La copie privée, levier des ayants droit sur les parlementaires
Un pour tous, 25 pour cent
Le 22 octobre 2012 à 10h18
4 min
Droit
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Samedi, lors des rencontres de Dijon, une petite scène est passée presque inaperçue lors du débat sur la rémunération pour copie privée. Elle témoigne des rapports étroits noués par les ayants droit et les élus par le levier de la copie privée.
Les échanges concernaient les menaces européennes qui planent autour des 25% de la copie privée. Un rappel. Conformément à la loi, les ayants droit n’empochent pas 100% de la copie privée, mais 75%.
Selon l’article L321-9 du CPI, les sociétés de perception doivent consacrer 25 % des sommes collectées « à des actions d'aide à la création, à la diffusion du spectacle vivant et à des actions de formation des artistes ». Et l’article R-321- 9 de préciser que « l’aide à la création » s’entend aussi « des actions de défense, de promotion et d'information engagées dans l'intérêt des créateurs et de leurs œuvres » (ce qui peut viser les frais de défense en justice, les agents assermentés, etc.)
Problème, des affaires lancées en Autriche devant la Cour de Luxembourg menacent cette mutualisation. En effet, la copie privée est juridiquement une indemnisation qui doit couvrir l’intégralité d’un préjudice. Les bénéficiaires de la RCP devraient donc toucher 100% . Pas une portion.
En janvier 2011, Laurent Petitgirard (SACEM) considérait déjà ces 25% comme un palliatif des aides que ne verse pas le ministère de la Culture. Une saveur de politique publique dans les mains des sociétés de gestion collective. Samedi, à Dijon, Jean Noel Tronc, président de la SACEM depuis juin 2012, a enrichi l’analyse avec le contexte de la loi du 20 décembre 2011 sur la copie privée.
Plébiscite
Cette loi, dont le brouillon a été rédigé par les ayants droit en commission, a sanctuarisé des flux qui devaient être déclarés comme illicites suite à un arrêt du Conseil d’État. En décembre 2011, ce texte très ambitieux avait été plébiscité par les députés. Et pour cause, un seul parlementaire avait voté contre !
Sur 491 suffrages exprimés, 490 étaient pour l’adoption de cette loi. Dans la foulée, les bénéficiaires de la RCP se félicitaient alors « de l'esprit de responsabilité des parlementaires qui, au-delà des différences partisanes, ont fait le choix de soutenir un projet de loi à l'ambition réaliste et circonscrite ». Peu après, les sénateurs suivaient le pas.
Jean-Noël Tronc n’était pas en responsabilité lors du vote, mais sa base de connaissance a été mise à jour par le monde du cinéma. Ses propos tenus à Dijon :
« Je me suis fait expliquer par beaucoup d’entre vous qu’une des raisons pour lesquelles un grand nombre de parlementaires, c’était à dire des élus nationaux, se sont mobilisés quand on leur a demandé de le faire, c’est que la copie privée, ils ont en tout cas un bénéfice : c’est celui des 25 % qui contribuent dans leur commune, dans leur département, dans leur région, à aider ce qui [soutient] la création (…) notamment tout ce qui tourne autour du spectacle vivant. ».
25 %, le liant entre décideurs publics et créateurs
Du coup, si la CJUE venait à déclarer ces 25% illicites, « nous perdrons, parlons-nous très clairement, un levier important de pédagogie, de sensibilisation, on peut même dire de solidarité entre décideurs publics et créateurs autour de la copie privée. »
Dans le passé, cette solidarité a été diversement appréciée. Lors des discussions autour de la loi DADVSI, quand planait l'ombre de la licence globale, le député Bernard Carayon (UMP) s'était d’ouvertement plaint du « chantage » exercé par les ayants droit sur le financement des festivals (à 1:15 sur cette vidéo) Les propos de Tronc témoignent de l'importance qu'accordent les sociétés de gestion collective au levier des 25% : un instrument de sensibilisation, pour ne pas dire plus.
Après les propos du président de la SACEM, Pascal Rogard est vite intervenu pour redorer la situation et dépayser le sujet : les parlementaires « se sont aussi mobilisés parce que la France est quand même un des rares pays d’Europe qui défend la création » soutient le directeur général de la SACD avant de tâcler Bruxelles :
« l’Europe est contre la création [...] Chaque fois qu’on veut faire quelque chose, on a une armée de directeurs, sous directeurs, de bureaucrates à Bruxelles qui font tout pour bloquer. Chaque fois qu’on veut une mesure positive pour la création, on doit négocier, on doit attendre, on perd de l’efficacité. »
La copie privée, levier des ayants droit sur les parlementaires
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Plébiscite
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25 %, le liant entre décideurs publics et créateurs
Commentaires (47)
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Abonnez-vousLe 22/10/2012 à 13h36
Le 22/10/2012 à 14h08
Le 22/10/2012 à 14h44
Le 22/10/2012 à 14h59
Le 22/10/2012 à 15h12
Le 22/10/2012 à 21h07
Comme il est question de la SACEM et de Laurent Petitgirard dans cet article, je vous invite à écouter cette oeuvre musicale:
YouTube" />
Le 22/10/2012 à 21h49
Chaque fois qu’on veut une mesure positive pour la création, on doit négocier, on doit attendre, on perd de l’efficacité.
