07/2018 à 07h47
Le 03/07/2018 à 08h01
Fallait il déjà comprendre ce qu’on cite " />
Le 03/07/2018 à 09h14
Le 03/07/2018 à 09h42
Tu vois pas le rapport avec des loi interdisant à des groupes internationaux de vendre des produits sucrés / salés ?
Cf le message de Recoding auquel je répondais, pas frocément en lien direct avec l’article qui lui ne parle que de pub.
Je vois pas ce qui est compliqué dans des cours “théoriques”.
Je ne parle pas forcément de cours pratiques à des maternels.
Quand on veut, on peut.
En plus, on créérait de l’emploi en embauchant beaucoup plus d’atsem :)
Le 03/07/2018 à 11h02
Le 03/07/2018 à 11h51
Oui parce que les hommes qui cuisinent ou qui s’occupent de leurs enfants ca n’existent pas " />
Merci la généralité.
Et bien sur toutes les femmes sont parfaites et s’occupent correctement de leurs enfants n’est-ce pas ?
Le 02/07/2018 à 15h03
Y’aurait plus grand chose en pubs faut dire.. ah si les gels douche et les bagnoles ?
Le 02/07/2018 à 15h22
Le 02/07/2018 à 15h32
Le 02/07/2018 à 15h33
Les supermarchés eux-même sont des publicités pour des produits trop gras ou sucrés. Il y a bien des rayons spécialisés “bio” mais c’est une arnaque (tarifs surévalués, rayons destinés à une clientèle spécifique avec des abus marketing aussi graves). Il y a bien des produits qui respectent des normes gustatives avec des ingrédients de qualité mais ils sont peu nombreux et rangés au milieu de l’ensemble des produits sans distinction aucune. Il n’y a pas de mystère : grande distribution = marques commerciales = publicité = bel emballage et produit alimentaire bourré d’additifs (pour cacher le goût infâme des ingrédients de piètre qualité utilisés).
Le 02/07/2018 à 15h40
Le 02/07/2018 à 15h42
Le 02/07/2018 à 15h56
Le 02/07/2018 à 16h06
Attention à ne pas confondre “bio” et “bon pour la santé”. Les deux sont sans lien.
Le 02/07/2018 à 16h11
Le 02/07/2018 à 16h17
Le 02/07/2018 à 16h19
Pour mon commentaire final, c’était par rapport à “il faut réguler” parce que ce n’est pas les parents qui le feront. On peut ensuite l’appliquer à plein de délire…
Le 02/07/2018 à 16h24
Le Sénat refuse d’interdire les publicités pour les aliments gras ou sucrés
Vu l’état général du gros tas de de nos sénateurs, c’était quand même être vachement optimiste que de croire qu’une telle loi puisse passer.
" />
Le 02/07/2018 à 16h50
Merci de le préciser. Je parlais surtout du marketing des grandes marques qui considèrent “bio” comme un produit spécifique (type “premium”). Ce qui est une arnaque.
Le 02/07/2018 à 16h56
1- Faire une promo à 75% de réduction. 2- envoyer des prospectus dans toutes les boîtes aux lettres de la région et sur tous les affichages (rue, magasin, etc). 3- placer le produit dans l’entrée du magasin. 4- quels comportements attend-on à l’ouverture du magasin ?
Si les techniques de commercialisation existent, c’est que ça fonctionne. Je veux bien admettre que l’individu ait le choix jusqu’à un certain point, mais désolé de contredire vos illusions : l’être humain est un animal grégaire, sujet aux mouvements de foule (même chose que les mouvements d’indignation sur les réseaux sociaux, les mouvements de panique dans des manifestations de rue, les comportements histériques à la fin des matchs de coupe du monde, etc).
Le 02/07/2018 à 16h59
C’est assez vrai.
Mais il y aussi beaucoup de gens critique dans notre société, ça existe encore ^^”
Le 02/07/2018 à 17h15