Quand on rémunère pendant plus 70 ans après la mort de l’artiste, c’est sûr, “on perd de l’efficacité” à payer dans le présent de nouveaux talents
Ils doivent avoir de fameux comptables pour continuer à payer quasiment à perpétuité et au-delà des héritiers qui n’en finissent pas de remplacer d’année en années leurs “pères”.
C’est la culture elle-même qui est menacée par ces allongements de temps, de croissance d’oeuvres nouvelles et de croissances de nouveaux auteurs (une croissance exponentielle qui ne veut jamais se remettre en question, mais qui croit au Père Noël) " />" />
Le 22/10/2012 à 22h01
Une croissance exponentielle pendant + de 70 ans puisque c’est après la mort de l’auteur, non ? Je crois que cette machine ne tiendra jamais " />pendant 70 ans " /> (ni même 50 )
Le 22/10/2012 à 22h51
La copie privée c’est pas déjà une arnaque à la base ?
Le 23/10/2012 à 08h03
Le 23/10/2012 à 08h08
Le 23/10/2012 à 08h22
Le 23/10/2012 à 08h45
Le 23/10/2012 à 11h22
Et Baptiste Giabiconi qui reçoit un disque d’or (obligé, mais pas reconnu, " />)
Majors blessés ? " />
Le 23/10/2012 à 20h16
nous perdrons, parlons-nous très clairement, un levier important de pédagogie, de sensibilisation, on peut même dire de solidarité de corruption
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Corrige pour encore plus de clarete.
(…) parce que la France est quand même un des rares pays d’Europe qui défend la création
C’est marrant parce que les pays que je sais etre les plus grands producteurs de musique, de films et de livres… et aussi les plus exportes… ne proposent pas ce type de subvention. Etonnant? Non. La France n’est pas le pays de la “culture”, mais le pays des subventions. Autant je peux etre d’accord avec certaines, autant la il y a clairement de l’abus.
Le 22/10/2012 à 10h23
Et quand es-ce que 100% du flux de perception sera déclaré illégal?
Le 22/10/2012 à 10h25
Bonjour Monsieur Rogard
vous dites
Chaque fois qu’on veut faire quelque chose, on a une armée de directeurs, sous directeurs, de bureaucrates à Bruxelles qui font tout pour bloquer. Chaque fois qu’on veut une mesure positive pour la création, on doit négocier, on doit attendre, on perd de l’efficacité. »
N’est ce justement pas le cas en France ? n’a t’on pas une pieuvre au niveau administratif ?
et dernière question connaissez vous les histoires de pailles et de tronc d’arbre dans un oiel ?
Bonne journée …
Le 22/10/2012 à 10h25
Copains et coquins sont sur un bateau…….
Le 22/10/2012 à 10h33
Le mot “création” devient aussi galvaudé que le mot “innovation”, surtout utilisé par les Monsanto des industries culturelles (termes déjà profondément antinomiques).
Le 22/10/2012 à 10h46
ben oui l’Europe est contre la création. ce sont les méchants.
Nous on est les seuls qui défendent la création. on est les gentils.
et c’est chiant. parce que quand on veut quelque chose, en Europe ça coince, y’a plein de méchants qui sont pas d’accord avec nous.
alors qu’en France, comme tout le monde nous mange dans la main, on n’a qu’à demander, nos propositions à peine discutées sont introduites en urgence à l’assemblée, et la plupart du temps ça passe comme dans du beurre, avec un score digne d’une dictature.
On a même des commissions où on décide tout seuls combien de fric on peut pomper aux consommateurs français, avec l’appui du ministère.
Après avec toutes les thunes qu’on a ramassées, on peut aussi décider où elles vont aller. alors si quelqu’un est pas d’accord avec nous, on lui coupe les subventions des manifestations culturelles chez lui. comme ça il sera pas réélu, et il viendra plus nous chier dans les bottes.
Mais bon comme on est les seuls à résister contre les méchants bureaucrates bruxellois qui comprennent rien à la culture, c’est comme David contre Goliath, on est tout petits, on est à chier, c’est très très dur. il nous faut des aides.
donnez nous des brouzoufs, vite, y’a urgence!
Le 22/10/2012 à 10h47
Le 22/10/2012 à 10h48
Et comme les simples citoyens ne rapportent pas de pourcentage sur une manne, les élus les défendent moins que la création ?
Le 22/10/2012 à 10h59
Le 22/10/2012 à 11h00
J’appellerai ça…j’sais pas…une variante de la corruption ?
Mais quel tas de " />" />" />
Le 22/10/2012 à 11h02
Le 22/10/2012 à 11h05
Le 22/10/2012 à 11h16
Le 22/10/2012 à 11h20
Le 22/10/2012 à 11h25
Ils parlent de création ou d’argent facile ?
Le 22/10/2012 à 11h36
Dijon : « je me suis fait expliquer par beaucoup d’entre vous qu’une des raisons pour lesquelles un grand nombre de parlementaires, c’était à dire des élus nationaux, se sont mobilisés quand on leur a demandé de le faire, c’est que la copie privée, ils ont en tout cas un bénéfice : c’est celui des 25 % qui contribuent dans leur commune, dans leur département, dans leur région, à aider ce qui [soutient] la création (…) notamment tout ce qui tourne autour du spectacle vivant. ».
Bonjour monsieur Jean-Noël Tronc
Justement parlons de DIjon ville qui devient endéttée et surendéttée..
Et oui mon bon monsieur vous n’est pas sans savoir que depuis que Monsieur Rebsamen est maire rien ne va plus ? D’ailleurs vous trouverez sur Youtube des choses affligeantes comme comment ne pas repondre aux questions des journalistes lorsque ces derniers abordent le sujet.
on fait un auditorium
on fait un zenith
et on fait un tram
..
donc excusez moi mais en matiére de budget la ville de dijon est à été et sera encore plus en déficit vue la politique faite par un maire estampillé Gauche qui ne c’est pas gérer un budget. et c’est pas votre enieme taxe qui fera changer les choses …
Une petite source
Le 22/10/2012 à 11h39
« Chaque fois qu’on veut faire quelque chose, on a une armée de directeurs, sous directeurs, de bureaucrates à Bruxelles qui font tout pour bloquer. Chaque fois qu’on veut une mesure positive pour la création, on doit négocier, on doit attendre, on perd de l’efficacité. »
Fait chier “la démocratie”" />
Le 22/10/2012 à 11h39
Le 22/10/2012 à 11h40
Le 22/10/2012 à 11h41
Le 22/10/2012 à 11h52
Le 22/10/2012 à 11h59
Le 22/10/2012 à 12h08
Quand Pasacal Rogard dit “on perd de l’efficacité”, il veut dire “on perd une occasion de taxer du pognon”, non ? " />
Le 22/10/2012 à 12h12
Le 22/10/2012 à 12h12
Le 22/10/2012 à 12h16
Chaque fois qu’on veut faire quelque chose, on a une armée de directeurs, sous directeurs, de bureaucrates à Bruxelles qui font tout pour bloquer. Chaque fois qu’on veut une mesure positive pour la création, on doit négocier, on doit attendre, on perd de l’efficacité.
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Le 22/10/2012 à 12h19
Sinon j’ai monté un groupe avec des potes et j’hésite à qui je dois envoyé la facture des la caisse de jack, après tout c’est de l’aide à la création tout ça " />
Le 22/10/2012 à 12h51
Le 22/10/2012 à 12h52
« Chaque fois qu’on veut faire quelque chose, on a une armée de directeurs, sous directeurs, de bureaucrates à Bruxelles qui font tout pour bloquer. Chaque fois qu’on veut une mesure positive pour la création, on doit négocier, on doit attendre, on perd de l’efficacité. »
" />
C’est vrai qu’être obligé de lécher les partis, c’est difficile pour un mec qui ne fait pas de lobbyisme " />
Le 22/10/2012 à 12h59
Le 22/10/2012 à 13h03
Selon l’article L321-9 du CPI, les sociétés de perception doivent consacrer 25 % des sommes collectées « à des actions d’aide à la création, à la diffusion du spectacle vivant et à des actions de formation des artistes ». Et l’article R-321- 9 de préciser que « l’aide à la création » s’entend aussi « des actions de défense, de promotion et d’information engagées dans l’intérêt des créateurs et de leurs œuvres » (ce qui peut viser les frais de défense en justice, les agents assermentés, etc.)
Puis
Du coup, si la CJUE venait à déclarer ces 25% illicites, « nous perdrons, parlons-nous très clairement, un levier important de pédagogie, de sensibilisation, on peut même dire de solidarité entre décideurs publics et créateurs autour de la copie privée. »
J’aimerai bien savoir comment sont réparti les 25%.
Je fais du mauvaise esprit en disant 90% pour TMG et 10 pour les festivals ?
Le 22/10/2012 à 13h13
Chaque fois qu’on veut une mesure positive pour la création, on doit négocier, on doit attendre, on perd de l’efficacité.
Si on filait à ce mec les pleins pouvoirs sur tous les états d’europe, ça serait drôlement plus pratique … " />
Le 22/10/2012 à 13h21